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Haïti, «  diplomatie d’affaires ou diplomatie d’affairisme »

«  On a toujours l’impression de ne pas être au bon endroit à Davos, qu’une réunion plus intéressante a lieu quelque part dans un hôtel, et que c’est la qu’on devrait être. Comme si le vrai Davos se déroulait en secret quelque part ». (Steve Case, fondateur de AOL)

La chaudière de la politique haïtienne ne cesse de bouillonner tout au long du mois de janvier. D’après tous les indices, le mois de Février se coulera dans le même climat. Entre-temps, les rumeurs les plus folles circulent a flots dans le pays et la diaspora d’Haïti sur cette épineuse affaire de nationalités multiples. L’exécutif semble, en apparence, bien sur, ne s’en foutre pas mal.

Pendant la fin du mois de janvier, six membres du gouvernement se trouvent à l’étranger. Le ministre des affaires étrangères, Laurent Lamothe, se trouve en France accompagné du ministre du tourisme, Mme Stéphanie Balmir, celui du commerce, Mr Wilson Laleau, et de la coopération externe, Mr Herve Day. Sans oublier le chef de cabinet de Mr Lamothe, Ady Jean Gardy, et du directeur général, Mr Nixon Myrthil. Tout ce beau monde était à Paris à la tête d’une forte délégation, incluant de nombreux hommes d’affaires haïtiens, conduite par le chancelier Laurent Lamothe. D’un autre coté, le ministre de l’agriculture, Herve Docteur, se trouvait au Salvador et Costa Rica et le premier ministre en république Dominicaine. Donc, 6 membres de l’exécutif parcouraient les artères du monde presque simultanément.

Le président lui-même, toujours dans sa tradition de pigeon voyageur, était en Suisse, à Davos, pour participer au 42e forum économique mondial. D’après un article d’Andrew Ross Sorkin publié dans «  courrier international », dans lequel l’auteur a amplement expliqué le système mis en place incitant à débourser fort pour se frayer une place là -bas (courrierinternational.com). Un séjour à Davos est particulièrement exorbitant. De façon très modérée, ce voyage du président Martelly doit coûter dans les 3 millions de dollars américains. En échange de quelles retombées ! Steve Case, le fondateur de l’AOL, confia à Andrew Ross Sorkin que «  on a toujours l’impression de ne pas être au bon endroit à Davos, qu’une réunion plus intéressante a lieu quelque part dans un hôtel, et que c’est la qu’on devrait être. Comme si le vrai Davos se déroulait en secret quelque part ». Le président Martelly, a-t-il été au vrai Davos ?

A Davos, le président entendait faire la promotion d’Haïti en implorant les investisseurs à venir exposer leur argent dans le pays. Il n’y a rien de mal dans la démarche de convaincre qui de droit à introduire des capitaux frais dans l’économie stagnante du pays. Cependant, les investisseurs ne sont pas des donateurs, ils investissent leurs capitaux dans l’unique fin d’accumuler le maximum de profits possibles. Martelly compte les persuader en donnant l’assurance de la justesse de son plan à combattre la corruption, à partir d’un prétendu schéma mis en place pour éliminer ce fléau. Ce que le président ignore, le capitalisme n’est pas vertueux, puisque sa fonction première est de faire de l’argent, d’autant que «  Le capitalisme a pris naissance dans le sang et la sueur ».Donc, les investisseurs ne s’intéressent pas vraiment au discours pompeux de lutte contre la corruption. Il faut de préférence une autre stratégie, celle-la ne marchera pas. Ainsi, Cette semaine, les autorités Birmanes décident d’accorder aux investisseurs étrangers 8 ans d’opération dans le pays sans payer de taxes. Voila ce que les investisseurs veulent entendre, pas des chignons ou des bonnes intentions.

Sous couverts de «  diplomatie d’affaires », tous les ministres du gouvernement haïtien font le tour de la terre. Ma grand-mère, feue Hernoce Clé, parlerait d’un gouvernement «  laviwon dede ». L’administration de Martelly respecte la tradition comme tous les autres gouvernements avant lui. C’est-à -dire, avant d’accéder au pouvoir il avait vilipendé tout le système de fonctionnement de l’état, juste pour mieux le reproduire à son tour. C’est typiquement le politicien. L’exécutif actuel opère par des slogans. Aujourd’hui, ce qui est sur toutes les lèvres en Haïti, c’est une question de «  diplomatie d’affaires ». On le répète si souvent, parfois on se perd sur la vraie signification du thème pour le gouvernement haïtien. Spécialement Laurent Lamothe, chancelier haïtien, mais se comportant plus souvent en premier ministre. Lorsqu’on considère les sorties internationales et les communications publiques du chef de la diplomatie haïtienne, on se rend compte de plus en plus qu’il a instauré

La politique étrangère du gouvernement haïtien n’est pas bien inspirée et ne relève en soi aucun temps fort haïtien conformemnt a l’histoire nationale. C’est la mendicité qu’on n’a jamais fait l’expérience auparavant. Le discours du chancelier est routinier. Il n’y a aucune substance spécifiquement émanée d’une pensée haïtienne. C’est le verbe dans toute sa vacuité. C’est ce qui arrive quand on catapulte dans la diplomatie un revendeur de téléphones. Il se déplace quand il faut consolider. Il s’exprime quand le silence est nécessaire. Il rit quand il faut être serein. En filigrane, il est frappé par la luxure de l’ignorance. Car, en dépit de tout, «  la diplomatie reste une science bourgeoise ». Elle a une forme, un couloir, une langue et surtout de l’élégance. La vocifération ou la tempête est anti-diplomatique.

La diplomatie d’affaires n’est pas efficace sans industrie, production, banques etc. D’ailleurs, l’initiative est boiteuse au départ. On ne peut initier une politique profonde pareille sans l’organisation de plusieurs conférences ayant pour objectif d’harmoniser tous les secteurs liés aux affaires en Haïti. Ensuite, il faut un personnel diplomatique approprié. Donc, il faut introduire cette nouvelle politique dans les moeurs des traditionnels diplomates haïtiens qui battent tous les records de l’inaction. Marcel Duret, l’ancien ambassadeur d’Haïti au Japon, fut le seul exemple digne d’un diplomate actif qui coordonnait activités officielles d’état et quête d’investissements pour Haïti en une unité stable et harmonieuse. Ou est il ?

Laurent Lamothe n’est pas qualifié pour conduire la diplomatie haïtienne. Il occupe la fonction du fait qu’il fut le principal financier de la campagne électorale et ami personnel du président. De douteuse réputation, ce qui est commun à tout affairiste, Laurent Lamothe n’inspire pas confiance. Il n’a pas l’expérience nécessaire qu’exige la triture diplomatique. A dire vrai, il a beaucoup voyagé dans le monde, mais c’était pour écouler sa marchandise téléphonique. Le placer au sommet de la diplomatie haïtienne est une aberration.

D’ailleurs, Cheik Yerim Seck, un Sénégalais a décrit Mr Laurent Lamothe comme «  Cet Haïtien de 39 ans, installé dans un château à Cape Town, qui se déplace en Maserati dans les artères de cette station balnéaire sud-africaine et voyage en jet privé… ». Un homme habitué avec un train de vie pareil, très orienté vers le business, placé à la tête de la chancellerie haïtienne est un jeu dangereux. Probablement, s’est il placé dans cette position pour récupérer l’argent investi dans son poulain lors des élections présidentielles ? L’avenir dira le reste !

Pour écrire ce papier, je me suis entretenu avec un vétéran de la diplomatie haïtienne. Pour lui, aujourd’hui la diplomatie haïtienne n’existe pas. On a tout simplement une bande d’affairistes et de coquins qui ont kidnappé la chancellerie haïtienne. Parlant de Laurent Lamothe, il dit : «  qu’il n’a ni le look, ni les pas d’un diplomate ». Pour lui, nous vivons un période temporaire d’une grande pitié internationale due au tremblement de terre qui ravagea le pays en 2010. Cette période terminera bientôt, la real politique internationale resurgira. Ajouter a tout cela, il y a la dure réalité de l’économie mondiale. Ce diplomate pense que les accapareurs gagneront gros, mais la tradition dessalinienne de la diplomatie haïtienne souffrira pendant des années.

Ces «  rookies » de la politique ignorent la réalité internationale dans laquelle vit le pays. Haïti est un état toujours en guerre depuis la proclamation de l’indépendance, il y a 208 ans. Ils négligent les balises léguées par les pères fondateurs de la nation. «  Le pays de Jean Jacques Dessalines et d’Alexandre Pétion doit être du cote des faibles et des persécutés ». Donc, nous sommes hérité d’une mission sacrée. L’abandonner c’est nous aliéner, c’est disparaître. Il n’y a pas de miracles en histoire. Il y a un destin irréversible. On peut le ralentir, mais jamais l’arrêter. Ce discours est trop compliqué pour les assoiffés de richesses matérielles faciles. Ils couvrent le roi d’un manteau de mendiant, et ses pas restent ceux d’un souverain. Haïti survivra !

La stratégie de la diplomatie des affaires de Lamothe est simple, embrigader des investisseurs en Haïti. Par contre, il n’a rien offert en termes de substance, si ce n’est l’avantage que procure la loi HOPE a faciliter l’entrée au marché américain. Qu’en est il de nos artisanats, notre peinture primitive/naïve, nos plages, nos arts plastiques etc. ?

Les multiples voyages à l’étranger des membres de l’exécutif exaspèrent plus d’un dans le pays. Cette «  diplomatie d’affaires » mal conceptualisée et structuree fait tourner la tête dans le pays. Des interrogations pleuvent sur les réelles intentions de Laurent Lamothe. N’est-t-il pas entrain de promouvoir lui-même en guise d’Haïti. Le voyage a Davos était il nécessaire, quand il a coûté plus de 3 millions de dollars aux haïtiens. De toute évidence, Laurent Lamothe n’est pas l’homme de la situation, lorsqu’il pense pouvoir tout transformer en marchandises. Y compris l’âme précieuse d’Haïti. Peut être c’est le temps de demander a l’équipe dirigeante de cesser toutes activités et de remettre les clés.

Joël Léon

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Je n’ai aucune idée à quoi pourrait ressembler une information de masse et de qualité, plus ou moins objective, plus ou moins professionnelle, plus ou moins intelligente. Je n’en ai jamais connue, sinon à de très faibles doses. D’ailleurs, je pense que nous en avons tellement perdu l’habitude que nous réagirions comme un aveugle qui retrouverait soudainement la vue : notre premier réflexe serait probablement de fermer les yeux de douleur, tant cela nous paraîtrait insupportable.

Viktor Dedaj

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