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L’euro, comment ça marche ?... Très bien

Peut-on dire, aujourd'hui, que les effets recherchés lors de la mise en œuvre de l'euro ont été obtenus ? Oui. Cette stratégie menée par la finance internationale est une "réussite parfaite" : les peuples peuvent en témoigner depuis quelques années, et ce n'est évidemment qu'un petit début....

Comme je l’ai déjà fait dans "Une santé aux mains du grand capital  ? L’alerte du Médiator", je m’appuierai ici sur les travaux réalisés par A. Harrison, E. Dalkiran, E. Elsey après la signature du traité de Maastricht (7 février 1992), mais avant la mise en circulation de l’euro (1er janvier 2002), ou tout au moins avant que l’on puisse mesurer ses effets réels. Ainsi verrons-nous ce qui était prévisible dès le départ.

Selon ces auteurs, voici l’un des premiers impacts possibles de la monnaie unique sur le fait de savoir qui doit payer le prix de la "restauration de la compétitivité" :

"Avec une monnaie unique, un pays n’aurait pas de possibilité d’augmenter ses taux d’intérêt unilatéralement ou de permettre à sa monnaie de se déprécier afin de restaurer la compétitivité. Il incomberait aux entreprises, aux travailleurs et aux syndicats de réduire les coûts de production."

Nous tombons donc ici directement sur la question de l’accentuation de l’exploitation du travail : augmentation de l’intensité de celui-ci ou baisse relative des salaires.

Mais, comme les auteurs nous y engagent, ne perdons pas de vue qu’à la stabilité monétaire va s’ajouter la prudence budgétaire puisque "les critères de convergence de Maastricht ont également renforcé la détermination des gouvernements européens de poursuivre la stabilité monétaire et budgétaire."

Ainsi, "de la même façon, la monnaie unique obligera les entreprises à conserver des prix compétitifs. Ceci, en retour, leur demandera de maintenir des coûts bas et imposera la même discipline pour les travailleurs et les syndicats. Ne pas se conformer à ces obligations conduirait à la perte de marché au profit de rivaux plus disciplinés."

Si l’on ajoute que l’augmentation de la compétitivité ou de la productivité doit, en régime de monnaie stable, se traduire par une baisse des prix, on aboutit à ceci :

"Les actions des entreprises et de leurs employés, combinées à la prise de conscience des prix par les consommateurs, devraient aider à renforcer la discipline de la Banque centrale européenne et des gouvernements membres de l’UE. Finalement, l’existence de marchés financiers transparents et l’attente générale d’une inflation faible devraient contribuer à conserver des taux d’intérêt bas. Les taux d’intérêt bas réduisent le coût de l’emprunt et augmentent la rentabilité de l’investissement du capital."

Voilà quelles étaient les perspectives envisagées il y a plus de douze ans. Où en sommes-nous aujourd’hui ? C’est ce que détaille pour nous Olivier Passet, dans sa chronique du 20 mars 2014, sur Xerfi-Canal :

"La remise sur ses rails de la compétitivité française est l’effort de tous. Celui des entreprises qui compressent leurs marges. Celui des ménages qui acceptent un basculement de la fiscalité en leur défaveur ; celui de l’Etat qui renonce à des recettes, 30 milliards de cotisations à terme, et doit rationaliser ses dépenses. Idem concernant les économies du Sud de l’Europe. L’effort salarial et fiscal qui a été exigé des ménages est considérable. Et que voit-on au final ?"

Passons tout de suite à cette conséquence-ci :

"Que la dynamique de baisse des prix au sein de la zone, de modération salariale, de faible croissance crée un contexte défavorable à l’endettement privé. La zone euro demeure globalement la moins endettée du monde développé. Elle est aussi celle dont les actions sont les moins chères. Autrement dit, elle est une zone refuge pour les investisseurs en quête de sécurité. Et tout cela participe à l’appréciation de l’euro. Il flirte maintenant régulièrement avec les 1,40 vis-à-vis du dollar, en dépit des incertitudes sur la politique monétaire américaine. Autrement dit, l’euro demeure 10 à 20 % au-dessus du cours égaliserait les prix français ou allemands aux prix des produits américains. En un mot, nos efforts de compétitivité se consument dans la hausse de l’euro."

Et voilà qui montre bien que la finance internationale avait parfaitement calculé son coup :

"Au final, il n’y a que les investisseurs financiers qui trouvent leur compte dans cette course au moins disant sur les prix."

L’euro est donc décidément très fort... Ce n’est pourtant qu’un début. Il faudra s’y faire...
Ou trouver autre chose...
Pas facile, cette seconde solution, sans reprendre bien des questions depuis un peu plus loin dans le temps...
Mais en sommes-nous encore vraiment capables ?

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