Grâce au nom de Dieu, le Tout-miséricordieux, le Très-miséricordieux
Louange au Seigneur des deux mondes, paix et bénédictions divines au grand Messager et aux Gens de la demeure
M. le Président, M. le Secrétaire général ! Mesdames et Messieurs !
Au début, je tiens à présenter mes sincères félicitations à l’occasion du choix de Son Excellence à la présidence de l’Assemblée générale de l’Onu et saluer le travail inlassable de M. Ban Ki-moon.
M. le Président ! Notre monde est empli de crainte et d’espoir : crainte de la guerre et des hostilités à l’échelle régionale et internationale ; crainte du clash meurtrier des identités confessionnelle, ethnique et nationale ; crainte de l’institutionnalisation de la violence et de l’extrémisme, crainte de la pauvreté et des discriminations humiliantes, crainte de l’anéantissement des ressources vitales, crainte de la négligence de l’honneur et des droits de l’homme, crainte de l’ignorance de l’éthique.
En revanche, il y a aussi de nouveaux espoirs face à ces craintes : l’espoir en l’accueil favorable des populations et des élites du monde entier à la devise « oui à la paix et non à la guerre » ; l’espoir à la préférence du dialogue à la lutte, de la modération à l’excès.
Un exemple manifeste est le choix perspicace de l’espoir, de la sagesse et de la modération par le grand peuple iranien, lors des récentes élections, qui ont montré, à travers la cristallisation de la démocratie religieuse et la passation du pouvoir exécutif, que l’Iran est le havre de la stabilité au milieu de l’océan troublé de la région.
La foi inébranlable du gouvernement et de notre peuple à la paix durable, à la stabilité, à la paix, au règlement négocié des conflits et l’appui à la vox populi en tant que base de la puissance, la légitimité et la popularité favorisent tous et tout une ambiance si sûre.
M. le Président, Mesdames et Messieurs !
La période hautement névralgique de transition dans les relations internationales est jalonnée à la fois de dangers et d’occasions inédites. Les évaluations erronées de notre propre statu quo et de celui des autres entraîneraient des préjudices historiques de sorte que l’erreur commis par un acteur aurait des impacts négatifs pour tous.
La vulnérabilité s’est transformée en un phénomène global.
En cette traversée ô combien sensible de l’histoire des relations mondiales, l’ère des jeux dont la somme est zéro, est bel et bien révolue ; mais il y a encore de rares protagonistes qui emploient des méthodes et des outils désuètes et profondément inefficaces afin de préserver leur suprématie d’antan.
Le militarisme et le recours aux moyens militaires et violents pour dominer autrui sont des exemples flagrants de l’inefficacité de la pérennité des méthodes et actions surannées dans des conditions modernes.
Les mesures basées sur la force sur les plans économique et militaire pour assurer et pérenniser l’hégémonie et la suprématie d’antan s’effectuent sur le fond de toute une pléthore de cadres conceptuels dont tous sont aux antipodes de la paix, de la sécurité, de l’honneur de l’homme et des idéaux humains. Parmi ces cadres conceptuels figure notamment l’uniformisation des sociétés et la généralisation des valeurs occidentales en tant que les valeurs universelles.
Un autre cadre est la préservation de la culture de la Guerre froide et le partage du monde en deux camps de « nous les supérieurs » et de « l’autre inférieur ».
Autre cadre conceptuel est de créer une ambiance de phobie envers l’émergence de nouveaux acteurs sur la scène internationale.
Dans un tel contexte, les violences gouvernementales et non-gouvernementales, interconfessionnelles et sectaires voire raciales se sont exacerbées ; il n’y a aucun garant que la période de paix entre les superpuissances ne se laisse attraper par le piège du discours et d’actes violents.
L’impact catastrophique des lectures extrémistes et brutales ne devra pas être minimisé.
Ceci dit, la stratégie de violence visant à supprimer les acteurs régionaux de leur champ de manœuvre naturel, les politiques du contrôle, le changement des régimes politiques depuis de l’au-delà des frontières et des efforts qui se font pour bouleverser les frontières politiques, sont très dangereux et engendrent la tension.
Le discours conventionnel politique international brosse un centre de civilisation avec des franges non-civilisées. Dans une telle image, la proportion de ce foyer de puissances mondiales avec les franges est une proportion autoritaire. La rhétorique centraliste du Nord et de marginaliste du Sud se trouve à l’origine de l’établissement d’une sorte de monologue au niveau des relations internationales.
La démarcation des frontières identitaires erronées et la xénophobie brutale ne sont que le résultat d’un tel discours.
Les discours islamophobe et iranophobie menacent sérieusement la stabilité mondiale
Les campagnes sans fondement contre la religion, l’islamophobie, le chiismophobie et l’iranophobie ne sont que de sérieuses menaces contre la stabilité mondiale et la sécurité de l’homme.
De tels discours propagandistes ont pris une allure dangereuse en suggérant et avançant des menaces fictives et imaginaires.
Une de ces menaces fictive est la menace illusoire d’Iran. Que de démarches erronées, que de crimes n’ont été accomplies sous prétexte d’une telle menace sans fondement ?
Equiper Saddam Hussein d’armes chimiques et le soutien aux talibans ne sont que des exemples de ces crimes.
A l’appui de documents fiables, j’annonce explicitement et catégoriquement que ceux qui menacent l’Iran, sont eux-mêmes une menace à la paix et la sécurité internationales. L’Iran n’est non seulement pas une menace, mais par contre, aussi bien dans l’acte que le verbe, il a toujours été le héraut de la paix équitable et de la sécurité tous azimuts.
M. le Président, Mesdames, Messieurs !
Rares sont les régions où la violence s’est avérée si destructrice qu’en Asie de l’ouest et en Afrique du nord. L’intervention militaire en Afghanistan, la guerre imposée par Saddam à l’Iran, l’occupation du Koweït, l’action militaire contre l’Irak, la politique violente et répressive à l’encontre du peuple palestinien, la liquidation des figures politiques et les civils en Iran, les attentats à la bombe dans différentes pays de la région dont l’Irak, l’Afghanistan, le Liban sont toutes des exemples de violence durant ces trois décennies dans cette région.
Ce qui arrive au peuple opprimé palestinien n’est que de violence structurale. La terre de Palestine est occupée.
Les droits élémentaires des Palestiniens sont de manière catastrophique bafoués ; ils sont privés du droit de retour à leur maison et à leur pays natal. Les crimes commis à l’encontre du peuple palestinien est une violence institutionnalisée. L’apartheid s’avère un terme très pâle ou trop faible pour la décrire.
La tragédie humanitaire en Syrie est un exemple douloureux de la propagation de violence et d’extrémisme dans notre région.
Depuis le déclenchement de la crise, depuis que des acteurs régionaux en acheminant des équipements et des armes vers la Syrie et en renforçant les groupes extrémistes, cherchent à militariser cette crise, nous n’avons eu de cesse d’insister sur le fait que la crise syrienne n’avait pas d’issue militaire.
On ne peut pas cacher derrière des expressions humaines, les objectifs stratégiques et expansionnistes et la perturbation de l’équilibre régionale.
L’objectif conjoint de la Communauté internationale consiste à mettre rapidement fin au massacre des civils innocents.
La RII condamne dans les termes les plus vifs tout usage d’armes chimiques et se réjouit de ce que la Syrie ait adhéré à la convention sur l’interdiction de l’emploi d’armes chimiques. L’Iran croit que l’accès des groupes extrémistes et des terroristes à ce genre d’armes de destruction massive, constitue le plus grand danger auquel risque à avoir faire face la région.
Le recours illégal et inefficace à la menace ou à l’emploi de la force , non plus ne saura apaiser les violences, au contraire ils contribuent à étendre la crise dans toute la région. Le terrorisme et l’assassinat des innocents sont les manifestations les plus extrêmes de la violence et de l’extrémisme. Le terrorisme est un fléau global, extrafrontalier.
Une autre forme de la violence et de l’extrémisme est celle qui se déroule au nom de la lutte contre le terrorisme. C’est une lutte qui implique les drones qui tuent les innocents. Il s’agit là aussi d’un acte répréhensible et condamnable. Il convient que je revienne sur le meurtre des savants atomistes iraniens . Pour avoir commis quel crime ont-ils été assassinés ? et la question qui mérite d’être posée à l’Onu et au Conseil de Sécurité est la suivante : les auteurs de ces assassinats ont-ils été condamnés ?
Les sanctions injustes constituent elles-aussi l’une des manifestations de la violence et qui sont essentiellement contre la paix et inhumaines. Ces sanctions, au contraire de la propagande qui est celle de leurs auteurs, ne nuisent pas aux gouvernements et à l’élite politique mais à la population civile qui est sacrifiée sur l’autel des querelles politiques.
N’oublions pas ces millions d’Irakiens qui ont pâti des sanctions couvertes sous le vernis des arguments légaux invoquées par les institutions internationales, ces irakiens qui sont morts, ou qui vivent toujours en souffrant mille martyrs du fait de ces mêmes sanctions. Ces restrictions sont brutales, violentes, qu’elles soient intelligentes ou non intelligentes , unilatérales ou multilatérales .
Les sanctions violent les droits de l’homme, le droit à la paix, le droit au développement, le droit à la santé, à l’éducation et tout bonnement le droit à la vie. Les sanctions n’aboutissent à rien d’autre qu’à la guerre, à l’anéantissement des hommes, quelle que soit le jeu de mot, le verbiage qui visent à les justifier. Les flammes qu’allument les sanctions ne consument pas seulement les victimes mais aussi ceux qui les décident et les imposent .
M . le Président, Mesdames, Messieurs !
La violence et l’extrémisme ont contaminé non seulement les aspects de la vie matérielle mais aussi ceux de la vie spirituelle des hommes et des sociétés entières. Ils ne laissent plus aucune place à la tolérance, à la coexistence pacifique, des éléments indispensables au maintien de la société humaine, la société moderne.
L’intolérance est le plus grand défi auquel fait face notre monde d’aujourd’hui. Il faut cultiver la tolérance à la lumière des pensées religieuses, des convictions culturelles et des solutions politiques.
Les sociétés humaines devront s’orienter de l’étape de patience négative à la coopération et la complicité.
Il ne faut pas seulement tolérer les autres, il faut travailler avec les autres . Les populations mondiales sont excédées par des années de guerre, de violence et d’extrémisme et ceci (ce genre de réunion) est une occasion inouïe. Les peuples aspirent au changement. La RII croit qu’il est possible de générer les défis à l’appui d’un mélange intelligent d’espoir et de modération. Les bellicistes et les va-t-en guerre cherchent à tuer l’espoir.
Toute espérance se fonde sur la volonté générale d’éradiquer la violence et l’extrémisme, sur la volonté de changement et celle d’opposition à toute structure imposée. L’espoir est basé sur le prix à accorder au choix et à la responsabilité humaine.
L’espoir est sans doute l’un des plus grands bienfaits divins et la modération signifie une combinaison sage et intelligente des idéaux sublimes, des stratégies efficaces sur fond du réel.
Les Iraniens ont voté dans un élan de subtilité et de choix intelligent à la politique de modération et d’espérance.
En politique étrangère, ceci signifie que la RII en qualité de puissance régionale, se sent responsable face à la sécurité régionale et internationale et qu’elle est disposée à une coopération multilatérale et générale avec d’autres acteurs impliqués dans ce processus.
Nous apportons notre pleine appui à la paix basée sur la démocratie, et le recours aux élections libres aussi bien en Syrie qu’à Bahreïn et ailleurs. Et nous croyons qu’il n’existe aucune solution extrême pour des crises internationales et que ces crises ne peuvent être vaincues qu’en ayant recours à la sagesse, à l’interaction, à la modération. Ce n’est guère à l’appui du militarisme que la paix et la démocratie pourront être instaurés dans les pays du monde et au Moyen Orient . L’Iran cherche la solution aux problèmes, il ne cherchent pas à en générer.
Il n’existe aucun problème ni crise qui ne soit solvable grâce au respect mutuel , au refus de la violence .
Je reviens sur le dossier nucléaire iranien.
Accepter le droit naturel de l’Iran, le droit légal et inaliénable à avoir le nucléaire civil, ainsi que le prône le Guide Suprême de la Révolution islamique, est la solution la plus simple à cette crise.
Les principaux acteurs de ce dossier devront se fixer deux objectifs, objectifs qui se posent en deux composantes inséparables d’une solution définitive à cette crise .
Primo : le programme nucléaire iranien comme celui d’autres pays du monde devra avoir un aspect exclusivement civil.
Je l’annonce ici et très clairement que l’objectif principal de l’Iran et ce mis à part les positions d’autres acteurs impliqués dans ce dossier, n’est qu’avoir accès au nucléaire civil.
Les armes de destruction massive n’ont aucune place dans la doctrine défensive de l’Iran et elles s’opposent aux fondement de notre croyance religieuse et nos convictions éthiques. Les intérêts nationaux iraniens exigent que nous dissipions les inquiétudes régionales au sujet de notre nucléaire.
Secundo : notre second objectif consiste à faire accepter le droit iranien à l’enrichissement et à d’autres activités nucléaires civiles et ce, sur le sol iranien. Le savoir nucléaire iranien est maitrisé en Iran et l’enrichissement est désormais au stade de la production en chaine. En ce sens, il est irréaliste et illusionniste de croire que les pressions illégales pourront arrêter en quoi que ce soit le programme nucléaire iranien.
La RII insiste donc à ce que ses droits nucléaires soient respectés et tout en mettant l’accent sur la nécessité d’une coopération internationale, elle est prête à reprendre sans tarder les pourparlers nucléaires dans l’objectif de créer un climat de confiance et de dissiper les malentendus réciproques. L’Iran cherche une interaction constructive sur fond de respect mutuel et des intérêts communs avec le reste du monde et en ce sens il ne cherche pas à exacerber les tensions avec les Etats-Unis d’Amérique.
J’ai suivi avec intérêt les propos d’aujourd’hui du président Obama. Il est possible de définir un cadre pour gérer les divergences irano américaines, à condition que les dirigeants américains en aient la volonté politique et qu’ils se refusent à suivre les groupes de pressions. Ce cadre devra être fondé sur base de respect mutuel, d’égalité des droits et des principes reconnus par le droit international. Ceci étant dit, nous attendons entendre une voix unique de la part de Washington.
M. le président, Mesdames et Messieurs,
Ces dernières années n une seule voix ne cesse de se faire entendre et qui et la suivante : « l’option militaire est sur la table » ; mais permettez nous de mettre en avant , contre cette formule inefficace et illégale une autre : « La paix est notre portée ».
Au nom de la RII je propose en guise de premier pas que le projet « le Monde contre la violence et l’extrémisme » figure à l’ordre du jour de l’ONU et que tous les Etats et les institutions internationales et civiques fournissent des efforts pour orienter le monde dans ce sens.
Il faut réfléchir à mettre au pas « la coalition pour une paix durable » en lieu et place de la « coalition de guerre »
La RII convie la communauté internationale à accepter et à franchir des pas dans le sens de notre appel , celui ‘d’œuvrer contre la violence et l’extrémisme pour que soit ouvert un nouvel horizon où la paix, la tolérance, le progrès la justice la richesse, la liberté remplacent la guerre la violence, l’effusion du sang, la discrimination, la pauvreté et la dictature.
Le grand poète iranien, Ferdosi dit : « Œuvrez à ce que le bien gagne le monde, à ce que le froid de l’hiver cède la place à la douceur du printemps ». En dépit de tous les problèmes qui existent, je suis profondément optimiste sur l’avenir.
La solidarité internationale contre la violence et l’extrémisme promet un avenir meilleur pour notre monde. La modération est l’avenir de notre monde.
Mon espoir s’enracine dans cette conviction personnelle et cette expérience nationale d’ailleurs partagées par toutes les religions divines que le monde aura devant lui des lendemains qui chantent :
« و لقد کتبنا فی الزبور من بعد الذکر ان الارض یرثها عبادی الصالحون »