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La Syrie vue depuis l’Irak

photo UNICEF/Shehzad Noorani - Zohra, 9 ans, handicapée, réfugiée irakienne avec sa mère et trois soeurs en Syrie.

Informations tragiques et détails effarants arrivent de ce pays, mais il est difficile de distinguer entre la vérité et la manipulation, entre les protestations légitimes et les tentatives infâmes de déstabilisation. Il peut cependant s’avérer utile de regarder vers la Syrie à partir non pas de l’Occident mais, par exemple, de l’Irak. L’occasion nous en est fournie par un article de Tim Arango sur l’International Herald Tribune du 30-31 juillet. Lisons :

«  En Irak, la Syrie représente encore quelque chose de semblable à un oasis. Les Irakiens commencent à se réfugier là -bas pour fuir la guerre dirigée par les Usa et le bain de sang de la violence sectaire qui s’en suit. Au cours de la guerre, la Syrie a accueilli environ 300 mille réfugiés irakiens, plus que n’importe quel autre pays de la région (d’après le Haut Commissariat Onu pour les réfugiés).

Ces jours-ci (1er août 2011), même si la Syrie doit faire face à ses désordres, rares sont les Irakiens qui rentrent chez eux. En effet, les Irakiens qui partent pour la Syrie sont beaucoup plus nombreux que ceux qui rentrent dans leur patrie ».

Les Irakiens fuient non seulement pour laisser derrière eux la guerre qui continue à sévir, mais aussi parce qu’ils n’en peuvent plus d’un pays caractérisé par l’inefficience et la corruption des services publics. Oui, «  la Syrie est vue comme un pays où il est meilleur de vivre  ».

Interrogés par l’International Herald Tribune, les Irakiens s’expriment avec simplicité et efficience. Se référant à la Syrie, ils disent : «  Là -bas la vie est belle, là -bas les femmes sont belles  » (il n’y a pas d’obligation de port du voile). En tous cas, «  il y a là -bas une chose importante : liberté et sécurité partout  ». C’est à partir de cette conviction diffuse que, «  à cause des vacances estivales, le nombre des personnes qui abandonnent l’Irak pour la Syrie a augmenté ».

Mais que disent ceux qui se sont déjà établis dans ce pays (on présume dans les régions les plus tranquilles) ? Interrogé, toujours, par le quotidien étasunien, un Irakien témoigne : en effet, à la télévision le spectacle qui est offert de la Syrie est assez inquiétant, mais «  quand je téléphone à ma famille, ils me disent que tout est ok » !

Le cadre ici tracé est certainement unilatéral et excessivement rose. Mais ceux qui, après avoir déchaîné la guerre et avoir provoqué directement ou indirectement des dizaines et dizaines de milliers de morts, ont réduit l’Irak à des conditions, aujourd’hui encore, catastrophiques au point de faire apparaître la Syrie comme un «  oasis », ceux-là n’ont de leçons à donner ni à l’un ni à l’autre de ces pays. Pour rester au Moyen-Orient : ceux qui, alors qu’ils continuent à bombarder la Libye, sans hésiter à massacrer les journalistes et les techniciens de la télévision de ce pays, prétendent donner des leçons sur les «  droits humains » et rêvent d’une nouvelle «  guerre humanitaire », ceux-là démontrent qu’ils ont perdu jusqu’au sens de la pudeur et du ridicule.

Domenico Losurdo

Edité sur le blog de l’auteur le 1er août 2011.

http://domenicolosurdo.blogspot.com/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

URL de cet article 14326
   
Circus politicus
Christophe Deloire, Christophe Dubois
A quelques mois de l’élection présidentielle de 2012, les Français sont saisis d’angoisse à l’idée que la fête électorale débouchera sur une gueule de bois. La crise aidant, la politique se révèle un théâtre d’ombres où les signes du pouvoir servent surtout à masquer l’impuissance. Qui gouverne ? Qui décide ? Circus politicus révèle les dessous d’un véritable « putsch démocratique », une tentative de neutralisation du suffrage universel par une superclasse qui oriente la décision publique. (…)
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