RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

La destruction de Fallujah


Falluja, les preuves du massacre au phosphore.















[Une des techniques est le « renversement de rôles » qui attribue les crimes des troupes d’invasion aux victimes : ce ne sont pas les soldats qui causent la destruction des villes et les meurtres, mais les familles irakiennes qui « protègent les terroristes » et « attirent sur eux les bombardements sauvages.]



A New York Diary
The Crushing of Fallujah, 19 novembre 2004.


Je suis en train de lire le Journal de Berlin de William Shirer, compte-rendu d’un journaliste sur la propagande politique nazi durant les années 30, en même temps j’observe les « nouvelles » US concernant la violente agression contre Fallujah.
Les « reportages » des mass-médias US, leur style, le contenu et particulièrement le langage font totalement écho à degré jamais atteint.
Coincidence ? Évidemment ! Dans les deux cas nous avons des armées impérialistes envahissant des pays, rasant des villes, massacrant des civils - Et les mass-médias, privés dans la forme, appendices étatiques dans les faits, disséminent les mensonges les plus éhontés, pour la défense et l’encouragement de la conquête menée par les « storm troopers » — nommez les SS ou Marines. A la fois en Allemagne Nazie et aux États-Unis à l’heure actuelle les médias nous disent que les armées d’invasion « libèrent le pays » des « combattants étrangers », de « terroristes armés » qui empêchent le « peuple » de mener sa vie quotidienne. Mais nous savons que parmi les 1000 prisonniers il n’y a que 4 étrangers (3 iraniens et un arabe) ; les hôpitaux irakiens rapportent qu’il y a moins de 10% de combattants étrangers. En d’autres termes plus de 90 % des combattants sont irakiens - la plupart d’entre eux sont nés, ont été éduqués et ont élevé des familles dans les villes dans lesquelles ils combattent.
Comme les médias Nazis, les réseaux de radio et TV US ne rapportent que ce qu’ils nomment « pertes militaires » — oubliant de rapporter les civils tués depuis le début de la guerre ainsi que les milliers de femmes et enfants tués ou blessés depuis le début de l’attaque sur Fallujah

A l’image de l’Allemagne Nazie, les mass-médias US diffusent des communiqués de l’appareil militaire US non confirmés concernant des meurtres sanglants, des décapitations et des enlèvements « par les terroristes étrangers ». Le soutien inconditionnel des mass-médias Nazi/US envers le champ de massacre est le mieux représenté dans leurs communiqués concernant les bombardements de masse sur des quartiers urbains densément peuplés.
Pour le réseau NBC, le largage de bombes de 500 livres sur la ville de Fallujah est décrit comme cibler un « réseau de tunnels souterrains des insurgés dans la ville ». Et les logements, les marchés, les commerces - les femmes et les enfants au-dessus de ces tunnels - vaporisés. Leur existence n’est jamais reconnue par les reporters et les diffuseurs.
La quasi-totalité de la population de l’Irak non Kurde est opposée à l’armée US et au régime fantoche - mais les médias nomment les patriotes défendant leur pays des envahisseurs impérialistes « insurgés » minimisant la signification d’un mouvement de libération à l’échelle nationale. Un des euphémismes le plus surréaliste est la référence constante aux « forces coalisées » à savoir les conquérants coloniaux US et leurs mercenaires et brigands qu’ils dirigent et contrôlent. Les bombardements terroristes des maisons, des hôpitaux et des bâtiments religieux par des centaines d’avions et d’hélicoptères sont décrit par les médias comme « sécuriser la ville pour des élections libres.

«  Libérer la ville des insurgés » inclus le massacre systématique d’amis, voisins et proches de chaque Irakien vivant dans la ville de Fallujah.

«  Encercler les insurgés » signifie couper eau, électricité, aide médicale pour 200 000 civils dans la ville et placer des dizaines de milliers de réfugiés sous la menace d’épidémie de typhoïde.
« Pacifier la ville » implique la transformer en désolation de ruines empoisonnées-irradiées.

Pourquoi Washington et les mass-médias utilisent des mensonges systématiques, de grossiers euphémismes ? Essentiellement pour renforcer le soutien chez soi pour le meurtre de mass en Irak. Les mass-médias fabriquent un réseau de mensonges afin d’entourer ces méthodes totalitaires d’une aura de légitimité pour que les forces armées continuent à détruire les villes en toute impunité.
La technique perfectionnée par Goebbels en Allemagne et pratiquée aux États-Unis est de répéter les mensonges et les euphémismes jusqu’à en faire des « vérités » acceptées et insérées dans le langage quotidien.

Les mass-médias en créant une routine de langage commun implique les auditeurs. Les questions tactiques des généraux, les commandants dirigeant le massacre (pacification) et les soldats assassinant les civils sont expliqués (et consommé par les millions qui écoutent et regardent) par les autorités aux journalistes complices et aux célèbres icônes médiatiques. L’unité du but entre les agents du meurtre de masse et le public US quotidien est établi par le biais des « communiqués de presse » :
Les soldats « inscrivent les noms » de leurs femmes et de leurs bien-aimés sur les tanks et véhicules armés qui détruisent les familles Irakiennes et transforment Fallujah en ruines. Des soldats de retour d’Irak sont « interviewés » qui veulent retourner pour « être avec leur unité » et « liquider les terroristes ». Ce ne sont pas toutes les forces de combat US qui ont expérimenté les joies de descendre des civils.
Les études médicales rapportent que un soldat sur cinq de retour souffre de graves traumas psychologiques, sans doute possible d’avoir été témoin ou participant au meurtre de masse de civils. La famille d’un des soldats de retour, qui s’est récemment suicidé, rapportait qu’il parlait constamment de son meurtre d’un enfant sans défense dans les rues d’Iraq - se nommant lui-même un « meurtrier. Mis à part ces notables exceptions les médias utilisent plusieurs techniques de propagande qui calment la « conscience » des soldats et civils US.


Une des techniques est le « renversement de rôles » qui attribue les crimes des troupes d’invasion aux victimes : ce ne sont pas les soldats qui causent la destruction des villes et les meurtres, mais les familles irakiennes qui « protègent les terroristes » et « attirent sur eux les bombardements sauvages. La seconde technique est de ne rapporter que les pertes US des « bombes terroristes » — afin d’omettre les milliers de civils tués par les bombes et l’artillerie US.

Les propagandes Nazi et US glorifient l’ « héroïsme », le « succès » de leurs troupes d’élites (les SS et les Marines) - dans l’assassinat des « terroristes » ou « insurgés » — chaque civil mort est compté comme « suspect de sympathiser avec les terroristes.

Les militaires US et Allemands ont déclaré chaque bâtiment civil comme « entrepôt » ou « cachette » pour des « terroristes » — d’ou le mépris total pour toutes les conventions de Genève régissant la guerre.

Les pratiques US et Nazi de "guerre totale" par laquelle des communautés entières, des quartiers et des cités complètes sont coupables de protéger des « terroristes recherchés » est bien évidemment la procédure militaire opérationnel classique de l’État Israélien.
Les États-Unis publicisent la punition cruelle et inhabituelle des « suspects » irakiens (tout mâle entre 14 et 60 ans) fait prisonnier : des photos apparaissent dans le Time et Newsweek de jeunes hommes pied nus, aveuglés par des bandeaux ou sacs et attachsé, extirpés de chez eux et poussés dans des camions pour être amenés vers des « centres d’exploitations » pour interrogatoire. Pour beaucoup dans le public US ces images de la « success story » - on leur dit que voici les « terroristes » qui voudraient exploser les maisons américaines. Pour la majorité ayant voté Bush, la propagande médiatique de masse leur a enseigné que l’extermination de dizaines de milliers d’Irakiens est dans leur intérêt : ils peuvent dormir tranquille, aussi longtemps que « nos boys » les tuent « loin la-bas.
Et par-dessus tout la propagande a tout fait pour nier la conscience nationale irakienne. Tous les jours de toutes les façons la référence est aux allégeances religieuses, aux identités ethniques, aux anciens labels politiques, aux clans tribaux et familiaux. Le but est de diviser pour conquérir, et de présenter au monde un Irak « chaotique » dans lequel la seule force cohérente et stable est le régime colonial. Le but des ces sauvages agressions coloniales et de cet étiquetage politique est de détruire l’idée de nation Irakienne — et de substituer à la place une série de mini-entités gouvernées par des brigands impériaux aux ordres de Washington.


Dimanche 14 novembre au matin : Aujourd’hui Fallujah est violée et rasée, capturée. .
Des prisonniers blessés sont tués dans les mosquées. A New York les méga centre commerciaux sont emplis de consommateurs.

Dimanche après-midi : les Marines empêchent la nourriture, l’eau et les médicaments d’entrer dans Fallujah. A travers les États-Unis des millions d’hommes sont assis devant leur télévision pour regarder le match de football.

Shirer rappelait que pendant que les Nazis envahissaient et ravageaient la Belgique et bombardaient Rotterdam, à Berlin les cafés étaient pleins, la symphonie jouait et les gens promenaient leurs chiens dans les parcs les dimanches après-midi ensoleillés.

Nuit de Dimanche 14 novembre 2004, j’allume la télévision sur le programme « 60 minutes » et je regarde une rediffusion de « l’interview » de Mike Wallace avec Yasser Arafat. Comme toutes les stars des mass-médias US il ignore l’invasion israélienne du Liban et le meurtre de milliers de palestiniens par Sharon, l’occupation militaire de la Palestine et la destruction de Jenine et de Gaza. Wallace accuse Arafat d’être un menteur, un terroriste, d’être corrompu et déviant. 30 millions de foyers américains regardent cet ignoble spectacle d’un apologiste Sioniste autosatisfait brandissant les « idéaux occidentaux » qui sont tellement utiles pour raser des villes, bombarder des hôpitaux et exterminer une nation.

Oui il y a des différences entre le récit de Shirer sur la propagande Nazi qui défendait la conquête de l’Europe et l’apologie médiatique pour l’invasion de l’Irak et pour le massacre des Palestiniens par Israël : le premier est commis au nom du Fuhrer et de la Mère Patrie, les autres au nom de Dieu et de la Démocratie. Allez raconter ça aux cadavres dévorés par les chiens dans les ruines de Fallujah.

James Petras

 Source : www.counterpunch.org/petras11192004.html

 Publié par CP sur Indy Suisse Romande : http://switzerland.indymedia.org



Falluja, les preuves du massacre au phosphore.



 Du même auteur :

- James Petras propose les Cinq prisonniers Cubains pour le prix Nobel de la paix. 4 juin 2004

- La résistance des pays du tiers-monde et la solidarité des intellectuels occidentaux. 1er juin 2004

- Elections américaines : leur avenir et le nôtre. 16 avril 2004

- Le droit à la vie de la Révolution cubaine. 14 mars 2004

- Cuba : La Responsabilité des Intellectuels. 15 juillet 2003

- Situation actuelle en Amérique latine. 1er juillet 2003




URL de cet article 1903
   
Point de non-retour
Andre VLTCHEK
LE LIVRE : Karel est correspondant de guerre. Il va là où nous ne sommes pas, pour être nos yeux et nos oreilles. Témoin privilégié des soubresauts de notre époque, à la fois engagé et désinvolte, amateur de femmes et assoiffé d’ivresses, le narrateur nous entraîne des salles de rédaction de New York aux poussières de Gaza, en passant par Lima, Le Caire, Bali et la Pampa. Toujours en équilibre précaire, jusqu’au basculement final. Il devra choisir entre l’ironie de celui qui a tout vu et (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

« les Afghans (...) auraient brûlé eux-mêmes leurs enfants pour exagérer le nombre de victimes civiles. »

Général Petraeus, commandant des forces US en Afghanistan lors d’une réunion avec de hauts responsables afghans,
propos rapportés par le Washington Post, 19 février 2011

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.