Quelques reflexions de retour de Zuccotti Park, siège de Occupy Wall Street
Tinky Da arpente quasi nue le béton du 1 liberty Plazza, siège des indignés de Wall Street. Elle chante, danse parfois. Ses longs cheveux blonds, raides et secs, effleurent alors sa culotte turquoise. Elle s’expose un peu lasse à chacun des téléphones tendus. Sur son ventre elle a écrit : « je ne suis pas nue pour m’amuser ; c’est mon expression politique ». Quand le New York Times dépêche un chroniqueur pour couvrir l’événement, celui-ci ne s’intéresse qu’à Tinky, sa tenue. Pas à son message ni ce qui l’entoure, ni même sa posture. Pour décrédibiliser le mouvement, le tourner en ridicule, la presse traditionnelle n’a qu’à se baisser. Une initiative comme Occupy Wall Street trimballe son lot de soi disant « marginaux », cracheurs de feu à dreadlocks et autres excités du grand soir. Mais voilà , en me fondant dans la foule des indignés, j’ai compris que le chroniqueur du New York Times, ce jour là n’avait rien vu. Ou n’avait rien voulu voir.
"Mic Check, this is George Soros…"
On dit le mouvement désorganisé, naïf et donc condamné dans l’oeuf parce que sans leader. Sauf que c’est un choix tout à fait assumé. Revenus d’une « démocratie » pleine de soit disant « leaders » et autres technocrates en costumes bien mis, mais dans laquelle ils n’ont aucune prise, les activistes cherchent une alternative. A Zuccotti Park, les assemblées générales se succèdent mais ne se ressemblent pas. Tout se vote (faut-il une personne responsable des media ? une liaison avec la police) à la main levée. L’espace occupé depuis samedi 17 s’est organisé : le coin infirmerie, le coin juridique, le coin media, la cantine, le campement. Des formations sont dispensées tout au long de la journée (« l’action non violente », « que faire si vous êtes arrêté », « comment parler aux media ») et un flot incessant de tweet, messages facebook et autre livestream inonde la toile. C’est spontané, inédit mais tout sauf bordélique. Le mouvement est tellement organisé qu’il est entrain de devenir une incroyable caisse de résonnance ! Depuis le 17, les pilotes de Continental et de United Airlines, Susan Sarandon, Michael Moore et Naomi Klein sont tous venus tester le « human microphone ». La NYPD ayant interdit le mégaphone (et aussi les masques et les bâches), la personne qui veut prendre la parole crie « Mic Check ». Celles qui l’entourent crient « Mic Check ». L’auditoire se fait silencieux. Le valeureux se lance, ses porte-voix humains reprenant chacune de ses phrases. J’ai hâte que Soros, Bernanke ou Geithner - qui ont tous déclaré comprendre le mouvement -, ne concrétisent et s’emparent du Human Microphone.
la suite sur le blog de Flore Vasseur