RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

La classe d’appui des 1% chez Serge Halimi

Le thème est abordé dans son texte « Le leurre des 99% » (1) publié ce mois d’aout 2017 dans Le Monde Diplomatique

Serge Halimi reconnait d’abord tout le poids des 1% non seulement au plan mondial face à l’humanité-classe mais aussi dans chaque nation avant de voir l’évidence d’une diversité au sein des 99%. Il écrit : « Certes, 1% de la population s’attribue la majorité des richesses produites sur Terre ; cela ne fait pas pour autant des 99 % qui restent un groupe social solidaire, encore moins une force politique en ébullition. » N’est-ce pas évident ! Y compris pour les jeunes d’Occupy ! Y compris pour moi qui ai développé le concept de peuple-classe ! Ou est le leurre ?

 Concernant le 1% il indique : "Diverses études venaient d’établir que la quasi-totalité des gains de la reprise économique avaient profité aux 1 % d’Américains les plus riches. Ce ne fut ni une aberration historique ni une particularité nationale. Un peu partout, un tel résultat n’a cessé d’être conforté par des politiques gouvernementales. Les projets fiscaux du président français Emmanuel Macron, par exemple, auront pour principaux bénéficiaires « les 280 000 ménages les plus riches, le dernier centile (...) dont le patrimoine est surtout constitué de placements financiers et de parts d’entreprise (1) ».

 Concernant le leurre, sa critique vise explicitement le mouvement Occupy Wall Street qui disait « Nous sommes les 99% » S Halimi écrit : "En 2011, le mouvement Occupy Wall Street s’est construit autour d’une idée, d’un slogan : « Nous avons en commun d’être les 99 % qui ne tolèrent plus l’avidité et la corruption des 1 % restants. » Il poursuit : Est-ce à dire que l’ensemble des autres auraient tant en commun qu’ils pourraient fédérer leurs énergies pour renverser l’ordre établi ?. Mais qui a pensé que ce 1% n’a pas de classe d’appui notamment dans le 10% d’en-haut, au sein des possédants, au sein de ceux que l’on a nommé la petite-bourgeoisie. Et ailleurs, chez les fayots du capital ! Mais, tactiquement, on n’est pas obligé de le dire constamment, précisément pour montrer les prédateurs haut de gamme !

 Concernant la classe d’appui du 1% d’en-haut S Halimi écrit : Les 99 % mêlent indistinctement les damnés de la terre et une couche moyenne supérieure, assez épaisse, de médecins, d’universitaires, de journalistes, de militaires, de cadres supérieurs, de publicitaires, de hauts fonctionnaires sans qui la domination des 1 % ne résisterait pas plus de quarante-huit heures. Voilà la classe d’appui des 1% pour Serge Halimi . Ce que d’autres nommaient petite-bourgeoisie.

Du coup il se montre dur et cinglant sur deux passages pour celles et ceux qui envisagent la constitution d’un bloc social des dominés à hauteur des 99% .

« Quand, à défaut d’être soi-même milliardaire, on appartient à la catégorie des privilégiés, il est réconfortant de s’en extraire en fantasmant qu’on relève du même bloc social que les prolétaires. »

« Réunir des choux-fleurs et des cerfs-volants dans le grand sac des 99 % rappelle un peu le mythe fondateur américain qui prétend, lui, que tout le monde, peu ou prou, appartient à la classe moyenne, que chacun ou presque est déjà riche ou va le devenir (2). »

Mais il s’agit d’une position relativement argumentée.

« Or, si l’union fait la force, la cohésion aussi... L’histoire nous a appris que les grands moments de communion, d’unanimisme ne durent pas longtemps. Février 1848, la fraternité, Lamartine, ces barricades défendues indistinctement par des ouvriers et des bourgeois débouchèrent quelques semaines plus tard sur l’affrontement meurtrier qui les opposa lors des « journées de juin » (3). Construire une alliance est déjà difficile, y compris entre deux mouvements progressistes d’un même pays. Imaginer un projet commun, une force politique durable sur une base aussi indifférenciée que « l’humanité moins l’oligarchie » relève au mieux de l’utopie, au pis de la volonté de ne pas choisir, de ne pas trancher. Et, finalement, revient à ne pas faire grand-chose, à moins de ne se consacrer qu’à des droits consensuels, à la maltraitance des enfants et aux accidents de la route. »

Argumentée sauf la fin, car l’idée de justice sociale et de nécessaire compression des inégalités économiques avec moins pour ceux d’en-haut et plus pour ceux d’en-bas me parait accessible à une large fraction de peuple, de peuple d’en-bas, disons les 90%, que j’ai nommé le peuple social, public ou privé. Et c’est une idée qui me semble-t-il ne mérite pas d’être prise de haut et ainsi rabaissé.

Pour ma part, militant critique du 1% d’en-haut mais aussi critique de sa classe d’appui, je continuerais de faire usage du concept de peuple-classe notamment pour distinguer populisme de droite et populisme de gauche car la distinction est ici pertinente.

Christian DELARUE
Altermondialiste

Source article de Serge Halimi

NB Une suite à ce texte commentaire va être proposée ici (et a déjà été publiée sur amitié-entre-les-peuples.org) sous : « People 99% » : Penser un peuple sans ses dominants économiques d’en-haut. Suite réponse à S. Halimi." par Christian DELARUE

URL de cet article 32162
   
Philippe Bordas. Forcenés. Paris, Fayard 2008.
Bernard GENSANE
Ce très beau livre, qui montre à quel point le cyclisme relève du génie populaire et comment il a pu devenir une « province naturelle de la littérature française », me donne l’occasion d’évoquer des ouvrages qui m’ont, ces dernières années, aidé à réfléchir sur la pratique du vélo, sur le cyclisme professionnel et la place du sport dans notre société. Ce n’est pas l’argent qui pourrit le sport (l’argent, en soi, n’est rien), c’est le sport qui pourrit l’argent. La première étape du premier (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Aujourd’hui, pratiquement tout est fabriqué en Chine - sauf le courage qui est fabriqué en Palestine"

Anthony Bourdain

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.