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La persistance des idées reçues, ou comment, (même à gauche) on pinaille.

« Les mêmes paramètres idéologiques, sociaux et culturels, qui nous oppriment, ne peuvent servir à nous libérer ».

La Dynamique ; ce qui est relatif à la force et le mouvement. Pour mettre un corps ou une idée en mouvement, il faut une force dynamique proportionnelle à la résistance (inertie) du sujet.

Lecteur assidu du LGS, il m’arrive de rester perplexe des réactions qu’évoquent certains sujets, d’où un constat s’impose : que c’est n’est pas toujours le plus sérieux et pertinent qui l’emporte.

Pour avoir eu le privilège et l’honneur de vivre parmi vous pendant des années, en tant qu’ « étranger », je me permets, sans malice et avec beaucoup d’affection, d’apporter un point de vue « neutre » et autant que je peux, objectif, sur « langue et culture », qui suscitent tant votre passion (exagérée ou pas).

Toutes les nations louent leurs qualités « spécifiques » de langue et de culture, même au point du chauvinisme.

Langue et culture cohabitent mais évoluent et existent, indépendamment. Que leurs imposition, influence, domination soient toujours d’origine unilatérale, de caractère colonial ou impérialiste. La rivalité Franco/Anglaise s’inscrit dans ce contexte.

Dans la logique de rationalité économique du marché libre, il est désolant de constater que même nos établissements scolaires peuvent être considérés comme source de productivité et profit. Mais à vouloir défendre à tout prix des positions de « spécificité nationale » de langue et culture, on risque la confusion historique et la réalité des faits.

- une culture « nationale » est l’héritage composite de cultures locales, régionales, qui, en général, précédent la langue « homogène », mais qui est toujours d’une prépondérance « élitiste » de la classe dominante.

- une langue « nationale », homogène, est un moyen de communication imposée arbitrairement par une administration centralisée, « le pouvoir », au détriment de la « diversité » des dialectes et langues, locales ou régionales.

Donc, langue et culture « nationales » sont l’aboutissement et le fil conducteur d’une classe dominante au pouvoir. La propagation, représentation et étendue de langue et culture dépendent de l’influence qu’exercent les institutions en place, « le pouvoir ».

Quand on a eu la chance de connaitre des pays et des gens de nationalité, ethnies et cultures diverses, la notion de « spécificité » culturelle est graduellement remplacée par une vision « bâtarde », multiculturelle, internationaliste ; un compromis de tous, mais en réalité d’aucun. Car de partout, il y a du bon (et le moins bon). Par conséquence, je ne suis pas très sensible aux notions de « ma culture » et « ma langue », mais plutôt « des cultures » et « des langues ». Mais y a-t-il vraiment une telle différence entre nous ?

Le Français subit aujourd’hui ce qu’il a fait subir à d’autres, jadis : voir « sa langue » reléguée à un rôle secondaire. Qui d’autre que les Français pensent que la langue Française mérite, « de facto » le titre de « langue sophistiquée par excellence », qu’il faut préserver et protéger à tout prix, plus que d’autres ?

Qu’on ne s’y méprend pas, j’aime la France, le pays, son peuple sa « langue et culture ». Mais où sont la « gloire » et le rayonnement de la France d’aujourd’hui ? Dans les millions de chômeurs, pauvres et sans abris ? Dans les inégalités socio-économiques exorbitantes ? Dans une élite égocentrique et privilégiée ? Dans la classe politique, de droite et réactionnaire, sans courage ni imagination, sous la dictature des oligarques des grandes finances ?

Cette France là, je ne l’aime pas et ne la reconnais pas, car elle n’a rien de très « culturel » ni de très « noble ».

La France et les Français trouveront leur dignité dans ce qui a été et tout ce qui a fait rayonner la France dans le monde ; la pensée universelle, la philosophie de lumières, l’esprit et la raison, l’imagination et curiosité intellectuelle, la justice et l’égalité dans un élan révolutionnaire, l’art et la joie de vivre. Le tout dans une république véritablement démocratique.

Voilà la culture à laquelle on devrait aspirer, et peu importe la langue, car en fin de compte celle-ci n’est que tributaire des idées et des valeurs qu’on veut bien défendre et transmettre.

Plus c’est compliqué, plus il faut lui consacrer du temps et des efforts. C’est dans la nature humaine, dans toutes ses activités, que de faire preuve de pragmatisme, de simplifier, vulgariser, économiser les gestes et les efforts inutiles, pour arriver au résultat désiré.

Prenons le système de mesure « impérial » Anglo/Saxonne, contre le système « décimal ». Pour ceux qui n’apprenaient et ne connaissaient que le système impérial de mesure, ils ne questionnaient pas sa complexité face à la simplicité et efficacité du système « décimal », car ça faisait bêtement partie de leur éducation, leur « culture ». Mais après une « bataille » persistante, (malgré des petites poches de résistance), l’impérialisme Anglo/USA a perdu la « guerre », face à un système « décimal » plus accessible et pratique.

En France, toutes les bastions culturelles politico-sociales, grandes écoles et institutions sont dominées par une élite « bourgeoise ». À la tête, l’exclusif, Académie Française, la forteresse conservatrice de l’ordre établi. Qui, au lieu de rendre la culture et la langue plus représentatives, accessibles et populaires, s’efforce au contraire de l’enrober d’une mystique glorieuse et de grandeur culturelle bourgeoise, en préservant la langue dans un état « classique », figé dans le temps, avec toute sa complexité et formalité qui la rend élitiste, difficile a apprendre et à comprendre, pas seulement pour les « étrangers », mais même pour les natifs. Tout le contraire d’un monde changeant, plus ouvert, accessible, sans frontières et moins formel.

L’Anglais, malgré ces lacunes et son caractère « impérialiste », sera toujours une langue d’influence de par sa simplicité et manque de rigueur, de complexité grammaticale et de formalité, donc pratique, pragmatique et plus accessible que le Français. Peut-être que pour ceux qui passent beaucoup (trop) de temps et d’efforts à apprendre le Français comme langue maternelle, ça ne pose pas trop de problèmes, mais beaucoup plus pour les « étrangers ».

Évoquer Molière ou Shakespeare pour défendre la richesse d’une langue, c’est oublier qu’à leurs époques, la majorité des gens ne savaient ni lire ni écrire, et souvent ne parlaient pas la même « langue ».

Une solution serait de simplifier, de moderniser le Français. On pourrait commencer par « l’enfer » des conjugaisons, l’orthographe, le masculin et féminin, (surtout pour les objets inanimés), etc. « Une » ou « un » culture, « une » ou « un » langue ? Vous croyez que ça dégraderait les Français et leur culture si on faisait plus simple ? Je ne le pense pas. La mise à jour, s’adapter, évoluer, n’est pas un signe de faiblesse ou d’infériorité, mais de la nature humaine.

Voilà à quoi nos Académiciens, pédagogues et linguistes pourraient se dévouer, au lieu de persister dans leur conservatisme poussiéreux, hautain et douillet.

Si personne ne veut céder, alors inventons une langue nouvelle, neutre et universelle. Comme ça, tout le monde sera contant.

L’histoire de l’humanité est parsemée de langues et cultures disparues, mais le soleil se lève toujours à l’Est.

Mais je ne me fais aucune illusion, car langue(s) et culture(s) sont aussi symboles, synonymes de « classe » et « pouvoir ».

Je donne ma langue au chat.

ADSkippy

NdE : image du logo capturée sur le site "Le temps des copains".


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