La torture commise par la CIA, l’écrasement de la démocratie et la nouvelle base militaire Britannique à Bahreïn sont autant de messages empoisonnés.
Il y a trois ans, le monde était confronté aux défis de ce qu’on a appelé le « Printemps arabe ». Personne alors ne semblait vraiment prêter attention à ce qui se passait à Bahreïn. Pourtant, tout comme au Caire ou à Tunis, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Manama, capitale d’un royaume d’à peine 750 km2, pour réclamer plus de démocratie et de droits. Mais contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres pays arabes submergés par les vagues de protestation, la situation de Bahreïn a été passée sous silence.
Les gouvernements occidentaux couvrent de silence l’intervention militaire de l’Arabie saoudite qui, en mars 2011, a tenté d’étouffer la révolte populaire de Bahreïn. Comme si les valeurs démocratiques qui légitiment la protestation et même la révolte violente en Libye ou en Syrie ne comptaient pas vraiment lorsqu’elles sont portées par un mouvement majoritaire et pacifiste, mais qui a le mauvais goût de remettre en cause une dynastie de la péninsule arabique.
Dans « Répression et résistance à Bahreïn », nous avons écrit : « Le soulèvement populaire à Bahreïn est le produit de décennies d’injustices, d’oppression et d’humiliations. On peut le réprimer, voire l’écraser, mais il renaîtra, tel un phénix, de ses cendres. Car il est né et a grandi sur le sol du despotisme et de l’arbitraire » (1). Puisque cet arbitraire et ce despotisme perdurent, la résistance du peuple de Bahreïn se poursuit malgré une terrible répression. L’organisation du Grand Prix de Formule 1 dans ce petit royaume ne fait que renforcer la détermination « des révoltés de la Perle » à poursuivre le combat contre un régime suranné mais soutenu par les monarchies du Golfe et bien sûr par les États-Unis et l’Europe.