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La réduction des rations alimentaires menace l’Irak de malnutrition sévère et de famine.








WSWS, 5 janvier 2008.


Alors que sévissent déjà malnutrition, inflation incontrôlée et chômage de masse, le ministère irakien du Commerce se prépare à restreindre la fourniture d’aliments et de produits hygiéniques de base subventionnés dans le cadre du Système de distribution public (Public Distribution System- PDS).

Le ministère a insisté pour dire que ces restrictions étaient inévitables parce qu’on ne lui avait pas promis un budget adéquat pour 2008. Mohammed Hanoun, chef de cabinet au ministère du Commerce, a dit à l’agence de presse Al-Jazirah le mois dernier : « En 2007 nous avons demandé 3.2 milliards de dollars dans le but d’organiser la distribution des produits alimentaires de base. Mais comme le prix des aliments importés a doublé en un an, nous avons demandé 7,2 milliards de dollars. Notre demande a été refusée. »

Le ministre du Commerce, Abid Falah al-Soodani a dit au parlement irakien : « Puisque nous ne disposerons pas du soutien financier du gouvernement l’an prochain, nous allons réduire les produits de 10 à 5 et les quantités des autres produits ne seront pas les mêmes que cette année et que dans les années passées ».

Selon Al-Jazirah les premières modifications dans ce sens prendront effet ce mois-ci. Les produits de base comme le lait maternisé, le thé, les pois chiches, le savon et les détergents courants ne seront plus distribués. Seuls la farine, le sucre, le riz, l’huile alimentaire et le lait en poudre seront disponibles. La quantité mensuelle de ces produits tombera, selon l’agence de presse de l’Onu, IRNI, à tout juste 9 kilos de farine, trois kilos de riz, deux kilos de sucre, un litre d’huile alimentaire et 250 grammes de lait en poudre par membre d’une famille disposant d’une carte de rationnement.

Une modification supplémentaire sera introduite en juin. Un contrôle du revenu sera introduit qui enlèvera à tous ceux qui ont un emploi leur donnant salaire modeste la carte de rationnement nécessaire pour bénéficier de cette assistance mensuelle. On estime à 5 millions le nombre de personnes qui n’auront plus ainsi accès au PDS.


Le PDS a été introduit par le régime Baathiste sous Saddam Hussein pour répondre à court terme aux sanctions imposées par les Nations unies pendant la guerre du Golfe de 1990-1991. L’assistance alimentaire s’est poursuivie après cette guerre orchestrée par les Etats-Unis, l’Onu refusant de lever l’embargo commercial parce que l’Irak devait alors prouver qu’il avait détruit ses « armes de destruction massive » chimiques ou biologiques.

A la fin de 1996 l’Onu, réagissant aux protestations à propos du coût humanitaire de ces sanctions, introduisit le programme « pétrole contre nourriture » sous lequel on permit à l’Irak de vendre une certaine quantité de pétrole, le produit pouvant être utilisé pour acheter des aliments et des produits de première nécessité, pour payer les réparations au Koweït ou pour financer les frais administratifs engendrés par les inspections d’armes de l’Onu.

Si le programme du rationnement alimentaire contribua à empêcher une famine de masse, l’Irak fut néanmoins incapable d’acheter des médicaments essentiels, ce qui entraîna une augmentation drastique de la mortalité infantile et une forte chute générale de l’espérance de vie. On estime que le régime des sanctions a causé, entre 1991 et 1998, la mort d’un million d’Irakiens y compris un demi-million d’enfants.

Denis Halliday, un des responsables chargés d’imposer le régime des sanctions à l’Onu, démissionna de ses fonctions en octobre 1998, déclarant : « Nous sommes en train de détruire toute une société. C’est aussi simple et aussi effrayant que cela. C’est illégal et c’est immoral ».

Au moment de l’invasion de mars 2003, quasiment toute la population irakienne était dépendante du programme de rationnement pour satisfaire à ses exigences alimentaires de base. L’occupation militaire américaine ne pouvait par conséquent guère faire autrement que de continuer ce programme. Elle a cependant lamentablement échoué pour ce qui est de le rendre accessible à la population.

En 2004, une étude réalisée par le World Food Program (WFP) trouva qu’au moins 6,5 millions d’Irakiens dépendaient fortement du programme de rationnement alimentaire et qu’outre ceux-ci, 3,9 millions de personnes souffriraient d’« insécurité alimentaire » si elles en étaient exclues. Le WFP estima qu’au moins 27 pour cent des enfants irakiens souffraient déjà de malnutrition chronique. Beaucoup parmi les Irakiens les plus pauvres ne consommaient pas leur ration, mais ils en vendaient une partie sur le marché pour les aider à obtenir l’argent nécessaire à l’achat d’autres choses essentielles, comme les habits ou le loyer.

Trois ans plus tard, l’organisme de charité Oxfam International estime que seuls 60 pour cent des Irakiens sont encore en mesure d’obtenir leur ration, contre 96 pour cent en 2004. Des problèmes de sécurité empêchent un grand nombre de gens de se rendre dans les centres de distribution proches de chez eux. Des milices ethniques et sectaires, promues par les forces d’occupation américaines, se servent de l’assistance alimentaire pour entretenir leurs systèmes de patronage. Le WFP a annoncé cette année qu’il essaierait de fournir une aide alimentaire d’urgence à plus de 750.000 Irakiens chassés de chez eux par la violence et qui n’ont pas accès au PDS.

Certaines choses manquent dans beaucoup de centres de distribution à cause des retards dans les livraisons et aussi à cause du vol généralisé, si bien que ceux qui peuvent avoir accès à ces centres ne peuvent les obtenir. La quantité de nourriture disponible est tombée de 35 pour cent sous l’occupation américaine, selon certains experts cités par l’agence de presse onusienne IRIN. La qualité des aliments a elle aussi fortement diminué et les gens doivent à présent consommer des produits de qualité inférieure ou ayant dépassé la date limite de consommation.

En même temps la misère sociale est omniprésente. Le chômage officiel est de 17,6 pour cent, 38,1 pour cent de la main-d’oeuvre étant classée comme sous-employée. L’inflation annuelle est estimée à plus de 20 pour cent, alors qu’elle était de 52,8 pour cent en 2006, année où le gouvernement a aboli un subventionnement du pétrole permettant aux Irakiens de payer l’essence et le gazole à des prix parmi les plus bas au monde. Oxfam estime qu’au moins quatre millions de personnes vivent dans une situation que cette organisation qualifie de « pauvreté absolue ».


La réduction de l’aide alimentaire ne fera que renforcer les immenses difficultés auxquelles fait face la population irakienne. Un travailleur de la santé dit à Dahr Jamail, du Service International de presse (IPS), le mois dernier : « Ma femme et moi avons cinq garçons et six filles si bien que la ration nous coûte cher quand il faut l’acheter. Je ne peux pas payer à la fois la nourriture et d’autres choses comme l’école, les vêtements et le docteur. »

Dans les couches les plus démunies de la société irakienne, des centaines de milliers de gens sont menacés de malnutrition et de famine pure et simple. Une mère de deux enfants de Bagdad a dit ainsi à Al-Jazirah : « s’ils réduisent la quantité des rations alimentaires, nous seront à la rue car l’argent pour payer les factures devra servir à payer la nourriture. Si on nous considère aujourd’hui comme une famille pauvre, demain nous seront considérés comme vivant dans la misère absolue ».

Un homme au chômage a dit à cette agence de presse : « réduire le nombre de produits subventionnés fera de mes fils des enfants sous-alimentés et nous mettra dans une pauvreté pire que tout ce que nous avons vu jusque là  ». Mohammed Falah Ibrahim, un expert en alimentation travaillant pour le ministère de la Santé, avertit : « Il devrait y avoir un plan complémentaire mis en place afin de garantir que l’aide financière atteint les familles pauvres qui seront touchées par ces mesures, sinon beaucoup d’Irakiens pourraient mourir de faim. »

On presse par ailleurs le gouvernement du premier ministre Nouri al-Maliki de fournir des finances suffisantes dans le cadre du prochain budget pour maintenir le programme d’aide alimentaire.

Ali al-Sistani, le principal religieux chiite, qui est sensible aux dangers représentés par le mécontentement social parmi la population chiite pauvre des villes, a demandé à ce que le changement du système de rationnement alimentaire soit annulé. Son porte-parole, Abdulmahdi al Karbalaai a dit au journal Azzaman le 6 décembre « [le gouvernement] sait-il que 60 pour cent du peuple irakien dépend de la ration alimentaire ? Qu’arrivera-t-il à ces gens si le gouvernement réalise son plan ? La souffrance augmentera et la famine s’installera en Irak ».

Le gouvernement Maliki dit qu’il ne peut pas trouver l’argent supplémentaire pour nourrir la population, mais son budget de 2007 a alloué 7,3 milliards de dollars à la construction d’un appareil militaire et policier pour assister l’armée américaine dans la répression de l’opposition à l’occupation, ce qui représente une augmentation de quelque 150 pour cent.

L’administration Bush, qui est responsable de l’existence de cette catastrophe sociale et qui dépense quelque 15 milliards de dollars par mois pour maintenir ses forces d’occupation en Irak et en Afghanistan, ne fournit qu’une aide humanitaire dérisoire.

James Cogan


 Source : WSWS www.wsws.org




Silence total sur le million d’Irakiens tués sous l’occupation américaine, par Patrick Martin.



Des laboratoires mobiles pour authentifier et tuer des Irakiens, par Robert Parry.






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(Paris, Grasset, 2008) La lecture des livres de Dominique Fernandez (romans, livres de voyage, photographies) m’a toujours procuré un très grand plaisir. Avec, cependant, deux petits bémols. Pour se rassurer, j’imagine, Fernandez éprouve le besoin d’en faire des kilos, d’écrire jusqu’à plus soif. Dans son très beau livre sur Tchaikovski, par exemple, s’il ne nous décrit pas trois cents rues et artères russes, il n’en décrit aucune. Dans son Ramon, il nous inflige, par le menu (c’est le cas (…)
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Les rares personnes qui comprendront le système seront soit si intéressées par ses profits, soit si dépendantes de ses largesses qu’il n’y aura pas d’opposition à craindre de cette classe-là  ! La grande masse des gens, mentalement incapables de comprendre l’immense avantage retiré du système par le capital, porteront leur fardeau sans se plaindre et peut-être sans même remarquer que le système ne sert aucunement leurs intérêts.

Rothschild Brothers of London, citant John Sherman, communiqué aux associés, New York, le 25 juin 1863.

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