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L’Islam politique est-il soluble dans la démocratie ?

Texte de Samir Amin diffusé par le M’PEP avec l’autorisation de l’auteur. Économiste franco-égyptien, Samir Amin est directeur du Forum du Tiers-Monde.

Résumé

Samir Amin veut mettre les points sur les « i » à propos des partis politiques qui se revendiquent de l’islam. Il ne veut pas discuter de la possibilité éventuelle d’un « islam politique moderne » et encore moins de religion. Ce qui intéresse Samir Amin est une analyse de classe : quelles sont les politiques économiques et sociales menées par ces partis se réclamant de la religion, comment font-ils vivre la démocratie là où ils ont le pouvoir, à qui sert leur politique ?

Pour lui, ces partis sont prétendument islamistes et donnent chacun leur interprétation de la religion, ils sont en fait réactionnaires et anti-démocratiques. Pour eux, l’Islam (ou Dieu) règlera tous les problèmes, tandis que pour les néolibéraux « le marché règlera correctement tous les problèmes ». Où est la différence ? Pour Samir Amin, « ces régimes enferment les sociétés qui sont leurs victimes dans l’impuissance totale face aux défis du monde contemporain. Ils acceptent la soumission à toutes les exigences du libéralisme économique mondialisé. »
M’PEP.

Texte complet

Ce bref commentaire, qui vient en complément d’écrits plus étoffés de l’auteur, ne se veut ni provocateur, ni polémique. Je veux seulement mettre les points sur les i. Je rappelle donc, dans une forme brève, ce que j’ai écrit et répété : je n’y discute pas « d’un Islam politique moderne possible qui serait démocratique », mais des partis qui existent sur le terrain et se revendiquent de l’Islam. Je ne discute pas davantage - et encore moins - de l’Islam comme religion.

Je me suis exprimé souvent, en arabe, en français et en anglais, et avec précision, sur ce que j’entends par « Islam politique réactionnaire », raccourci pour la périphrase que je rappelle de temps à autre : « mouvement prétendu islamique et de fait politique réactionnaire et anti-démocratique ».

Je précise que ce qui doit être l’objet du débat ce n’est pas la qualification « d’Islamique » que ces mouvements se donnent. Par exemple je n’ai pas condamné le président Moursi parce qu’il est, ou se déclare, Islamique ou Frère Musulman. Je le juge sur la politique économique et sociale qu’il met en oeuvre. Celle-ci accepte sans la moindre hésitation le libéralisme économique, la liberté non entravée des marchés, y compris celui du travail, avec tous leurs effets sociaux catastrophiques. Peu importe qu’il « légitime » cette politique en la prétendant conforme aux principes fondamentaux de l’Islam tels qu’il les entend (« l’Islam respecte la propriété privée », etc). C’est là une interprétation possible de l’Islam. Il y en a d’autres également possibles, qui conduisent à des conclusions différentes. J’ai moi-même contribué à faire connaître par exemple Mahmoud Taha, théologien (en arabe fiqh) musulman de la libération, condamné par tous les mouvements qui se réclament de l’Islam et dont j’ai préfacé la traduction française du livre majeur. Mais la conformité de telle ou telle politique aux principes de l’Islam n’est pas mon problème. Je n’entre pas dans le jeu : ce parti qui s’auto-proclame Islamique, l’est-il ou non ? Je veux contraindre les défenseurs de tel ou tel parti « islamique » à entrer dans la discussion des politiques mises en oeuvre, non de leur légitimation islamique ou autre. Car ces mêmes politiques sont mises en oeuvre par des partis qui se réclament de la laïcité, voire des partis « anti-religieux ». Elles sont toutes également réactionnaires.

Sur le plan de la question démocratique les partis politiques que je critique, qu’ils s’autoproclament « islamiques » ou pas, sont ceux qui refusent les libertés démocratiques nécessaires à l’expression libre des mouvements populaires de protestation et de lutte contre les politiques réactionnaires en question. C’est le cas par exemple des Frères Musulmans. Je les qualifie donc « d’anti-démocratiques ».

Sur tous ces points je me suis prononcé avec force détails, par exemple dans mon livre en arabe « Thawra Misr » (La révolution égyptienne) ou l’article « Rasmalia al mahassib » (« Le capitalisme de connivence »).

S’agit-il de « partis » ou de « mouvements » autoproclamés « islamistes » ? Pas toujours. Dans certains cas il ne s’agit que de groupes armés qui se nomment comme ils l’entendent (« djihadistes » par exemple) et se donnent le droit, au nom d’une interprétation de la religion qui est la leur, de conquérir des territoires pour y imposer leur loi. Dans ces cas il devient alors difficile de faire la distinction entre les différentes motivations qui animent ces actions : conviction religieuse ou pillage, organisation de trafics divers ? « Groupes armés religieux », ou seigneurs de guerre, ou mafias ? Le Nord du Mali en constitue un exemple : le territoire a été conquis par des groupes armés, non par un « mouvement populaire ».

Peut-on qualifier les partis en question de « fascistes » ?

Au Maghreb, du fait d’une meilleure connaissance de la culture politique française, ce qualificatif est souvent utilisé, peut-être ici d’une manière efficace. Par ailleurs dans ces pays, du fait de la proximité du français et de la France, on se bloque parfois sur le débat français qui, prenant au mot l’auto-qualification « d’Islamique » par les mouvements en question, en déduit que « tel est bien l’Islam ». Ce n’est pas mon problème.

En Égypte, au Mashreq et en Afrique subsaharienne je doute que le qualificatif de « fascistes » soit mieux compris que ma périphrase (« parti politique s’auto-proclamant islamique, en fait réactionnaire et anti-démocratique »).

Les pays du Golfe sont ils « fascistes » ? Je ne le crois pas. Ils sont archaïques et « esclavagistes », au sens où ils privent les travailleurs (ici à 90 % immigrés) de tous les droits même les plus élémentaires. Mais ils tentent de présenter leur interprétation de l’Islam (wahabite) comme seule correcte.

Les Frères Musulmans en Égypte sont ils « fascistes » ? Outre que ce qualificatif ne dit pas grand-chose au peuple ordinaire, il ne me paraît pas dire mieux que ce que j’exprime par ma périphrase. Le peuple égyptien qualifie le système de « rasmalia al mahassib » (en anglais « crony capitalism » ; en français « capitalisme des petits copains » si l’on veut). Cette qualification me semble très juste. C’est celle que j’ai reprise.

Il restera toujours des incorrigibles qui n’entreront pas dans le débat sur les politiques concrètes mises en oeuvre ou promises et accepteront de se satisfaire du slogan « l’Islam (ou Dieu) règlera le problème, forcément correctement ». On peut imaginer que certains des dirigeants sont suffisamment cyniques pour savoir que c’est le moyen pour eux d’évacuer le débat et de n’avoir pas à dire ce qu’ils font ou veulent faire, parce que les masses qui les suivent ne l’accepteraient pas. Mais il y a aussi des personnes convaincues qu’il suffit de confier le pouvoir à ceux qui se réclament de l’Islam (ou de toute autre religion ou idéologie) pour que leurs problèmes soient réglés, sans exiger davantage de précision. Cette attitude n’est pas le propre exclusif des « Islamistes ». Les partisans du libéralisme ne sont pas moins des fondamentalistes dogmatiques, le plus souvent. Les dirigeants du FMI par exemple proclament ouvertement que « le marché règlera correctement tous les problèmes ». Je les appelle pour cette raison « les salafistes du capitalisme contemporain ». Ici également certains peuvent être soupçonnés de cynisme : ils savent quels intérêts ils servent, mais ne veulent pas le dire et se cachent derrière l’affirmation dogmatique des vertus absolues du marché. D’autres sont peut être des naïfs ou de bons élèves, nombreux parmi les universitaires, qui répètent le dogme qu’on leur a enseigné et y croient sincèrement. Que faire d’autre que de répéter inlassablement que ces dogmatiques sont creuses et le démontrer inlassablement en projetant la lumière sur les politiques mises en oeuvre par ces dogmatiques et sur leurs conséquences désastreuses pour leurs victimes.

Ceux qui s’intéressent à la théologie (le fiqh dans l’Islam) ont parfaitement le droit de poursuivre leurs réflexions dans ce champ. Mais on a également le droit de ne pas vouloir participer à ces débats de théologie, sans pour autant que ce comportement exprime le moindre mépris de la croyance religieuse. Les personnes convaincues de l’importance des débats théologiques n’ont pas le droit de disqualifier le débat « laïc » sur les politiques mises en oeuvre par les uns et les autres, y compris par les mouvements qui se réclament d’une pensée religieuse, ou d’une autre philosophie, quelle qu’elle soit.

L’Islam politique est-il soluble dans la démocratie ?

Les défenseurs de cette thèse ne manquent pas et servent d’alibis aux pouvoirs dominants de l’establishment de Washington et de ses alliés européens qui doivent à tout prix faire croire que le respect des « victoires électorales » de partis qui se réclament de l’Islam politique « moderne » (comme en Égypte et en Tunisie) pourrait ouvrir la voie au progrès de la démocratie dans les pays concernés. Cette position est hélas reprise dans certaines tribunes critiques respectables.

La question à laquelle il faut répondre est double : (i) quel est le projet de l’Islam politique en question, de celui-ci et pas d’un autre imaginaire ; (ii) en quoi ce projet sert parfaitement les objectifs de l’impérialisme dominant.

1.- La théocratie n’est pas soluble dans la démocratie

Le projet des Frères Musulmans en Égypte et de la Nahda en Tunisie est un projet théocratique qui ne diffère en rien de celui en place en Iran (bien que l’un soit Chiite, et l’autre Sunnite). Il s’agit d’ériger le pouvoir religieux en pouvoir antérieur et supérieur à ceux de l’Etat moderne - le législatif (assumé par un Parlement élu), l’exécutif (Président élu) et le judiciaire. Le Conseil des Ayatollahs en Iran, le Conseil des Ulemas dans la constitution des Frères Musulmans en Égypte assument les responsabilités d’une sorte de Conseil constitutionnel religieux et de Cour Suprême qui veille à la conformité à « l’Islam » (en fait à son interprétation par ce Conseil) des lois proposées par le Parlement, des actes du gouvernement et des jugements des tribunaux. Le système est donc l’équivalent de celui d’un parti unique, prétendu « religieux », à la rigueur tolérant dans son sein quelques différences. Car aucun parti n’aurait, dans ce cadre, le droit de rejeter la suprématie du droit religieux. On ne voit pas pourquoi ce système, que les médias qualifient d’anti-démocratique en Iran, serait devenu miraculeusement démocratique en Égypte, en Tunisie et demain en Syrie.

Cet Islam politique qui est farouchement réactionnaire sur tous les plans n’est pas soluble dans la démocratie. J’ai dit - et ne fais que répéter ici - que « l’Islam » en soi n’a rien à voir avec cette affaire politique. Une autre lecture de l’Islam, possible, serait parfaitement compatible avec la démocratie. J’en ai donné le seul exemple qui ait existé dans les temps actuels, celui du Soudanais Mahmoud Taha. Mais « l’Islam » tel que l’entendent les Frères Musulmans n’est pas de cette nature. Tout simplement. La condamnation à mort de Taha, approuvée par eux - bel exemple de tolérance -, le démontre.

La question du voile imposée aux femmes doit être replacée dans le cadre de ce projet théocratique. Il ne s’agit pas seulement de confirmer le statut inférieur de la femme (son témoignage en justice ne vaut pas celui d’un homme). Il s’agit d’imposer ce statut inférieur au nom du pouvoir supérieur et indiscutable de la religion (interprétée de cette manière, qui n’est pas celle de Taha, par exemple !) placé au dessus de tous les autres pouvoirs politiques et civils.

2.- Pourquoi alors les puissances occidentales soutiennent-elles ces régimes prétendus islamiques anti-démocratiques par nature ?

La réponse est simple et évidente : ces régimes enferment les sociétés qui sont leurs victimes dans l’impuissance totale face aux défis du monde contemporain. Ils acceptent la soumission à toutes les exigences du « libéralisme » économique mondialisé. Ces régimes garantissent que les pays en question ne pourront pas s’élever au rang de pays émergents, concurrents éventuellement gênants des métropoles impérialistes occidentales. Et c’est cela qui constitue l’essentiel pour les puissances dominantes.

Cette soumission abolit toute perspective de démocratisation et de progrès social. Les forces puissantes en mouvement en Égypte et en Tunisie qui se battent contre ce pouvoir exercé par les Frères Musulmans l’ont bien compris. Pas les médias occidentaux, semble-t-il, qui qualifient ces mouvements « d’opposition minoritaire » comme si l’apparente victoire électorale des Islamistes constituait la référence exclusive pour la reconnaissance de l’état de « l’opinion ». Je ne ferai que rappeler ici ce qu’on feint d’ignorer - les moyens douteux mis en oeuvre pour garantir la « victoire électorale » des islamistes -, comme on veut ignorer que beaucoup d’électeurs naïfs ont changé d’opinion lorsqu’ils ont vu à l’oeuvre ceux qu’ils avaient élus. On feint d’ignorer que la référence démocratique authentique voudrait qu’on respecte l’action du mouvement, qui permet à la « minorité » d’entraîner la « majorité » dans la perspective d’avancées démocratiques associées au progrès social.

L’assassinat de Chokri Belaïd illustre la nature de la stratégie mise en oeuvre par ces partis dits « islamistes », fondée sur une division du travail entre les partis de gouvernement qui s’autoproclament « démocratiques » et les Salafistes qui refusent cette qualification, prétendue « occidentale ». Les jeunes désoeuvrés et les voyous recrutés par les Frères Musulmans et la Nahda, organisés dans des groupes qualifiés de « défenseurs de la révolution » (sur le modèle des pasdaran en Iran) sont chargés de basses besognes, que les dirigeants des partis « honorables » feignent de dénoncer de temps à autres. La ficelle est grosse. Mais nos défenseurs de « l’Islam politique soluble dans la démocratie » ne la voient pas.

Est-il également nécessaire de rappeler qu’aucun des gouvernements se revendiquant de cet Islam politique n’a dénoncé - sauf dans quelques cas extrêmes, et du bout des lèvres - les agissements des djihadistes armés (Talibans, Tchétchènes, Kosovars, Algériens du GIA, Libyens, Syriens, AQMI et autres), ni leurs exactions, ni leurs trafics mafieux, ni leurs prises d’otages. Ils n’ont jamais soulevé la question : ces groupes ont-ils le droit de se revendiquer de l’Islam ?

Compléments de lecture - documents placés dans ce même site Face Book, sous les numéros suivants :

37 L’émergence avortée : Turquie, Iran, Égypte
40 Égypte, réponses immédiates (capitalisme de connivence)
44 Mali janvier 2013
48 Mali 2013, commentaires de Samir Amin
49 Mahmoud Taha et la théologie islamique de la libération
51 Commentaires autour du texte de Tariq Amin-Khan

http://fr-fr.facebook.com/samir.amin.75098

Samir Amin. Le 14 février 2013.

http://www.m-pep.org/spip.php?article3197

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COMMENTAIRES  

16/02/2013 10:08 par calame julia

Pour le titre : réponse dans la vie de Jésus quand présenté à Ponce Pilate, celui-ci s’en
lave les mains parce que le sujet n’est pas politique mais personnel et privé "dit de croyance".
C’est sûr, ça calme.

16/02/2013 12:03 par Dwaabala

Comment ne pas approuver cette analyse ?
Il existe des forces authentiquement démocratiques, laïques, éclairées et populaires dans les pays d’obédience musulmane. Elles sont opprimées, leurs dirigeants sont assassinés.
Il existe aussi des travailleurs qui subissent l’exploitation, qui manifestent contre leurs conditions d’existence, qui sont soutenus par les premières, mais dont les aspirations sont masquées sous des appellations du type : Printemps arabe.
Les forces obscurantistes sont bien vues et soutenues par l’impérialisme.

16/02/2013 14:19 par Rivera

Je partage le point de vue de Samir Amin. Il m’est arrivé dans un forum de débattre avec un islamiste sur la question de l’Égypte, le débat s’est vite terminé lorsque je lui ai parlé des classes sociales. Il ne faut pas entrer dans le piège de discuter la religion elle même, il faut ramener le débat sur le terrain concret de la lutte des classes. Léon Trotsky disait : il faut apprendre à reconnaître le loup derrière n’importe quel déguisement

16/02/2013 16:48 par Rouge vIve

Approuver le texte de Samir Amin c’est bien, mais ce qui serait encore mieux c’est de nous expliquer en quoi, sur le plan des conséquences strictement pratiques, il diffère fondamentalement de ce que peut raconter une Fourest par exemple.

Je dis bien sur le plan des conséquences. Pas la peine de m’expliquer que Fourest ne produit pas une "anlyse de classe" mais se cantone à un strict point de vue démocratique. En tout cas les atendus et les considérations sur la séparation entre le politique et le religieux ne sont pas bien éloignés de ce qu’on pu voir et entendre dans le documentaire difwww.legrandsoir.info/spip.php?page=forum&id_article=19380fusé récemment sur la 5.

http://playtv.fr/programme-tv/540964/les-reseaux-de-l’extreme/#replay

Mais, après tout, peut-être que ce qui vaut pour le reste du bassin méditerrannéen ne vaut pas pour la France. Auquel cas faudra le faire savoir à Mélanchon.

http://www.youtube.com/watch?v=ApytPinssUk

16/02/2013 17:28 par Abdelkader Dehbi

« ""Par exemple je n’ai pas condamné le président Moursi parce qu’il est, ou se déclare, Islamique ou Frère Musulman. Je le juge sur la politique économique et sociale qu’il met en oeuvre."" »

Tout au long des 30 années - 1980 - 2011 - du régime prosioniste, corrompu et hyper-libéral des Moubarak, je n’ai pas souvenance de la moindre critique de M. Samir Amin contre ce régime. Et voici qu’il dresse déjà le bilan d’à peine 9 mois de pouvoir d’un M. Morsi, qui a le tort d’appartenir aux Frères Musulmans et que toute la classe des mercenaires politiques acquis à Washington, (de la farine des Amr’Moussa et autre Mohamed Baradaï) combat depuis les premières minutes de son élection en multipliant toutes sortes de traquenards sur son chemin, usant et abusant d’un droit à manifester que leur maître Moubarak avait lui, verrouillé.

Non, cher professeur, vous n’êtes pas sincère.

16/02/2013 18:37 par Safiya

Je peux comprendre la prudence de Samir Amin, question de survie, on meurt si facilement au coin d’une rue en sortant de chez soi victime d’un jeune paumé sous emprise de psychotropes ou d’une autre manière...

L’islam politique, à mon sens, est une nébuleuse avant tout créée pour contrer le nationalisme arabe et le communisme, le reste, de la cosmétique newyorkaise ou de la broderie anglaise, etc.

Des article qui instruise sur la chose : L’Islam politique, c’est à dire l’instrumentalisation de la religion musulmane à des fins politiques, particulièrement sa branche sunnite, a noyé le combat national dans des conflits sectaire, le détournant (...) - www.renenaba.com/aux-temps-benis-du-nationalisme-arabe/

Sur les frères musulmans : www.renenaba.com/le-frères-musulmans-egyptiens-a-lepreuve-de-la-revolution-2/

(...)L’impérialisme et le colonialisme ont fourni armes et argent aux Frères Musulmans. Lors d’un de mes entretiens avec le dirigeant de la confrérie, l’homme à barbe m’a déclaré que le socialisme est contre la religion (...)

(...). De son côté, le journaliste Ian Hammel a apporté des informations complémentaires dans un article paru dans l’hebdomadaire français le Point en date du 6 décembre 2011 et intitulé "Quand la CIA finançait les Frères musulmans

Dans le papier de Ian Hammel, on y lit notamment / "Les services secrets américains ont longtemps soutenu la confrérie, née en 1928 en Egypte. (...) - www.renenaba.com/egypte-les-freres-musulmans-au-seuil-du-pouvoir/

(...). L’arrivée au pouvoir à Kaboul le 27 septembre 1996 de la frange la plus rigoriste de l’Islam radical sunnite, -les Talibans, étymologiquement "les étudiants" des Instituts coraniques- marque l’ultime étape de l’instrumentalisation de l’Islam en tant qu’arme politique. (...) - www.renenaba.com/pakistan-instrumentalisation-de-l’islam-boomerang-a-repetition

René Naba dit les choses telles quelles, sans langue de bois ni frilosité, en outre, ses articles sont bien documentés, quant à moi, j’adhère tout entière à ses dires.

D’autre part, en parcourant ce site, j’ai compris pourquoi au Yemen du Sud drones et al qaïda font ravage, je ne savais bien sûr pas que le Yemen du Sud était pro-soviétique (comme l’était l’Afghanistan, comme par hasard !). Allez, bonne lecture.

16/02/2013 18:52 par Fethi GHARBI

"l’islam politique" est une expression ambigüe et pleine de sous-entendus.
Moi à la place d’Amin j’aurai employé "wahhabisme" car les frères musulmans malgré leurs prétentions sont wahhabites.
Et ma question aurait été ;
Le wahhabisme est-il soluble dans la démocratie ?
Si Samir Amin a excellé dans son analyse du projet de la secte intégriste wahhabite, il a négligé la définition du second terme de son interrogation : la démocratie ; comme si cela allait de soi...et comme si dans cette binarité qu’il nous jette à la figure, le mal intégriste ne peut que ressortir l’idéal démocratique occidental.
Non je crois que des deux cotés de la fracture, les peuples s’engluent et subissent
Je crois que Samir Amin a été mal inspiré en valorisant implicitement et sans nuances cette démocratie représentative à l’agonie

16/02/2013 19:30 par Nadine Planchot

Pas sincère ? La démission contrainte de Moubarak est intervenue le 11 février 2011. Voilà ce que disait Samir Amin qielques jours auparavant

« dans le cas de l’Égypte, les États-Unis soutiennent le régime. Ils peuvent finir par juger plus utile le sacrifice de la personne de Moubarak. Mais ils ne renonceront pas à sauvegarder l’essentiel"‰ : le système militaire et policier. »

http://www.humanite.fr/06_02_2011-pour-léconomiste-samir-amin-«-moubarak-intégré-l’islam-politique-dans-son-système- »-46452

Je ne suis pas remonté plus loin, mais on peut le faire.

17/02/2013 01:01 par Pedro

Oser dire que Samir Amin n’a pas émis la moindre critique envers le régime corrompu de Moubarak, c’est faire preuve d’un aveuglement que chacun pourra aisément dépasser ne serait-ce qu’en consultant sur le net les innombrables positions qui ont été les siennes contre ce régime

là encore l’amnésie ou la calomnie sont plus faciles que la contestation de ce qu’il exprime

la complicité objective entre les Frères Musulmans en Egypte et le pouvoir à la solde de l’empire depuis Sadate a été maintes fois dénoncée par Samir Amin bien avant l’accession au pouvoir de Morsi
y compris sur la question agraire en Egypte et les luttes de la petite paysannerie

quant à faire de lui un propagandiste de la démocratie occidentale de représentation, cela relève plus de la galéjade ou de l’affabulation que d’un examen lucide de son parcours et des ses positionnements

17/02/2013 08:00 par babelouest

Pour résumer : qu’est-ce exactement que la démocratie, pour Samir Amine ? On est toujours obligé de définir les mots-forces d’un débat, si l’on ne veut pas que s’instaure une ambiguïté grandissante qui aboutit nécessairement dans une impasse. Après tout, en Europe ou aux États-Unis, ce concept au départ intéressant aboutit partout sur un constat d’échec cuisant, phagocyté qu’il est par un salmigondis aristocratique (de classe) - théocratique (à la fois de l’argent, et de hiérarchie religieuse tendancieuse). Le glaive et le clerc à nouveau réunis, et liés au banquier. Le peuple n’y a pas plus sa place que dans la théocratie dite islamique

Effectivement, l’islamisme "proclamé" des fauteurs de troubles est exactement le Wahhabisme, d’ailleurs la plupart du temps il est financé par lui, qu’il ait son siège à Riyad ou à Doha. Voire à Tel Aviv, Langley, Londres.... ou Paris.

17/02/2013 09:19 par Dwaabala

Le titre de l’article peut installer un doute que certains commentaires ne se privent pas d’exploiter.
Le sens du mot démocratie est parfaitement défini.

les libertés démocratiques nécessaires à l’expression libre des mouvements populaires de protestation et de lutte contre les politiques réactionnaires

Cette soumission [à toutes les exigences du « libéralisme » économique mondialisé] abolit toute perspective de démocratisation et de progrès social.

Il ne s’agit donc jamais dans l’article de La Démocratie qui n’est que la représentation que l’impérialisme (économique, politique, militaire) donne de lui-même aux masses qu’il entraîne.

17/02/2013 11:42 par Rouge vIve

Y en a qu sont vraiment à l’ouest. Déjà si on pouvait orthographier Samir Amin correctement ce serait sympa. Et si en plus on pouvait éviter de confondre géopolitique et roman de gare ce serait carrément grandiose

http://fr.wikipedia.org/wiki/Langley_%28Virginie%29

17/02/2013 11:55 par Fethi GHARBI

@ pedro

quant à faire de lui un propagandiste de la démocratie occidentale de représentation, cela relève plus de la galéjade ou de l’affabulation que d’un examen lucide de son parcours et des ses positionnements

Non, ce n’est nullement une galéjade.
Entendons-nous bien, je ne mets pas en doute la probité de Samir Amin, un penseur qui m’a toujours inspiré.
Ce que j’ai critiqué c’est le titre de l’article dont les termes sont autant de pièges langagiers reposants sur des présupposés idéologiques. Parler d’un islam politique comme si dans les sociétés des hommes il pouvait y avoir quelque chose d’apolitique...
Construire une binarité dévalorisant le wahhabisme( sur quoi je suis d’accord) et valorisant implicitement la démocratie ( là , je ne suis plus d’accord).
Je reproche seulement à Samir Amin de tomber dans les facilités langagières qui, les médias aidant, empoisonnent les esprits et entérinent l’idée du combat des forces du bien contre celles du mal

17/02/2013 13:06 par Pedro

en effet la question de fond demeure de caractériser ce que l’on nomme par "démocratie".

Assurément pas la caricature qu’en ont produites les sociétés occidentales par des institutions de représentation qui touchent d’ailleurs aujourd’hui leurs limites en termes de légitimité démocratique et le Traité Merkozy, approuvé tel quel par l’UMP et le PS, en est une éloquente illustration.
Il ne me semble pas que Samir Amin en ait jamais été un prosélyte, lui qui a depuis longtemps remis en question précisément leur légitimité démocratique.

Mais il importe sans cesse de contester frontalement la légitimité démocratique des institutions de régimes parlementaires occidentaux où l’accent mis sur la dimension délégataire sert à masquer l’étouffement de toute vélléité populaire de participation et d’intervention dans les processus d’élaboration des choix fondamentaux.
Or l’équilibre entre mécanismes de représentation et de participation constitue précisément le coeur d’une réelle démocratie car la légitimité des représentants se fonde sur un mandat qui leur a été donné par le peuple et dont celui-ci doit avoir la possibilité de contrôler l’exécution.
Et dès lors qu’un représentant tourne le dos aux engagements qui lui ont permis d’être élus il perd toute légitimité et ne saurait s’en prévaloir.

On mesure bien de nos jours combien la réalité institutionnelle et poltique des sociétés occidentales est éloignée de ces principes et leur retire toute crédibilité pour se poser en donneuses de leçons "universelles" en matière de démocratie.

Mais c’est bien parce qu’elles sont conscientes des limites de leur crédibilité qu’elles ont besoin de relais dans les autres régions du monde, des relais qui pour être dociles, n’en sont pas pour autant à leur image car là réside un gage d’efficacité.

Le wahhabisme en est un exemple éloquent, lui qui a servi depuis des décennies de contrefeu pour étouffer l’émergence d’une volonté panarabe émancipatrice et progressiste et qui joue aujourd’hui plus que jamais ce rôle de gendarme impérialiste dans le monde arabe.

Tout en servant à accréditer des thèses aussi funestes que fumeuses que celle du "choc des civilisations".

Il prétend donner du côté des peuples du monde musulman l’idée d’une société qui s’opposerait à la "décadence" des moeurs occidentales pour mieux masquer sa soumission aux intérêts impérialistes et continuer à asseoir son pouvoir oligarchique en caricaturant l’idée de démocratie à partir de sa réalité occidentale. Il sert aussi de repoussoir auprès des peuples de l’Occident pour conforter le pouvoir de plus en plus absolu du capitalisme mondialisé et alimenter des stratégies de peur.

Or c’est précisément sur les enjeux sociaux et les objectifs de redistribution de la richesse que peuvent se retrouver et se rassembler les peuples de tous les continents, quelles que puissent être leurs histoires et cultures respectives.

18/02/2013 02:23 par Anonyme

L’Islam politique est-il soluble dans la démocratie ?

Bien sûr que non ! Vous diront les sio, dont c’est une des propagandes favorites contre l’Islam. Et les arabes. Enfin, tout le "Nouveau Moyen-Orient" à conquérir, cher à Bush et sa clique.

Et les autres religions ? Celles qui comptent, qouâââ : celles dites "du Livre", c’est à dire la Bible. Plus le bouddhisme du Dalaï, cher aux "occidentaux".

Le protestantisme politique ? Le judaïsme politique ? Le catholicisme politique ? L’Evangélisme made in USA (qui se dit "chrétien") politique ?

Ah, mais personne ne se pose la question de savoir si ces religions sont compatibles avec la "démocratie"...! A croire qu’elles ont fait leurs preuves es démocratie ! (Hum...) Laquelle, dans sa forme antique dont elle tire le nom, est née en Grèce, également antique, sous une religion polythéiste. La société de cette époque comprenait des esclaves, des pédérastes (le mot vient de là ), des femmes (50%) qui n’avaient pas le droit de vote.

Jusqu’à quand cette domination "occidentale" qui, dans sa suffisance crasse, se croit seule au monde ?

18/02/2013 08:55 par calamejulia

La démocratie ne fait pas de recrutement d’adeptes pour une croyance et donc "elle est"
sans aucun besoin de justification.
Cependant elle devient une doctrine politique lorsque l’on la lie à un vocable la définissant
comme autre chose que l’organisation que la souveraineté du peuple.

19/02/2013 12:41 par chb

Mali : Le regard de Boubacar Boris Diop
Le pays au quotidien (Sénégal)
- extraits

Les Touareg sont ravis de pouvoir concrétiser enfin leur vieux rêve d’indépendance à travers un nouvel Etat de l’Azawad, allié de l’Occident.
Certains medias français se sont alors chargés de «  vendre » le projet de ces «  hommes bleus du désert » qui se préparent pourtant tout simplement à entrer en guerre contre le Mali. Il suffit de faire un tour dans les archives de France 24 et de RFI pour voir que le MNLA en particulier a été créé de toutes pièces par les services de Sarkozy. Ces stratèges savaient très bien que cela allait se traduire par l’effondrement de l’Etat malien et la partition de son territoire. Ca ne les a pourtant pas fait hésiter une seconde. Juppé s’est ainsi permis de minimiser l’égorgement collectif par les Touareg d’une centaine de soldats et officiers maliens le 24 janvier 2012 à Aguelhok et suggéré la possibilité d’un Azawad souverain au nord. Mais au bout du compte, le MNLA qui n’a pas été à la hauteur des attentes de ses commanditaires face aux jihadistes, s’est pratiquement sabordé, ce qui est d’ailleurs sans doute une première dans l’histoire des mouvements de libération. Dans cette affaire, la France est clairement dans le rôle du pompier pyromane. Tout laisse croire qu’elle va défaire les jihadistes, mais sa victoire coûtera aux Maliens leur Etat et leur honneur.
(...)les troupes françaises qui ont occupé (...) le Mali, pendant des siècles d’une colonisation barbare, y reviennent cinquante ans après l’indépendance et sont accueillis comme des libérateurs. N’est-ce pas là un sérieux motif de perplexité ? Que pouvait bien valoir, finalement, l’indépendance du Mali ?
Ce que toutes ces humiliations doivent montrer au Mali, c’est ce qu’une certaine comédie démocratique, destinée surtout à plaire à des parrains étrangers, peut avoir de dérisoire. Le Mali est un cas d’école : cité partout en exemple, il a suffi d’un rien pour qu’il s’effondre. Et on y voit déjà à l’oeuvre des mécanismes d’exclusion qui peuvent devenir de plus en plus meurtriers : tout Touareg ou Arabe risque d’être désormais perçu comme un complice des groupes jihadistes ou de la rébellion touarègue.

19/02/2013 23:42 par Sandra

Il suffit de faire un tour dans les archives de France 24 et de RFI pour voir que le MNLA en particulier a été créé de toutes pièces par les services de Sarkozy.

Ah Sarkozy ! Un vrai Prométhée des temps modernes. Capable de façonner des armées d’homme bleu rien qu’en modelant un peu de sable sec avec ses gros doigts bouffis. Il serait plus là il faudrait l’inventer.

20/02/2013 02:48 par Quidam

"L’assassinat de Chokri Belaïd illustre la nature de la stratégie mise en oeuvre par ces partis dits « islamistes », fondée sur une division du travail entre les partis de gouvernement qui s’autoproclament « démocratiques » et les Salafistes qui refusent cette qualification, prétendue « occidentale ». "

Samir AMIN

Qu’est ce qui fonde l’auteur à formuler une telle accusation alors que la justice n’a pas établi qui serait l’assassin & ses commanditaires éventuels ? Pourquoi seraient-ce donc des Salafistes qui auraient commis ce crime ? Pourquoi pas des nostalgiques de Ben Ali ? Pourquoi pas quelqu’un d’autre ? Dieu seul le sait pour l’instant outre l’assassin & ses commanditaires éventuels ! Pour qui roule donc Samir Amin, lui qui après avoir tenté de justifier l’injustifiable au Mali reprend maintenant à son compte les ragots propagandistes de la presse & des médias "atlantistes" réactionnaires ? Il n’est décidemment pas très rigoureux intellectuellement ce monsieur, d’autres plus cruels diraient certainement pas très honnête intellectuellement plutôt derrière ses doctes discours intellectuels...
L’altermondialisme à cette sauce là très peu pour moi merci !

02/07/2013 00:05 par Boly Abubakar

Je pense que quand on analyse la politique économique et sociale (Bilan), il faut aller en profondeur, par exemple donnez des exemples d’échec de sa politique qui n’ont rien à voir avec les préceptes islamiques ; là vous ferez une analyse générale et non pas se limiter à prendre des exemples tels le port du voile.

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