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L’impuissance théorisée en purisme identitaire obtus

Après une vie militante bien remplie et relativement longue, sous parvenons parfois à être surpris par les analyses de certains de nos camarades. Quand nous disons surpris c’est un euphémisme pour ne pas dire ahuri, consterné, accablé, atterré.

Voilà donc des communistes qui, à un an des présidentielles, quand le pays est dans une crise profonde et multidimensionnelle, nous annoncent qu’en 2022, pas de problème : on va perdre ! "Soyons réalistes, qui peut croire que la gauche peut aujourd’hui gagner" nous disent-ils.

On comprend alors ce que signifie la candidature Roussel : une candidature pour perdre. Mobilisateur en diable. "La perspective pour être un jour crédible doit clairement s’inscrire dans une remise en cause fondamentale du système économique, social et politique". Mais que voilà de mâles paroles. La dictature du prolétariat ou rien. Des soviets partout. Et tant qu’on n’a pas ça, renforçons l’organisation sans nous laisser dépasser par le Parti animaliste ( Européennes, "PCF is back"...déjà oublié ?).

Bref "classe contre classe" camarades. Comme le KKE dont le score, pourtant, ne cesse de s’éroder à chaque élection. Comme les sectes qui veulent nous rejouer Octobre 1917 plus d’un siècle plus tard.

Nos camarades nous disent il n’y a "pas de raccourci politicien". Heureusement que dans l’histoire il peut y avoir des raccourcis, des dynamiques. Et une victoire électorale peut offrir une telle accélération. Que la mobilisation populaire soit nécessaire c’est un fait mais pourquoi opposer les deux ?

Et surtout cassons Jean-Luc Mélenchon qui se prend pour un "sauveur suprême", ce social-démocrate ne rêve que de trahir. Sa "candidature personnelle" – il n’aurait pas réuni 7 millions de voix en 2017 ? – est une illusion.

Nos camarades poursuivent en nous expliquant que la présidentielle et la Constitution de la Ve République sont anti-démocratiques (tiens on savait pas) et donc en fin de compte il ne faudrait pas y attacher tant d’importance que cela puisqu’une élection ne change rien et qu’au soir du second tour nous n’aurons pas le socialisme. Et tant pis si Mélenchon est le porte-drapeau de la VIe République. Et tant pis si le socialisme est un processus qui peut être favorisé ou pas par des élections combinées aux luttes. Illusion encore.

Quant à la nécessité d’un puissant mouvement social pour obtenir des avancées qui peut le contester ? Mais justement la victoire de Jean-Luc Mélenchon ne permettrait-elle pas au mouvement populaire de gagner en confiance et d’entamer la lutte dans de meilleurs conditions ? Cela est évident sauf pour certains communistes qui font passer leur détestation de Mélenchon avant toute considération rationnelle. Ces camarades connaissent-ils un peu l’histoire ? Savent ils que c’est en 1936 après la victoire électorale du Front Populaire que le mouvement social pris de l’ampleur et imposa ses revendications ? Imagine-t-on le PCF dénonçant la SFIO avant les élections de 1936 ? Cela aurait-il fait avancer en quoi que ce soit la cause des travailleurs ? Ou cela aurait, au contraire, ouvert la voie aux Ligues fascistes ?

L’impuissance théorisée en purisme identitaire obtus et sectaire est irresponsable.

Marx nous avait mis en garde contre les "solos funèbres de la classe ouvrière". Nous sommes en 2021, dans le contexte que l’on connait, avec la menace d’une victoire des néo-fascistes du RN ou d’un deuxième mandat de Macron. Avec les leçons grecque, où le KKE a été incapable de la jouer fine, et italienne, sans espace politique pour la gauche et un gouvernement qui va du PD aux fachos avec un banquier Goldman-Sachs à sa tête. Avec un rapport de forces international...complexe. Dans de telles circonstances que des camarades nous expliquent qu’on ne gagnera pas mais que nous préparons les victoires futures et le socialisme avec une bonne et grosse défaite en 2022 en faisant barrage au keynésien Mélenchon, et avec un score prévisible et microscopique pour Roussel, avouons franchement que ça nous la coupe.

Mais comment peut-on proposer la défaite comme perspective ? Comment le dogmatisme peut-il aveugler à ce point ? Qui peut croire que ce discours est crédible et supportable à ceux qui vivent ici et maintenant ?

J’ai hâte de voir l’accueil de ce genre d’analyse devant les boîtes, les bureaux, les facs : "on va perdre mais c’est pas grave dans 50 ans ça ira mieux."...J’ai hâte de voir la tête de ces camarades au lendemain du 2e tour avec Marine Le Pen à l’Elysée.

En fait non. Je n’ai vraiment pas hâte de vivre cela. Et j’aurais aimé ne jamais entendre pareils propos.

(Transmis par Autrement)

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James Freeman Clarke

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