RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
L’art de la guerre

L’incendie est hors de contrôle (Il Manifesto)

nouvelles émeutes à Bahrein après la mort d’un adolescent entre les mains de police

On avait pensé à Washington pouvoir dompter les flammes de la rébellion populaire qui s’était propagée dans les pays arabes qui leur sont alliés, et mettre le feu à d’autres qu’ils ne contrôlent pas (ils y sont arrivés en Libye), de façon à construire sur leurs cendres le « Grand Moyen-Orient » dont ils ont toujours rêvé, celui sous bannière étoilée, flanquée de la rose des vents de l’OTAN. Mais, bien qu’ils y mettent le paquet, les choses ne vont pas comme ils voudraient. Surtout au Bahrein et au Yémen, supports importants de leur stratégie. Au Bahrein les Etats-Unis ont le quartier général des forces navales de leur Commandement central. Situé à 200 Kms à peine de l’Iran, il dispose de dizaines de navires de guerre, porte-avions et unités d’assaut amphibie compris, avec 28 mille soldats et 3 mille à terre, qui opèrent en Mer Rouge, dans la Mer d’Arabie et dans d’autres parties de l’Océan Indien, pour « assurer la paix et la stabilité et protéger les intérêts vitaux de l’Amérique » (des Etats-Unis d’Amérique, NdT). En d’autres termes, pour conduire les guerres en Irak et Afghanistan et en préparer d’autres (Iran et Syrie sont dans le collimateur). D’où l’importance du Bahrein, que les Etats-Unis ont désigné comme « plus grand allié non-OTAN ». La monarchie héréditaire, garante de la solide alliance, continue cependant à être assiégée par la rébellion populaire, qu’elle n’est pas arrivée à étouffer même avec l’aide de l’Arabie Saoudite, des Emirats et du Qatar qui, en mars, avaient envoyé des troupes au Bahrein. Cinq mois après la « féroce répression du soulèvement populaire », rapportée par le New York Times (15 septembre), il y a tous les soirs à Manama des jeunes qui descendent dans la rue, et affrontent la police. Les autorités ont conquis « une éphémère victoire grâce aux tortures, arrestations et licenciements », surtout contre la majorité chiite (70% de la population) discriminée par la monarchie sunnite. Malgré cela, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton s’est déclarée « impressionnée par l’implication avec laquelle le gouvernement de Bahrein avance sur la voie de la démocratie » et en août, Washington a renouvelé son accord militaire avec Manama, signé en 1991.

Au Yémen aussi, il y a « d’encourageants signes d’une volonté rénovée du gouvernement de promouvoir la transition politique » : c’est ce qu’assure le Département d’Etat le 15 septembre, au lendemain du jour où les Nations Unies ont publié un rapport documenté sur la féroce répression. Confirmée par le fait que, trois jours après à Sana, les militaires ont ouvert le feu avec des mitrailleuses lourdes sur une manifestation pacifique. Les Yéménites n’ont aucun souci à se faire : les Etats-Unis « continuent à appuyer la transition pacifique et ordonnée, répondant aux aspirations du peuple yéménite pour la paix et la sécurité ». C’est le New York Times lui-même qui rapporte comment cela se fait : « L’administration Obama a intensifié la guerre secrète au Yémen, en frappant des militants suspectés, avec des drones armés et des chasseurs-bombardiers ». La guerre est conduite par le Commandement conjoint du Pentagone pour les opérations spéciales qui, sous prétexte de faire la chasse à Al Qaeda, a installé à Sana sa propre position. L’opération est coordonnée par la CIA, qui a construit à cet effet au Moyen-Orient une base aérienne secrète. Mais les missiles Hellfire (Feu de l’enfer) des drones Usa ne font qu’alimenter les flammes de la rébellion populaire.

Manlio Dinucci

Edition de mardi 20 septembre 2011 de il manifesto

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

URL de cet article 14683
   
Pierre Lemaitre. Cadres noirs.
Bernard GENSANE
Contrairement à Zola qui s’imposait des efforts cognitifs démentiels dans la préparation de ses romans, Pierre Lemaitre n’est pas un adepte compulsif de la consultation d’internet. Si ses oeuvres nous donnent un rendu de la société aussi saisissant c’est que, chez lui, le vraisemblable est plus puissant que le vrai. Comme aurait dit Flaubert, il ne s’écrit pas, pas plus qu’il n’écrit la société. Mais si on ne voit pas, à proprement parler, la société, on la sent partout. A l’heure ou de (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"L’un des grands arguments de la guerre israélienne de l’information consiste à demander pourquoi le monde entier s’émeut davantage du sort des Palestiniens que de celui des Tchétchènes ou des Algériens - insinuant par-là que la raison en serait un fonds incurable d’antisémitisme. Au-delà de ce qu’il y a d’odieux dans cette manière de nous ordonner de regarder ailleurs, on peut assez facilement répondre à cette question. On s’en émeut davantage (et ce n’est qu’un supplément d’indignation très relatif, d’ailleurs) parce que, avant que les Etats-Unis n’envahissent l’Irak, c’était le dernier conflit colonial de la planète - même si ce colonisateur-là a pour caractéristique particulière d’avoir sa métropole à un jet de pierre des territoires occupés -, et qu’il y a quelque chose d’insupportable dans le fait de voir des êtres humains subir encore l’arrogance coloniale. Parce que la Palestine est le front principal de cette guerre que l’Occident désoeuvré a choisi de déclarer au monde musulman pour ne pas s’ennuyer quand les Rouges n’ont plus voulu jouer. Parce que l’impunité dont jouit depuis des décennies l’occupant israélien, l’instrumentalisation du génocide pour oblitérer inexorablement les spoliations et les injustices subies par les Palestiniens, l’impression persistante qu’ils en sont victimes en tant qu’Arabes, nourrit un sentiment minant d’injustice."

Mona Chollet

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.