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Le Monde Diplomatique, décembre 2016

Renaud Lambert explique les raisons du chaos au Venezuela : « En novembre, manifestations populaires et tentatives de déstabilisation ont intensifié les convulsions politiques que connaît le Venezuela. Tout au long des années 2000, les réussites – sociales, géopolitiques et culturelles – de la « révolution bolivarienne » d’Hugo Chávez avaient pourtant suscité l’enthousiasme des progressistes par-delà les frontières. Comment expliquer la crise que traverse actuellement le pays ? »

Qui sont les rebelles syriens, demande Bachir El-Khoury ? « Après quatre ans de guerre, la bataille d’Alep reste cruciale pour l’avenir de la Syrie. Assiégés depuis septembre par les forces progouvernementales dans la partie est de la ville, les insurgés appartiennent essentiellement à des mouvements islamistes. Mais leurs milices n’ont pas le monopole de la radicalisation, de l’intégration de combattants étrangers ou du discours religieux. »

Serge Halimi revient sur la déroute de l’intelligentsia aux Etats-Unis : « Les Américains n’ont pas seulement élu un président sans expérience politique : ils ont également ignoré l’avis de l’écrasante majorité des journalistes, des artistes, des experts, des universitaires. Le choix en faveur de M. Donald Trump étant souvent lié au niveau d’instruction des électeurs, certains démocrates reprochent à leurs concitoyens de ne pas être assez cultivés. »

Sébastien Broca explique pourquoi les communs sont un projet ambigu : « Revivifiée dès les années 1980, la notion de « communs » ou de « biens communs » connaît une popularité croissante chez les militants de gauche. Qu’il s’agisse de la fourniture d’eau potable ou des logiciels libres, la gestion collective fait un sort au mythe selon lequel la privatisation serait garante d’efficacité. Mais ses partisans se défient aussi de l’État, auquel ils n’attribuent qu’un rôle circonscrit. »

Sabine Cessou s’attend à une transition à haut risque en République démocratique du Congo : « Après des mois de contestation sévèrement réprimée en République démocratique du Congo, un premier ministre issu de l’opposition, M. Samy Badibanga, a été nommé le 17 novembre. Mais la transition politique reste incertaine, car le président Joseph Kabila pourrait briguer un troisième mandat, en dépit des remous que cela susciterait dans le pays et dans toute l’Afrique centrale. »

Pour Jean-Luc Racine, le péril djihadiste gagne le Bangladesh : « Marginalisés pour s’être compromis avec le Pakistan lors de la guerre de libération en 1971, les islamistes bangladais ont progressivement retrouvé leur influence. Certains sont passés à l’action violente. Les assassinats de personnalités athées et progressistes, qui se sont multipliés ces dernières années, puis l’attentat commis à Dacca cet été ont placé la première ministre Sheikh Hasina face à ses responsabilités. »

Selon Cédric Gouverneur, les intérêts des éleveurs de rennes sont bien différents de ceux des mineurs : « Dans le Grand Nord suédois, les relations se tendent entre les partisans de l’ouverture de nouvelles mines et les populations saames. Viscéralement attaché à la préservation de la nature, ce peuple autochtone aspire à l’autodétermination. Le cadre légal suédois n’offrait pas cette possibilité ; mais une récente décision de justice pourrait changer la donne. »

Léa Ducré et Margot Hemmerich militent pour de nouvelles pratiques judiciaires : « À l’heure où le bien-fondé de la seule incarcération est de plus en plus discuté, le premier ministre français Manuel Valls a annoncé la construction de dix nouvelles prisons. D’autres solutions ont pourtant montré leur intérêt, en particulier celles impliquant les victimes. Innovation majeure de la loi de 2014, la justice réparatrice reste cependant encore confidentielle. »

Pierre Rimbert se lance dans une critique des médias, vingt ans après : « Il y a tout juste vingt ans, le sociologue Pierre Bourdieu lançait Liber - Raisons d’agir, une maison d’édition dont deux titres – le sien, Sur la télévision (1996), et celui de Serge Halimi, Les Nouveaux Chiens de garde (1997) – analysaient les effets délétères d’un journalisme de marché rongé par les connivences, le panurgisme et la précarité. Leur succès ancra dans le débat d’idées français une critique radicale des médias cultivée de longue date dans les colonnes du Monde diplomatique ; il suscita la fureur des chefferies éditoriales et la sympathie des rieurs.

Deux décennies plus tard, ce mouvement longtemps marginal a convaincu un large public, avec l’aide involontaire d’éditocrates toujours plus arrogants. Mais il a échoué à trouver dans le monde politique et syndical le levier d’une transformation concrète. En roue libre, les dirigeants de médias et leurs actionnaires continuent de mutiler l’information au point de rendre le journalisme haïssable. « Sous ce joug mortifère, écrit Aude Lancelin dans Le Monde libre, la presse deviendrait un jour le seul commerce à s’être éteint d’avoir obstinément refusé de donner à ses lecteurs ce qu’ils avaient envie de se procurer. »

Qu’est-ce que vieillir au féminin, demande Juliette Rennes ? « En avril 2016, en Suisse, une octogénaire a demandé – et obtenu – une aide au suicide car, « très coquette » selon son médecin, elle ne supportait pas de vieillir. Un signe du stigmate particulier attaché à l’avancée en âge chez les femmes. En France, deux personnalités se sont emparées de cette question longtemps négligée par les féministes : Benoîte Groult et Thérèse Clerc, toutes deux disparues cette année.

Pour Jerome Karabel, il est facile de perdre une élection : « Un adversaire désavoué par son propre camp, une évolution démographique favorable, des moyens financiers considérables : les démocrates avaient toutes les cartes en main pour remporter l’élection présidentielle. Ils ont finalement été défaits, victimes de leur stratégie désastreuse. »

Jean Ziegler explique pourquoi Boutros Boutros-Ghali fut labête noire de l’administration Clinton : « En butte à l’hostilité de Washington, Boutros Boutros-Ghali n’a pu effectuer qu’un seul mandat de secrétaire général des Nations unies (1992-1996). En relatant cet épisode dans son dernier livre, le diplomate suisse Jean Ziegler balise le chemin étroit que devra emprunter le successeur de M. Ban Ki-moon. M. António Guterres prendra ses fonctions en janvier… comme le président américain. »

Selon Jean-Arnault Dérens, il ne sera pas facile d’écrire l’histoire de l’Europe centrale : « Dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale, la crise démographique et le pourrissement des questions sociales nourrissent le terreau des négationnistes. De façon de plus en plus ouverte, les nationalismes bâtis sur une réécriture de l’histoire font office de programmes politiques. De Stepan Bandera en Ukraine aux oustachis en Croatie, les criminels redeviennent des héros. »

Entre autre car (Laurent Geslin et Sébastien Gobert ) le révisionnisme est au service des nationalistes en Europe centrale et orientale.

François Cusset évoque nos si chers amis : « Hier, l’amitié évoquait un lien aristocratique entre héros grecs (Achille et Patrocle) ou écrivains fusionnels (Montaigne et La Boétie). Elle est descendue cette fois sur le plancher des vaches, jusqu’aux tuyaux de nos correspondances et aux allées du grand supermarché qui nous sert de monde. On nous la sert du réveil au coucher, de l’ami Ricoré aux noceurs du réseau Snapchat. Elle est aujourd’hui partout et nulle part. Décorum obligé de toutes les transactions et absente de nos vies sociales. Ton surjoué de tous nos échanges et vérité d’une relation singulière que l’on peine à trouver. L’amitié est ce que promeuvent les réseaux sociaux, les séries télévisées, le voisinage responsable avec sa fête annuelle, le tourisme décontracté avec ses rencontres autochtones, ou simplement les connivences du jour devant la machine à café. »

Ce numéro contient une cartographie d’une double page sur les médias français. Á consulter et conserver précieusement en attendant le prochain tableau qui prendra en compte de nouvelles concentrations. LGS ne figure évidemment pas sur cette double page consacrée à nos médias inféodés …

Bernard Gensane

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Bernard GENSANE
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Ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature ; elle se venge de chacune d’elles.

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