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Le Monde Diplomatique (juillet 2014)

Dans l’éditorial du numéro de juillet 2014, Serge Halimi revient sur la folie criminelle de la politique étasunienne au proche-orient :

Etait-il imprévoyant, cet élu de l’Illinois qui estimait dès octobre 2002 qu’une invasion de l’Irak ne ferait qu’« attiser les flammes au Proche-Orient, encourager dans le monde arabe les pires impulsions et renforcer le bras recruteur d’Al-Qaida » ? Fut-il plus visionnaire que lui, le vice-président des Etats-Unis qui promit alors que les armées américaines seraient « accueillies en libératrices » ? C’est pourtant le second, M. Richard (« Dick ») Cheney, qui accuse aujourd’hui le premier, M. Barack Obama, d’avoir agi en Irak comme un traître doublé d’un benêt. Et qui conclut avec un culot singulier : « Rarement un président des Etats-Unis se sera autant trompé à propos d’autant de choses au détriment d’autant de gens. »

Andrea Purgatori exhume la sombre histoire de l’accident d’Ustica :

Le nouveau président du conseil italien, M. Matteo Renzi, a décidé d’ouvrir les archives des années 1970 et 1980, deux décennies riches en violences et en intrigues. Les familles des quatre-vingt-une victimes du crash d’Ustica, tuées sans mobile apparent, attendaient depuis longtemps l’accès aux documents confidentiels. Au premier rang des suspects, la France se décide aussi à collaborer avec la justice italienne pour dénouer un mystère aux dimensions géopolitiques.

Qu’annonce l’éclatement irakien, demande Peter Harling ?

L’offensive de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) n’a surpris que ceux qui se désintéressaient de l’évolution du pays depuis le retrait des troupes américaines. L’incompétence du pouvoir central et sa politique favorable aux chiites ont créé les conditions d’une insurrection sunnite.

Selon Allan Kaval, les Kurdes pourraient bénéficier du chaos irakien :

Les premiers bénéficiaires du chaos irakien pourraient être les Kurdes : ils ont profité des combats pour s’emparer de Kirkouk, qu’ils considèrent comme leur capitale historique. Mais le rêve d’un Etat unifié est encore lointain, car ils ne peuvent se maintenir à l’écart des soubresauts qui agitent la région. Et, en Irak comme dans les pays avoisinants, ils restent profondément divisés.

Au proche-orient, on risque de se retrouver avec des frontières sans nations (Vicken Cheterian) :

« L’Europe est-elle en train de préparer de nouveaux accords Sykes-Picot ? », me demandait un jour un confrère à Beyrouth, en référence aux accords secrets franco-britanniques qui, en mai 1916, redessinèrent la carte du Proche-Orient. Sa question découlait de deux constats : l’effondrement du vieux système proche-oriental datant de la fin de la première guerre mondiale ; la capacité et la volonté manifeste de l’Europe d’instaurer un nouvel ordre politique dans la région.

La carte actuelle du Proche-Orient est en effet trompeuse. Les frontières délimitant les territoires de l’Irak, de la Syrie, du Liban, de la Turquie, du Yémen, etc., sont dorénavant fictives et ne reflètent plus la réalité sur le terrain. Ainsi, la frontière syro-irakienne a cessé d’exister depuis 2012 au moins. Du côté irakien, l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) contrôle une grande partie de la province désertique d’Anbar et de larges portions de Fallouja ; il vient de s’emparer de Mossoul. Il est également présent de l’autre côté de la frontière, au cœur du Nord syrien, d’Abou Kamal jusqu’à Rakka et Alep. Rien n’arrête les troupes ou les armes de l’EIIL sur cette frontière anciennement internationale.

Gérard Mauger analyse le concept de populisme, ce mot voyageur en Europe :

Les élections européennes de mai dernier ont vu la montée en puissance de partis hostiles aux politiques menées au sein de l’Union. Au-delà de cette opposition, rien ne rapproche ces formations : les unes actualisent l’idéologie nationaliste et conservatrice de l’extrême droite, tandis que les autres se revendiquent de la gauche radicale. Une distinction que les commentateurs négligent. Comment une telle confusion a-t-elle pu s’imposer ?

A l’avant-veille du scrutin européen du 25 mai dernier, lors de son dernier meeting de campagne, à Villeurbanne, le premier ministre Manuel Valls lançait solennellement un appel à l’« insurrection démocratique contre les populismes ». « Populisme » : qui n’a pas entendu cent fois dans la bouche des sondeurs, des journalistes ou des sociologues ce mot où l’on enferme pêle-mêle les opposants — de droite ou de gauche, votants ou abstentionnistes — aux politiques mises en œuvre par les institutions européennes ?

David Camroux évoque le « douzième coup d’Etat en Thaïlande » :

Généralement plus prolixes, les chancelleries occidentales ont accueilli le putsch des généraux thaïlandais avec la plus grande discrétion. Après avoir instauré la loi martiale, le 20 mai, puis écarté les principaux responsables politiques deux jours plus tard, l’armée exerce la totalité du pouvoir. Derrière une neutralité de façade, elle fait le jeu des élites de Bangkok, régulièrement défaites aux élections.

Selon Boris Pétric , la Chine va devenir une considérable puissance viticole :

Après le reflux de la crise financière, les exportations mondiales de vin atteignent de nouveaux sommets. Elles représentaient plus de 22 milliards d’euros en 2012. Le vignoble se réduit en Europe, mais s’étend rapidement en Asie. Les Chinois sont devenus les premiers consommateurs de vin rouge et se révèlent également des producteurs de plus en plus avisés.

Avec Raffaele Laudani, on va un peu plus loin dans la connaissance de Matteo Renzi :

L’homme providentiel d’hier a déçu ? Un autre apparaît, porteur de tous les espoirs. Dernier exemple en date : l’Italien Matteo Renzi, qui a fait des envieux quand son parti est arrivé largement en tête dans la Péninsule lors des élections européennes du 25 mai dernier. Jeune et charismatique, l’homme détiendrait la clé du salut pour une social-démocratie européenne à bout de souffle.

Au soir du 25 mai, lors de l’annonce des derniers résultats des élections européennes, un score enchanta les médias : celui enregistré par M. Matteo Renzi. Le président du conseil italien pouvait en effet se vanter d’être l’un des rares dirigeants du continent à sortir renforcé du scrutin. En obtenant 41 % des suffrages, le Parti démocrate (PD) ne se contentait pas de battre le record établi à gauche par le Parti communiste italien (PCI) d’Enrico Berlinguer aux élections législatives de 1976 (34 %) : il obtenait aussi quinze points de plus que lors du scrutin national de 2013.

En mars 2014, déjà, le banquier d’affaires français Matthieu Pigasse le citait comme une source d’inspiration — le magazine Les Inrockuptibles, dont M.Pigasse est propriétaire, présentait l’ancien maire de Florence comme un dirigeant « jeune, hyperactif, radical et ambitieux », susceptible de « ressusciter l’Italie ». Mais, ce soir-là, M. Renzi se hissait au rang de « meilleur espoir de l’Europe réformiste » pour Les Echos. et à celui de « leader indiscutable de l’Europe » pour El País. Un nouveau « modèle » venait d’apparaître, en mesure de réhabiliter l’idée européenne tout en contrant la montée de l’extrême droite.

Alban Bensa et Eric Wittersheim décrivent la société calédonienne en ébullition :

En vertu de l’accord de Nouméa, signé en 1998, la Nouvelle- Calédonie devrait achever son processus de décolonisation en organisant d’ici 2018 un référendum d’autodétermination. La période a été marquée par la montée en puissance des projets miniers et une certaine effervescence culturelle. Mais, comme l’indique le scrutin provincial de mai dernier, le dynamisme social et économique peine à trouver une traduction politique.

Evelyne Pieiller pense que l’exception culturelle échappera à la grande braderie :WikiLeaks vient de lever un coin du voile sur les tractations entre Washington, Bruxelles et une vingtaine d’autres capitales autour d’un accord visant à libéraliser le commerce des services (ACS). Autre navire amiral du libre-échange, le grand marché transatlantique (GMT) suscite une inquiétude croissante. Mais que les Français se rassurent : l’exception culturelle échappera à la grande braderie…

Ibrahim Warde explique pourquoi les Etats-Unis mettent les banques à l’amende :

Après BNP Paribas, la Deutsche Bank et le Crédit agricole ? L’annonce d’une sanction américaine contre la banque française alarme un secteur peu accoutumé aux remontrances.

En publiant le 29 mai une information selon laquelle l’amende infligée à BNP Paribas pourrait s’élever à 10 milliards de dollars, le Wall Street Journal a produit un choc. La banque est accusée d’avoir, entre 2002 et 2009, enfreint à travers sa filiale suisse les embargos imposés par les Etats-Unis à Cuba, à l’Iran et au Soudan. L’affaire illustre de manière spectaculaire l’évolution de la jurisprudence et des pratiques judiciaires en matière de finance internationale. Depuis plusieurs mois, deux autres établissements français, la Société générale et le Crédit agricole, se trouvent également en délicatesse avec les autorités américaines.

Avant même cette annonce, le président François Hollande avait écrit à son homologue américain pour l’alerter du « caractère disproportionné des sanctions envisagées » contre BNP Paribas. Quant à M. Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, il a exprimé son étonnement de voir le droit américain s’appliquer à des transactions « conformes aux règles, lois, réglementations, aux niveaux européen et français, ainsi qu’aux règles édictées par les Nations unies ».

Leo Noleti ne croit pas dans la transparence de la Commission européenne, technocratique, opaque et éloignée des électeurs :

La Commission européenne invite désormais les citoyens à « faire entendre leur voix ». S’engage-t-elle pour autant à les écouter ?

Après des mois de négociations secrètes, la Commission européenne promettait fin mars d’en finir avec l’opacité des tractations entourant le projet de grand marché transatlantique (GMT) : l’heure serait désormais à la transparence, notamment à travers le lancement d’une consultation publique. Adossée à un site Internet permettant à chacun de « faire entendre sa voix », une campagne de communication en vingt langues invitait donc, jusqu’au 6 juillet 2014, les citoyens européens à « donner leur opinion » sur douze aspects du traité en discussion.

La page du kichnérisme en Argentine semble être tournée (José Natanson) :

Le 16 juin, la Cour suprême des Etats-Unis a validé une décision de justice américaine contraignant Buenos Aires à rembourser des fonds spéculatifs : ces derniers refusent de renégocier la valeur des titres de la dette argentine qu’ils détiennent. L’annonce a encore affaibli la position de la présidente Cristina Kirchner, dont la réélection au premier tour en 2011 semble désormais un lointain souvenir.

Buenos Aires, 1er mars 2014. La présidente Cristina Fernández de Kirchner, récemment remise d’une opération, fait son entrée dans le palais du Congrès. Construit à la fin du XIXe siècle, ce bâtiment aux réminiscences gréco-romaines symbolise l’âge d’or d’une Argentine entièrement tournée vers l’exportation de produits agricoles. Mme Kirchner vient prononcer le discours d’inauguration de la session parlementaire. Nul ne s’attend à une surprise, les annonces importantes étant traditionnellement réservées à d’autres cénacles. Elle intervient pourtant et ne réside pas dans les trois heures de discours ou les vingt-trois mille trois cent vingt-six mots prononcés, mais dans le ton adopté. Les années précédentes, la présidente profitait de l’occasion pour fondre sur ses adversaires (l’opposition, les médias, le patronat) et défendre ses décisions ; cette fois, elle opte pour la mesure, voire la douceur. Médusée, l’assemblée l’entendra même adresser des compliments aux représentants de l’opposition.

Peut-on sauver le lac Tchad (Romano prodi) ? :

Au cœur du Sahel, le lac Tchad risque de disparaître. Une revitalisation devient d’autant plus indispensable qu’elle favoriserait la paix dans une région instable. L’ancien président de la Commission européenne Romani Prodi plaide pour la réussite du programme de sauvegarde.

Le lac Tchad se trouve au cœur d’une région d’Afrique centrale caractérisée par une désertification galopante et une croissance démographique record. Situé à la porte du Sahara, il est vulnérable au régime des pluies, qui font depuis toujours fortement varier son niveau. La topographie particulièrement plate de son bassin provoque des mouvements spectaculaires. Depuis 1962, les eaux ont baissé de quatre mètres, réduisant sa superficie de 90%. A partir des années 1980, les évolutions climatiques, telles la sécheresse et les pluies trop faibles, ainsi que la surexploitation des ressources par les riverains – 75 % des eaux seraient détournées en amont –, ont ramené sa taille à moins de deux mille cinq cents kilomètres carrés.

Sébastien Broca rappelle que le logiciel libre a trente ans :

Collaboratif, ouvert, libre de droits : alors qu’il a fêté ses trente ans d’existence en 2013, le mouvement du logiciel libre incarne plus que jamais une résistance à la privatisation du savoir et de la culture. Des milliers de programmeurs élaborent bénévolement des outils qui servent à tous. Pourtant, les rapports entre ce mouvement et la sphère marchande sont plus étroits qu’on pourrait le penser.

L’anglais règne dans les facultés bataves (Vincent Doumeyrou) :

« Nous sommes ridicules », clamait le 10 avril 2013 Mme Geneviève Fioraso, ministre française de l’enseignement supérieur et de la recherche : nos universités ne proposent « pas assez de cours en anglais ». Depuis le début des années 1990, les Pays-Bas recommandent justement l’usage de la langue de Shakespeare dans les formations supérieures. Leurs résultats invitent-ils à les suivre ?

En 1989, M. Jozef Ritzen, alors ministre travailliste de l’éducation des Pays-Bas, déclara que les universités devaient donner plus de cours en anglais. Le scandale suscité par l’idée d’une telle atteinte à la culture du pays fut tel que le Parlement adopta une loi faisant du néerlandais la langue d’enseignement officielle.

Aujourd’hui, ce qui avait alors tant affligé l’opinion est dans une large mesure devenu réalité. L’usage de l’anglais demeure certes limité au niveau des licences, ainsi que pour les masters d’enseignement appliqué. Mais il devient désormais majoritaire pour les masters universitaires, les plus prestigieux, hissant les Pays-Bas au premier rang dans l’Europe non anglophone pour le nombre de formations en anglais. Les masters de sciences de la vie, d’ingénieur et d’économie arrivent en tête des formations concernées.

Le théâtre doit être un service publics (Bruno Boussagol) :

Aller au théâtre est souvent devenu un signe de distinction culturelle. Or, tout au long du siècle dernier, des luttes sociales et politiques ont cherché à permettre à chacun de s’approprier cet art. Ce fut le sens d’une « décentralisation » différente de celle qui, depuis une trentaine d’années, s’est peu à peu dévoyée.

Selon Benoît Bréville et Jérôme Pellissier ,Jaurès, celui qui unit Valls et Sarkozy (hum…) :

Jean Jaurès n’a pas attendu le centième anniversaire de son assassinat pour être victime de récupérations. Pendant la campagne présidentielle de 2007, M. Nicolas Sarkozy en avait fait une référence récurrente, allant jusqu’à prononcer son nom trente-deux fois dans un même discours : « Il récusait la lutte des classes », affirmait-il alors. Deux ans plus tard, c’est l’extrême droite qui, sur une affiche électorale, attribuait au penseur socialiste une citation frauduleuse – « A celui qui n’a plus rien, la patrie est son seul bien » –, pour en conclure que « Jaurès aurait voté Front national ». L’audace de certains dirigeants politiques étant sans limites, le Parti socialiste (PS) profite actuellement des commémorations de 1914 pour comparer l’adversaire de la guerre à... M. François Hollande.

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Viktor Dedaj

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