RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Lorsque l’humain est interpellé dans ce qu’il a de plus sain

Le parabole des mineurs

PLAN UN : De grandes émotions

Plus ignorés que connus, plus souvent sous terre que sur terre, plus enveloppés d’obscurité que de lumière, les voilà au centre d’une émotion et d’une solidarité qui vont au-delà des frontières, des croyances, des classes sociales. Plus d’un milliard de téléspectateurs et spectatrices ont suivi les premières heures de ce sauvetage.

Les médias ont su nous les montrer au fond des entrailles de la terre avec leur courage, leur détermination, leur discipline, leur volonté de vaincre un destin de mort et d’oubli. Ils ont tout autant permis de suivre tous ces mouvements à la surface de la mine de Sant José : les familles en état de veille permanente, les secouristes aux mille talents maniant de puissantes foreuses, et ces regards, en provenance de partout à travers le monde, tournés vers ce point minuscule du désert d’Atacama.

Avec des dizaines de millions d’humains de la terre, j’ai moi aussi pleuré devant ces scènes de grandes retrouvailles du conjoint avec sa conjointe, de l’enfant avec son père, du frère, de l’ami avec celui qu’ils croyaient ne plus jamais revoir. J’ai également ressenti comme une grande sympathie pour ce Président, multimilliardaire et ancien allié de Pinochet, qui se retrouvait comme par miracle en symbiose avec ces gens humbles, mais combien nobles et dignes. J’ai pensé un instant à la magie d’une conversion qui libère des ambitions du pouvoir et de la richesse et qui ouvre à une nouvelle fraternité, faite, celle-là , de vérité, de bonté, de justice, de solidarité allant au-delà de toutes les normes.

En somme, nous avons tous et toutes ressentis des vibrations faisant de nous des « humains .

PLAN DEUX : Des révélations surprenantes

Dans la grande région d’Antofagasta 277 des 300 mines en opération ne sont pas conformes aux normes dont celle de San José. Cette dernières aura été fermée en 2005, suite à un accident qui aura coûté la vie à un mineur, puis rouverte, en 2009, sans qu’il y ait eu toutefois les travaux nécessaires pour la rendre conforme aux normes de sécurité. De nombreux mineurs, ayant échappé à l’effondrement du 5 août, étaient présents sur le site du sauvetage, mais les médias n’ont pas fait écho à leurs protestations comme celle qui disait : « Arrête ton show Piñera, nous sommes aussi trois cents dehors » Ou encore ce commentaire d’un des rescapés : « San José est un cauchemar. C’était dangereux, je le savais, tout le monde le savait. Il n’y a qu’un mot d’ordre : productivité. »

Au début des années 1970, Salvador Allende, nouveau Président du Chili, avait nationalisé les principales mines du Chili pour en faire une source importante de revenus au service du peuple chilien. De nouvelles normes de sécurité, de conditions de travail, de redevances avaient, alors, été fixées. Avec le coup d’État militaire de Pinochet qui mit fin abruptement au gouvernement légitime de Salvador Allende, ces normes ont été mises aux oubliettes et les concessions faites aux initiatives privées ont été plutôt généreuses en ce qui a trait aux normes de sécurité, aux conditions de travail et aux redevances. Une révolution démocratique, plaçant les intérêts du peuple avant tous les autres, venait de connaître une fin tragique. Des milliers de morts, des dizaines de milliers de torturés et de prisonniers, près de cent mille réfugiés politiques dispersés un peu partout dans le monde. Le leader des 33 mineurs, celui qui est sorti le dernier, avait perdu son père assassiné par les milices de Pinochet, tout comme le second conjoint de sa mère, assassiné, lui aussi, et enterré dans une fausse commune.

Pendant que les médias retiennent notre attention sur la situation de ces 33 mineurs que l’on s’apprête à rescaper par un trou perforé dans le roc jusqu’à une profondeur de plus de 700 mètres, une trentaine de chiliens d’origine et de culture mapuches sont détenus dans trois pénitenciers au sud du Chili. Ils y ont entamé une grève de la faim qui dure depuis près de deux mois. Ils veulent attirer l’attention du monde sur le sort réservé à la nation Mapuche, sur leurs droits ancestraux relatifs aux terres sur lesquelles ils ont toujours vécu et qui, depuis la conquête, leur ont été enlevées en grande partie. Leurs luttes dans le sud du Chili visent donc à reprendre une partie de ces terres. Leur grève de la faim vise, entre autres, l’élimination de la loi, élaborée sous le régime de Pinochet, qui fait de ces militants du peuple Mapuche des terroristes devant répondre de leurs actes devant les tribunaux militaires et non les tribunaux civils.

PLAN 3 : Le regard suit les réflecteurs

Nous vivons l’ère de la globalisation et les technologies de communication dont nous disposons ont la capacité de nous transporter dans tous les coins du monde : du Nord au Sud, de l’Est en Ouest, des hauteurs du ciel aux profondeurs de la terre. Ils ont également cette capacité de nous conduire au coeur de conflits, de luttes, de nous faire partager de grandes peines tout autant que de grandes joies.

Ces réflecteurs ne se déplacent pas selon les critères d’un humanisme sans cesse à la recherche de ce qui est juste, bon et vrai, mais selon les volontés de ceux qui en ont le contrôle. Eh oui, ces réflecteurs ne sont pas autonomes. Ainsi, ceux que nous appelons les « magnats » des moyens de communication évalueront chaque situation. Pour la guerre en Irak, ils serviront la cause du Président Bush, en Afghanistan celle de l’OTAN. Il y a des causes qui se situent bien au-delà de ce que nous appelons vérité et justice. En ce sens, nous pouvons nous demander pourquoi, il n’y a pas encore si longtemps, ils ont attiré l’attention du monde sur ce prisonnier cubain de droit commun, converti pour la circonstance en « prisonnier politique », mort des suites d’une grève de la faim et non sur ces 30 prisonniers politiques chiliens mapuches (car aucun n’a encore été jugé) également en grève de la faim depuis plus de 60 jours.

PLAN 4 : Le discernement s’impose, la conscience veille

Le temps où l’argument qui faisait taire tous les autres était : « je l’ai lu dans un livre » ou « je l’ai entendu à la radio » ou « le curé (ou toute autre autorité) l’a dit » ne tient plus la route. Il nous faut donc ouvrir d’autres fenêtres que celles de nos téléviseurs pour y voir des choses que ces derniers ne laissent pas passer. Il y a l’information alternative qui permet l’élargissement de nos horizons tout autant que la rencontre de personnes au sens critique particulièrement développé. A la toute fin nous n’avons d’autres ressources que celles de l’humain qui nous habite et de notre conscience qui veille et nous éclaire. Lors de la toute première conférence des presse les mineurs ont tenu à rappeler : "Nous ne sommes ni des artistes, ni des terroristes, mais des mineurs".

DES RÉFÉRENCES DE LECTURE QUI INTERPELLENT

Sur le sauvetage des 33 mineurs au Chili

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21452

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21453

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-09-15-Mapuches

Sur la publicité des femmes contre la guerre en Afghanistan

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21457

Oscar Fortin
Québec, le 16 octobre 2010
http://humanisme.blogspot.com/

URL de cet article 11735
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

RÉVOLUTIONNAIRES, RÉFUGIÉS & RÉSISTANTS - Témoignages des républicains espagnols en France (1939-1945)
Federica Montseny
Il y a près de 80 ans, ce sont des centaines de milliers d’Espagnols qui durent fuir à l’hiver 1939 l’avancée des troupes franquistes à travers les Pyrénées pour se réfugier en France. Cet événement, connu sous le nom de La Retirada, marquera la fin de la révolution sociale qui agita l’Espagne durant trois ans. Dans ce livre, on lit avec émotion et colère la brutalité et l’inhumanité avec lesquelles ils ont été accueillis et l’histoire de leur survie dans les camps d’internement. Issu d’un travail de (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières sur le pied de guerre. Si le peuple américain permet un jour aux banques privées de contrôler le devenir de leur monnaie, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, les banques et les compagnies qui fleuriront autour des banques priveront le peuple de tous ses biens jusqu’au jour où ses enfants se retrouveront sans toit sur la terre que leurs parents ont conquise.

Thomas Jefferson 1802

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.