Samedi 3 mai 2003
Qu’est-ce que la ZLEA (ALCA) ?
ZLEA est l’acronyme du projet de "Zone de libre-échange des Amériques" dessiné par les secteurs des affaires et du gouvernement des États-Unis pour amplifier et renforcer leur domination sur les peuples et les pays du continent tout en consolidant leur hégémonie au niveau mondial. Le lancement officiel de la ZLEA s’est réalisé lors du premier Sommet des Amériques célébré en 1994 à Miami. Plus tôt cette même année entrait en vigueur l’accord de libre-échange nord-américain, l.ALENA. La ZLEA allait se charger d’étendre la portée de cet accord à tout le continent en excluant Cuba.
La ZLEA se négocie à travers 9 tables de négociations permanentes qui traitent des thèmes suivants :
Agriculture
Marchés publics
Investissements
Accès aux marchés
Subventions, antidumpings et droits compensateurs
Services
Droits de propriété intellectuelle
Politique de la concurrence
Règlements des différends
En général, chaque pays désigne un responsable pour chacune de ces commissions mais le gouvernement étasunien conserve néanmoins son hégémonie et domine les négociations. Jusqu’à l’année dernière, ces négociations sont demeurées secrètes. Grâce à la pression sociale et citoyenne exprimées lors du Sommet des Amériques d’avril 2001 à Québec au Canada, le brouillon de l’accord fut publié. Le programme des rencontres officielles annonce la prochaine tenue de la rencontre des Ministres du commerce à Quito en Équateur à la fin du mois d.octobre.
ZLEA : un projet néo-colonial
La ZLEA n’est pas qu’un accord commercial comme on tente officiellement de le présenter. Il s’agit en fait d’un projet qui répond aux aspirations et besoins économiques étasuniens. Les États-Unis et le capitalisme international traversent une crise financière et productive. Pour sortir de cette impasse, ils souhaitent imposer un nouveau patron d’accumulation du capital basé dans de nouveaux centres hégémoniques. Pour atteindre ce nouveau modèle, ils utilisent la guerre et la lutte contre le terrorisme. De plus, ils imposent une domination totale du continent pour contrôler le territoire, la richesse de la biodiversité, un marché de 800 millions de personnes, assurant ainsi aux entreprises nord-américaines un espace protégé de la compétition asiatique et européenne.
Le général Colin Powell, l’actuel Secrétaire d’État des États-Unis, signale clairement : "notre objectif avec la ZLEA est de garantir aux entreprises nord-américaines le contrôle d’un territoire qui va du pôle arctique jusqu.à l’Antarctique, le libre accès de nos peuples aux produits, services, technologie et au capital de tout le continent".
Si cet accord entre en vigueur, la souveraineté des pays et des peuples sera sérieusement compromise puisque sous les règles du jeu qui s’impose, le pouvoir de décision est transféré aux entreprises et aux investisseurs privés étasuniens. La sous-région demeurera condamnée à exporter des produits primaires et semi-manufacturés, laquelle implique une exploitation intensive de la main-d’ceuvre et des ressources naturelles et renouvelables et accentuera la réduction du contenu des exportations et importations. Il n’y a aucune exagération lorsqu’il est dit que la ZLEA est l’expression du néo-colonialisme.
Qu’est ce que la campagne continentale de lutte contre la ZLEA ?
Comment elle est apparue ?
La grande contradiction du projet de ZLEA est qu’en prétendant imposer des compromis "égaux" sans pour autant considérer les déséquilibres structurels entre les économies du continent, nous nous trouvons pour la première fois en face d’une menace qui affecte tous les secteurs sociaux et tous les pays de la région. Cet enjeux a donné naissance à l’Alliance sociale continentale (ASC)sous la prémisse qu’une autre Amérique est possible. C’est de là qu’est née l’idée de mettre sur pied une Campagne continentale contre la ZLEA comme l’expression concrète de l’articulation des forces et actions de lutte contre cet accord et de proposer la construction de modèles alternatifs d’intégration continentale fondés sur des principes de démocratie, d’égalité, de solidarité, du respect de l’environnement et des droits humains. Il ne s’agit pas d’une autre lutte mais d’une activité prioritaire au sein des luttes de chaque secteur et organisation.
Cette idée a été récupérée par une série de réseaux et de coordinations sociales et par des événements tels que la rencontre continentale contre la ZLEAcélébrée à la Havane en novembre 2001. C’est ainsi que le 4 février 2002, dans le cadre du Forum social mondial au Brésil, fut lancée la campagne continentale contre la ZLEA lors d.une marche réunissant 50000 personnes.
Objectifs de la campagne
La Campagne continentale contre la ZLEA a établi les objectifs suivants :
Bloquer la ZLEA
Défendre notre souveraineté nationale
Changer le modèle économique de la dépendance externe
Construire une alternative d’intégration populaire, et souveraine des peuples américains
En plus, il est question de donner une orientation générale à la Campagne en faisant les actions suivantes :
Prioriser cette Campagne, i.e. ne pas la considérer comme une autre activité
Développer les activités comme un processus permanent plutôt que sporadique
Stimuler les luttes populaires
Réaliser un travail intense d’information de la base sociale et du peuple
Lier cette lutte avec d’autres composantes de la stratégie néo-colonisatrice (la dette, le Plan Puebla-Panama, Plan Colombie etc)
– Objectifs spécifiques de la Campagne :
Conscientiser nos bases sur le danger que signifie la mise en place de la ZLEA, pour la survie des peuples indépendants
Réaliser un travail de base, permanent pour orienter et organiser le peuple
Réaliser des mobilisations de masses qui dépassent les intérêts corporatifs et qui attaquent le modèle économique en cours
Réaliser une grande consultation populaire pour consulter le peuple. Au Brésil, cette consultation se tiendra dans la semaine du 7 septembre et dans les autres pays, d’octobre 2002 à mars 2003
Réaliser des mobilisations avant et durant les rencontres des gouvernements qui négocient la ZLEA
Réaliser des luttes économiques contre les entreprises nord-américaines qui reproduisent ce modèle
Faire pression pour la réalisation d.un référendum officiel
Dans chaque pays, et au sein des différents secteurs et régions, tenter de réaliser toutes sortes d’activités tel que :
Réaliser des débats et des séminaires d’approfondissement
Campagnes médiatiques
Construction d’alliances sociales, les plus amples possibles
Profiter de tous les événements possibles
Activités de la Campagne
– Journées de résistance continentale contre la ZLEA
Les Journées de résistance continentale contre la ZLEA se tiendront sur tout le continent durant le mois d’octobre en ayant comme épicentre la ville de Quito en Équateur du 27 octobre au 1er novembre 2002, en parallèle à la rencontre des ministres du commerce de la ZLEA ( qui se tiendra du 31 octobre au 1er novembre).
Ces Journées de résistance visent à réaliser des actions pour freiner le processus de négociation de la ZLEA et empêcher les gouvernements de signer l’accord. L’objectif de ces Journées est de réaliser la plus grande mobilisation possible dans tous les pays en lien avec celles de l’Équateur.
Lors de la rencontre de coordination de l’ASC tenue à Quito les 26 et 27 mai dernier s’est constituée une coordination entre les organisations équatoriennes, andines et les réseaux continentaux, laquelle a émis un appel à la mobilisation en route vers Quito.
Activités dans tous les pays :
A partir du mois de juillet, il est suggéré que chaque pays réalise une . Semaine contre la ZLEA . lors de la dernière semaine du mois, question de concentrer les activités. Tout le mois d’octobre est réservé aux Journées de résistance contre la ZLEA. Deux moments importants marqueront ce mois : le "Grito de los excluidos continental".en qui aura pour thème central la lutte contre la ZLEA vers le 12 octobre ainsi que les événements à Quito entre le 27 octobre et le 1er novembre. Avant la semaine du 28 octobre, chaque pays organisera des mobilisations pour questionner la participation de leur gouvernement au processus de négociations.
Activités à Quito :
Les activités combineront des aspects de mobilisation et de résistance tout comme de réflexion et de débats politiques.
Le programme comprend :
27 octobre : ouverture politico-culturelle
28 : réunions préparatoires des réseaux, organisations et initiatives continentales et régionales
29-30 : Journées de débats : conférences, séminaires, ateliers etc
31 et 1er : manifestations publiques face à la rencontre des ministres du commerce
Consultation continentale
Entre le mois de septembre 2002 et mars 2003 se réalisera une Consultation populaire dans tous les pays du continent américain. Les modalités de cette consultation seront flexibles et déterminées dans chaque pays par les coordinations nationales de la Campagne continentale contre la ZLEA.
– Modalités : Chaque pays définira les moments et les modalités de sa consultation. Les modalités possibles :
Référendum (ex. Brésil) : réalisé sur une courte période (une semaine comme dans le cas du Brésil par exemple) pour le biais de votes individuels déposés aux urnes (i.e. sous la forme d’un vote secret) installées dans divers lieux publics. C’est la forme typique et l’idée originale issue du lancement de la Campagne.
Consultation générale (ex. : Mexique) : réalisée sur une plus longue période (dans ce cas du 12 octobre 2002 au 21 mars 2003) de façon continue au niveau national et/ou en divers moments dans des régions distinctes du pays, avec des modalités distinctes (urnes et tables dans les places publiques, assemblées sectorielles et communautaires etc) mais avec des journées nationales centrales, voire communes.
Consultations en assemblées sociales (ex. : Pérou)
Consultations d’organisations (ex. : Chili)
Sondages (ex. : Etats-Unis et Canada)
Éléments communs : malgré la flexibilité en termes de temps et de modalités, certains aspects demeurent communs à toutes les initiatives afin qu’il s’agisse bel et bien d’une campagne d’envergure continentale.
Objectifs communs :
Faire de la préparation, organisation et réalisation de la Campagne et de la consultation un instrument efficace pour :
Donner un saut qualitatif à l.information, la diffusion et l’éducation sur la ZLEA et ses conséquences pour la population en général, en commençant par les propres bases des organisations participantes ;
Améliorer les conditions pour l’organisation et la mobilisation des peuples de l’Amérique contre le projet néolibéral de libre-échange qu’est la ZLEA ;
Créer un mécanisme qui permette de faire entendre la voix et la participation directe de millions de personnes de tout le continent, gagner de la force, de la légitimité et de la représentativité sociale pour vaincre la ZLEA.
Crédibilité : la légitimité de la consultation repose sur la participation populaire. Il est fondamental de la doter d’éléments crédibles face à l’opinion publique, en respectant nos conditions et les limites de nos ressources. Ca implique, par exemple, d’utiliser des mécanismes d’identification des personnes consultées et des observateurs nationaux et internationaux du processus.
Question commune : la question suivante a été définie comme la question commune à toutes les initiatives de la consultation du continent de sorte qu’il sera possible d’en faire la somme au terme de l’initiative : Etes-vous en accord pour que votre gouvernement souscrive à la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) ?"
– Suivi des négociations
Malgré la suspension de la rencontre des chefs d’État et de gouvernements des Amériques prévue en avril 2003 à Buenos Aires, les négociations de la ZLEA continuent d’avancer. L’ASC réalise un travail de suivi des négociations dont les résultats seront diffusés périodiquement.
– Diffusion
La Campagne continentale contre la ZLEA s’accompagne d’un effort décentralisé de diffusion, de promotion et de sensibilisation basé sur les ressources et initiatives de chaque pays, en accord avec leurs besoins, réalités, symboles et langues locales.
Comme symboles communs au niveau continental se trouvent le slogan de la Campagne : « Oui à la vie. Non à la ZLEA. Une autre Amérique est possible", un logo en 4 langues, et une affiche des Journées de résistances qui peut être reproduite dans chaque pays.
Afin de faciliter la promotion et la diffusion de la Campagne, il s’est développé, à l’initiative de l’ASC, un outil d’appui continental (noalca@movimientos.org). Cette initiative vise à créer des espaces pour faciliter la communication et l’échange d’information et de ressources :
Ce site Internet , est un portail donnant accès aux autres sites et ressources de la Campagne
Bulletins électroniques sur le développement et le contenu de la Campagne de diffusion
Quelques produits et ressources communes : articles, éditoriaux, programmations, etc.
– Organisation de la Campagne
Le secrétariat de la Campagne continental contre la ZLEA est sous la responsabilité de :
Alliance sociale continentale -ASC-
sri_cut@uol.com.br.
Téléphone : (55 11) 3272 9411 ext. 136
Adresse : Rua Caetano Pinto, 575
CEP 03041-000, Sao Paulo, Brésil
– Comment participer à la Campagne
Contacter les responsables de la Campagne nationale de votre pays ou le Secrétariat (en français).
S’informer sur la ZLEA . Sensibiliser ses bases et l’opinion publique. Organiser des comités locaux de la Campagne. Participer à la Consultation populaire. Organiser des événements et mobilisations. Participer aux Journées de résistance de Quito.
– Source : La Gauche
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