Ernst von Freyberg, membre de l’Ordre de Malte et qui organise des pèlerinages au sanctuaire marial de Lourdes (France), a été sélectionné parmi 40, puis 6, puis 3 candidats, à la tête de l’IOR, l’Institut pour les œuvres de religion, institut financier unique au monde et auréolé de secret.
Cette nomination était attendue depuis longtemps, signe que le processus de choix a été délicat, dans un contexte de crise pour l’IOR.
Pendant ce temps, dans ses appartements, le pape de 85 ans continuait à recevoir, suivant un programme toujours chargé : des évêques italiens, le président roumain Traian Basescu, une délégation d’une organisation caritative du Benelux. Selon un rituel inchangé, d’après les journalistes présents à l’audience de M. Basescu.
Alors que le pontificat touche à sa fin et que le pape lui-même a fait allusion mercredi aux « coups » portés à l’unité de l’Église, cette nomination mettra-t-elle fin aux rumeurs autour des luttes de pouvoir au Vatican ?
La presse italienne assure que la question de l’IOR a continué jusqu’au bout de créer de fortes tensions entre cardinaux, en particulier autour du numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, fidèle de Benoît XVI.
Ces supputations « ne correspondent pas à la réalité » et il n’y a pas de « complots » au Vatican, a tranché le porte-parole du Saint-Siège Federico Lombardi.
L’ancien président de l’IOR, Ettore Gotti Tedeschi, avait été chassé de manière fracassante en mai dernier, révélant les luttes intestines concernant la gestion de la banque du pape : le règne de l’Italien, nommé en septembre 2009 pour aider le Vatican à rejoindre la liste des Etats « propres » respectant les normes contre le blanchiment (« white list »), avait été jugée déficient et négligeant.
Coïncidence troublante, son limogeage survenait au même moment que l’arrestation du majordome Paolo Gabriele, condamné ensuite pour avoir transmis à l’extérieur les messages confidentiels du pape, dans le scandale « Vatileaks ».
Si Benoît XVI a donné son aval à la nomination du baron von Freyberg, c’est un collège de cardinaux qui supervise l’IOR qui l’a nommé « à l’issue d’une profonde évaluation et d’une série d’entretiens ».
Selon le père Lombardi, le nouveau pape qui sera élu par le prochain Conclave en mars, « aurait été très surpris » d’hériter de ce lourd dossier, qu’ »il n’aurait pas suivi ».
L’IOR a été le théâtre de scandales retentissants, le plus grave impliquant en 1982 la loge maçonnique illégale (P2), la CIA et la mafia.
Son patrimoine est évalué à environ 5 milliards d’euros et ses clients sont les prêtres, religieuses, conférences épiscopales, fondations.
En juillet dernier, un rapport de Moneyval (groupe d’experts du Conseil de l’Europe compétent sur le blanchiment d’argent), avait estimé que les autorités vaticanes avaient accompli « un très long parcours en un laps de temps très court », mais que du travail restait à faire.
« Le pape ne connaît pas personnellement Freyberg, sa famille ne lui est pas inconnue, mais il n’est pas intervenu dans la nomination », a dit le père Lombardi, en soulignant que le président de l’IOR ne fait pas partie du « gouvernement » de l’Église universelle.
Avocat allemand, co-fondateur de la société d’investissements Daiwa Corporate Advisory Partners, il est depuis 2012 président du groupe de chantiers navals et d’ingeniering hambourgeois Blohm+Voss, et membre de divers conseils d’administration de sociétés, dont Manpower GmbH. Il sera à Rome trois jours par semaine pour s’occuper de l’IOR.
Le journal La Croix écrit aussi le 24 avril 2013 : Cette allusion, une première dans la bouche du pape *, a été très remarquée au Vatican. En effet, dans le cadre de la réforme possible de la Curie, notamment dans ses aspects financiers, des rumeurs circulent sur une refondation complète de l’IOR, victime de nombreux scandales financiers par le passé. Son ex-président, Ettore Gotti Tedeschi, licencié, officiellement pour incompétence en 2012, avait laissé des instructions précises à ses amis « au cas où il lui arriverait quelque chose ». Ces documents ont été dévoilés le 20 avril par certains médias italiens, dévoilant un contexte interne à l’IOR extrêmement tendu.
Le pape a conclu : « Quand l’organisation prend le devant de la scène, l’amour s’en va et l’Église, appauvrie, devient une ONG. Et ceci n’est pas le bon chemin. »
Source : http://www.la-croix.com/
* Actuel, donc.