« Il est impossible de continuer à penser à la désunion. C’est ce que souhaite le Nord : une Amérique latine qui ne s’intègre pas, qui continue à être dispersée. » Dans un message vidéo de soutien réunissant les encouragements des ex-présidents uruguayen José Mujica et dominicain Leonel Fernandez, le président argentin Alberto Fernández donnaient clairement le ton, vendredi 29 septembre, lors du lancement de la IXe rencontre du Groupe de Puebla, tenue dans la ville homonyme du centre du Mexique.
Lancé il y a maintenant quatre ans pour contrebalancer l’influence de celui de Lima – alliance aujourd’hui atone des gouvernements conservateurs de la région –, ce forum politique et académique composé de figures de la gauche latino-américaine a pu compter pour cette nouvelle réunion sur la participation de plus de 200 leaders politiques ou de mouvements sociaux, chercheurs et ex-chefs d’État, provenant de 21 pays.
« Transformer le panorama politique et économique de l’Amérique latine et des Caraïbes »
Mus par l’ambition de « transformer le panorama politique et économique de l’Amérique latine et des Caraïbes », ses membres ont échangé jusqu’à dimanche autour de thèmes tels que la création d’une monnaie commune, un nouvel ordre mondial fondé sur le multilatéralisme ou encore la consolidation du poids du continent dans le bloc du Sud – notamment à travers les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).
Entouré des ex-présidents Ernesto Samper (Colombie), Evo Morales (Bolivie), Rafael Correa (Équateur), José Luis Zapatero (Espagne) ou encore de personnalités comme le juriste espagnol Baltasar Garzón ou le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez, le président élu du Guatemala et invité spécial Bernardo Arévalo a pu compter sur une tribune pour dénoncer le « coup d’État en cours » dans son pays.
Parmi les nombreux autres invités, la vice-présidente du Venezuela, Delcy Rodriguez, a pour sa part reçu le soutien unanime de ses camarades progressistes pour condamner les blocus maintenus par Washington contre son pays, ainsi que Cuba.
Alors que le sous-continent affronte un panorama électoral sensible avec des élections présidentielles en Équateur et en Argentine dans quelques semaines, la déclaration finale de la rencontre a désigné « l’interventionnisme des puissances étrangères » – tout comme les politiques des institutions telles que le Fonds monétaire international – comme étant le principal frein à l’épanouissement de la démocratie dans la région.
Le document a aussi rappelé l’importance des droits des femmes, à une époque où nombre de forces politiques, voire de gouvernements progressistes continuent de s’opposer au droit à l’avortement dans la région.
Source : l’Humanité du 03/10/2023