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Guérilla en Colombie : la fin et les moyens, entretien exclusif avec Rodrigo Granda des FARC-EP.








solidaritéS, 5 septembre 2007.


Entretien exclusif avec Rodrigo Granda.



Le 24 juillet dernier, à la Havane, notre journal a obtenu un entretien exclusif avec Rodrigo Granda, membre de la Commission internationale des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie-Armée du Peuple (FARC-EP), enlevé au Venezuela par la police secrète colombienne, incarcéré, puis sorti de prison à la demande de Nicolas Sarkozy. Il permet de mieux comprendre les positions de ce mouvement politico-militaire très controversé qui combat le régime de l’oligarchie colombienne, soutenu par les Etats-Unis, depuis 43 ans.



Question : Les FARC se considèrent comme un mouvement politico-militaire qui mène une guerre sociale insurrectionnelle contre l’Etat colombien. A ce titre, les FARC capturent des policiers, des soldats, des officiers et des mercenaires. Les FARC ont également décidé de séquestrer des personnalités civiles représentatives de l’appareil d’Etat colombien. Enfin, elles ont enlevé aussi des civils dont la libération a été conditionnée au payement d’une rançon. Si personne ne peut contester qu’une armée emprisonne des combattants adverses, comment les FARC peuvent-elles justifier l’incarcération de civils ? Ne pensent-elles pas que de telles pratiques tendent à les isoler de larges secteurs de l’opinion publique colombienne opposés au gouvernement ?

Rodrigo Granda : Effectivement, les FARC-EP sont un mouvement politico-militaire usant du juste droit à la rébellion contre un Etat qui pratique une démocratie de façade. Nous répondons à une guerre qui nous a été imposée par les hautes sphères du pouvoir colombien. Durant des décennies, le terrorisme d’Etat a été utilisé comme méthode d’extermination contre nous et notre peuple. Dès lors, et tout le monde le sait bien, une telle guerre a besoin de financement. Ce conflit nous a été imposé par les riches de Colombie : ils doivent donc financer cette guerre qu’ils ont eux-mêmes déclenchée. C’est pour cela que les FARC capturent des personnes, libérées en échange d’une somme d’argent qui est de fait un impôt. Cet argent est destiné au financement de l’appareil de guerre du peuple.

Comme vous le savez, nous parlons de la construction d’un nouveau pouvoir et d’un nouvel Etat. En Suisse, en France, ou aux Etats-Unis, si quelqu’un ne paie pas ses impôts, il va nécessairement en prison. Le nouvel Etat que nous sommes en train de forger a décidé le paiement d’un impôt pour la paix. Cela signifie que toute personne physique ou morale, demême que les entreprises étrangères qui sont établies en Colombie et réalisent des bénéfices supérieurs à un million de dollars par an, doivent s’acquitter d’un impôt pour la paix représentant 10% de leurs gains. Les débiteurs sont informés qu’ils doivent entrer en discussion avec les responsables financiers des FARC et acquitter cette somme. Si ces personnes ne le font pas, elles sont alors arrêtées et emprisonnées jusqu’à ce qu’elles aient effectué leur paiement, avec lequel nous assumons les charges du nouvel Etat, construit et dirigé par les FARC, agissant comme armée du peuple.

Evidemment, au cours des opérations militaires, les FARC capturent des officiers, des sous-officiers, des policiers et des soldats - actuellement détenus comme prisonniers de guerre. Dans ces affrontements, il arrive aussi que l’ennemi capture des prisonniers de notre bord qui, après des jugements sommaires et truqués, purgent des condamnations très lourdes dans les différentes prisons du pays. Malheureusement, cela est normal dans le contexte de la guerre. Quoi qu’il en soit, dans un conflit aussi aigu que celui de la Colombie, il est possible que certaines détentions de civils ne soient pas bien vues par la population de manière générale. Néanmoins, nous considérons qu’en ayant publié la loi 002, selon laquelle certaines personnes et entités économiquement puissantes doivent payer l’impôt pour la paix, nous les avons dûment avisées et qu’elles peuvent entrer en discussion et régler leur situation dans les délais impartis. Si nous obtenons cela, il est indubitable que les arrestations diminueront.

Quant au fait que cela nous éloigne de la population civile, cela se peut, mais ne va sûrement pas être déterminant, parce que de larges secteurs de la population colombienne savent parfaitement que généralement, les FARC-EP ne détiennent que des personnes économiquement solvables. Il ne s’agit, en aucune manière, de détenir des gens au hasard. Concernant les prisonniers de guerre, nous les gardons en prévision d’un échange humanitaire, que nous espérons très proche. Nous n’oublions pas de tenir compte du fait, qu’en Colombie, la justice et les juges spéciaux imposent de fortes condamnations à de nombreux guérilleros et guérilleras arrêtés - qui ont eu la chance de ne pas être assassinés lors de leur capture - : ces condamnations équivalent pratiquement à des emprisonnements à vie. Car dans notre pays, la justice est une justice de classe et s’applique comme telle : ceux qui font usage du juste droit à la rébellion sont condamnés comme « terroristes » ou « auteurs de séquestration » : les sentences contre les révolutionnaires oscillent entre 40 et 80 années de prison. Ainsi, l’impôt est une nécessité dictée par la situation actuelle de guerre que vit la Colombie. Nous voudrions ne détenir aucune personne, ni civile - même issues des sommets de l’oligarchie -, ni militaire... Mais la confrontation quotidienne dans notre pays impose que les choses se passent de cette manière, et non comme nous le souhaiterions. (...)

- Lire l’ article http://www.solidarites.ch






Les Insurgés colombiens prêts au dialogue, par Numancia Martà­nez Poggi.


Etat, paramilitarisme et oppositions armées en Colombie : les enjeux d’un échange humanitaire à haut risque, par Maurice Lemoine.

Colombie : Faits et chiffres sur la violence et le terrorisme, par Garry Leech.


La Colombie d’Ingrid Betancourt, par Maurice Lemoine.






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Impérialisme humanitaire. Droits de l’homme, droit d’ingérence, droit du plus fort ?
Jean BRICMONT
Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique). Il a notamment publié « Impostures intellectuelles », avec Alan Sokal, (Odile Jacob, 1997 / LGF, 1999) et « A l’ombre des Lumières », avec Régis Debray, (Odile Jacob, 2003). Présentation de l’ouvrage Une des caractéristiques du discours politique, de la droite à la gauche, est qu’il est aujourd’hui entièrement dominé par ce qu’on pourrait appeler l’impératif d’ingérence. Nous sommes constamment (…)
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Si j’étais un milliardaire ou un agent du renseignement, je voudrais probablement perturber la gauche au point de faire croire que quelqu’un de "gauche" est celui qui ne conteste jamais l’impérialisme US, ou qui soutient activement l’impérialisme US pour "contrebalancer les oligarques étrangers".

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