D’après le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, si l’Occident bombarde les miliciens de l’État islamique en Syrie sans consulter Damas, l’alliance atlantiste pourrait profiter de l’occasion pour lancer des frappes aériennes contre les forces du président Bachar Al-Assad.
"Il y a des raisons de soupçonner que les frappes aériennes sur le territoire syrien puissent cibler non seulement les zones contrôlées par les militants de l’Etat islamique, mais aussi les troupes gouvernementales qui pourraient également être attaquées pour affaiblir les positions de l’armée de Bachar al-Assad", a déclaré M. Lavrov mardi.
Selon les déclarations de Lavrov lors d’une conférence de presse à Moscou, après une réunion avec le ministre des Affaires étrangères du Mali, une telle évolution conduirait à une énorme escalade du conflit au Moyen-Orient et en Afrique du Nord,
Moscou exhorte l’Occident à respecter le droit international et à entreprendre de tels actes uniquement avec l’approbation du gouvernement légitime d’un Etat, a déclaré M. Lavrov.
Les commentaires de Lavrov ont été prononcés peu de temps après que Washington, Paris et Londres aient annoncé leur intention de passer à l’offensive contre le groupe djihadiste de l’Etat islamique. Selon l’AP, l’armée US a déjà lancé plus de 100 frappes aériennes contre des cibles de miliciens en Irak, y compris une nouvelle série qui a fait un nombre de morts inhabituellement élevés parmi les combattants de l’Etat islamique.
L’armée états-unienne a lancé des frappes aériennes près de Haditha, un barrage de l’Irak.
Après la décapitation de deux journalistes états-uniens, le président Barack Obama envisage une frappe militaire contre l’État islamique en Syrie. Les plans devraient être annoncés dans un discours mercredi.
Moscou a exprimé à maintes reprises sa volonté de coopérer avec Washington dans la lutte contre le terrorisme, a déclaré M. Lavrov. Le secrétaire d’État John Kerry, en réponse, a proposé que les États-Unis, la Russie et les pays de la région coopèrent pour travailler sur "un équilibre des intérêts afin qu’ils puissent éliminer la menace terroriste", a-t-il ajouté.
"Toutefois, rien a été déterminé au-delà de ces mots", a déclaré M. Lavrov.
La Russie a longtemps mis en garde ses partenaires occidentaux sur la menace posée par l’Etat islamique, Al-Qaïda et d’autres groupes qui ont fusionné plus tard avec le Front islamique, a déclaré M. Lavrov.
"Nous avons suggéré à plusieurs reprises aux États-Unis, l’UE et les principaux Etats européens de réaliser l’ampleur de cette menace. Nous avons demandé à l’ONU de condamner résolument les attaques terroristes organisées par les islamistes en Syrie. Mais on nous a dit que c’était la politique de Bachar al-Assad qui a donné naissance au terrorisme, et que dénoncer ces actes n’était possible que si Bachar al-Assad démissionnait ", a déclaré M. Lavrov.
De l’avis de Moscou, cela représente "un double discours" et une tentative de justifier le terrorisme.
Jusqu’au conflit syrien, la Russie et l’Occident avaient été unanimes pour déclarer que le terrorisme ne pouvait être justifié "quel qu’en soit le motif" selon M. Lavrov. Mais dans le cas de la Syrie, l’Occident, avait une "position différente, un double visage." Ce n’est que lorsque le terrorisme qui a pris naissance en Libye et s’est propagé au Liban et en Irak que les pays occidentaux ont réalisé qu’il était temps de régler ce problème, a déclaré Lavrov.
"Ayant admis cette menace terroriste avec un retard énorme, les partenaires occidentaux pour une raison quelconque pensent que cette menace doit être éliminée sur le territoire de l’Irak, tandis que sur le territoire de la Syrie, il pourrait être laissé à l’examen de ceux qui mènent l’opération," a déclaré M. Lavrov .
Référence :
Russia Today Lavrov : West may use ISIS as pretext to bomb Syrian govt forces