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Le racisme, une maladie de l’âme ?

C’est en tout cas en ces termes qu’Edouard Philippe a décrit le nouveau fléau qui vient de s’abattre sur lui. A peine remis des ravages du Coronavirus, une maladie du corps qui a balayé sur son passage le peu de crédibilité qu’il restait aux dirigeants français, le voilà qui doit faire face à un tsunami venu des Etats-Unis qui menace d’emporter le dernier rempart, la dernière protection, l’ultime soutien de l’oligarchie française et de ses dévoués serviteurs politiques : la police...

Sans confiance du peuple ni protection de la police, que restera-t-il à nos dirigeants pour sauver leur peau ? S’enfuir à l’étranger en hélicoptère comme Macron a failli le faire en décembre 2019, à l’apogée du mouvement des Gilets jaunes, ou mettre un genou en terre, comme la police étasunienne a été obligée de le faire aux Etats-Unis ?

Mais revenons à la surprenante déclaration du premier ministre. Quand un des porte-parole d’une oligarchie sans âme se met à nous parler de l’âme, on se dit que l’heure doit être grave. On pourrait même se laisser attendrir, mais attention, dans son esprit, c’est nous qui souffrons de cette maladie de l’âme, pas lui évidemment. C’est encore une manière de nous renvoyer, mine de rien, à notre condition ignominieuse (combien de fois avons-nous entendu les médias nous répéter que nous étions racistes ?) et de se mettre à part, au-dessus de nous ! C’est du racisme, non ?

Voilà comment le Larousse définit le racisme : « Idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les « races » ; comportement inspiré par cette idéologie. Attitude d’hostilité systématique à l’égard d’une catégorie déterminée de personnes : Racisme antijeunes. » Autrement dit, certains se croient supérieurs à d’autres du simple fait de leur appartenance à une race, une classe sociale ou un groupe.

Je trouve qu’il manque dans la définition la mention du rapport de force. Car le groupe qui se prévaut de sa supériorité raciale pour dominer l’autre, est bien sûr toujours en position de force. C’est sa position de force qui lui permet d’adopter un comportement méprisant et/ou abusif envers des personnes appartenant à un groupe qui, lui, se trouve en position de faiblesse. Le sentiment de supériorité vient de là. Le groupe minoritaire doit être reconnaissable, soit à la couleur de sa peau, soit à son accent, soit à son origine, et il doit être plus ou moins à la merci du groupe dominant. Le racisme des colons étasuniens envers les premières nations n’avait pas de limite. Dernièrement, après la destruction de la Libye par l’OTAN (une opération néo-coloniale destinée à voler l’or et le pétrole de la Libye), les Noirs, qui y étaient venus travailler du temps de Kadhafi, ont été soudain l’objet de persécutions racistes inouïes. En France, au moment de la guerre d’Algérie, le racisme colonial anti-maghrébin s’est institutionnalisé (comme le prouve la loi sur le voile). Il y a plusieurs autres minorités qui sont l’objet d’attaques racistes, mais l’Etat et la caste en charge du politiquement correct les combattent, ou font semblant de les combattre, et, par conséquent, c’est un racisme plus diffus, qui n’ose pas trop s’afficher, et qui est dénoncé quand il se fait trop voyant.

Quant à la maladie de l’âme, c’est une expression platonicienne qui désigne une vague tristesse, un taedium vitae, ou même une dépression. Pour les chrétiens, elle a aussi un sens moral, et fait référence, notamment, à la difficulté de distinguer le bien du mal. Une maladie de l’âme n’est pas une idéologie, mais une forme de déséquilibre psychologique ou spirituel.

Le racisme a-t-il toujours existé ?

Christian Delacampagne fait remonter le racisme antinoir au Moyen Âge dans Une Histoire de l’esclavage, de L’Antiquité à nos jours : « Même si le mot "racisme" est un mot du XXe siècle, et même si les grandes doctrines racistes structurées comme des systèmes scientifiques datent du XIXe siècle, c’est dans les théories biologiques (ou pseudo-biologiques) du XVIIIe siècle que ces doctrines s’enracinent. Ensuite, c’est dans un fonds fort ancien de croyances "naturalistes" (communes, dès la fin du Moyen Age, au peuple et aux lettrés) que ces théories, à leur tour, trouvent leurs racines. [...] Le racisme antinoir des Européens est donc déjà solidement constitué lorsque Colomb aborde aux rivages d’Amérique. C’est pour cette raison que les conquistadores éprouvent si peu de difficultés (et si peu de remords) à introduire l’esclavage dans le Nouveau-Monde. » Et aucune difficulté non plus à esclavagiser et assassiner les peuples autochtones, à qui ils refusent d’ailleurs une âme...

Pierre Pluchon, spécialiste de l’histoire coloniale sous l’Ancien Régime*, fait remonter le concept de racisme aux Lumières : « Les concepts de hiérarchie des races, de races supérieures et de races inférieures, ne sont pas l’invention du XIXe siècle, mais la création des Lumières ! Notamment de Montesquieu, découvreur d’un ordre des climats qui range l’humanité en classes d’inégale valeur, et de Voltaire, jongleur en sarcasmes cruels, qui en appelle à un bon sens caricatural qu’il croit étayé ! »

Si le racisme n’a pas toujours existé, comment est-il né ?

On approche à mon sens de la bonne réponse à cette question, avec George M. Fredrickson, qui écrit dans Racisme, une histoire : « Le fait que le racisme scientifique prédarwinien se soit davantage épanoui en France et aux États-Unis qu’en Angleterre tient peut-être en partie, aussi paradoxal que cela puisse paraître, à leur héritage révolutionnaire d’États-nations fondés sur l’égalité des droits de tous les citoyens. Face à des normes égalitaires, il fallait trouver de bonnes raisons pour exclure. [...] Le seul principe d’exclusion que les tenants de l’égalité civique pouvaient admettre sans difficulté était l’inaptitude biologique à une citoyenneté pleine et entière. Les mêmes arguments qui servaient à refuser aux femmes, aux enfants et aux malades mentaux le droit de vote et l’égalité devant la loi pouvaient être appliqués aux groupes raciaux que la science jugeait incapable d’assumer les droits et les devoirs de la citoyenneté démocratique. En France, le problème restait théorique car il n’y avait pas de minorités raciales importantes. Mais aux États-Unis, une véritable "démocratie de la race des seigneurs" vit le jour. » Comme je l’ai déjà expliqué ailleurs les pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique étaient de grands admirateurs des Romains.

Le racisme n’est donc pas du tout une maladie de l’âme provenant d’un déséquilibre psychologique ou de carences morales, c’est plutôt le fruit délétère d’une autre idéologie, le capitalisme, l’idéologie du profit pour le profit, qui est née elle aussi à la fin du Moyen-Âge avec les Grandes Découvertes et qui, depuis, telle la gangrène, atteint et tue de plus en plus de peuples, de nature et de vie. Il fallait trouver de bonnes excuses, d’excellents prétextes, des raisons scientifiques imparables, pour pouvoir, en bons chrétiens, dépouiller, assassiner ou esclavagiser des millions d’êtres humains, uniquement par cupidité. Le racisme est né du besoin impérieux de justifier l’injustifiable (le génocide des Indiens, la traite négrière et l’esclavage dans les plantations).

Ou alors, si maladie de l’âme il y a, c’est celle de la soif de l’or. C’est elle qui a poussé l’Occident à inventer le racisme, en tant qu’idéologie au service de l’exploitation de l’homme par l’homme. Une idéologie qui justifie scientifiquement le fait de dénigrer, dévaloriser, inférioriser, vilipender ses victimes, pour se convaincre qu’elles méritent bien le sort inhumain qui leur est réservé par l’Occident, qui se trouve être de race blanche, la race supérieure, la race des exploiteurs, des voleurs, des assassins, des esclavagistes. Une maladie de l’âme qui s’est solidifiée en idéologie, en théorie scientifique, pour les besoins de la cause.

Mais me direz-vous, aujourd’hui c’est fini, l’esclavage est aboli depuis longtemps, l’apartheid aussi (enfin, sauf en Israël-Palestine) et donc pourquoi tout le monde ne fait-il pas la paix ?

Déjà l’esclavage à l’ancienne n’a pas disparu. Selon Humanrights.ch : « Même après que tous les Etats au monde ont aboli l’esclavage de leur juridiction, celui-ci reste une réalité. Aujourd’hui comme hier, il existe de nombreuses formes d’exploitation de l’homme par l’homme, que l’on appelle l’esclavage moderne et qui concernent près de 40 millions de personnes dans le monde. »

Ensuite, il s’est développé une forme d’esclavage déguisé, qui ne fait que croître et embellir sous la loi du marché soi-disant libre et non faussé. Il s’agit de l’exploitation de la masse des populations par une minorité de propriétaires qui se cachent dans les structures lointaines et opaques des multinationales pour faire trimer des gens qu’ils maintiennent sous le joug du triple chantage de la dette, de l’emploi, et du chômage. Ces puissants qu’Hollande avait promis de combattre (malheureusement comme ils n’ont pas de visage, il n’a pas réussi à les trouver) : « Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance ».

Ces invisibles, ces planqués, ces marionnettistes, se sont approprié tous les moyens de production, tous les leviers du pouvoir, partout. Ils n’ont jamais assez d’argent, ils ne font jamais assez de profit, ils n’ont jamais assez de pouvoir. Il leur en faut toujours plus pour acheter ou faire chanter tous ceux dont ils ont besoin pour maintenir ou encore augmenter leur fortune et leur pouvoir. Selon le WSWS (World Socialist Web Site, fin 2019 : « Le Bloomberg Billionaires Index a indiqué que les fortunes des oligarques ont augmenté d’un total combiné de 1200 milliards de dollars, soit une augmentation de 25 % par rapport à 2018. Leur valeur nette combinée s’élève désormais à 5900 milliards de dollars. »

Le Covid-19 leur a permis de s’enrichir encore. Et ils vont pouvoir racheter à vil prix toutes les petites entreprises et les petits commerces dont nos dirigeants serviles semblent avoir organisé la faillite en les obligeant à fermer pendant des mois et en leur interdisant d’ouvrir (et là, pas de tolérance en proportion de l’émotion que ces injustices suscitent !) alors que l’épidémie est finie, sans doute pour pouvoir justifier le maintien d’un état d’urgence qui lui permet d’interdire ou de tolérer les manifestations, selon le bon vouloir du Prince.

Cette exploitation généralisée des populations par un petit groupe de puissants capitalistes ne fait pas de différence entre les couleurs de peau, les origines, les cultures ; tous ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre y passent. Mais, par tactique, pour éviter que ces milliards d’exploités n’identifient la petite minorité-fantôme qui les contraint à perdre leur vie à la gagner, et ne se retournent contre elle, l’exploitation s’appuie, tout comme l’esclavage, sur un racisme culturel, instillé dès l’enfance par la société, les médias, l’école, un racisme qui divise et oppose entre eux ceux qui ne font pas partie de l’Establishment ou qui le combattent.

Ce n’est pas difficile parce que les gens sont pour la plupart malheureux (la consommation d’alcool, de tabac, d’antidépresseurs, de jeux a encore augmenté pendant le confinement) et la malheur, contrairement à ce qu’on dit, ne rend pas meilleur. Il est facile de greffer la haine de l’autre sur le désespoir. Comme dit l’écrivain et philosophe congolais, Kama Sywor Kamanda : « Souvent, le racisme sert de manteau à l’ignorance, à la petitesse, aux frustrations et aux aigreurs des personnes complexées et faibles d’esprit. »

La classe dirigeante/possédante aussi est élevée dans l’idéologie raciste. Elle se croit supérieure par nature au peuple que sa naissance, sa fortune ou sa position lui permettent de dominer et de persécuter, comme on l’a vu pendant le confinement où nous avons été privés, par pur sadisme, de parcs, de sorties, de nos proches, terrorisés par les médias et inondés d’amendes et de punitions. Macron, dont le costume fait-main n’arrive pas à contenir l’Hubris, nous l’a d’ailleurs, expliqué sans détour : « Il y a ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien ». Et ceux qui réussissent (le plus souvent des héritiers, qui n’ont rien eu à réussir) haïssent et méprisent de tout leur cœur les moins que rien qu’ils exploitent et traitent comme du bétail, tout comme les planteurs leurs esclaves.

Les esclavagistes racistes actuels ont toujours besoin d’un corpus idéologique. Ce sont les économistes qui s’en chargent à coup de théories fumeuses et grandiloquentes comme le ruissellement, de courbes et de statistiques, de prévisions catastrophiques et de promesses paradisiaques, de vaches sacrées comme le marché, la concurrence, la méritocratie républicaine. Tout cela n’a pour seul but que de dissimuler la réalité : nous sommes, en fait, les nouveaux esclaves d’une nouvelle aristocratie qui est certaine d’appartenir à une race supérieure. Gilles Le Gendre nous l’a expliqué candidement : « Notre erreur est d’avoir probablement été trop intelligents, trop subtils... ».

Et il n’y a même pas besoin de nous acheter, il suffit de donner juste assez pour ne pas mourir de faim à ceux dont on a besoin pour pouvoir continuer de s’enrichir. Les autres, ceux qu’on ne peut plus exploiter, qu’ils mendient ou que leur famille ou quelque association s’en occupe !

Ce sont désormais les riches qui bénéficient de l’Etat providence. L’argent de nos impôts, car eux n’en paient pas, leur est distribué sans limite. La concurrence impitoyable, c’est pour les pauvres. Ils sont laissés à eux-mêmes, tandis que l’Etat est aux petits soins pour les riches. Le monde à l’envers !

Et c’est pour ça que le racisme augmente, partout, entre toutes les classes sociales, les ethnies, les groupes, les minorités. Dans la guerre de tous contre tous, avec des moyens d’existence de plus en plus précaires pour la majorité et des privilèges de plus en plus énormes et garantis pour les plus riches, les gens se regroupent comme ils peuvent, et certains critères sont plus faciles à mobiliser que d’autres, pour former des groupes de pression et essayer par tous les moyens et en utilisant tous les arguments, de surnager, de survivre.

Si les esclavagistes modernes réduisent en servitude 99% de la population de la planète, pourquoi les 99% ne s’unissent-ils pas contre eux ? Pourquoi s’attaquer aux Blancs ?

D’abord, il faut préciser que ce ne sont pas tous les Blancs qui sont cloués au pilori, mais seulement les Blancs qui ont commis deux crimes bien précis et à l’échelle industrielle : l’esclavage et la colonisation. Même si d’autres peuples ont pu commettre de pareils forfaits au cours de l’histoire, aucun, sauf erreur, ne l’a fait de manière aussi systématique et scientifique que nous, ni pendant aussi longtemps. Nous avons atteint des sommets dans l’inhumanité, il faut le reconnaître, et il est tout à fait normal que nos victimes nous en veuillent. Que les formes anciennes d’esclavage ou de colonisation aient disparues ne changent rien à l’affaire. Les deux subsistent et se perpétuent, sous d’autres formes moins voyantes et plus hypocrites, qu’il serait trop long de détailler ici mais que tout le monde connait.

Ce n’est donc que justice, que les peuples que nous avons broyés et martyrisés au nom du profit veuillent se libérer de l’emprise des Blancs, même si la plupart des Blancs de ces pays sont aujourd’hui exploités de la même manière qu’eux, par une oligarchie mondialisée insaisissable et qui ne tient pas compte de la couleur de la peau, mais uniquement de la fortune et du pouvoir.

Le fait est que nous et nos ancêtre avons profité du fruit de ces crimes et que beaucoup d’entre nous continuent, par habitude ou frustration, à se sentir supérieurs aux peuples que nous avons réduits par le passé en servitude, bien que notre situation soit désormais à peine plus enviable.

Mais malgré tout cela, malgré l’horreur et la durée des crimes des blancs, il serait impossible de les dénoncer, ni de se soulever avec succès contre leurs auteurs et les descendants de leurs auteurs, si ces derniers détenaient toujours autant de pouvoir. Ce qui a vraiment changé, c’est que désormais on peut attaquer les Blancs sans problème. L’hégémonie blanche, encore bien réelle, touche toutefois à sa fin. L’Occident est détrôné, notamment par la Chine. C’est le début de la fin de la domination de l’homme blanc. C’est le moment pour tous ceux qui ont souffert de la domination des blancs de soulever et de se venger.

L’Eglise a connu la même dégringolade et le même retour de bâton. D’intouchable, elle est devenue la cible de tous ceux qu’elle avait dominés, sermonnés, humiliés, abusés, de générations en générations. La vengeance l’a frappée, non pas au fait de sa gloire et de ses forfaits, mais plus tard, quand elle a commencé à perdre son pouvoir et sa puissance d’intimidation et qu’elle est devenue la proie des médias et de ceux qui aboient avec les loups. À ce propos, il faut voir comment les jeunes présentatrices blanches et bon chic bon genre de BFM-TV ont épousé, en moins de deux, la cause de la famille Traore, jouissif !

Un autre facteur qui explique ces manifestations raciales ou racisées en France, c’est, comme je l’ai dit plus haut, la propension des pouvoirs à utiliser la tactique « diviser pour régner » en lançant les pauvres contre les pauvres.

Certains observateurs incriminent le multiculturalisme importé des Etats-Unis qui se répand en France. Outre que la culture étasunienne est omniprésente partout en France, les États-Unis « cajolent » les banlieues que nos dirigeants ignorent. Ils y promeuvent la culture étasunienne à coups de millions de dollars, à travers toutes sortes de programmes d’échanges, de voyage, d’étude, etc. Cela expliquerait que les jeunes des banlieues se soient si vite identifiés à ce qui s’est passé aux Etats-Unis et soient sortis manifester malgré les interdictions, bien qu’ils ne soient pas issus de l’esclavage mais de la colonisation.

Mais je ne le pense pas, la colonisation est à peine moins douloureuse que l’esclavage. Au lieu d’arracher ses enfants à un pays pour les réduire à l’esclavage dans un pays étranger, on arrache toutes les ressources et la culture d’un pays en réduisant ses habitants à la pauvreté et à la servitude, toujours pour enrichir un pays étranger. C’est peut-être un peu moins dur d’être asservi chez soi que dans un autre pays, mais l’un ou l’autre choix n’a pas été fait par bonté d’âme, mais parce que ça arrangeait le pays prédateur, en l’occurrence occidental...

Conclusion

Les vrais pouvoirs, les pouvoirs réels, actifs, sont invisibles ou intouchables. Soit on ne les connaît pas du tout, songez à tous ces cercles de décideurs internationaux qu’on découvre un jour alors qu’ils se réunissent secrètement depuis des dizaines d’années pour décider de notre sort en toute illégitimité, comme le cercle Bilderberg et tant d’autres, soit on les connait, mais comme il est interdit les critiquer, et même de les nommer, sous peine de très mal finir, on finit par les oublier. Les vrais pouvoirs sont occultes et/ou tabous.

Ce qui se passe en ce moment est le signe de la décadence de l’Occident. Tout comme les statues que l’on déboulonne en ce moment, l’homme blanc est tombé de son piédestal. Il a perdu son pouvoir, mais ce ne sont pas ses victimes qui le lui ont pris. L’Occident est en ruines, ses remparts sont détruits et ses victimes s’engouffrent juste dans les brèches pour tenter d’obtenir réparation. Mais elles n’en auront pas, parce que les blancs qu’elles sollicitent n’ont plus rien, ni richesses, ni pouvoir. Les descendants de ceux qui ont esclavagisé et dépouillé leurs ancêtres sont désormais aussi exploités et démunis qu’eux. D’ailleurs, ils se joignent aux manifestations.

La seule chose qu’il reste à nos élites blanches autoproclamées, à part les milliards entassés dans les paradis fiscaux, c’est leur prétention. Elles continuent de faire la leçon au monde entier, sans même se rendre compte que plus personne ne les écoute, même pas leurs propres peuples qui ont compris qu’ils étaient fichus et qu’ils ne pouvaient plus compter que sur eux-mêmes et plus du tout sur les extraterrestres qui se croient encore aux manettes.

Oui, tout ce que nous avions, nos richesses et même notre culture nous ont été volé, avec la complicité de nos élites compradores, par de nouveaux puissants qui n’ont pas de visage et qui sont insaisissables, tout comme nous les avions nous-mêmes volées, et le pouvoir est désormais ailleurs. Il demeurera invisible et/ou intouchable, jusqu’à ce qu’il soit identifié et tombe à son tour, remplacé par un autre.

Ce cycle infernal peut-il être rompu, pouvons-nous échapper à la dialectique exploiteur/exploité qui semble régir ce monde depuis l’âge de fer ? Voilà toute la question...

Note :

*Dans son introduction à Haïti au XVIIIe siècle : richesse et esclavage dans une colonie française (1797), d’Alexandre-Stanislas baron de Wimpffen, éd. Karthala, 1993.

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Roberto Saviano. Gomorra. Dans l’empire de la camorra. Gallimard, 2007.
Bernard GENSANE
Il n’est pas inutile, dans le contexte de la crise du capitalisme qui affecte les peuples aujourd’hui, de revenir sur le livre de Roberto Saviano. Napolitain lui-même, Saviano, dont on sait qu’il fait désormais l’objet d’un contrat de mort, a trouvé dans son ouvrage la bonne distance pour parler de la mafia napolitaine. Il l’observe quasiment de l’intérieur pour décrire ses méfaits (je ne reviendrai pas ici sur la violence inouïe des moeurs mafieuses, des impensables tortures corporelles, (…)
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Viktor Dedaj

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