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L’auto-défense des travailleurs contre la tyrannie des marchés : interview de Michael Perelman (Monthly Review Magazine)

Carlo Fanelli (CF) : Dans vos premiers travaux, vous étudiez de prés les économistes politiques classiques (Ricardo, Smith, J.B. Say, J.S. Mill, Marx, etc.), et dans vos travaux suivants vous étudiez les écrits des étoiles de l’économie tels que Alfred Marshal et John Maynard Keynes. Pouvez-vous brièvement décrire comment ces recherches ont influencé votre pensée sur l’économie ? Et comment cela vous a-t-il amené à vos sujets d’études actuels ?

Michael Perelman (MP) : Ce qui me fascine, c’est la déconnexion qui existe entre ce qui se prétend être une analyse objective et les relations de pouvoir sous-jacentes. A l’instar du bourgeois gentilhomme de Molière qui n’était pas conscient de s’exprimer en prose, les économistes ont développé une culture au sein de laquelle ils communiquent sans jamais reconnaître qu’ils ont adopté une vision déformée du système capitaliste. Ce qui plus surprenant, c’est comment les économistes ont été capables de propager leur vision globale distordue à travers toute la société en général. La vision économique globale des économistes fait abstraction d’éléments essentiels. Lorsque leur modèle économique simpliste part en vrille, leur premier réflexe est de détourner l’attention de leur incompétence au lieu de reprendre contact avec la réalité. En ce sens, je pense qu’une étude critique des économistes et de leurs théories devient un outil d’auto-défense contre la tyrannie des marchés.

CF : Un thème central de vos travaux a été la dénaturalisation du capitalisme - à savoir, comme indiqué dans le titre d’un de vos précédents ouvrages, montrer comment le capitalisme fut «  inventé » et qu’il n’est pas, contrairement à une idée répandue, l’aboutissement naturel de pratiques vieilles comme le monde. Vos études montrent plutôt, comme l’a dit Marx, que le capitalisme fut «  inscrit dans les annales de l’humanité en lettres de feu et de sang. » Dans ce livre, vous critiquez la notion d’Adam Smith de marchés équitables, harmonieux et efficaces. Vous affirmez au contraire que l’instauration du salariat s’est accompagné de violences et de coercitions pour imposer la discipline sur les lieux de travail. En quoi cela diffère-t-il des formes d’organisations sociales précédentes ? Pouvez-vous nous donner des exemples ?

MP : pour être juste, la capitalisme n’a pas été inventé dans un éclair de génie. Déjà dans les périodes pré-historiques, on procédait à des échanges de biens mais, évidemment, le commerce est une condition nécessaire mais insuffisante pour parler de capitalisme. Très tôt, les gens ont commencé à commercer, effectuant ainsi un premier pas vers l’économie capitaliste. Ensuite, les gens devaient faire face à des difficultés ou avaient besoin d’argent pour un mariage ou un enterrement. Incapables de rembourser leurs dettes, ils pouvaient se retrouver dans l’obligation d’entrer dans le monde du salariat. Cependant, le salariat à ce stade de développement ne représentait qu’une portion relativement faible de la population. Il y avait un mélange de salariat et d’esclavage en Grèce et à Rome, d’où le terme de prolétariat. Après la chute des empires, les seigneurs féodaux ont acquis beaucoup plus de pouvoir. La servitude a augmenté aux dépens du salariat. Plus tard, au fur et à mesure que la technologie moderne s’imposait, le pouvoir s’est déplacé de nouveau vers le commerce, souvent dans le sillage des nouveaux empires européens émergents.

La noblesse propriétaire terrienne a soit perdu du pouvoir, soit s’est intégrée à la révolution commerciale qui s’est ensuite transformée en une révolution industrielle. A ce stade, obliger les gens à travailler pour fabriquer des biens destinés au échanges internationaix est devenu une priorité. Marx a décrit ce processus comme une accumulation primitive, là où il a parlé de feu et de sang. J’ai repris ses travaux dans mon livre, The Invention of Capitalism, où je décris quelques unes des mesures radicales employées pour chasser les gens de leurs terres, où ils pouvaient subvenir à leurs propres besoins, pour les obliger à travailler pour un salaire. Les lois sur la chasse étaient particulièrement intéressantes. La légende de Robin des Bois illustre les mesures féodales prises pour protéger les réserves de chasse des aristocrates. Au début du 17ème siècle, ces lois sont tombées en désuétude. A la fin du siècle, lorsque le capitalisme moderne a commencé à surgir, ces lois ont été soudainement remises en vigueur. La chasse devint un crime capital. Au cours du siècle qui a suivi, ceux qui étaient punis en vertu de ces lois étaient expédiés vers l’Australie. Pendant ce temps, des hordes de chasseurs aristocrates étaient autorisées à traverser à cheval les terres fermières pour chasser le renard.

Dans les livres qu’ils ont publiés, les économistes de l’époque ont fait l’impasse sur les injustices liées à la mise en application des lois féodales sur la chasse, ainsi que les dégâts économiques considérables provoqués par les chasseurs. Au lieu, ils ont décrit l’économie comme le résultat de transactions volontaires entre des acheteurs et des vendeurs consentants. Loin des regards, ces mêmes économistes applaudissaient les déplacements des masses rurales qui fournissaient une nouvelle main-d’oeuvre au prolétariat émergeant. C’est ainsi que le capitalisme fut inventé, comme je le décris dans The Invention of Capitalism. Les premiers économistes ont décrit l’émergence du capitalisme comme un système volontaire qui profite à tous. Cette falsification historique, qui est au coeur de leurs analyses, fut une invention très originale.

CF : Votre dernier livre s’en prend au capitalisme dans sa propre logique : la création d’une méthode d’organisation de production efficace. Vous dites que c’est l’incapacité à la fois des économistes et des employeurs à prendre en compte de manière adéquate le travail, les travailleurs et les conditions de travail qui a étouffé l’économie. Mais vous dites aussi que ce n’est pas un accident. Pouvez-vous décrire les conséquences de cette dimension largement ignorée sur l’inefficacité des marchés ?

MP : Bonne question. Dans The Invisible Handcuffs ("les menottes invisibles" -NdT), j’essaie de montrer comment les économistes ont tenté de présenter le capitalisme comme un système de transactions volontaires, comme je l’ai dit plus haut. Dans un monde d’illettrisme généralisé et de communications coûteuses on comprendrait que les économistes s’en tirent avec un tel déni des réalités. Mais dans le monde moderne, réussir un tel exploit avec de telles inepties est une véritable prouesse. La théorie économique fait l’impasse aussi sur pratiquement tout ce qui qui a un rapport avec le temps. Par exemple, on considère qu’une entreprise a réalisé un investissement efficace lorsqu’elle achète du matériel résistant. Comment est-ce possible alors qu’elle ne sait rien des conditions futures de la demande, de la technologie ou de la concurrence ? La prise en compte de tels éléments rendrait impossible toute construction de modèles mathématiques. Comment peut-on évaluer avec précision le stock des ressources naturelles, comme le pétrole, alors que personne ne connaît précisément le volume des réserves, ni si des sources d’énergies alternatives feront leur apparition, ni si le rejet d’encore plus de carbone deviendrait trop dangereux à envisager ?

Ce que la théorie économique fait très bien c’est de créer un système idéologique efficace qui prétend prouver que tout ce qui est bon pour les affaires est bon pour tous. Selon ce schéma de pensée dans le cadre de transactions volontaires, les travailleurs acceptent d’entrer dans une négociation où ils échangent une partie de leurs temps de loisir en échange d’un salaire, qui est censé compenser le temps de loisir perdu. On ne tient aucun compte du contexte dans lequel la transaction se déroule. De ce point de vue, les conditions des travailleurs qui acceptent les conséquences mortelles d’un travail dans l’usine nucléaire de Fukushima ne sont pas différentes de celles d’un athlète grassement payé pour jouer à un jeu amusant. Ce qui manque aussi à ce tableau est tout ce qui a un rapport avec le travail, les travailleurs et les conditions de travail. La seule chose qui compte c’est la négociation du salaire. A l’instar d’un consommateur lambda qui veut acheter un produit le moins cher possible, les employeurs veulent acheter leurs employeurs le moins cher possible. Les syndicats sont donc perçus comme des entraves à cette négociation. En même temps, toujours du point de vue de cette transaction, ni les employeurs ni la société ne voient d’intérêt à cultiver le savoir-faire ou la créativité des travailleurs. Alors pourquoi ne pas démanteler les syndicats et le système éducatif ? La conséquence prévisible est que c’est la productivité qui souffre.

Les travailleurs traumatisés, selon le terme d’Alan Greenspan, peuvent souvent se révéler dociles, mais leur crainte de perdre leur emploi a de fortes chances d’avoir un impact sur leurs performances au travail. Mais la seule chose qui compte c’est de pouvoir acheter des travailleurs le moins cher possible, même si le résultat final de cet accord porte préjudice à la productivité, ainsi qu’à la société tout entière. Dans le livre, je décris le traitement hostile infligé aux économistes qui s’écartent de cette pensée. Cette attitude est en partie le résultat d’un comportement défensif de la part des universitaires qui veulent préserver la pureté de leur supposée science, mais je soupçonne qu’il y a aussi chez eux l’intuition que si l’on s’écarte de cette vision de transaction on finit par aboutir à Marx. Une partie de l’enjeu est l’effort déployé par les improductifs pour maintenir les relations de pouvoir. Une fois qu’un travailleur a été réduit à un simple moyen de production, les patrons peuvent croire qu’ils sont en place grâce à leurs capacités supérieures.

Cette vision est évidemment préjudiciable à la créativité des travailleurs. Dans un de mes exemples préférés, lorsque l’informatisation a fait son apparition dans l’industrie, une usine à papier a monté un système informatique ouvert à l’ensemble du personnel. Les travailleurs ont profité de leur accès à l’information et ont rapidement fait grimper la productivité. Voyant là une menace à son autorité, la direction a rapidement coupé les accès. Imaginez une équipe sportive - de basket ou de foot - où personne n’aurait le droit de faire quelque chose sans l’aval de leur entraîneur, où tout écart serait puni. Cela nuirait non seulement au jeu, mais aussi au développement des joueurs.

CF : Dans votre livre The Invention of Capitalism, vous défendez l’idée que l’économie est une idéologie déguisée en une science qui serait soutenue par des modèles mathématiques. Selon vous, prétentions scientifiques mises à part, la profession défend les intérêts des riches et des puissants au dépens de la vaste majorité des travailleurs. A contre-courant de l’idée dominante, vous montrez comment les intérêts des employeurs et des salariés sont fondamentalement en opposition. Au contraire, vous affirmez que ce que l’on pourrait appeler des «  menottes invisibles » aveuglent les travailleurs et les empêchent de percevoir comment le capitalisme à la fois limite leur potentiel et dégrade leur niveau de vie. Pouvez-vous nous expliquer cela ? Comment la profession des économistes, particulièrement au sein de l’éducation, a joué un rôle dans le renforcement du capitalisme ? Comment les présuppositions néoclassiques, comme les suppositions habituelles sur le comportement humain, différent des vôtres ?

MP : Permettez-moi de contester votre prémisse. Vous laissez entendre que les sciences économiques défendent les intérêts (perçus) des riches. J’ai mis des parenthèses pour suggérer que les économistes ne rendent pas vraiment service aux riches. Je suis convaincu qu’une société plus égalitaire améliorerait la qualité de vie générale, pas seulement celle des travailleurs. Selon toutes les mesures, la qualité de vie augmente avec l’égalité. Aux Etats-Unis, la profession des économistes évite de le mentionner par crainte de laisser entendre quoi que ce soit qui puisse contrarier les riches et les puissants, et elle s’applique une auto-censure sévère depuis plus d’un siècle. D’autres pays sont plus tolérants mais la diversité d’opinion reste relativement rare dans les milieux économiques partout dans le monde.

Un progressiste - sans même parler d’un marxiste - peut espérer trouver du travail dans le domaine de la critique littéraire ou même de la sociologie, mais ses chances d’enter dans un département universitaire sont plus que minces. On trouve quelques écoles d’art progressistes, quelques institutions jésuites, et une poignée d’universités publiques qui sont moins rigides, mais néanmoins relativement peu nombreux. Il y a eu une ouverture de courte durée dans les années 60, mais c’est fini depuis longtemps. De plus, la raideur (mortis ?) de la formation des économistes est très exigeante en termes de maîtrise des mathématiques et des statistiques. Même si un étudiant est déjà assez avancé pour réussir dans ces domaines, il ou elle devra encore trouver un professeur assez sympathique pour superviser un travail qui s’écarterait de l’idéologie dominante. Et même s’il finit par y arriver, la vaste majorité des départements d’université n’envisageraient pas de l’embaucher.

Je suis fasciné par le potentiel humain - ce que des gens inattendus sont capables de réaliser malgré les difficultés. Je crois que tout le monde a la capacité d’être le meilleur dans un domaine ; que le rôle de la société (pas seulement la famille ou l’éducation) devrait être d’aider les gens à découvrir cette capacité. Si une telle incitation à la découverte était répandue, les sociétés se développeraient. Les systèmes hiérarchisés empêchent ce genre de découverte et ont besoin de les éliminer à la racine.

CF : vous affirmez que la promesse de création d’emplois est la source de la rhétorique de pratiquement toutes les politiques économiques. Quelle a été son influence sur les responsables politiques et quelles ont été les conséquences ? Quel rôle ont joué les grandes entreprises ? Comment les changements dans l’organisation du travail, des travailleurs et des conditions de travail ont-ils affecté la qualité de l’emploi ?

MP : la rhétorique sur la création d’emplois pue le chantage. Donnez-nous tout ce que nous voulons ou le chômage s’aggravera. Mais si on examine la dernière décennie, les entreprises ont obtenu pratiquement tout ce qu’elles ont demandé mais sans créer beaucoup d’emplois. Pire encore, ce sont les entreprises les plus grandes qui ont été les plus efficaces à réduire le nombre d’emplois. De plus, les salaires en termes constants ont atteint leur apogée vers 1973. Les entreprises parcourent le monde, passent d’un pays à l’autre, en proposant de créer des emplois en échange de réductions d’impôts ou d’autres avantages. Parfois, les emplois ne sont jamais crées ; parfois ils le sont mais disparaissent peu de temps après.

CF : Alors que la contestation politique actuelle se concentre sur les concessions (particulièrement des syndicats) sur les lieux de travail et les attaques contre les services sociaux, comment l’économie sert-elle à obscurcir les relations de classe et les impulsions des marchés ?

MP : l’économie abstraite ne joue pas un grand rôle, ni dans les discussions sur les créations d’emplois ni dans les concessions et les restrictions qui se multiplient partout. Leur justification principale est que le marché, de par sa nature, créera toutes les conditions pré-requises pour une prospérité, à condition que rien ne vienne entraver «  la magie des lois du marché. » Les adultes ne devraient pas croire à la magie. Tant qu’il existera la possibilité de réduire les salaires et les avantages en délocalisant le travail vers des lieux où les gens acceptent de travailler pour quelques centimes de l’heure, il sera illusoire d’espérer un tsunami d’emplois décents et bien rémunérés, encore moins lorsque les entreprises obtiennent des réductions d’impôts pour faire jouer cette concurrence à l’emploi.

CF : En conclusion, où cela nous mène-t-il ? Combien d’économistes dans la profession, au sein du monde de l’éducation ou pas, sont confrontés à des idées progressistes ? Quel rôle joue l’éducation politique et la mobilisation ? Comment les universitaires, les militants et les syndicalistes pourraient-ils commencer à briser les chaînes de leurs «  menottes invisibles » ?

MP : Ca, c’est la question la plus difficile. Même Marx n’a jamais décrit les caractéristiques de sa société idéale. S’il a souvent recommandé des tactiques pour répondre à une situation particulière, il n’a jamais tracé de stratégie à long terme. Dans un sens, il n’avait pas le choix. Il tentait de rassembler des forces politiques disparates qui n’arrivaient jamais à se mettre d’accord sur quoi que ce soit. Certains de ses partisans allemands ont alors choisi de simplement attendre que la crise elle-même ouvre les portes vers une nouvelle société. Cent ans plus tard, cette stratégie d’attente tranquille devrait être totalement discréditée. La première étape pas est la plus facile, c’est le développement d’une critique approfondie du statu quo. Malheureusement, les radicaux ont été plus aptes à critiquer leurs analyses respectives qu’à travailler ensemble sur quelque chose dans lequel la population en général pourrait se reconnaître. Bref, la partie la plus facile est quand même difficile. Ensuite, nous devons être capables de communiquer une alternative. Suggérer simplement une idée abstraite du socialisme fait courir le risque d’être accusés de vouloir répéter les abus, réels ou imaginaires, de toute société qui se réclame du socialisme. Aujourd’hui, au milieu d’un vague d’austérité sadique, proposer une alternative devrait être plus facile que jamais, mais je n’ai pas constaté beaucoup de progrès dans ce sens. L’étape suivante est encore plus difficile. Les gens ont besoin de s’organiser d’une manière qui non seulement parle aux masses, mais leur donne aussi le sentiment d’avoir du pouvoir. Je n’ai pas proposé de programme précis, mais je pense qu’il serait utile de réfléchir, avant toute action, à comment celle-ci pourrait s’intégrer dans - ou gêner - ces étapes simples que je viens de proposer.

Carlo Fanelli, Michael Perelman

http://mrzine.monthlyreview.org/2012/fanelli050512.html

Traduction «  je crains fort d’avoir très mal négocié mon travail de traduction » par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles.

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