La dernière édition du Livre blanc est placée sous le signe de l’"initiative". Dans ce document de 160 pages, le terme lui-même est utilisé à vingt-neuf reprises. Le drame, pour nous, Françaises et Français, c’est qu’il s’agit tout simplement de prendre l’initiative de la guerre. En effet, celle-ci est désormais inscrite comme une nécessité incontournable de la politique étrangère de la France : il reste à décider du ou des pays qui seront concernés par la prochaine attaque.
La Préface du président de la république, François Hollande, lance le thème principal :
"Elle [la France] agit en concertation étroite avec ses partenaires européens comme avec ses alliés, mais garde une capacité d’initiative propre."
"Nous devons veiller à protéger les Français, y compris face aux risques de la cybermenace, garder la crédibilité de notre dissuasion nucléaire et préciser notre capacité à prendre l’initiative des actions conformes à nos intérêts et à ceux de la communauté internationale."
Notre pays doit se comporter en précurseur. François Hollande l’a déjà essayé – sans succès – au Mali, puis contre la Syrie... Il va donc devoir y revenir assez rapidement, ou bien trouver autre chose ailleurs. L’Introduction précise bien le rôle qu’il s’agit de tenir :
"Pour sa part, la France estime qu’elle contribuera d’autant mieux à une réponse collective qu’elle aura su garder une capacité d’initiative et d’entraînement." (page 11)
Entrons maintenant dans le corps du texte... Qui faudra-t-il emmener avec soi ?
"Déterminée à conserver une capacité propre d’initiative et d’entraînement, elle [la France] considère qu’une meilleure coordination entre Européens doit permettre d’éviter lacunes et doublons capacitaires." (p. 21)
C’est donc l’Europe..., dont il faut bien se souvenir que le rejet du projet de Traité constitutionnel de 2005 lui a interdit d’intégrer, au schéma institutionnel, l’ensemble de l’appareil militaro-industriel qui aurait dû lui permettre de poursuivre dans la direction ouverte par la guerre de Yougoslavie.
L’ Allemagne avait largement provoquer l’explosion de celle-ci en misant tout sur la Croatie, tandis que la France devait se résoudre à lâcher lamentablement la Serbie. Ayant obtenu ce qu’elle voulait, et tout occupée qu’elle est à digérer l’Europe centrale, l’Allemagne se fait tirer l’oreille pour s’engager, directement ou indirectement, dans de nouvelles hostilités. Mais la France ne peut s’empêcher de rêver :
"Les partenariats privilégiés ont vocation à s’ouvrir à d’autres États membres de l’Union européenne comme l’illustre la démarche qui a conduit à la création du triangle de Weimar entre l’Allemagne, la Pologne et la France, ainsi qu’à l’élargissement de ces discussions, notamment à l’Espagne, à l’Italie et aux pays de Visegrad." (pp. 21-22)
Jetons maintenant un rapide coup d’œil sur les cibles possibles :
"Dans le prolongement des initiatives déjà prises, la sécurité dans les pays de la zone allant du Sahel à l’Afrique équatoriale, la lutte contre toutes les formes de terrorisme, le processus de paix au Proche-Orient, l’aide à la réussite des transitions politiques dans certains pays arabes, le règlement des conflits du Caucase, la consolidation de la paix dans les Balkans et notamment au Kosovo sont autant de sujets sur lesquels l’Union européenne doit continuer de développer ses actions." (pp. 65-66)
Quand on voit s’annoncer de pareils gâteaux, il est assez clair qu’il ne faut pas se faire doubler par les petits copains :
"L’évolution du contexte stratégique pourrait amener notre pays à devoir prendre l’initiative d’opérations, ou à assumer, plus souvent que par le passé, une part substantielle des responsabilités impliquées par la conduite de l’action militaire." (p. 83)
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Michel J. Cuny