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Le Liban s’insurge contre la partialité aveugle du rapport israélien de la Commission Winograd, par Michele Giorgio.








Civils tués, bombes à fragmentation et destructions : pas une seule ligne de tout cela dans le rapport Winograd.


Il manifesto, 4 mai 2007.


Jérusalem.

Le massacre de Cana et ses 29 morts ? Les civils taillés en pièces par les fusées larguées par les avions de chasse israéliens alors qu’ils essayaient de se mettre à l’abri ? Les immenses destructions du Sud-Liban et dans les quartiers sud de Beyrouth ? Il n’est nullement question de tout cela dans le rapport Winograd.

La guerre de l’été passé, les membres de la commission d’enquête l’ont confirmé,
a été juste, l’unique "problème" est que l’état hébreu n’a pas réussi à la gagner,
à cause de l’incompétence du Premier ministre Olmert, du ministre de la défense
Peretz et de l’ancien chef d’état-major Dan Halutz.

Face au débat tronqué en Israël et la mémoire courte de tant de gouvernements sur les coûts énormes, surtout en vies humaines, que le Liban a payés jusqu’à aujourd’hui, le premier ministre Fouad Siniora s’est insurgé, mettant en outre en garde contre le fait qu’Israël pourrait déclencher une nouvelle offensive pour venger l’humiliation subie à cause de la guérilla avec le Hezbollah. "Le rapport a ignoré les victimes libanaises, comme si les Israéliens avaient été les seules victimes de cette guerre injuste" a protesté Siniora dans un communiqué publié hier. "L’enquête n’a désigné personne comme responsable des pertes humaines et matérielles subies par le Liban" a-t’il ajouté. Des paroles fortes prononcées par un Premier ministre qui est par ailleurs un ami convaincu de l’Europe -et qui entretient d’étroites relations
avec le gouvernement Prodi- et non par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
Celui-ci a même vanté avec beaucoup de fair-play, ces deux derniers jours (2 et 3 mai, NDT), le travail réalisé par la Commission Winograd, parce que le rapport a minutieusement décrit la défaite militaire d’Israël, et par voie de conséquence a exalté les capacités belliqueuses des combattants chiites.

Environ 1200 Libanais, en grande partie civils, et 158 Israéliens, dont 119 militaires
ont été tués dans le conflit de juillet-août 2006. Durant les 34 journées de la guerre
menée par Israël après la capture de ses deux soldats par le Hezbollah, la destruction du Liban a été vaste et rapide. Infrastructures civiles, ponts, routes ont été pulvérisés au sud du pays. Plusieurs villages et petites villes ont été en grande partie détruits par l’artillerie et l’aviation israéliennes "pour préparer" l’offensive terrestre. Bint Jneil a été rasée au sol à 45%. Les dommages s’élèvent à plus de cinq milliards de dollars.

Les ruines étant déblayées, la reconstruction de maisons et d’immeubles entiers avance lentement. Le gouvernement libanais a offert 60 millions de lires libanaises (environ 40 mille dollars) pour chaque maison complètement détruite mais jusqu’à présent les réfugiés n’en ont reçu qu’une petite partie. Pour sa part "Jihad al-Binaa", la fondation du Hezbollah qui s’occupe de la reconstruction a donné à tous ceux qui ont perdu leur maison 10 mille dollars, pour payer les locations qui ont doublé depuis la fin du conflit. En outre, le parti chiite, grâce aux dons de l’Iran (112 millions de dollars) a réparé des milliers de maisons et construit des centaines d’immeubles mais si les travaux avancent bien à Beyrouth, ils vont plus lentement dans le sud. Avec les fonds provenant du Quatar, des hôpitaux ont été restaurés, des édifices publics et environ 400 lieux de prière reconstruits ; mais il va falloir de nouveaux et considérables financements pour rendre maisons et écoles à des milliers de familles.

Sans oublier non plus les dommages considérables causés aux industries, les centaines de millions de dollars perdus pour le tourisme (qui est l’un des secteurs de pointe de l’économie) et les milliers de paysans des régions méridionales qui ne peuvent se rendre aux champs, ou alors au risque de leur vie, à cause de la présence des bombes au phosphore déversées par Israël.

Pendant la guerre, les forces armées de l’Etat hébreu ont lancé sur le Liban de 3000 à 6000 engins par jour et, d’après les éléments diffusés par UNMACC, l’agence de l’ONU pour le déminage du Liban, il y a actuellement encore un million de bombes qui n’ont pas explosé. Il y a deux jours (2 mai 2007, NDT), Chris Clark, directeur de l’UNMACC, a déclaré que 60 équipes de démineurs travaillent chaque jour, qui devront avoir terminé leur travail avant la fin de 2007. Depuis la fin du conflit, 22 civils ont été tués par l’explosion des engins abandonnés et 178 ont été blessés.

Mais sur tout cela, la Commission Winograd a fermé les yeux.

Michele Giorgio


 Source : il manifesto www.ilmanifesto.it

 Traduit de l’italien par Elisabeth Cadic-Njeim et Marie-Ange Patrizio




Mythes israéliens - De la Tromperie érigée en mode de vie, par Jonathan Cook.






 Dessin : Carlos Latuff http://latuff2.deviantart.com


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L’Obsolescence de l’homme (1956)

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