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L’ALBA : une alternative réelle pour l’Amérique latine.



De l’ intégration néolibérale à l’ intégration populaire et solidaire.




Risal, 17 mai 2005.


Les Etats-Unis d’Amérique sont actuellement et en tous points la première puissance mondiale. Avec un produit intérieur brut (PIB) de 11250 milliards de dollars par an [coquille sur le montant corrigée par la rédaction depuis la publication initiale de l’article - NDR], leur économie est de loin la plus développée du globe. Le pays qui les suit en terme de développement, le Japon, est 16 fois plus petit.

Evidemment, l’essor d’il y a des décennies, la force qui les a caractérisés depuis le milieu du XIXème siècle et qui a permis que le XXème puisse être considéré comme un « siècle américain », ont commencé à s’affaiblir. De nos jours, après la chute du camp socialiste en Europe, la présence nord-américaine hégémonique sur la planète est cependant incontestable, et sa monumentale force militaire ne laisse aucun doute : ils restent une puissance intouchable, bien plus encore qu’à l’apogée de la Guerre froide.

Mais leur économie a perdu son essor, et leurs stratèges le savent. Loin de pouvoir affirmer qu’il s’agit d’un « géant aux pieds d’argile », la tendance qui caractérise leur développement n’est néanmoins pas une force irrésistible. Sont apparus sur la scène d’une part, une Union européenne totalement remise des ravages de la Seconde Guerre mondiale avec un euro renforcé et, d’autre part, une Chine qui, avec une étrange combinaison de capitalisme et de contrôle étatique imposé par un parti qui se dit toujours communiste, apparaissent comme des pôles de plus grand dynamisme, avec un plus grand essor que les Etats-Unis et qui, sans aucun doute, commencent à leur faire de l’ombre.

Dans ce nouveau scénario, avec une économie qui a augmenté d’une manière disproportionnée en consommant 30 % de la production mondiale alors que sa population ne représente pas 5% du total mondial, la dynamique socioculturelle qui caractérise les Etats-Unis fait que, en dépit du ralentissement, l’accès au confort ne baisse pas, raison pour laquelle, en grande mesure, tout le pays entre dans un processus de lent mais irrémédiable effondrement, vivant chaque fois plus du crédit et dépendant de manière croissante de la richesse des autres (en termes de ressources matérielles et d’injection financière). Maintenir son hégémonie signifie pour Washington maintenir un niveau de vie qui n’est déjà plus soutenable mais qui se renforce - et qui continuera à se renforcer au moins à moyen terme - grâce à la logique de la force brute (lisez : de la domination impériale basée sur les guerres de domination).

C’est dans ce contexte, cherchant à créer des zones de domination qui leur permettraient de conserver leur rôle hégémonique, qu’apparaît la stratégie de la Zone de libre-échange des Amériques (ALCA, sigles en espagnol). C’est un projet géopolitique de Washington qui, même s’il débute par la création d’une zone de libre-échange pour tous les pays du continent américain, cherche en réalité à établir un ordre légal et institutionnel à caractère supra-national qui donnera au marché et aux transnationales nord-américains une totale liberté d’action dans leur déjà traditionnelle zone d’influence (leur arrière-cour latino-américaine).

De fait, d’importants pas ont déjà été faits vers sa réalisation : l"ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) fonctionne depuis 1994. Il s’agit d’un accord souscrit entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique et qui, en réalité, n’a bénéficié qu’aux premiers. En ce moment, en outre, le CAFTA-RD (traité de libre-échange entre les Etats-Unis, les pays d’Amérique centrale, et la République dominicaine) est en cours d’approbation. Ces deux traités sont les préambules à la souscription de l’ALCA en tant que mécanisme pan-américain.

Les pays qui y adhèreront devront « constitutionnaliser » les accords émanant de ce texte, voyant ainsi leur capacité de négociation affaiblie et se verront obligés de renoncer à leur souveraineté pour la mise en oeuvre de politiques de développement. Selon les déclarations très franches de Colin Powell, ex-secrétaire d’Etat de l’administration Bush : « Avec l’ALCA, notre objectif est de garantir aux entreprises américaines le contrôle d’un territoire allant de l’Arctique à l’Antarctique et le libre accès, sans aucun obstacle ou difficulté, à nos produits, nos services, nos technologies et nos capitaux dans tout l’hémisphère ».

En d’autres termes : un continent captif de la géostratégie de domination de Washington basée sur le pillage institutionnalisé des matières premières, des ressources naturelles, de la main d’oeuvre bon marché et précarisée et l’imposition de leurs propres marchandises dans la zone de domination du dollar. Evidemment, la dépendance est garantie également, en dernier recours, par les armes.

Les pays d’Amérique latine et des Caraïbes seront perdants après la libéralisation totale du commerce et des investissements instaurée par l’ALCA. Il s’agit à présent d’approfondir les processus d’ouverture et d’ajustement néolibéral des années 90 qui ont porté un dur coup à la production nationale. En exposant l’industrie et l’agriculture latino-américaines à la concurrence déloyale et injuste des Etats-Unis, ces deux secteurs entreront dans un processus de faillite et un nombre inestimable de postes de travail sera détruit. La pauvreté et l’exclusion sociale s’aggraveront.

Les négociations entamées au Québec en 2000 entre les différents pays du continent et visant à la mise en oeuvre de l’ALCA ont été entamées avec en toile de fond l’existence de différences abyssales, non seulement en termes économiques mais également en termes de niveau de développement.

Pour un projet de réelle intégration qui puisse être valide, il faudrait commencer par réduire ces inégalités immenses. Dans le cas contraire, il est impossible de négocier de façon équitable. Si les actions visant à améliorer les conditions sociales et productives ne se concrétisent pas, des pays aux caractéristiques très inégales seront traités de la même manière par l’imposition hégémonique des Etats-Unis. Ces pays se verront obligés à participer selon les mêmes règles en dépit de leurs insuffisances et de leurs faiblesses, ce qui en dit long sur la perversité en jeu dans la supposée « liberté » de commerce.

Etant données les différences économiques et sociales explosives et irritantes qui épuisent la région (l’Amérique latine est la région la moins égalitaire de la planète et présente la plus grande concentration de richesses dans les mains d’une minorité), s’impose dès lors l’impérieuse nécessité de renforcer et de rendre plus efficace le fonctionnement des Etats pour apporter une réponse aux multiples problèmes actuels.

Mais, dans les principaux accords de libre-échange qui sont en cours de négociation dans l’hémisphère, ce qui est proposé est de donner force de loi aux réformes libérales qui ont mis en péril des gouvernements démocratiques en sapant leurs bases sociales et politiques par l’appauvrissement encore accru de leurs populations. Sans un état régulateur efficace (comme dans les pays développés, entre autres aux Etats-Unis), il est absolument impossible de mettre en oeuvre des politiques cohérentes pour combattre la pauvreté, le retard et l’exclusion. Or, l’ALCA recherche précisément la quasi-extinction des Etats nationaux.

Sans aucun doute, les négociations en cours ne sont pas transparentes. On a affirmé et ratifié l’engagement d’organiser des consultations qui permettraient une plus ample participation de la société civile dans le processus de négociation du traité mais, jusqu’à présent, la transparence est très limitée. C’est seulement après une forte pression exercée par les sociétés civiles que le premier projet de négociations a été rendu public en juin 2001.

Le second l’a été quant à lui en novembre 2002. Ces deux projets montrent de grandes limites puisqu’il est impossible de savoir quels sont les pays qui introduisent quelles positions et quelles sont les positions de leurs gouvernements respectifs au sein de la négociation. De fait, les positions secrètes des représentants nient d’emblée toute possibilité de débat public, informé et démocratique. C’est précisément le coût nécessaire de la démocratie. Un tel amour du secret parle de lui-même sur le douteux avantage pour les grandes majorités de ce qui est en train de se tramer.

Le gouvernement des Etats-Unis se montre particulièrement pressé de mettre en place l’ALCA. L’urgence d’imposer cet accord se base sur la nécessité de profiter de la toujours faible intégration régionale et sous-régionale qui lui permet encore de jouir d’une relation influente, dominante même, sur les pays de la région. Le processus d’intégration latino-américaine et des pays des Caraïbes est aujourd’hui, pour différentes raisons, très fragile.

Cependant, la victoire et la consolidation de forces démocratiques progressistes dans des pays au grand potentiel économique tels que l’Argentine, le Brésil, le Venezuela, auxquels s’ajoutent d’autres pays où la gauche s’est imposée (Uruguay), peut s’imposer (Bolivie, Nicaragua) ou gouverne (Cuba), sont perçues par Washington comme la possibilité réelle qu’une région latino-américaine et caribéenne unie se constitue face aux forces hégémoniques externes. Et il s’agit d’une véritable menace pour le néolibéralisme qui domine toujours la pensée d’une bonne part des élites politiques et économiques de la région.

En plus du total déséquilibre entre les droits des investisseurs et les droits des Etats, il existe aussi un grand déséquilibre entre les engagements et les disciplines de nature mercantile établis dans le texte des différents chapitres de l’ALCA et les engagements mentionnés sur le terrain des droits humains, des droits du travail, culturels, environnementaux.

Tous les pays qui participent à la négociation de l’ALCA sont les signataires d’une vaste gamme d’accords et de traités internationaux dont la finalité est précisément la protection des droits humains et de l’environnement. Dans certains cas, les engagements assumés par un pays dans un traité ou un accord bilatéral, multilatéral ou global peuvent entrer en conflit ou en contradiction avec d’autres accords signés et ratifiés antérieurement. Y compris avec les droits du travail internes et les revendications des travailleurs.

En considérant que tout cela constitue l’essence véritable du mécanisme d’intégration que propose Washington, l’ALCA ne va pas apporter, ne peut apporter, un avantage pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

L’intégration traditionnelle se centre sur la libéralisation du commerce et des investissements. On accorde peu d’importance à la libre circulation des personnes, à la lutte contre la pauvreté et contre l’exclusion sociale. En finir avec ces injustices implique de corriger les asymétries et les différences entre les pays de la région. C’est -à -dire faire face de façon urgente à des problèmes tels que : a) l’échange inégal qui prévaut comme expression d’un ordre économique international injuste, b) les obstacles auxquels font face les pays en voie de développement pour avoir accès à l’information, aux savoirs et aux technologies, c) les disparités et les asymétries entre les pays du Sud et ceux du Nord, d) le poids de la dette externe impayable qui absorbe les fonds indispensables aux investissements publics ajouté aux ajustements imposés par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale contrôlés par les Etats-Unis et le grand capital mondial, e) les problèmes affectant la consolidation d’une démocratie véritable tels que la monopolisation des médias.

Par conséquent : si l’intégration se centre uniquement sur la recherche de bénéfices économiques pour les entreprises, aucun de ces aspects ne sera pris en compte et, par conséquent, l’intégration ne bénéficiera pas aux grandes majorités. Une intégration basée sur d’autres critères est dès lors nécessaire.


ALBA : intégration populaire et solidaire

Le développement humain nécessite une croissance économique durable et équitable, une plus grande égalité entre les hommes et les femmes et que les personnes participent aux décisions qui affectent leurs vies. Contrairement à ce qui a été répété à satiété par le discours néolibéral, la libération du commerce ne suffit pas pour obtenir automatiquement le développement humain. L’expansion commerciale ne garantit pas une croissance économique immédiate ni un développement humain ou économique à long terme. Et plus encore : la libération du commerce n’est pas un mécanisme fiable pour générer une croissance durable en tant que telle ni pour entamer une réduction réelle de la pauvreté. Les pays commencent néanmoins à démanteler les barrières commerciales, à mesure qu’ils sont plus prospères au niveau interne.

L’Amérique latine, depuis son indépendance (formellement le premier territoire libre de la région a été Haïti en 1804) a souffert d’interminables guerres civiles qui l’ont fragmentée, laissant la direction des sociétés aux mains d’aristocraties vernaculaires qui n’ont eu jamais la vision d’un bloc unitaire comme projet continental mais qui, au contraire, se sont enrichies au détriment de leurs peuples au sein de leurs géographies nationales limitées. Elles n’ont pas créé les bases de grands marchés internes et se sont alliées avec les différents empires du moment : hier avec la Grande-Bretagne, aujourd’hui avec les Etats-Unis. Le rêve d’intégration dort sous la poussière depuis deux siècles et les tentatives pour le concrétiser, pour des motifs très différents, n’ont jamais prospéré.

Selon des principes d’un véritable développement humain, en pensant non pas tant au dieu marché ni aux bénéfices des entreprises mais aux êtres humains de chair et d’os, aux populations qui souffrent, marginalisées, historiquement laissées pour compte, et en reprenant le projet de patrie latino-américaine commune défendu de façon éphémère au moment des indépendances acquises contre la couronne espagnole, face à la nouvelle initiative de domination de l’ALCA surgit donc la proposition de l’ALBA - Alternative bolivarienne pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Celle-ci a été présentée officiellement par le président vénézuélien Hugo Chávez Frà­as à l’occasion du IIIe sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’association des états des Caraïbes qui a eu lieu sur l’île Margarita en décembre 2001. Les principes recteurs d’une intégration latino-américaine et caribéenne basée sur la justice et la solidarité entre les peuples y ont été tracés. Comme l’annonce son nom, l’ALBA [aube, en espagnol, ndlr] prétend être une renaissance, le début d’une nouvelle ère radieuse.

L’ALBA se fonde sur la création de mécanismes visant à créer des avantages coopératifs entre les nations qui permettraient de compenser les asymétries existantes entre les pays de l’hémisphère. Elle se base sur la création de fonds compensatoires pour corriger les disparités qui placent en désavantage les nations les plus faibles face aux principales puissances ; elle accorde la priorité à l’intégration latino-américaine et à la négociation en blocs sous-régionaux en cherchant à identifier, non seulement des espaces d’intérêt commercial, mais aussi des points forts et des faiblesses pour construire des alliances sociales et culturelles.

La notion néolibérale d’accès aux marchés se limite à proposer des mesures pour réduire les barrières douanières et éliminer les obstacles au commerce et aux investissements. Le libre-échange entendu en ces termes ne bénéficie qu’aux pays qui ont un plus grand niveau d’industrialisation et de développement et non pas à toutes mais bien à leurs grandes entreprises.

Les investissements et les exportations pourront croître en Amérique latine mais si celles-ci sont basées sur l’industrie maquiladora [1]et sur l’exploitation extensive de la force de travail, ils ne pourront certainement pas générer d’effet multiplicateur dans d’autres secteurs. Il n’y aura pas un d’effet multiplicateur dans les secteurs agricole et industriel, pas plus que pourront être créés des emplois de qualité, emplois nécessaires pour en finir avec la pauvreté et l’exclusion sociale. C’est pourquoi, la proposition alternative de l’ALBA, basée sur la solidarité, tente d’aider les pays les plus faibles et d’effacer les inégalités qui les séparent des pays les plus puissants de l’hémisphère en cherchant à corriger ces asymétries.

«  Il est temps de repenser et de réinventer les processus affaiblis et agonisants d’intégration sous-régionale et régionale dont la crise constitue la plus évidente manifestation d’un manque de projet politique commun. Heureusement, en Amérique latine et dans les Caraïbes, il souffle un vent favorable au lancement de l’ALBA en tant que nouveau schéma intégrateur qui ne se limite pas au simple commerce mais qui se fonde sur nos bases historiques et culturelles communes et qui vise à l’intégration politique, sociale, culturelle, scientifique, technologique et physique ». Telle est la synthèse faite par Hugo Chávez du coeur de la proposition.

Le principe cardinal qui guide la mise en oeuvre de l’ALBA est une solidarité plus large entre les peuples d’Amérique latine et des Caraïbes se nourrissant de la pensée de Bolà­var, Martà­, Sucre, O’Higgins, San Martà­n, Hidalgo, Morazán, Sandino et de tant d’autres penseurs qui ont misé, sans nationalismes égoïstes ni politiques nationales restrictives, sur la construction d’une grande patrie (Patria Grande) en Amérique latine.

Pour de nombreux pays d’Amérique latine et des Caraïbes, l’activité agricole est fondamentale pour la survie de la nation. Les conditions de vie de millions de paysans et d’indigènes se verraient très affectées par une inondation de marchandises agricoles importées, même dans les cas où il n’existe pas de subvention du gouvernement fédéral des Etats-Unis. Il faut dire clairement que la production agricole représente beaucoup plus que la production d’une marchandise. C’est un mode de vie. Elle ne peut donc être considérée ni traitée comme n’importe quelle autre activité économique ou comme n’importe quel produit sans sa conception culturelle du monde qui lui correspond. L’ALBA, tente justement de récupérer ce point de vue.

Un autre grand dilemme imposé par l’ALCA est celui de la propriété intellectuelle. Les grandes entreprises transnationales s’affrontent aux pays du Sud, et particulièrement aux populations paysannes et aborigènes, en ayant réussi à imposer un régime obligatoire et mondial de protection de la propriété intellectuelle en accord avec leurs exigences, à partir de propositions formulées par les transnationales pharmaceutiques.

Ce régime protège ce en quoi les pays les plus forts ont un avantage, tandis qu’il laisse tout simplement sans protection ce en quoi les pays et les peuples du Sud ont un indéniable avantage : celui de la diversité génétique de leurs territoires et les connaissances traditionnelles des peuples paysans et aborigènes. Dans cette logique, dès lors, nous pourrions finir par manger, et payer, des tortillas, des tacos ou des empanadas de la marque Coca-Cola ou Walt Disney, brevetées à Los Angeles ou à New York. L’ALBA, qui vise à lutter contre la pauvreté des grandes majorités et contre les profondes inégalités et asymétries entre pays, constitue le point de départ pour aller à l’encontre de ces inéquités.

Le président Chavez a dit : « c’est seulement si un groupe de pays et de présidents se mettent d’accord et si, au cours des prochains mois, nous présentons des projets convaincants, transformateurs, alors il sera possible de participer à l’ALCA, bien que cette transformation puisse dériver vers un autre modèle. C’est au sein de cette vision transformatrice et alternative que nous avons eu l’idée de l’ALBA. Si l’on prend en compte les besoins de nos peuples et si des changements importants sont apportés au modèle présenté, alors oui nous pourrons aller de l’avant ».

Cette proposition en germe est très ambitieuse : en plus de créer l’ALBA pour intégrer l’Amérique latine, elle propose de créer un géant pétrolier latino-américain -Petroamérica-, qui pourrait devenir le fer de lance d’un ample processus d’intégration économique de la région en remettant sérieusement en question le monopole énergétique aux mains des grandes compagnies pétrolières, nord-américaines dans leur grande majorité. Le président Chávez, mentor de l’idée, considère que l’ALCA est un « projet destiné à voler la souveraineté des pays de la région », opinion partagée également par le président cubain Fidel Castro.

L’ALBA n’est pas encore bien définie. Il ne s’agit encore que d’un énoncé de bonnes intentions. Il faut développer plus profondément la proposition lancée par le mandataire vénézuélien Hugo Chávez - et qui pour le moment à le soutien de Cuba. Pour ce faire, il faudra que participent les pays intéressés les groupes de réflexion et les courants alternatifs d’Amérique.

Les bonnes volontés du monde entier pourront aussi contribuer. Réaliser un travail d’intégration entre pays afin de pouvoir bénéficier de nombreuses et intéressantes contributions à partir des expériences particulières. On peut prendre comme point de départ l’expérience des traités d’intégration régionale antérieurs, qu’ils aient ou non abouti, comme la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL), l’Association latino-américaine d’intégration (ALADI), le Service économique latino-américain (SELA), l’actuel Marché commun du Cône sud (MERCOSUR), entre autres. Il y a des travaux et des propositions élaborées qui admettent des modifications et des améliorations. Il y a des techniciens capables en quantité suffisante qui pourraient apporter des contributions intéressantes à cette proposition.

Nous insistons sur le fait que, pour le moment, il ne s’agit que d’une proposition, sans grands résultats politiques importants. Mais quelque chose commence déjà à bouger. De fait, l’ALCA, d’après le dessein original de Washington, aurait déjà dû entrer en vigueur en janvier 2005 mais la pression des peuples et des gouvernements « turbulents » a empêché qu’il en soit ainsi. De là l’urgence pour le gouvernement nord-américain de signer à tout prix des traités bilatéraux ou sous-régionaux (comme le CAFTA-RD) pour préparer l’approbation finale du traité. Il n’y a aucun doute que l’initiative de l’ALBA lui fait mal même s’il ne s’agit pas encore d’une réalité palpable aux profondes conséquences concrètes.

« Il existe une alliance de gauche et populiste dans la plus grande partie de l’Amérique du Sud. C’est une réalité que les politiciens des Etats-Unis doivent affronter et notre plus grand défi est de neutraliser l’axe Cuba-Venezuela », a récemment écrit Otto Reich, ex-secrétaire d’Etat adjoint aux affaires de l’hémisphère occidental dans un article intitulé « Les deux terribles d’Amérique latine » paru dans la revue nord-américaine de droite National Review, en référence au président vénézuélien Hugo Chávez et au président cubain Fidel Castro, et préparant ainsi les conditions pour discréditer la contre-initiative née dans ces pays.

C’est de nous tous, latino-américains et non latino-américains, que dépend la non prospération de cette proposition d’intégration néolibérale qu’est l’ALCA. Que ce soit l’ALBA ou quel que soit son nom, les peuples méritent une alternative différente et pas seulement misère et répression.

Marcelo Colussi


 Source en espagnol : Alia2 www.alia2.net/article4419.html, 30 mars 2005.

 Traduction : Anne Vereecken, pour RISAL www.risal.collectifs.net.

 Source : http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=1364




La pêche infructueuse de Bush à Mar de Plata, par Juana Carrasco Martin.


ALCA ? ZLEA ? FTAA ?<BR>
Quelques explications sur le projet néo-colonial US en Amérique

Oui à la vie.Non à la ZLEA. Une autre Amérique est possible.

L’aube vénézuélienne : ALBA contre ALCA, par Anne Cauwel.



[1Les maquilas sont des entreprises de sous-traitance, filiales de multinationales, faisant appel à une main-d’oeuvre non qualifiée. « maquila » est un terme d’origine arabe signifiant « portion de grain, de farine ou d’huile qui revient au meunier pour la mouture ». Ce terme est invariablement associé à une précarité du travail, à une absence de libertés syndicales et de négociations, à des salaires de misère, à des journées de travail interminables et épuisantes et - il faut le souligner - à l’embauche prioritaire de femmes. (ndlr)


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Honte à tous ceux à gauche qui ont tourné le dos à Assange. J’ai vu ce que vous avez fait, bande d’enfoirés.

Daniel Fooks

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