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L’hypocrisie et la trahison de l’ONU : le cas de la Libye (Dissident Voice)

"Si vous voulez une image du futur, imaginez une botte écrasant - pour l’éternité- le visage d’un homme."
George Orwell

Le bombardement de la Libye va commencer le jour - ou à un jour près - du huitième anniversaire du début de la destruction de l’Irak, le 19 mars, en Europe. La Libye aussi va être détruite - ses écoles, son système éducatif, son eau, ses infrastructures, ses hôpitaux, ses buildings municipaux. il y aura de nombreuses "erreurs tragiques" et autres "dommages collatéraux" de mères, pères, enfants, bébés, grands-parents, écoles pour les sourds et muets, etc... etc... Et les merveilleux vestiges romains et les ruines encore plus anciennes qui ont résisté au temps et à tous les remous de l’histoire et ont fait l’admiration de tant de monde comme ceux d’Irak, l’histoire de cette nation - et son humanité, à l’instar de l’Irak et de l’Afghanistan, disparaîtront pour toujours.

Les infrastructures vont être détruites. l’embargo restera en place ; et rendra la reconstruction impossible. L’Angleterre, la France et les USA décideront que le pays a besoin d’être "stabilisé", qu’il faut "l’aider à reconstruire". Ils arriveront et prendront la direction des installations et des champs de pétrole ; au début les Libyens seront un problème accessoire puis ils deviendront vite "l’ennemi" des "insurgés", on leur tirera dessus, ils seront emprisonnés, torturés, victimes de toutes sortes d’abus -et un "gouvernement" fantoche ami des USA sera mis en place.

Les envahisseurs accorderont à leurs firmes des contrats pour la reconstruction, l’argent -qui sera sans doute prélevée sans compter sur les actifs gelés- disparaîtra et le pays restera largement en ruines.

Et ceux qui applaudissent de toute leurs forces, comme pour l’Irak, vont se mettre à courir d’un station de télévision ou de radio à une autre, à Londres, en Europe et aux USA, avant de retourner dans leurs maisons bien protégées et de retrouver la sécurité de leurs emplois bien payés en Europe, Grande Bretagne et USA, certains qu’aucune bombe ne risque de leur tomber sur la tête. Leurs enfants ne seront pas pris de tremblements incontrôlables et ne feront pas dans leurs culottes de terreur en entendant s’approcher les avions.

Que dire de cet "effroi et stupeur" qui attend la Libye ? Honte sur la France, honte sur l’Angleterre, les USA et sur l’ONU qui prétend : ".... protéger les générations suivantes du fléau de la guerre". Les noms de ces pays et de l’ONU seront inscrits avec le sang de leurs victimes : chaque corps brisé, chaque enfant estropié ou réduit en bouillie, chaque veuve, veuf ou orphelin, sur chacune de leurs tombes.

Et on répétera aux peuples respectifs de ces agresseurs meurtriers, cyniques et avides, qu’on apportait la démocratie, qu’on libérait la Libye d’un tyran, d’un "nouvel Hitler", du "boucher de Bengazi".

Les pays qui se sont acoquinés ces jours derniers pour renverser un gouvernement souverain ont à nouveau commis sans doute le crime décrit par le tribunal de Nuremberg comme "..... le crime international suprême, qui diffère des autres crimes de guerre en ce qu’il comprend tous les maux qui s’ensuivent" en complotant pour renverser un gouvernement souverain, avec une apparence de légalité obtenue en tordant le bras de l’ONU. On connaît déjà tout ça.

Avec le temps nous apprendrons qui a intrigué, soudoyé, déstabilisé et sans doute que peu de gens seront surpris de ce qu’ils découvriront. Mais il sera trop tard, la Libye sera depuis longtemps détruite et sa population éperdue se sera enfuie ou aura été déplacée.

Quand on a à faire aux "libérateurs" habituels, il faut faire attention à ce qu’on dit. Dans six mois à peu près, la plupart des Libyens, regretteront amèrement les 40 dernières années de pouvoir quelles que furent ses imperfections.

Felicity Arbuthnot est une journaliste spécialiste de l’Irak. Coauteur avec Nikki van der Gaag, de la série Baghdad in the Great City pour le World Almanac books, elle a aussi dirigé des recherches pour deux documentaires qui ont reçu des prix sur l’Irak : John Pilger’s Paying the Price : Killing the Children of Iraq et Denis Halliday Returns for RTE (Ireland.)

pour consulter l’original : http://dissidentvoice.org/2011/03/libya-hypocrisy-and-betrayal-by-the-united-nations/

Traduction : D. Muselet

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