La situation économique du Venezuela est marquée par une série de provocations des forces de l’opposition qui cherchent à contester dans la rue le résultat des différents scrutins de 2013. Mais, ceci est aussi possible en raison d’une détérioration de la situation économique, sensible depuis le début de l’automne 2012. Invité par le gouvernement du Venezuela, j’ai fait une mission au début du mois de novembre 2013, à la suite de laquelle j’ai rédigé la note suivante pour le gouvernement. Les autorités du Venezuela m’ont autorisé aujourd’hui à la publier. Je rappelle que ces lignes n’engagent que moi et nullement le gouvernement du Venezuela, que je veux remercier de sa confiance et de l’ampleur de la documentation reçue.
Jacques SAPIR
Le Venezuela affronte aujourd’hui une crise économique majeure, dans une situation où la bourgeoisie n’a pas abandonné son objectif de renversement du pouvoir bolivarien. Une stabilisation de la situation économique s’impose, mais ne suffira pas à résoudre les problèmes qui sont aujourd’hui posés. Il faut donc considérer ici une séquence de mesures.
À la stabilisation immédiate, qui peut être obtenue par des mesures administratives, vient s’ajouter la nécessité d’une stabilisation plus durablement enracinée dans des logiques économiques. Mais cette stabilisation économique n’a elle-même pas de sens en soi. La stabilisation n’a de sens que si elle permet la mise en place d’un modèle de développement qui réponde aux objectifs à long terme de la Révolution bolivarienne. C’est donc dans cette logique d’une séquence de mesures, allant du court terme au long terme, qu’il faut lire la présente note.
Évolutions des deux taux de change
Source : Banque Centrale du Venezuela
Évolutions du crédit interne et de la base monétaire
Fondamentalement, le gouvernement doit s’atteler à ces réformes dés le début de 2014. Il doit annoncer la poursuite des objectifs de la Révolution Bolivarienne mais en indiquant que l’on change certaines méthodes. La « loi habilitante » qui a été votée donne au Président un instrument idéal pour imposer ces réformes.
Jacques Sapir
Ses travaux de chercheur se sont orientés dans trois dimensions, l’étude de l’économie russe et de la transition, l’analyse des crises financières et des recherches théoriques sur les institutions économiques et les interactions entre les comportements individuels. Il a poursuivi ses recherches à partir de 2000 sur les interactions entre les régimes de change, la structuration des systèmes financiers et les instabilités macroéconomiques. Depuis 2007 il s’est impliqué dans l’analyse de la crise financière actuelle, et en particulier dans la crise de la zone Euro.
"Il y a beaucoup d’ignorance sur ce qui se passe à Cuba et on ne veut jamais rien leur reconnaître. Si d’autres avaient fait ce que Cuba a fait [pour lutter contre le SIDA], ils seraient admirés par le monde entier."
Peggy McEvoy représentante de UN-AIDS à Cuba de 1996 à 2001