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L’Algérie n’est pas l’Amérique et Bouteflika n’est pas Roosevelt

Le plus naïf des opposants reconnaît que le parti qui est soutenu par l’administration attire le vent dans ses voiles pour arriver au pouvoir. Les caisses de l’état sont pleines. Elles attirent les psychopathes politiques et opportunistes qui n’ont jamais cessé de chanter « c’est la vie de château pourvu que ça dure ». Pour effacer ce tableau lugubre et sombre et pour s’en sortir de cette impasse, le peuple doit choisir librement le candidat capable de gouverner le pays démocratiquement loin des clans et des psychopathes.

Dans mon univers, je ne suis pas un roi et mes étudiants ne sont pas des sujets. Un beau jour, nous avons essayé de nous amuser pour simuler la gouvernance chez les rois. Nous nous sommes mis d’accord pour jouer une scène qui traduit l’histoire du pouvoir et du roi. Mes étudiants jouaient le rôle du peuple et je jouais le personnage du roi. Les étudiants m’ont conseillé de mettre une corbeille poubelle sur ma tête pour monter que j’ai une couronne comme tous les rois. Le jeu était sérieux puisqu’il illustrait le travail d’un roi. Je commence ma fonction de roi par un discours « Tout va bien chez nous. Il fait beau au printemps et il neige en hiver. L’été est long et nos plages son magnifiques. Notre désert est splendide et son sous-sable nous nourrit. C’est la démocratie. Que la cérémonie commence dans la clarté et la transparence ! Peu importe l’individu que le peuple a élu comme roi. L’essentiel réside que les élues parmi vous doivent dicter chacune de ses positions. Toute déviation par apport à la ligne des intérêts de la nation est vue comme une défection de sa part. Cette défection doit être considérée comme une traîtrise au peuple qu’il a élu. En plus sérieux, c’est une trahison à nos martyrs » A la fin de ce discours historique, j’ai demandé à mes étudiants de m’expliquer si l’absurdité politique du roi reflétait bien l’intelligence d’un peuple qui applaudissait une corbeille poubelle sur la tête de son roi. Un étudiant avait le courage de dire comme Voltaire « L’ignorance est la gardienne des États bien policés ». Il me regarde et attend une réponse. Je lui demande s’il connait étymologiquement ce que veut dire le mot « balatadji » car je voulais nommer quelques étudiants pour jouer le rôle de mes baltadji. Il me répond : Balatadji est comme kahwadji. Kahwadji est celui qui prépare le café. Balatadji vient de « balate » qui veut dire la cour du palais royal en arabe. Baltadji est tout simplement le bouffon du roi qui anime par ses grimaces les veillées royales. Un étudiant plus intelligent que les autres me réplique « Je m’excuse, je ne peux pas jouer ce rôle. Je ne fais pas partie de la classe politique qui dit au corbeau, sans mentir vous êtes le phœnix des hôtes de ces bois. Il continue, comme toutes les absurdités, le « bouffonisme politique » suppose toujours une complicité du roi et ses balatadji, avec un tiers qui constate l’écart entre l’expression dans le discours et la pensée du roi ». Le silence régna pour un moment dans la salle de cours après la remarque pertinente d’un troisième étudiant « L’absurdité se développe dans la confusion et le chaos. Je vous mets en garde ! Quand l’absurdité touche la classe politique, les psychiatres ne trouvent ni le temps ni les méthodes efficaces pour soigner les autres. »

Je me regarde. Je m’interroge. Je m’explique et je leur dis « Même avec une corbeille poubelle sur ma tête, j’ai vraiment savouré, pendant un quart d’heure, le goût du pouvoir. J’ai beaucoup aimé les illusions dans le jeu du roi. Mais quand j’ai réalisé que mon étudiant voulait dire que le tiers est tout simplement le peuple ; j’ai juré de ne plus jouer au roi qui porte une corbeille poubelle sur la tête pour légitimer sa fonction de roi. »

J’ai raconté cette histoire et ses illusions à un ami psychiatre. D’après ses dires, certains politiciens présentent les symptômes de la psychopathie. Ils savent qu’ils sont illégitimes et jouent aux légaux. Pour résumer la situation dans nos partis politiques, ce psychiatre cite un passage d’une communication présentée dans une conférence « Si nous sommes administrés par des psychopathes, si nous travaillons avec des psychopathes, nos possibilités de devenir des psychopathes s’accroissent considérablement puisque le milieu de socialisation est fondamentalement psychopathique. Il est impossible de demeurer sain dans un milieu malade ».

Ce passage récapitule exactement les paroles d’un haut responsable du parti unique après les évènements d’octobre 1988. Ce responsable venait se soigner chez ce psychiatre. Ses remords l’obligeaient à reconnaitre que son despotisme administratif durant les élections était l’étincelle principale qui a provoqué l’explosion en 1988. Ce psychopathe utilisait le pronom « on » à la place de nous. A chaque consultation, il répétait la même phrase « on a poussé le peuple à la révolte ».

En contraste, le peuple arrive mal à comprendre les tournures politiques qui utilisent le pronom « On ». Nous avons appris à l’école que ce mot est un pronom indéfini neutre qui réfère à une ou plusieurs personnes, sujet de la phrase. Pendant la période socialiste, les algériens ont utilisé ce pronom pour pointer du doigt les gens qui décidaient à l’époque. Les gens disaient « On a ramené du fromage suisse à souk el fellah et aussi de têtes de pioches et des boulons de semi-remorques ». Qui a ramené ces produits ? Personne ne savait. Depuis, ce pronom indéfini remplace le pouvoir. Je pense qu’il est temps de définir le pouvoir.

Aujourd’hui le langage politique n’a pas tellement changé puisque certains chefs de partis utilisent souvent ce pronom indéfini. On a dit que Chakib est un corrompu…… On a pris au sérieux cette information. On a lancé un mandat d’arrêt contre Khelil ….. On a cru… On a arrêté sa poursuite…. Dans la confusion, le peuple pense que Chakib n’est pas Khelil et que Khelil n’est autre que Chakib. L’utilisation abusive de ce pronom indéfini pousse le peuple à ne plus faire de distinction entre l’expression « mandat d’arrêt » et la suite de mots « quatrième mandat » ou même un mandat télégraphique. Pour l’homme de la rue, un mandat représente une somme d’argent mise en transaction contre un service rendu ou un travail accompli. Pour éviter la confusion entre argent et pouvoir, j’utilise le mot quinquennat à la place du mot mandat.

Le troisième quinquennat du président Bouteflika va bientôt s’achever. Les feux d’artifices et les lumières vont peut-être annoncer le refus de ce dernier de renouveler la location d’El Mouradia pour un quatrième quinquennat. Espérons que l’image de Bouteflika et de Zeroual, s’échangeant les saluts et les sourires en 1999, va se reproduire dans le clame et le fairplay en 2014. Les youyous de nos femmes vont honorer le nouveau locataire. D’autres youyous vont maudire les opportunistes bouffons qui voulaient la prolongation du séjour de Bouteflika dans ce lieu.

De temps à autre, j’observe et j’écoute les invités politiques dans les débats. Des invités qui aspirent à la gouvernance d’un pays comme l’Algérie. Ils prétendent pouvoir remplacer Bouteflika. Ils aiguisent des petites phrases émoussées par les mensonges politiques. Ils fourbissent à peine les idées réalistes qui donnent espoir et confiance aux algériens. Certains parlent de projets de société et de programmes de gouvernance sans donner les moindres détails. D’autres soutiennent ou se cachent derrière le programme de Bouteflika. Le fond de teint politique fait sortir leur visage réel. La peau se maquille mais le cuir ne ment pas. Les candidats de haute gamme restent silencieux et gardent leur calme dans un « wait and see » à l’anglaise. Ils attendent la tranquillité après le cyclone……. Dans la période du faux, on voit le vrai.

Les tourbillons politiques font tourner les psychopathes dans une ivresse pour le pouvoir absolu. Les tornades des évènements ont ramené plus d’un Amar dans l’ignoble ; un Mekri noyé dans ses propre illusions ; un Bensaleh, un Allioui et un Sidi Saïd emportés dans une vague houleuse de soutient pour le quatrième quinquennat…….. La présidentielle est vraiment une bourrasque où les miraculés feront face à un sortant probable
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Cette idée nous permet de dire que le pouvoir en tant que puissance politique saine se représente par son existence dans une administration intègre et loyale. L’abus de pouvoir en tant que maladie politique se symbolise par le despotisme dans la gestion quotidienne des affaires des citoyens. La légitimité politique et la légalité de gouvernance ne sont pas reconnues par l’administration mais cela n’empêche pas aux citoyens de les respecter. De la même manière le fait de ne pas savoir que l’on agit politiquement comme un rêveur n’empêche pas certains de le faire volontairement d’une manière psychopathique pour ne pas dire officielle. Qui dit psychopathe politique dit affaires, corruption, crimes, drogue, spéculation mais dit surtout des personnes qui sont derrière ce type de business honteux.

La vision de vérité, de réalisme et de volonté manque quand nos responsables parlent politique. Certains comparent Bouteflika à Roosevelt. Cette comparaison est exagérée pour ne pas dire insensée. Roosevelt contracta sa maladie qui a paralysé ses membres inférieurs à l’âge 39 ans. Bouteflika a eu sa maladie à l’âge de 75 ans. Roosevelt cacha la dégradation de son état de santé pour pouvoir être élu. Il a été réélu quatre fois consécutives sans tripatouiller les règles de la constitution. Roosevelt a gouverné les Etats Unis à 51 ans. Il a servi les Etats Unis pendant 12 années. Il est mort président à l’âge de 63 ans sans terminer son quatrième mandat. Il est très utile de rappeler à nos politiciens qui font cette comparaison que Boumediene était président à l’âge de 33 ans. Il a servi l’Algérie pour une période de 13 ans. Il est mort à 46 ans.

Nous sommes en 2013, l’Algérie n’est pas l’Amérique et Bouteflika n’est pas Roosevelt. Aujourd’hui, l’Algérie vit une de ses crises politiques les plus graves. Après quatorze ans de gouvernance de Bouteflika, il me semble que l’Algérie des hommes braves et des femmes intrépides et audacieuses est devenue stérile. J’ai honte de dire que les algériens sont incapables de se mettre d’accord pour choisir librement la personne qui peut gouverner notre pays. Les intellectuels sont devenus une foule qui accepte la défaite. La classe élite regarde sans dire un mot. La catégorie des sages n’a pas le courage de dire la vérité. Notre justice se cherche dans des tribunaux sombres, sans lumières et sans microphones. Notre commerce boite dans les marchés parallèles. Notre industrie de production affiche le néant. Les usines bâties par des hommes à bras de fer crient au secours. Le chômage dévore la société et enveloppe les crimes. Notre système éducatif s’enfonce dans la médiocrité et l’inefficacité. Nos universités sont de véritables usines qui produisent des chômeurs bons à rien. La santé est absente dans nos hôpitaux. Nos malades traînent dans les hôpitaux étrangers. La drogue marocaine fait ravage. La prostitution est devenue un honneur. L’argent du pétrole est dépensé dans le non nécessaire ou dilapidé par des escrocs professionnels. Notre pays est en état d’urgence. Les algériens sont devenus des observateurs passifs. Que faire pour sauver l’honneur. Nous sommes tous responsables.

En Amérique les choses se passent autrement. Roosevelt est venu président après la crise de 1929. Ils a gérer la crise et n’a jamais baissé les bras pendant la seconde guerre mondiale. Roosevelt a mis en œuvre le New Deal. Un programme de relance de l’économie et de lutte contre le chômage. Il réforma le système bancaire américain, et fonda la sécurité sociale. Il a réussi à élaborer un nouveau mode de présidence, plus interventionniste et plus actif grâce à son équipe de conseillers de haut niveau dans le Brain Trust. Le Brain Trust est le groupe d’experts dans l’entourage de Franklin Roosevelt.

Chez nous les choses sont différentes. Notre Brain Trust se compose de Chakib, Tamar, Benachnou, Allioui, Sidi Saïd, Djeloul, Ghafour, les Amar et les autres. Non loin de ce Brain Trust, les troubadours chantent le refrain du quatrième quinquennat. Ils laissent à penser que le peuple préfère une dictature coutumière à la démocratie permanente. Ainsi, l’absence de bon sens va donner la possibilité aux troubadours de nous gouverner dans un pouvoir absolu pour les cinq prochaines années. Tous les ingrédients démontrent que ces cinq années ne vont être qu’une série de conflits, des discordes et des règlements de comptes entre les troubadours.

En conclusion : Le plus naïf des opposants reconnaît que le parti qui est soutenu par l’administration attire le vent dans ses voiles pour arriver au pouvoir. Les caisses de l’état sont pleines. Elles attirent les psychopathes politiques et opportunistes qui n’ont jamais cessé de chanter « c’est la vie de château pourvu que ça dure ». Pour effacer ce tableau lugubre et sombre et pour s’en sortir de cette impasse, le peuple doit choisir librement le candidat capable de gouverner le pays démocratiquement loin des clans et des psychopathes. Espérons que ce candidat va faire comme Roosevelt. Il s’entoure d’éminents économistes, d’universitaires distingués et d’officiers stratèges pour le conseiller pendant sa fonction. Ces experts doivent jouer un rôle important dans les décisions politiques et doivent mettre l’ensemble de leurs efforts autour de priorités : produire en Algérie et reconquérir une éducation de premier rang pour les jeunes algériens. Ces jeunes vont bâtir une nation de justice et de droit pour tous les Algériens. Que Dieu protège notre aimable partie des rois à la corbeille poubelle.

Omar Chaalal

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François Burgat sur RFI le 9 août 2016.

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