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Le loup ne peut devenir mouton

L’annonce par l’organisation terroriste le Front Al Nosra de la rupture de ses liens avec Al Qaïda et de sa dénomination qui sera désormais le « Front Fateh Al Cham » va en toute certitude servir d’argument justificateur à ses « sponsors » occidentaux et régionaux qui malgré qu’elle soit inscrite sur la liste des groupes armés bannis pour leur nature terroriste de participation aux négociations de règlement du conflit syrien, vont en toute certitude tenter d’imposer qu’elle soit désormais considérée comme faisant partie de la rébellion syrienne « modérée » avec laquelle le régime de Damas et ses alliés devront composer.

La pseudo-rupture avec Al Qaïda annoncée par le chef d’Al Nosra, le sinistre Abou Mohammed Al Jolani, n’est qu’une ruse de guerre échafaudée en concertation avec Ayman Al Zawahiri qui lui a accordé son onction sachant qu’elle n’aura d’incidences que formelles sur les relations des deux organisations terroristes. Al Jolani l’a décidée et Al Zawahiri l’a approuvée parce que rendue indispensable par les pressions qui se sont exercées sur Al Nosra de la part des Etats qui malgré son caractère terroriste plaident pour son inclusion dans le camp de la rébellion « modérée » syrienne qui admise par le régime et ses alliés lui vaudrait de ne plus être cible de leurs forces militaires et d’être considérée comme partie prenante au règlement du conflit syrien.

Les deux chefs terroristes, celui d’Al Nosra et d’Al Qaïda, et les « sponsors » qui leur ont soufflé cette ruse de guerre tendant à faire apparaître le groupe armé criminel syrien devenant mouton après avoir été un loup féroce et sanguinaire sont parvenus au constat que l’objectif commun qui soude leur alliance dans le conflit syrien, à savoir la chute du régime, leur est impossible à atteindre si Al Nosra, le seul groupe armé rebelle ayant le potentiel humain et les capacités militaires de le mettre en difficulté, continue à se revendiquer de la nébuleuse terroriste Al Qaïda.

Cyniques qu’elles sont, les puissances qui poursuivent le but de renverser le régime syrien vont s’accrocher au tour de passe-passe opéré par Al Nosra pour tenter de faire croire qu’elle sera désormais « fréquentable » et donc un acteur du conflit à prendre en considération. Elles s’y accrocheront d’autant que le fiasco de la prétendue rébellion « modérée » dont l’existence a servi de justification à leurs ingérences et interventions dans le conflit est désormais une réalité flagrante qu’elles ne peuvent plus cacher. Pour continuer celle-ci, il leur faut qu’un groupe armé même terroriste qu’est Al Nosra en l’occurrence entretienne la fiction qu’il y a toujours une rébellion armée « modérée » agissante sur le terrain. Le subterfuge est aussi destiné à rendre moins odieux et condamnable le soutien n’étant plus secret qu’elles accordent à Al Nosra et leur vaut d’être perçues comme agissant avec l’abjecte duplicité consistant à clamer qu’elles sont en guerre contre le terrorisme international et dans le même temps à instrumentaliser certains de ses pratiquants.

Al Qaïda, l’Etat islamique et Al Nosra, pour ne citer que les organisations terroristes s’étant forgé la plus sinistre renommée par leurs barbares « exploits » aux quatre coins du monde, peuvent s’adonner à des semblants de conversion pour tenter de créer l’illusion qu’elles prennent leur distance avec la violence terroriste, elles ne renonceront jamais pour autant à semer la mort, la terreur et la barbarie qui elles sont consubstantielles de la matrice doctrinale dont elles sont issues. En rompant avec Al Qaïda, Al Nosra n’a nullement répudié cette matrice doctrinale qui ignore la « modération » et voue à l’extermination ceux qui s’en réclament. Le loup ne s’est pas en conséquence transformé en mouton mais cherche à entrer dans la bergerie pour dévorer ses occupants. Ce qui n’est pas pour aller contre le but ultime que veulent atteindre ceux qui lui ont suggéré sa ruse de guerre.

»» http://www.lequotidien-oran.com/?news=5231799
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Guide du Paris rebelle
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Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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