Je rejoins act dans sa critique du texte ci-dessus, dans la même veine idéologique que celui sur les musulmans de France.
Dupuis-Valder défend la colonisation blanche (française) et ses « bienfaits » mais néglige de donner des exemples à ce propos ainsi qu’à celui, ici sous-entendu, des relations entre les pays d’Afrique et la Chine/la Russie. Il serait bien sûr tout à fait pertinent de faire une critique de ces relations, ce qui requerrait un travail de recherche approfondi, mais l’auteur, abonné par ses courts pamphlets à la surface des choses, se contente de dire, implicitement, que leurs actions en Afrique ne sont pas meilleures que celles de la France... et que celles de la France n’étaient pas si mauvaises que celles que « l’opposition » (l’opposition à quoi ou à qui, on ne sait pas, les gauchistes, les « wokistes » probablement) veut faire croire.
Derrière les termes « partenaires majeurs », « partenaires étrangers », « ploucs incorrigibles » se cachent en réalité les Chinois. Mais encore une fois, cette absence de matériau de preuves tangible et ce manque de franchise dont on ne saisit pas vraiment d’où il vient, altère la lecture.
Idée saugrenue de Dupuis-Valder : celles et ceux qui critiquent la colonisation française seraient les mêmes que celles et ceux qui fréquentent le Club Med à Djerba ou les resorts africains et qui auraient de l’Afrique une vision de « touristes »... Démontrant ainsi que ce texte n’est qu’une tentative crypto-réac (exactement du même acabit que celle tentée par Lecteur dans son texte sur la laïcité) de retourner le sens des choses comme un gant. L’exemple, risible, selon lequel les touristes du Club Med seraient des gauchistes en est un, mais il y en a d’autres :
La vision de celui qui pense avec l’arrogance eurocentrique, abreuvé des récits les plus spectaculaires ou les plus misérabilistes, entretenant malgré lui la croyance tenace selon laquelle les peuples d’Afrique seraient anthropologiquement inaptes à l’autonomie
Ou comment une idée fondamentalement raciste devient une idée de gauche.
Pourtant, l’auteur de ce texte ne parvient pas lui-même à se départir d’une vision post-coloniale de l’Afrique, à savoir de la considérer comme un tout homogène, un continent sans disparités, sans particularismes. De même que l’image globale qu’il donne des migrants africains, annihilant ainsi l’histoire individuelle de chacun(e) d’eux/elles pour l’agréger dans un magma humain sous-éduqué et cupide. Pour moi qui ait eu l’honneur de travailler auprès de ces « migrants » d’Afrique (majoritairement soudanais d’ailleurs, mais de Côte d’Ivoire et de Mauritanie également) et d’ailleurs, de tendre l’oreille pour essayer de connaître un peu mieux leur histoire personnelle, cette vision est horriblement réductrice. Dupuis-Valder, en omettant les raisons fondamentales de ces migrations, les transforment en simples immigrants rêvant d’un avenir (financier) meilleur comme le furent les colons américains, laissés-pour-compte de la révolution industrielle en Europe.
Ce qu’il faut retenir des dits et non-dits de Dupuis-Valder, dont la réaction ressemble assez à la jalousie de l’amant fait cocu, c’est que les Français ne sont pas responsables de l’état actuel des pays africains. Peu importe qu’ils les aient soumis, pillés, puis qu’ils en aient été éjectés après s’être bien gardé d’en former les élites afin qu’elles gèrent leur pays mais seulement pour qu’elles y retournent travailler dans leurs intérêts politico-magouillo-économiques. Ce que lui appelle l’« esprit français humaniste », certainement :
à ceci près que l’« esprit français » exporté a au moins le mérite d’être une proposition humaniste
Il m’a fallu plus d’une heure pour écrire ce commentaire, comme les deux autres que j’ai rédigés sous l’article de Lecteur et qui n’ont toujours pas été publiés.