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Le Monde Diplomatique (décembre 2014)

Serge Halimi consacre son éditorial du numéro de décembre 2013 au dégel en Iran :

Un accord mobilisant contre lui M. Benyamin Netanyahou, le lobby pro-israélien qui dicte sa loi au Congrès américain, les ultraconservateurs iraniens et l’Arabie saoudite peut-il être mauvais ? Et Israël – un État qui n’a pas signé le traité de non-prolifération nucléaire (TNP), qui possède la bombe et qui a violé davantage de résolutions des Nations unies qu’aucun autre au monde – est-il vraiment le mieux placé pour faire la leçon sur tous ces points au régime iranien ?

Aux termes de l’accord intérimaire de six mois conclu le 24 novembre, l’Iran va donc interrompre son programme d’enrichissement de l’uranium au-delà de 5 % en échange d’une suspension partielle des sanctions à son encontre. Dans la région, c’est la meilleure nouvelle depuis le début des révoltes arabes.

Va-t-on être xénophobes au nom de l’État social, demande Alexis Spire ?

Puisque les finances publiques vont mal, il faut protéger le modèle social en traquant les fraudeurs, mais aussi les étrangers. Ce raisonnement martelé par nombre de responsables politiques européens a gagné en légitimité, y compris au sein de l’administration française.

Si les solutions pour sortir l’Union européenne de l’ornière suscitent d’âpres débats, il est un sujet qui fait consensus parmi les dirigeants politiques du Vieux Continent : la lutte contre ceux qui abuseraient des systèmes de protection sociale. Les immigrés d’Afrique ou du Maghreb et les Roms constituent la première cible de cette croisade. Dans un courrier du 23 avril 2013, les ministres de l’intérieur allemand, anglais, autrichien et néerlandais s’en sont plaints auprès de la présidence irlandaise en dénonçant les « fraudes et abus systématiques du droit à la libre circulation provenant des autres pays de l’Union européenne ». On serait ainsi passé d’une immigration économique à un tourisme d’allocations.

Pour le président Rafael Correa, « L’Europe endettée reproduit nos erreurs » :

Lors d’une conférence à la Sorbonne le 6 novembre dernier, le président équatorien Rafael Correa a interpellé ses homologues européens sur leur gestion de la crise de la dette. Celle-ci serait caractérisée par une seule obsession : garantir les intérêts de la finance. Il livre ici une synthèse de sa réflexion.

Nous, Latino-Américains, sommes experts en crises. Non parce que nous serions plus intelligents que les autres, mais parce que nous les avons toutes subies. Et nous les avons terriblement mal gérées, car nous n’avions qu’une seule priorité : défendre les intérêts du capital, quitte à plonger la région dans une longue crise de la dette. Aujourd’hui, nous observons avec préoccupation l’Europe prendre à son tour le même chemin.

À lire un fort dossier sur l’empire des jeux vidéo :

Longtemps, leur importance a été sous-estimée. La coupure entre les jeunes qui y jouaient et les adultes reléguait les jeux vidéo au rang de divertissement vulgaire. Mais les mordus de Pac-Man partagent désormais avec leurs enfants une culture commune. Avec leur puissance de calcul inédite, les consoles proposent un imaginaire, des graphismes, des scénarios comparables à ceux du cinéma. Sauf qu’ici le joueur est acteur. Ce phénomène social reflète un rapport au monde ambigu. L’ambition est de permettre d’échapper au réel, mais avec réalisme (« En quête de réalisme, mais pas de réel »). Aux États-Unis, au Japon et maintenant au Canada, l’essor de cette industrie repose sur les recettes traditionnelles de la mondialisation : sous-traitance, dumping social et fiscal (« Au Canada, une industrie comme chez elle »). Les géants du secteur brassent des milliards et se frottent les mains : consacré comme une forme culturelle respectable (« “Super Mario” entre au musée »), le jeu vidéo déborde l’univers domestique. Le voici instrument de politiques publiques et outil de management (« Pour gagner des points, lisez cet article »).

Pour Jean-Marie Harribey, il faut créer de la richesse, pas de la valeur :

Avec une faculté de récupération absolue, le capitalisme cherche à s’approprier les connaissances et à repousser les limites de l’exploitation de la nature. Un credo : tout peut se transformer en monnaie. Ainsi des économistes ont-ils calculé que les « services rendus par la nature » valaient entre 16 000 et 54 000 milliards de dollars par an. Ils confondent valeur et richesse.

Le travail n’est donc pas l’unique source des valeurs d’usage qu’il produit, de la richesse matérielle. Il en est le père, et la terre la mère, comme dit William Petty.

Karl Marx, Le Capital [1867], dans Œuvres, tome I, Gallimard, Paris, 1965.

Le saviez-vous ? Les services rendus par les chauves-souris aux États-Unis valent 22,9 milliards de dollars par an. Comment arrive-t-on à cette somme rondelette ? En évaluant la quantité d’insecticide qu’elles permettent d’économiser en détruisant elles-mêmes les nuisibles. Les services rendus par les insectes pollinisateurs représentent, eux, 190 milliards par an, dont 153 pour les seules abeilles. Quant à la valeur de la photosynthèse opérée par la forêt française, elle est estimée au prix du marché de la tonne de carbone.

Laurent Geslin nous explique le long « printemps bulgare » :

Depuis bientôt un an, les manifestations se succèdent en Bulgarie. En mai dernier, le Parti socialiste a pris la tête du gouvernement, sans apaiser la colère d’une population lassée de l’inertie et de la corruption politiques. Dans l’un des pays les plus pauvres de l’Union européenne, ceux qui défilent demandent du travail, de meilleurs salaires. Et le respect de l’État de droit.

Selon Sébastien Gobert, l’Ukraine se dérobe à l’orbite européenne :

Fin novembre, à quelques jours de la signature d’un accord d’association avec l’Union européenne, Kiev a soudainement rompu les négociations, accédant ainsi à la demande pressante de Moscou. Coincée entre deux puissances qui voient en elle tantôt un grand marché, tantôt un pion géopolitique, l’Ukraine, sous la conduite de son gouvernement autoritaire, zigzague sur une voie étroite.

Fadi Awad et Claire Talon ont repéré une fracture chez les écrivains égyptiens :

Alors que la répression se renforce en Egypte au nom de la « guerre contre le terrorisme », d’éminentes figures du monde intellectuel, nostalgiques du nassérisme et souvent de gauche, ont proclamé leur soutien à l’armée. Cette génération des anciens est contestée par des écrivains et des artistes qui refusent le retour de l’« État profond » et la trahison des idéaux de la révolution.

Christophe Jaffrelot explique pourquoi le Pakistan est miné par les affrontements entre sunnites et chiites :

Alors que le général et ancien président Pervez Moucharraf est accusé de trahison pour avoir imposé l’état d’urgence en 2007, la Cour suprême du Pakistan lance ses filets tous azimuts. Mais, après avoir consolidé l’État de droit, elle s’arroge de plus en plus de prérogatives et inquiète les démocrates. Un jeu dangereux au moment où la cohésion nationale souffre des affrontements sectaires entre chiites et sunnites.

Dans ce même pays, existe-t-il un gouvernement des juges (Christophe Jaffrelot) ?

Habitué des coups d’État militaires, le Pakistan a vu cette année un Parlement démocratiquement élu parvenir au terme de son mandat et être remplacé par un autre : une première dans son histoire. Toutefois, le retour à l’État de droit s’était construit antérieurement, non pas tant grâce à des partis politiques que grâce à des juristes, qui avaient poussé le général Pervez Moucharraf, auteur d’un putsch en 1999, à organiser des élections en 2007-2008. Parmi eux, le président de la Cour suprême, M. Iftikhar Mohammed Chaudhry, mérite une mention particulière. Il a en effet rendu une colonne vertébrale à un appareil judiciaire qui, par le passé, a souvent entériné toutes sortes d’atteintes au droit et vécu dans l’ombre confortable du pouvoir.

Jake Rom D. Cadag et Jean-Christophe Gaillard font le bilan après le cyclone aux Philippines : « Philippines, des coupables trop commodes » :

Balayées par le cyclone Yolanda, qui compte parmi les plus violents de leur histoire, les Philippines peinent à soigner leurs plaies. Bien que le pays soit considéré comme l’un des plus performants en matière de réduction des risques de catastrophe, les dirigeants ont une tendance certaine à trouver des boucs émissaires pour échapper à leurs responsabilités.

Quand cessera donc la guérilla contre l’avortement aux États-Unis (Jessica Gourdon) ?

Avec le triomphe des républicains aux élections législatives de 2010, les militants antiavortement américains ont repris du poil de la bête. Leur tactique consiste à faire passer des lois restreignant le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) au niveau de chaque État, le rendant parfois quasi impossible à exercer. Dernier rempart : la Cour suprême du pays. Mais pour combien de temps ?

Dessiner pour se souvenir (Gérard Mordillat ) : « Miracle du dessin contre l’amnésie »

Au milieu des années 1990, Ernest Pignon-Ernest découvre la prison Saint-Paul, à Lyon, où il rencontre des détenus. Il est appelé à y intervenir, en 2012, avant que les travaux ne la transforment en université catholique. Sa volonté : « Redonner un visage, honorer ceux qui ont été emprisonnés, torturés, exécutés entre ces murs, par des bourreaux français ou par les nazis. Rappeler aussi tous ces “droits communs” qui y ont souffert, certains jusqu’au suicide. »

Les terres sont volées aux agriculteurs d’Ethiopie (Agnès Stienne) :

La crise alimentaire de 2008, qui s’est traduite par de violentes émeutes de la faim dans les pays en développement, a déclenché un mouvement d’accaparement des terres arables : 60 à 80 millions d’hectares parmi les plus fertiles ont été arrachés aux petits agriculteurs par des puissances agroalimentaires ou financières. Exemple en Ethiopie.

Les créateurs doivent-ils travailler pour l’amour de l’art (Eugenio Renzi) ? :

Après des mois de controverse, un compromis a été trouvé début octobre sur la convention collective qui doit, pour la première fois, encadrer les salaires des techniciens dans le cinéma français. Les opposants au texte initial craignaient qu’il ne soit fatal aux films d’auteur et aux petites productions, déjà très fragilisés par la crise.

Il y a des diables sous le tapis, mais aussi dans la gamme (Renaud Lambert) :

Laisser ses doigts se promener sur les touches d’un piano ou les cordes d’une guitare... Qu’il pratique ou non la musique, chacun a sans doute connu l’expérience, sans s’imaginer qu’il mettait son âme en péril. Quelque part derrière les notes, le diable rôdait pourtant.

C’est du moins ce qu’on imaginait au Moyen Age chrétien. A l’époque, et depuis Pythagore, la perfection du cosmos se manifeste à travers celle des nombres et de l’harmonie : le quadrivium couronnant les études universitaires repose alors sur l’étude de l’arithmétique, de la géométrie, de l’astronomie et de la musique. Des sciences que nul n’aurait imaginé dissocier.

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