Durant toute compagne électorale, comme dans nos compagnes, les fellahs se méfient des loups déguisés en chèvres et des voleurs qui s’introduisent dans les écuries la veille de l’Aïd et se font passer pour des bergers honnêtes. Dans l’histoire des religions, de nombreux messagers mettent en garde les fidèles contre les faux prophètes et leurs discours charmants.
Ces jours-ci, l’histoire du messager Moise nous sert de leçon. Au cours de l’Exode du peuple hébreu depuis l’Égypte vers la terre promise, pendant l’ascension du mont Sinaï par Moïse pour recevoir les Tables de la Loi, les Hébreux, fraîchement libérés du joug de Pharaon, demandent à Aaron, le frère de Moise, de leur montrer un dieu qui puisse les guider. Moïse n’en croyait pas ses yeux, même si Dieu l’avait averti qu’un sévère châtiment allait s’abattre sur son peuple pour avoir adoré le veau d’or. Dans le Saint Coran nous lisons : Dieu dit à Moise « Nous avons mis ton peuple à l’épreuve durant ton absence. Celui qui vient de Samarie les a égarés. ».
Ma belle-mère connait la ruse des fellahs et croit aux paroles des vrais prophètes. Elle n’est pas politicienne mais ces jours-ci elle parle politique comme tous les algériens. Elle se demande pourquoi l’élite politique algérienne a perdu sa tête et même sa langue. Pour elle, si un peuple perd le sens du Vrai, il perd aussi celui du Mot. Au fil des années, il s’adapte au faux et perd la logique humaine. Le politique croit bien faire en pratiquant ce jeu dangereux. Il oublie que l’adaptation du réel fabriqué à la réalité détruit le lien de confiance qui rapproche le gouvernant du gouverné. La disparition de ce lien enfonce les pays dans l’obscurantisme d’un nouveau moyen-âge. Le peuple devient désordonné et indiscipliné. L’indiscipline le rend ingouvernable et la peur de l’incertain permet au Samarie de jouer au chef quand le vrai chef est absent !!!
Ma belle-mère est choquée par les déclarations inutiles d’Ouyahya qui essaye le jeu du Samarie hébreux. Elle m’a surpris en disant que cette personne cherche à déstabiliser notre pays et désunir le peuple. Elle sait qu’il a été limogé de la tête du gouvernement en septembre 2012. Il a été poussé à la démission de la direction de son parti, le RND en janvier 2013. En 2014, il est de retour aux affaires comme directeur de cabinet à la présidence par un coup de baguette magique. Elle me divulgue un secret en disant : peut-être que sa femme est de Tlemcen. Elle pense que c’est le seul argument qui justifie son retour magique à la présidence. Peut-être que ma belle-mère ne dit pas vérité. Il faut vérifier ses dires et voir si elle n’est pas atteinte d’Alzheimer.
Ma belle-mère s’exprime comme Merkel « Si le peuple se trouve déçu et déconcerté, il ne faut pas qu’il interroge ses responsables et leur politique, mais sa foi. Qu’est-ce qu’il attend des candidats auxquels il pense donner sa voix de vote ? Son attente doit être réaliste et non démesurée. Le peuple est responsable. Il doit choisir le bon berger capable de mener le troupeau sur la voie étroite et difficile vers un lieu paisible et sans danger. Le peuple doit éliminer tous des voleurs qui jouent le rôle de bergers honnêtes. Les bergers voleurs qui égorgent le mouton la nuit dans des abattoirs clandestins et accusent le boucher du coin de pratiques commerciales déloyales et de fraudes sur la marchandise ». Elle s’exprime ouvertement et sans mystère. Le peuple n’est plus un bétail de muselés qu’on mène aux urnes de défaillances sans dire son mot.
Elle adore Merkel. Elle s’est sentie embarrassée de voir les drapeaux allemands embellir Alger la blanche sans la présence de cette zaïma qui symbolise la force l’Union Européenne. La visite d’Angela Merkel devait durer deux jours. Le report de cette a été demandé par les autorités algériennes, selon un porte-parole du gouvernement allemand.
Ma belle-mère pense que notre culture algérienne ne nous permet pas de dire à une invitée : Reportez votre visite.
Cette dame est professeur d’université. Elle a certainement lu l’histoire des dames algériennes pendant la révolution. Elle aurait dû être reçue par une Djamila algérienne, la condamnée à mort en 1957 par le tribunal militaire d’Alger ou une autre. Cette dame est le symbole de toutes les femmes résistantes de l’Algérie rebelle. L’histoire de Merkel nous dit que cette dame est revenue là où tout a commencé et à nouveau, elle s’est imposée dans le pays de rigueur. Merkel est le symbole des femmes rebelles de l’ancienne RDA.
Ma belle-mère est optimiste. Elle pense que le malheur est derrière nous même si Merkel n’est pas venue. Nous devons serrer les rangs pour garder la stabilité de notre pays. Les hommes forts et honnêtes sont toujours présents dans mon pays. Surement, ces hommes espèrent que la république des clans va s’éclipser et que la nouvelle république va naître sur le sol des martyrs.
Pour parler librement du zaïm attendu, elle s’inspire d’un extrait de la lettre de Zabana : « Si je subis un malheur quel qu’il soit, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, car la mort pour la cause de Dieu est une vie qui n’a pas de fin et la mort pour la patrie n’est qu’un devoir. Vous avez accompli votre devoir puisque vous avez sacrifié l’être le plus cher pour vous. Ne me pleurez pas et soyez fiers de moi. »
La guillotine française n’a jamais coupé ni la tête de canard algérien ni la langue du Samarie. Elle a coupé les têtes des zouama comme Zabana. Dans notre histoire, la liste des zouama qui se sont sacrifiés pour notre liberté est longue. Je ne peux pas citer tous les noms de nos zouama dans un espace où les mots sont comptés en caractères.
Montesquieu n’était pas né zaïm français. Montesquieu était l’homme qui refusait la tyrannie du zaïm. Après ce refus, il est devenu un zaïm pour les démocrates. Ma belle-mère demande à Ouyahya et ses semblables, zaïm prétentiards, de lire soigneusement les paroles de ce zaïm pour postuler à la zaâma du peuple algérien.
Montesquieu « Lorsque dans une même personne ou le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutive, il n’y a point de liberté, parce qu’on peut craindre que le même monarque ou le même sénat fasse des lois tyranniques pour les exécuter tyranniquement. »
Les zouama qui pensent que l’Algérie c’est eux et non le peuple ne méritent pas l’algérianité. Mon pays n’a plus besoin d’un leader qui prétend être tout : le président, le chef du gouvernement, le ministre, le wali, la douane, la police, le garde-champêtre et parfois même le médecin conseil. L’Algérie moderne de demain n’a plus besoin d’un têtu qui dit : « Je fais tout moi-même et tout seul. Je suis le super-intelligent. Je suis l’Algérie et l’Algérie c’est moi. Les autres doivent suivre, applaudir et se taire même si d’autres volent et s’envolent. »
Je conclue mes idées par des constatations. En langage moderne une constatation n’est pas une critique. L’économie allemande est dominée par le sérieux, la rigueur et l’exactitude. Par contre l’économie de Sellal repose sur l’informel, l’improvisation et le manque de sérieux.
Pendant sa visite en Allemagne, Monsieur Sellal, parlait en français à une classe politique allemande qui ne pige que dalle dans la langue de Fafa. M. Sellal parle le kabyle, écrit et comprend bien l’arabe mais... après cinquante-quatre ans d’indépendance, M. Sellal incarne les contradictions de la République. Il aurait dû parler dans son dialecte humoristique ou dans son kabyle perdu
Je continue... L’Algérie a besoin d’un leader modeste, honnête, nationaliste qui écoute et respecte ses limites constitutionnelles. L’Algérie de 2017 ne mérite pas un leader à la Sissi ou un Samarie d’un peuple errant. Elle a besoin d’un leader qui reconnaît qu’il n’est pas éternel. Un leader qui prépare des successeurs tout en acceptant un départ en bon sportif au temps prévu. Un leader qui ne s’entoure jamais de « ghoual » ou de sorciers qui le nourrissent de flatteries quand ils dévalisent les banques et volent les caisses de L’Etat. Un leader réaliste du potentiel de son pays. Un leader d’un niveau intellectuel respectable qui lui permet de mettre ses idées en ordre dans sa tête avant de les prononcées devant le peuple.
Omar Chaalal