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Financement discret des putschistes vénézuéliens.


Dans un kit d’invitation à un forum interne (tenu le 12 février 2002),
l’AFL-CIO et la NED mentionnaient fièrement le rôle de la CTV dans une « 
grève générale », le 10 décembre 2001 (en réalité des lock-outs ayant envoyé
à la maison des millions de travailleurs), et dans une manifestation de l’
opposition, le 23 janvier 2002.}}



Laut’Journal N° 216 - février 2003


Que voulez-vous... Bush le veut !


Syndicalisme et démocratie au service de la CIA


Les écrasantes majorités électorales accordées au président Hugo
Chavez ont presque rayé du paysage politique vénézuélien les vieux partis d’
opposition. Pour les États-Unis, il fallait donc aider une opposition plus
« crédible » à se reconstruire. On sait maintenant que cela s’est fait par
le biais d’organismes officiellement voués à promouvoir dans le monde des
causes aussi nobles que la démocratie, le syndicalisme et l’aide
humanitaire.

La National Endowment for Democracy (NED) a financé les groupes
anti-Chavez tout au long de l’année 2001, révélait le New York Times du 25
avril 2002, en octroyant des fonds à leurs différentes organisations tant
aux États-Unis qu’au Venezuela.

Cet organisme existe depuis 1983 et, selon Karen Talbot (1),
directrice du Centre international pour la justice et la paix, contribue
aujourd’hui à des types d’activités autrefois aidés par la CIA elle-même.

Les opérations de la NED sont souvent complétées par d’autres fonds en
provenance de l’Agence américaine pour le développement international (AID)
en plus, bien sûr, de la CIA et d%autres agences de renseignement. La
fondation a participé à toutes les entreprises interventionnistes des années
1980 et 1990.

Bien planquée derrière un discours prêchant la démocratie, elle
utilise les impôts des citoyens étatsuniens pour les distribuer à de
soi-disant « organisations non gouvernementales » représentant de soi-disant
« sociétés civiles » pour « bâtir » des oppositions dans le but ultime de
remplacer des gouvernements par la voie électorale ou non.


Pays coupables

Les pays visés sont habituellement « coupables » de rejet de « 
réformes » allant dans le sens de la libéralisation des marchés, de l’
ouverture aux multinationales, des privatisations et des mesures d’austérité
voulues par les institutions financières internationales.

Ses premières armes, la NED les a faites aux dépens du Nicaragua
sandiniste en finançant l’Union nationale de l’opposition (UNO) qui devait,
par la suite, remporter les élections de 1989.

On lui attribue aussi en bonne partie l’éclatement de la Yougoslavie
et la chute du régime Milosevic. Elle est aujourd’hui très active dans les
pays d’Europe de l’Est et de l’ex-URSS de même qu’à Cuba, en Chine et en
Haïti.

Ses sommes les plus élevées sont allouées à de soi-disant groupes de
« solidarité syndicale » en transitant par un autre organisme : l’American
Center for International Labor Solidarity (ACILS), une création de l’
AFL-CIO.


Budget quadruplé

L’ACILS est l’un des quatre organismes par où s’écoulent les dollars
de la NED. Les autres sont le National Democratic Institute for
International Affairs, l’International Republican Institute et le Center of
International Private Enterprise.

Dans le cas du Venezuela, le New York Times a révélé que le budget de
la NED destiné à ce pays avait quadruplé quelques mois avant la tentative de
coup d’État d’avril dernier.

Pour sa part, l’ACILS avait reçu des fonds pour des activités au
Venezuela dès l’année 2000. L’une des contributions devait aider la
Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV &/48 ; le syndicat corrompu
de Carlos Ortega, l’un des meneurs des putschistes) à « augmenter le rôle
des membres de la base dans la prise de décision » et à leur permettre
éventuellement d’élire enfin leurs dirigeants.

Cet argent n’a jamais servi aux fins mentionnées. Il a fallu un
référendum tenu l’année suivante par le gouvernement Chavez pour que la CTV
tienne les premières élections démocratiques de son histoire.


Vieille garde

Accusée de fraudes électorales multiples, la vieille garde de Carlos
Ortega s’est proclamée élue et a refusé de soumettre au gouvernement les
résultats du scrutin. Mais, étrangement, l’AFL-CIO et la Confédération
internationale des syndicats ont préféré dénoncer le référendum du
gouvernement le qualifiant « d’ingérence dans les affaires internes des
syndicats ».

Dans un kit d’invitation à un forum interne (tenu le 12 février 2002),
l’AFL-CIO et la NED mentionnaient fièrement le rôle de la CTV dans une « 
grève générale », le 10 décembre 2001 (en réalité des lock-outs ayant envoyé
à la maison des millions de travailleurs), et dans une manifestation de l’
opposition, le 23 janvier 2002.

Carlos Ortega, selon un article de Newsday (24 avril 2002), trempe
jusqu’au cou dans le projet putschiste contre Hugo Chavez. L’usage des
sommes qui lui parviennent de l’ACILS (via la NED et l’AID) pour défendre la
« liberté syndicale » est en réalité décidé par son mentor Carlos Andres
Perez, ex-président du pays recherché pour corruption et planqué à Miami.

L’ACILS avait remplacé l’AIFLD (American Institute for Free Labor
Development) quand les magouilles de cette dernière dans les affaires
internes des pays latino-américains devinrent trop connues, notamment au
Brésil (1964) et au Chili (1973) lors du renversement des gouvernements élus
de Joao Goulart et Salvador Allende.

Mais des syndiqués américains posent de plus en plus de questions sur
le rôle de l’ACILS dans l’actuelle tentative de déstabiliser le Venezuela.

Une lettre envoyée au président de l’AFL-CIO (John Sweeney) par la
section de Monterey Bay (Californie) souligne que les syndiqués appuient l’
aide apportée par la centrale américaine aux syndicats des autres pays mais
elle ajoute que « cette aide et l’usage qui en est fait devraient être
contrôlés par nos membres et non le gouvernement des États-Unis dont l’
agenda en matière syndicale contredit souvent le nôtre ».


Brésil, 1964 : Médias et syndicats aidaient à renverser Joao Goulart.

En mars 1964, le président élu du Brésil, Joao Goulart, ordonnait la
nationalisation de toutes les raffineries pétrolières privées. Le 1er avril,
une junte militaire le renversait inaugurant une époque de tyrannie qui a
vu, entre autres, l’invention des célèbres escadrons de la mort.

La CIA était impliquée dans ce coup d’État. Un aspect de son
intervention était la propagande. « En 1962, mentionne Karen Talbot, la CIA
montait une campagne de saturation faite de 80 émissions radiophoniques
hebdomadaires, 300 heures additionnelles en publicité radio (et même TV) et
inondait la presse par des éditoriaux fabriqués d’avance et de fausses
informations. »

« L’agence américaine comptait des douzaines de journalistes
brésiliens sur sa liste de paye et éditait un magazine mensuel imprimé sur
du beau papier et distribué gratuitement. La CIA louait carrément les pages
éditoriales du quotidien du soir A Noite de Rio de Janeiro en plus de
financer la publication de nombreux livres conservateurs distribués
gratuitement et imputés à personne. »

La CIA avait aussi eu recours à l’AIFLD pour créer d’importantes
divisions dans le mouvement syndical brésilien.

Toute ressemblance avec le Venezuela n’est certainement pas une
coïncidence !


La « liberté de la presse » selon la droite.

Pour les journalistes vedettes et les patrons des médias commerciaux
vénézuéliens, la « liberté d’expression » des médias n’a aucune limite ni
aucun devoir envers le peuple qu’elle prétend servir. Surtout pas le devoir
de vérité si on en juge par la kyrielle de fausses nouvelles qu’ils
véhiculent.

En voici quelques-unes, parmi tant d’autres, au cours de la dernière
année &/48 ;

- Ignacio Ramonet (directeur du Monde diplomatique) n’appuie plus le
président Chavez parce qu’il doute de ses facultés intellectuelles (fausse
entrevue parue sur Internet et reprise sans vérification par le quotidien El
Nacional) ;

- Chavez a démissionné (répété en boucle et par toutes les chaînes et
journaux lors du putsch des 11-12 avril) ;

- Un tireur embusqué qui a fait feu sur des partisans de l’opposition
est lié au gouvernement (fausse vidéo montrant l’homme discutant avec un
ministre à une heure où, en réalité, le même homme était encore dans l’avion
le ramenant du Portugal) ;

- Il y a une grève générale au Venezuela depuis le 2 décembre (fausse
appellation pour désigner lockouts, manifestations dans les quartiers riches
de Caracas et sabotages ; des actions qui n’ont rien de « général » et encore
moins de « populaire ») ;

- Trois animateurs vedettes de la télévision sont traités de « 
narco-journalistes » et ont reçu des menaces (article « sur commande » qui a
permis à ces messieurs-dames de se précipiter à Washington pour dénoncer les
« persécutions contre la presse » du régime Chavez et les faire connaître au
monde entier)

Malgré cela et des attaques irrespectueuses quotidiennes qui, dans
tout autre pays, donneraient lieu à des plaintes légitimes, aucun
journaliste n’a été arrêté et aucun média fermé depuis l’accession au
pouvoir de Hugo Chavez.

Le 10 décembre, alors que la population écoeurée demandait des comptes
à ces médias de haine et de mensonge en encerclant leurs quartiers généraux,
Cesar Gaviria, président de l’« Organisation des États américains, exhortait
le gouvernement vénézuélien à empêcher ce qu’il qualifiait " d’actes d’
intimidation contre une presse libre " ».

(1) Talbot, Karen. - Coup-making in Venezuela &/48 ; the Bush and oil
factors

André Maltais

- Source : Laut’Journal



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