C’était lors de sa 3046e réunion, le 31 janvier 1992. C’était la fin de l’Union soviétique et avec elle la fin de la Guerre froide. C’était la fin de l’équilibre mondial assuré par la bipolarisation. La fin d’une époque. Le début d’une autre vers l’inconnu. En Algérie, presque simultanément, le 12 janvier 1992, et pour la première fois de son histoire, un président de la République, Chadli Bendjeddid, présentait sa démission. L’événement faisait entrer le pays, avant le reste de la planète, dans l’inconnu. C’est pourquoi l’importance de la 3 046e réunion du Conseil de sécurité n’avait pas été très remarquée par les Algériens.
Devant cette situation inédite, une présidence collégiale fut décidée avec la mise en place du HCE (Haut comité d’Etat). Cette nouvelle instance rappela dans l’urgence le président Boudiaf qui accepte, le 16 janvier 1992, de prendre la tête de l’Etat. Il fut assassiné cinq mois après, le 29 juin 1992. L’incertitude s’aggrava et le 26 août 1992, un attentat à l’aéroport d’Alger signa la déclaration de guerre du terrorisme contre notre pays. C’était le début de la décennie noire.
Le monde qui ne savait pas ou ne voulait pas savoir que ce phénomène ne visait pas seulement l’Algérie avait confondu notre lutte contre le crime international avec une « guerre civile ». L’isolement dans lequel nous avait placés cette interprétation de la situation était tout simplement horrible. Aucune aide extérieure. Plus aucun pays « ami ». Le seul réconfort vint de la Tunisie qui se refusa à fermer ses frontières. Aucun avion de lignes étrangères ne se posait à Alger. Et c’est ainsi que durant plus de 10 années, nos forces de sécurité ont affronté avec courage et détermination un fléau dont la vraie nature n’allait être découverte que le 11 septembre 2001. Il y eut ce jour-là, près de 3000 morts à New York. En Algérie, le même terrorisme avait déjà fait, en 10 ans, 200.000 morts. Et pendant que l’Algérie, sous la conduite du président Abdelaziz Bouteflika, finalisait la victoire militaire contre le terrorisme et ramenait la paix grâce à la Réconciliation nationale, le fléau continuait de se répandre à travers le monde.
Les proportions atteintes par ce crime transnational et le nombre de pays, surtout, y compris en Occident, qu’il mettait en danger furent à l’origine de la deuxième réunion, historique par son niveau, du Conseil de sécurité, après celle de 1992, qui s’est tenue mercredi dernier. Elle était présidée par le président des Etats-Unis, Barack Obama qui a déclaré à l’Assemblée générale que « le monde a atteint un point tournant entre la guerre et la paix ». Nous ne souhaitons à aucun peuple de vivre ce que nous avons enduré avec le terrorisme mais nous ne pouvons pas nous empêcher de rappeler que leurs dirigeants ont sous-estimé, durant trois décennies, le danger lorsqu’il s’est déclaré en Algérie.
Ceci dit, la résolution du dernier Conseil de sécurité est partielle. Elle tend seulement à réduire le recrutement des terroristes. 40 pays, selon Obama, se sont coalisés dans cette lutte. C’est plus que durant la Seconde Guerre mondiale. Cela reste, cependant, insuffisant car et comme l’a bien souligné, mercredi dernier, le journaliste du Washington Post, Richard Cohen : « La situation pourrait se compliquer même en cas de victoire sur les terroristes...les réserves de haine au Proche-Orient sont aussi importantes que celles du pétrole ». D’autres leviers sont donc en attente d’être utilisés. La communauté internationale est dans la bonne direction sans se donner tous les moyens. Parmi ces moyens se trouvent les médias qui relaient les actes et les vidéos des terroristes. Comme pour le paiement des rançons, il est indispensable de s’attaquer à la propagande terroriste. C’est son arme absolue !