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Irak : Les GI’s tirent sur l’ambulance, par Simon Petite.


Falluja, les preuves du massacre au phosphore.




Salam Ismael fait partie des « Docteurs pour l’Irak » spécialisés dans la médecine de guerre. A Genève, il a réclamé une enquête sur les attaques contre les hôpitaux et le personnel soignant.



Le Courrier, samedi 15 octobre 2005.


C’est une autre face de l’Irak que nous dévoile le Dr Salam Ismael. Celle de la guerre menée par ce qu’on nomme pudiquement les forces de la coalition. Des opérations qui se succèdent, on ne connaît que le nom. « Porte du fleuve » et « Poigne de fer » sont les dernières en date. Elles impliquent des milliers de marines US et visent - comme d’habitude - des repaires présumés d’al-Qaïda. « Les médias font une sélection. Ils ne répercutent que quatre ou cinq événements par jour. Il y a dix fois plus à raconter. » Salam Ismael s’en est donc chargé lors de sa tournée en Europe. A Genève, il était l’invité de l’association du personnel de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA).

Au moment de l’invasion de l’Irak, le jeune homme, aujourd’hui âgé de 29 ans, décide d’abandonner les bancs de la faculté de médecine pour pratiquer sur le terrain.

Avec une centaine de collègues, il crée alors les « Docteurs pour l’Irak »1, un Médecins sans frontières local. Leur spécialité : la médecine de guerre. Ils opèrent souvent sous tente. Jamais très éloignés du front, ils sont des témoins privilégiés du conflit irakien. M. Ismael pointe un doigt accusateur sur les troupes étasuniennes et leurs supplétifs irakiens. Le chirurgien raconte les raids contre les hôpitaux et les blouses blanches passées à tabac. Un des rares médecins sur place lors du siège de Falloudjah, il est hanté par cette ambulance immobilisée pendant quatre jours sous le feu des forces irako-étasuniennes. « Lorsque nous avons pu enfin l’atteindre, tous les blessés avaient succombé », relate-t-il.

« En Irak, les gens ont cessé de compter. Le ministère de la santé n’a jamais dénoncé les attaques contre son personnel. Et nous, nous documentons ce que nous pouvons. »
Et les insurgés ? N’ont-ils pas été accusés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans un réquisitoire signé par Amnesty International en juillet de cette année ? « Je n’ai pas connaissance d’ambulances ou d’hôpitaux visés par la guérilla », coupe M. Ismael.


Les hôpitaux, une cible

Le médecin irakien détaille l’assaut des marines contre l’hôpital de Haditha, en mai 2005. « Ils ont d’abord coupé l’électricité puis ont tiré à l’intérieur du bâtiment. Un patient a été tué et le dépôt de médicaments, qui approvisionnait tout l’Ouest irakien, a pris feu. Le 7 mai, un convoi US avait été attaqué à la bombe. L’hôpital a été touché. Les militaires ont accusé le personnel médical de cacher et soigner des terroristes. Tous les établissements médicaux de l’Ouest irakien ont été attaqués au moins une fois. »
Haditah, ville de 90 000 habitants, est l’une des places fortes de la rébellion. Fin août, un journaliste du Guardian a pu s’y rendre. Il a assisté à des châtiments corporels sur la place centrale. Des DVD d’exécutions publiques circulaient sur le marché, a rapporté le journal britannique.


Punitions collectives

De toute évidence, les forces étasuniennes ne contrôlent pas la région. Elle préfèrent y lancer des incursions. Selon le Dr Ismael, le scénario est alors toujours le même. Avec comme constante la punition collective de la population au milieu de laquelle s’est établie la guérilla.

« Avant d’investir Tall Afar (ville reprise par l’armée étasunienne à la mi-septembre, ndlr, lire aussi ci-dessous), les Américains ont obligé les habitants à quitter les lieux. Aux points de passage, les hommes de 20 à 35 ans ont été arrêtés. Les familles sont sans nouvelle. L’armée US affirme qu’elle ne détient que 16 000 prisonniers en Irak. Nous estimons leur nombre réel à 80 000 voire 100 000. Le CICR ne peut pas leur rendre visite, car officiellement ils n’existent pas. Les conditions de détention sont très dures. Mais, lorsque quelqu’un est arrêté, les proches remercient Dieu s’il a été emmené par des soldats américains. Avec la police irakienne, on a toutes les chances de retrouver le corps dans une décharge avec des stigmates de torture. »


« Nous donner notre chance »

Salam Ismael rentrera dans son pays après le vote référendaire. Il appelle les organisations humanitaires à revenir en Irak, car « les gens ont besoin d’aide maintenant et pas lorsque la situation se sera améliorée ». Une partie de sa famille est sunnite, l’autre chiite ; le médecin ne peut pas envisager une guerre civile. « En Irak, il y a tellement de jeunes capables et prêts à servir leur pays. Qui va leur donner une chance ? »


Le napalm a été rayé du vocabulaire du Pentagone, mais...


Les marines utilisent-ils du napalm en Irak ? Les allégations se font de plus en plus insistantes. Le quotidien turc de gauche Birgün a recueilli des témoignages de réfugiés qui ont fui la ville de Tall Afar, cible d’une offensive US à la mi-septembre. « Quand l’attaque s’est terminée, nous nous sommes rendus sur place et nous avons trouvé une centaine de cadavres littéralement carbonisés. Nous avons appris par la suite que les forces américaines avaient lancé du napalm », a raconté l’un de ces réfugiés. [1]

« Nous avons connaissance de ce genre d’informations mais sans pouvoir les confirmer », affirme Jonathan Pike, directeur de GlobalSecurity.Org, un institut étasunien d’études militaires. Nul doute, en revanche, que l’armée US a eu recours au napalm alors qu’elle marchait sur Bagdad au printemps 2003.
Le Pentagone avait d’abord nié affirmant avoir détruit tous ses stocks en 2001. Finalement, des officiers de l’US Air Force ont lâché le morceau.
« Nous avons bombardé au napalm les approches [d’un pont].
Malheureusement, il y avait des gens qui se trouvaient là . On pouvait les voir sur notre écran [dans le cockpit]. C’étaient des soldats irakiens. Ce n’est pas une super manière de mourir. Les généraux adorent le napalm. Cela a un grand effet psychologique », a détaillé l’un d’eux.

Le Pentagone a rayé le mot napalm de son vocabulaire. Le terme rappelle trop le Vietnam. Les militaires préfèrent parler de « bombes incendiaires ». Car, disent-ils, le mélange employé n’est plus tout à fait le même. « Cette distinction est stupide. Il s’agit bien de napalm », réagit M. Spike.

Les Etats-Unis ont également menti à leur allié britannique. Mais le ministre de la défense de Tony Blair ne l’a admis qu’en juin de cette année, soit après la réélection du premier ministre. D’où les interrogations de plusieurs députés sur d’autres bombardements présumés au napalm, notamment sur Falloudjah. Washington nie en bloc.

Par contre, l’armée US ne fait pas mystère de l’utilisation de bombes incendiaires au phosphore blanc. Cette substance est très toxique, même si les blessures infligées par le napalm - le kérosène brûlant colle à la peau des victimes - sont encore plus graves.

Le droit international n’interdit pas les armes incendiaires, il en limite le recours contre les seules cibles militaires. Mais les bombes au napalm ne sont pas précises.

Simon Petite


 Source : Le Courrier de Genève www.lecourrier.ch





Falluja, les preuves du massacre au phosphore.


Irak : « Femmes et enfants tués par les bombes au phosphore », témoignage d’ un marine, par Patricia Lombroso.

Irak : Détails d’un nettoyage ethnique soutenu par les USA, par Patrick Martin.

Irak : Moi, un marine tueur de civils, par Patricia Lombroso.

Irak : un soldat témoigne, par Derek Seidman.

« Je voulais seulement faire un stade de foot », le récit dramatique d’ Haj Ali al-Qaisi, le détenu encagoulé d’Abou Ghraib, par Lars Akerhaug.




[1L’article du quotidien turc a été repris par Le Courrier international du 22 septembre.


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