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Il était une fois en Macronie ... l’affaire Geneviève Legay

Commencé en novembre dernier, le mouvement des Gilets Jaunes occupe toujours, quatre mois et demi plus tard, la une de l'actualité hebdomadaire. Et pour cause. En cherchant à enrayer la crise tout en évitant d'y répondre, le gouvernement ne fait que jeter de l'huile sur le feu. Dans le même temps, en opérant constamment des changements de stratégie (apaisement, fermeté, pourrissement ...), il ne fait que complexifier la situation sur le terrain. Entre accalmies et regains de tensions ... les samedis se suivent mais ne se ressemblent pas. C'est dans ce contexte que survient, lors de l'acte 19, ce qu'il conviendra d'appeler "l'affaire Geneviève Legay". Retour sur un imbroglio en plusieurs actes.

Un mouvement un peu en perte de vitesse

Après le tumultueux acte 18, le gouvernement avait prévenu : pour l’acte 19, il allait y mettre les moyens. Il faut dire que l’acte 18 avait surpris tout le monde. D’un côté bien sûr, le mouvement n’était toujours pas terminé (il entrait quand même dans son 5ème mois de mobilisation), mais d’un autre, l’effectif des manifestants avait plutôt tendance à décroître au fil du temps. Quant aux sondages, ils semblaient montrer une lassitude de l’opinion publique face à la répétition des scènes de castagne et de casse. Une lassitude qui profitait pleinement au président Macron puisque pendant qu’il jouait la montre avec son grand débat, sa côte de popularité ne cessait d’augmenter. C’est d’ailleurs cette "stratégie du pourrissement" que semblait vouloir jouer le gouvernement, tant on pouvait parfois s’étonner de la facilité avec laquelle les manifestants les plus turbulents (Black Blocs et autres Gilets Jaunes) pouvaient rejoindre les cortèges de manifs puis commencer à tout casser, parfois à quelques (dizaines de) mètres seulement des forces de l’ordre. Une stratégie d’ailleurs corroborée par certains représentants de police eux mêmes, lesquels étaient venus expliquer sur les plateaux télé que les "consignes face aux casseurs n’étaient pas claires" (et même pour certains qu’ils "avaient ordre de ne pas intervenir") (1).

Un acte 18 explosif

Un mouvement en perte de vitesse donc, et du coup, un pouvoir qui commençait un peu à relâcher la pression. Macron au ski, Castaner en boite de nuit, et une flopée de ministres se succédant chez Hanouna pour expliquer les bienfaits de la politique gouvernementale. Merde alors ! Et les 4 mois de manif, et la consultation nationale, et les principales revendications des Gilets Jaunes (impôt sur la fortune, RIC), où en était-on ? Qu’est ce qui avait changé ? Á quoi tout cela avait-il bien pu servir ? Aucune annonce, rien ... juste un président continuellement en train de se mettre en scène à blablater (dans les écoles, au milieu d’ados ...).

Dans ce contexte, arrive l’acte 18. Et là, c’est le drame. Vitrines cassées, commerces incendiés (Fouquets, Swarovski ...), la capitale est sans dessus dessous et la stratégie du gouvernement se retourne alors contre lui. En conséquence de quoi, le président (rentré précipitamment du ski), demande à ses acolytes de prendre toutes les mesures qui s’imposent afin que cela ne se reproduise plus. Résultat : un préfet de police qui saute (le fusible du moment), la mise à contribution de l’armée (censée protéger les bâtiments publics, mais sans avoir à gérer directement les manifestants ...) et surtout, un durcissement des méthodes de police.

Une police qui va désormais "aller au contact"

Fini la fête, le gouvernement a désormais décidé de montrer les muscles. Tenu au courant du bordel en préparation pour l’acte 18 (renseignements, réseaux sociaux ...), Castaner annonce d’ailleurs dès la veille une "réflexion élargie", "dans les mois qui viennent", sur un "changement de doctrine de maintien de l’ordre" (2). Question : sachant que la doctrine actuelle consiste à "maintenir les manifestants à distance", en quoi consiste cette nouvelle doctrine ? Le ministre de l’intérieur nous explique tout ça quelques jours plus tard (entre l’acte 18 et l’acte 19), dans la foulée du limogeage du préfet de police de paris : nous avons "fait évoluer en profondeur" la doctrine de maintien de l’ordre ... "Nous avons défini une stratégie de mobilité, de contact, de réactivité, d’interpellation, en assumant les risques que cela comportait" (3). Une volonté de plus grande fermeté, avec des arguments quasi identiques à ceux qu’avaient avancé le premier ministre E. Philippe quelques jours plus tôt : "si nous avons une stratégie qui permet aux forces de l’ordre d’être plus mobiles, d’être plus dynamiques, d’être plus fermes, il y a plus de risques" de blessés (4).

Geneviève Legay ? Y a pas eu contact

C’est donc dans ce contexte de changement de stratégie, où la police est désormais chargée "d’aller au contact", que survient, lors de l’acte 19, l’accident de Geneviève Legay. Renversée lors d’une charge de police à Nice, la septuagénaire s’effondre, victime de plusieurs fractures au crâne et de 5 côtes cassées (5). Mais dès le lendemain, alors que Madame Legay est toujours hospitalisée et dans un état grave, le président donne le ton : "Cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre. Elle s’est mise en situation d’aller dans un endroit interdit, de manière explicite, et donc d’être prise dans un phénomène de panique." (6) Pas en contact avec les forces de l’ordre ? Tiens donc. Une argumentation absurde, qui est pourtant reprise dans la foulée par le maire de Nice ("Je sais que ce n’est pas dans un heurt avec la police" ... "je crois que ce sont des blessures superficielles")(7) et surtout par le procureur, lequel avance au passage quelques pistes :
il y avait derrière elle trois personnes, "un journaliste qui filmait, une autre manifestante et une autre personne à la casquette marron". "On ne voit pas qui la pousse" (8). Curieux, on dirait qu’on cherche un manifestant à qui faire porter le chapeau.

Qui pour porter le chapeau ?

S’ensuivront d’autres informations consternantes. Comme celle de ces street medics (médecins & secouristes portant assistance aux blessés lors des manifestations) d’abord empêchés de secourir Geneviève Legay puis finalement gardés à vue pendant plusieurs heures (9). Ou celle de ces journalistes empêchés (par la direction du CHU) d’accéder à la chambre de Geneviève Legay (malgré l’accord de cette dernière) (10), alors que des policiers avaient pu la visiter (avec des motivations plus ou moins claires) le lendemain même de l’accident (11). Mais la charge la plus lourde viendra des témoins mêmes de l’accident : de la victime elle même, tout d’abord, qui affirme avoir été poussée par un policier, mais aussi de divers enregistrements vidéos (12) et même d’un rapport de police reconnaissant une bousculade par "un homme portant un bouclier" (13). Des preuves accablantes obligeant finalement le procureur de Nice à revenir sur ses dernières déclarations (2 jours après l’accident, il déclarait encore qu’elle avait été poussée dans le dos par des manifestants (14)) et à chercher un nouveau coupable. Alors qui ? Macron ? Philippe ? Castaner ? Le préfet des Alpes Maritimes ? Le commissaire ayant ordonné la charge ? Non, non, juste un "policier isolé" qui en "écartant le bras de la manifestante vers la droite", a ainsi provoqué sa chute ... (15)

* * * * *

Quelque jours après que Castaner est venu vanter sa bonne gestion de l’acte 19 ("les consignes de fermeté" ont été appliquées" ... "les résultats sont là") (16), on apprend concernant "l’affaire Legay" qu’une information judiciaire est finalement ouverte pour "violence volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique (le policier isolé, ndr)". Ben ... et la nouvelle stratégie gouvernementale de "plus de contact" avec "plus de risque de blessés" alors, elle n’y est pour rien ?

Circulez, y a rien à voir. Mensonges, manipulations, lâcheté ... ça se passe comme ça en Macronie.

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COMMENTAIRES  

08/04/2019 02:06 par irae

Et il y a tellement de fusibles que le commissaire (dénoncé par sa base) le préfet et rantanplan peuvent dormir tranquilles.

08/04/2019 10:17 par Buffaud

Deux précisions : même si la "doctrine" des policiers a pu légèrement fluctuer avec le cours des événements, dès le début du mouvement il y a eu de très nombreux "contacts directs", c’est à dire en langage clair des violences policières inadmissibles, et cela ça s’est considérablement accentué depuis janvier et pas uniquement depuis l’acte 18. Quand à la mobilisation, doit on se fier aux médias ou au gouvernement qui annoncent un "mouvement qui s’essouffle" depuis le mois de décembre ?

08/04/2019 10:23 par Toff de Aix

On comprend mieux pourquoi les cognes se lâchent désormais systématiquement sur les photographes et les journalistes qui sont au cœur des cortèges : il s’agit de dissuader ceux qui ont pourraient contredire la version officielle, en gros "les fous furieux" gilets jaunes qui se jettent volontairement sous les matraques des courageux crs. Ils se ruent avec leurs yeux exorbités de malades mentaux sur les pauvres lanceurs de balles de" defense", qui n’ont d’autre choix que de les repousser avec vaillance en les éborgnant. Sans parler de ces pauvres bottes des vaillantes forces de "l’ordre", traumatisées de devoir piétiner tous ces faciès de factieux, fussent-ils ceux de mamies hystériques de 73 ans.

08/04/2019 15:26 par Assimbonanga

Je confirme ! Les photojournalistes sont victimes, eux aussi, des violences policières : https://reporterre.net/Les-photojournalistes-sont-victimes-eux-aussi-des-violences-policieres

08/04/2019 17:44 par J.J.

....un rapport de police reconnaissant une bousculade par "un homme portant un bouclier".....
Un homme portant un bouclier ? Et pourquoi pas un glaive et un pilum ?
On voit de tout à Nice, c’était peut être un figurant participant au tournage d’un péplum ou en retard pour le carnaval !

08/04/2019 18:23 par Roger

@Toff de Aix
Superbe envolée, quasi lyrique. Tout est dit en quelques phrases bien senties.
Désormais qui peut croire à la légitimité de cette pseudo démocratie , de ce pseudo Président, et d’un vrai ministre de l’intérieur tel que la tradition nous les a fait connaître, mais en plus "crasse", aux allures de voyou habitué des tables de Poker ?
Qui ne veut pas croire à la remarquable citoyenneté des Gilets Jaunes ?
A part les journalistes, éditocrates, sondeurs et intellectuels des "milliardaires", définitivement "brûlés". Il faut recenser leurs noms et leurs sorties médiatiques, pour ne pas avoir à les retrouver dans un quelconque système d’information avec une nouvelle veste. Et pas d’inquiétude pour eux, Ils retrouveront une place méritée dans les officines de com et de relations publiques (nov langue Orwellienne pour désigner les bureaux de propagande ).

08/04/2019 20:19 par babelouest

@ JJ
Les supposées "forces de l’ordre" n’ont pas de boucliers ? Vous n’avez jamais participé à des manifs ? Je n’en dirai pas plus....

09/04/2019 06:20 par Xiao Pignouf

@babelouest
Je crois que JJ vanne la périphrase du rapport, consistant à dire "un homme portant un bouclier" au lieu de dire un "CRS". Dans ce cas évidemment, on peut imaginer ce qu’il s’amuse à dire, c’est-à-dire un homme portant costume de soldat romain ou bien de chevalier. Cordialement.

09/04/2019 09:43 par J.J.

@ Babelouest
Je suis naïf, je sais, mais je n’ignore pas que les forces, prétendues de l’ordre, utilisent des boucliers. Il m’est arrivé parfois d’en rencontrer de près (avec, ou sans bouclier, à une époque ils n’en étaient pas encore pourvus).
D’ailleurs, ce n’est pas le bouclier qui m’a fait réagir, mais un homme !
Il faut appeler le choses par leur nom, un homme armé d’un bouclier,dans nos rues, au XXI ème siècle, ça s’appelle un flic !

09/04/2019 12:29 par Buffaud

Dernier rebondissement de l’affaire, révélé par Mediapart : la policière chargée de l’enquête sur madame Legay est ... la compagne du flic mis en cause ! Comme ça, ça reste en famille. Il ne manque plus que Benalla et la boucle est bouclée.

09/04/2019 20:08 par mediacideur

Bien rigolé avec votre commentaire JJ

..un rapport de police reconnaissant une bousculade par "un homme portant un bouclier".....
Un homme portant un bouclier ? Et pourquoi pas un glaive et un pilum ?
On voit de tout à Nice, c’était peut être un figurant participant au tournage d’un péplum ou en retard pour le carnaval !

merci. En ces temps salopards le rire est tout ce qui nous reste.

Merci aussi aux "précisions" nécessaires de Buffaud, un peu au-dessus.

Quant à ceci :

Dernier rebondissement de l’affaire, révélé par Mediapart : la policière chargée de l’enquête sur madame Legay est ... la compagne du flic mis en cause ! Comme ça, ça reste en famille. Il ne manque plus que Benalla et la boucle est bouclée.

du même Buffaud, qu’on se rassure, c’est pire : c’est carrément à la meuf du commissaire principal qu’est confiée l’enquête sur les agissements du commissaire principal... Voyez plutôt

Pour finir, et histoire de se remonter le moral : Aude Lancelin la dirlo du seul media encore regardable aurait démissionné selon RT toujours

09/04/2019 21:12 par irae

Voui la compagne du donneur d’ordres. Même qu’il paraît que celui qui a diligenté l’enquête ne le savait pas. Soit il nous prend vraiment pour des demeurés, soit il est trop occupé à rechercher les affreux gilets jaunes et à les châtier ou alors les deux.

10/04/2019 11:18 par babelouest

@ JJ
(un peu d’humour dans ce monde où il y a encore plus de truands que de brutes (mais ils sont planqués derrière celles-ci)
IIl y a aussi les hommes avec le bouc lié, parce qu’ils ne sont pas encore passés chez le barbier, et qu’ils se prennent les pieds dedans.

Bonne journée amis !

10/04/2019 12:08 par mediacideur

Dans L’Huma interview de l’avocat de Geneviève Legay :

Selon les révélations de nos confrères de Mediapart lundi soir, la commissaire divisionnaire chargée de l’enquête dans l’affaire Geneviève Legay, cette militante d’Attac blessée le 23 mars dernier lors d’une manifestation à Nice, n’est autre que la conjointe du commissaire Rabah Souchi, responsable des opérations policières ce jour-là et fortement mis en cause pour avoir ordonné de charger les manifestants. L’avocat de la militante pacifiste dénonce une « affaire biaisée » par un enchevêtrement de conflits d’intérêts structurel et personnel et le rôle trouble de l’hôpital dans cette affaire.

La commissaire chargée de l’enquête est la compagne du commissaire chargé du maintien de l’ordre le 23 mars dernier. Comment réagissez-vous ?

ARIÉ ALIMI Je trouve cela absolument tragique. C’est révélateur de ce que sont les enquêtes pour violences policières avec un traitement qui porte en lui, structurellement, un conflit d’intérêts. Mais ici c’est le paroxysme : le conflit d’intérêts structurel se double d’un conflit d’intérêts familial. Le procureur avait connaissance de ce lien, il l’a reconnu, mais considère que ça n’est pas un problème. C’est dramatique. Pourtant, les articles 1 et 2 de la loi du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique sont clairs : les « personnes chargées d’une mission de service public » doivent veiller à « faire cesser immédiatement tout conflit d’inté-rêts ». Ce dernier est constitué par « toute situation d’interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou à paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif d’une fonction ». Ici, la fonctionnaire chargée de l’enquête est la compagne du commissaire Souchi, mis en cause dès les premiers instants pour avoir ordonné cette charge. Ce conflit d’intérêts personnel aurait dû être déclaré par la fonctionnaire de police, par le commissaire Souchi, par les autres policiers qui enquêtaient, mais également par le procureur, qui aurait dû mettre le holà immédiatement ! Mais visiblement, il y a ici une volonté délibérée d’empêcher la manifestation de la vérité, voire de lui donner un autre tournant...

Vous pointez un autre conflit d’intérêts, celui lié à l’hôpital...

ARIÉ ALIMI L’hôpital a un rôle particulièrement étrange dans cette affaire alors qu’il compte au sein de son conseil d’administration Christian Estrosi (maire de Nice – NDLR), qui s’est publiquement exprimé sur cette affaire pour soutenir les forces de l’ordre. Dès le lendemain des faits, l’hôpital a permis aux fonctionnaires de police d’interroger Geneviève Legay, alors qu’elle est sous haute dose de morphine, avec plusieurs fractures du crâne et un hématome qui continue de couler dans son cerveau. Des fonctionnaires de police se succèdent à son chevet, non pas pour l’interroger gentiment, mais pour recueillir des aveux sur son lit d’hôpital, on peut parler d’une forme de torture. Pour lui faire avouer quoi ? Que ce n’est pas un policier, mais un journaliste qui serait à l’origine de sa chute... Fort heureusement, Mme Legay a du caractère et, même dans un état d’affaiblissement important, elle leur a clairement dit que
ça n’était pas vrai et cela figure sur le procès-verbal. L’hôpital considérait pourtant qu’elle n’était pas en état de répondre à des ques-tions, puisqu’ils ont refusé de laisser rentrer les journalistes requis par Mme Legay ! Ils ont également fait obstacle à la venue de son avocat, ma photo figurant sur le portable des vigiles de l’hôpital, ils étaient censés m’empêcher de rentrer. On a vraiment assisté à un hôpital prison, ordonné par la direction liée au maire de la ville, visant à empêcher que Mme Legay ne s’exprime à l’extérieur.

Pour votre confrère Adrien Verrier, avocat du policier mis en cause, dès lors que l’enquête n’a pas été classée sans suite, c’est la preuve qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts...

ARIÉ ALIMI Il suffit de regarder la chronologie et la réalité du fonctionnement de l’enquête, cela ne tient pas. On a, au contraire, un procureur de la République qui a tout fait pour empêcher la manifestation de la vérité. Il faut rappeler qu’il a volontairement refusé d’ouvrir une enquête préliminaire, malgré nos demandes réitérées. S’il l’avait fait, l’IGPN aurait été saisie automatiquement. C’est une volonté délibérée de garder l’enquête au sein des services policiers et d’empêcher un regard objectif. C’est uniquement grâce aux révélations de la presse que l’enquête a continué, puisque, dans ses premières déclarations, le procureur affirmait que ce n’était pas un fonctionnaire de police qui était à l’origine des blessures de Geneviève Legay.

Ce conflit d’intérêts est-il l’erreur d’un homme (le procureur qui a nommé cette enquêtrice) ou révélateur d’un système plus large ?

ARIÉ ALIMI C’est les deux, comme souvent. Il y a d’abord une logique de système, avec une impossibilité pour l’État mis en cause de reconnaître la réalité même des violences policières. Il suffit d’écouter les déclarations de MM. Castaner et Macron pour qui il n’y a pas de violences policières dans un État de droit. Au-delà de ce problème structurel, nous avons ici un problème niçois avec un État dans l’État. Les témoins ont peur, j’ai même reçu des appels de fonctionnaires de police, choqués par ce qui était arrivé à Mme Legay, effrayés au simple fait de parler. Cette omerta ressemble à l’atmosphère de la mafia sicilienne. C’est une logique de réseau, de clien-télisme. On peut parler de logique mafieuse quand on voit le fonctionnement du pouvoir niçois, les liens entre le maire, le préfet des Alpes-Maritimes, le procureur de la République, qui a sur le dos une enquête du parquet national financier pour corruption et trafic d’influence. À Nice, j’ai été reçu comme un ennemi par les juges d’instruction. La greffière a refusé de prendre la constitution de partie civile, je n’ai jamais vu ça en seize ans de carrière, jamais. C’est pour cela que je demande le dépaysement, pour une justice apaisée. Comment laisser cette enquête dans les mains d’un procureur qui a menti à la population française et qui a eu connais-sance des conflits d’intérêts sans rien faire ?

Comment va Geneviève Legay aujourd’hui ?

7ARIÉ ALIMI Elle se remet doucement, mais il y a eu une forme de dissimulation de l’hôpital Pasteur-2. Quand ils ont annoncé dès le lendemain qu’elle était dans un état stable, en réalité son hématome sous-dural continuait à s’épancher. Cette hémorragie dans la boîte crânienne a continué pendant une semaine. Ils ont refusé de le dire. Elle aurait pu en mourir. Aujourd’hui, fort heureusement, l’hématome s’est arrêté, mais ça a créé une pression intra-crânienne qui lui fait perdre l’usage de pas mal de sens : elle voit trouble, a perdu l’audition d’une oreille et l’odorat. Le nouvel hôpital où elle a été transportée (hier – NDLR) lui a découvert une fracture du coccyx. Les blessures sont bien plus graves que ne le laissaient entendre les déclarations de l’hôpital. De telles blessures, pour une femme de 73 ans, auraient pu lui être fatales.

10/04/2019 19:28 par eris

une précision,
la principale revendication des gilets jaunes est : "avoir de la bouffe dans le frigo pendant un mois complet"
est-ce trop demander à un pays riche comme la France ???
ne perdez pas de vue cette revendication car avant l’ISF,avant le RIC,pour ceux qui risquent de se faire déboiter la gueule par des forces de l’ordre(de quel ordre s’agit-il ?)zélé au possible,c’est ce qui les mobilisent...
heu...sinon à la base les flics sont des gardiens de la paix...mouhahaha...

11/04/2019 09:15 par Assimbonanga

"avoir de la bouffe dans le frigo pendant un mois complet"
Tout le problème est de savoir d’où doit venir la ressource.
Du salaire ? Donc du patronat.
Ou tomber du ciel ? Donc de ce qu’ils nomment "état providence".
Et là, c’est flou...
On a un problème sur les cotisations sociales que le petit patronat rechigne à sortir de ses comptes. Le petit patron productif paie le prix fort s’il a besoin de personnels nombreux alors que les banques (exemple) font travailler des ordinateurs qui ne paient pas de cotisations alors qu’elles dégagent des profits bien plus importants qu’un petit industriel local.

11/04/2019 19:54 par eris

@ assibonamga
ce qui compte c’est le carnet de commande,tout est lié,pas d’investissement,des réclamations d’aides,de baisses de charges etc...
jamais vu autant de boites réclamer de la thune,sont-ils dans le monde réel de l’entreprenariat ?il n’empêche que toutes ces pleureuses exploitent les travailleurs en se servant à outrance de la nouvelle loi travail donc grand,petit patron ils n’en n’ont rien à foutre si leurs salariés n’arrivent pas à boucler les fins de mois.
je dis une chose,tu crées quelque chose,ça ne marche pas ? ben dépose le bilan et fait autre chose parce que hein ? il y en a marre de cette sois disant création d’emploi que si je ferme...bla bla l’on oublie de dire les emplois de merde que cela est

11/04/2019 19:57 par mediacideur

Nice matin, ou le journalisme de préfecture à fond la forme...

11/04/2019 22:41 par Assimbonanga

@eris, oui, il y a beaucoup d’ASSISTANAT aux entreprises. Je trouve aussi. Grosse spécialité ici chez Wauquiez, Auvergne-Rhône Alpes.
Des grosses scieries ont bouffé les petites. Résultat plus moyen d’avoir du bois à façon, faut l’acheter à la grande surface ! Tout sans dessus dessous !

12/04/2019 19:16 par alain harrison

Bonjour.

Une enquête publique sur les violences policières.

13/04/2019 19:04 par bostephbesac

La compagne du policier violent qui "enquête" sur l’ affaire . Mieux vaut en rire !

Et n’ oublions pas ce qui est arrivé à Marseille, le 1er décembre : un véritable crime qui n’ est pas prêt d’ être puni !

14/04/2019 10:36 par Assimbonanga

Il me semble que, a minima, charger un attroupement alors que la chaussée est hérissée de plots dépassants est une grossière erreur d’appréciation.
Geneviève Legay n’aurait pas chuté ni heurté le plot avec sa tête si la charge de police s’était produite sur un lieu plus approprié.
Ça tombe sous le sens, non ? C’est regrettable et très bête. Comme beaucoup d’actions humaines malheureusement.

14/04/2019 11:28 par babelouest

@ Assimbonanga
Il semble que Geneviève Legay n’ait pas heurté un plot, mais un objet contondant (bâton ou autre) arrivant à vive allure avec l’intention de faire mal. C’est tout simplement criminel. Certains membres de la police seraient-ils là en vue de lâcher impunément leurs tendances assassines ? Il n’est pas étonnant de noter que parmi les forces de l’ordre il y ait des heurts entre ceux-là et les autres qui se considèrent au service du peuple. Entre les loups et les chiens de bergers, en somme.

Il est loin, le temps où sur les fourgons était indiqué "Police secours"....

Maintenant, ce serait plutôt "Voilà la police, au secours !"

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