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L’aliénation linguistique : encore une rasade

On reprend une petite rasade d’aliénation linguistique. Avec les cookies Granola.

On pourrait déjà commencer avec le mot cookie qui ne signifie rien d’autre que petit gâteau sec. Mais, soyons beau joueur, fair play : mettons qu’il soit entré dans la langue.

Dans tout le pays, des publicités vantent actuellement les cookies Granola. De LU. LU, ce fleuron de l’industrie alimentaire française passé (pour 5,3 milliards d’euros) sous la coupe de Kraft Foods, entreprise de l’Illinois. Principaux actionnaires : le fonds d’investissement Berkshire Hathaway, qui appartient à Warren Buffett (l’homme qui a gagné la guerre des classes), Barclays Global Investors, State Street Corporations et Capital World Investers (autres fonds). Dans une autre vie, LU signifiait Lefèvre Utile. La honte !

Je les ai goûtés. Ils ne sont pas mauvais du tout. Seulement, ils ne se différencient en rien des cookies d’avant. C’est pas bon pour le commerce, ça, coco. Il faut créer de la demande, du besoin. Mieux : du rêve.

Alors la publicité nous dit que les cookies de Granola (qui sont "extras", cela va sans dire) ont "des gros chunks de chocolat". Et comme, depuis Chicago, on sait qu’on s’adresse tout de même à des bouseux, à des fromages qui puent, on traduit chunks. Un astérisque renvoie à "pépites". Ah, "pépites" ! On se mange de l’or. En ces temps de disette, c’est chouette, non ? Seulement chunk n’a jamais signifié pépite. A chunk, c’est un morceau, plutôt gros : a chunk of metal, a chunk of wood : du métal, du bois. Et l’on rencontre ce terme principalement dans l’expression a chunk of bread : un quignon de pain.

Une pépite, c’est a nugget. Hé oui, nous avons tous les jours sous les yeux cette merveilleuse antiphrase : les nuggets de poulet, ces bouts de viande tout droit extraits de volatiles élevés en batterie.

Il y a quarante ans, Cavanna disait que la publicité rendait con et nous prenait pour des cons. Quand elle s’y met avec de l’aliénation linguistique à la clé, nous sommes cons au carré.

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Roberto Saviano. Gomorra. Dans l’empire de la camorra. Gallimard, 2007.
Bernard GENSANE
Il n’est pas inutile, dans le contexte de la crise du capitalisme qui affecte les peuples aujourd’hui, de revenir sur le livre de Roberto Saviano. Napolitain lui-même, Saviano, dont on sait qu’il fait désormais l’objet d’un contrat de mort, a trouvé dans son ouvrage la bonne distance pour parler de la mafia napolitaine. Il l’observe quasiment de l’intérieur pour décrire ses méfaits (je ne reviendrai pas ici sur la violence inouïe des moeurs mafieuses, des impensables tortures corporelles, (…)
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Thierry Deronne, mars 2014

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