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Espagne : Le franquisme n’est pas mort !

Carles Puigdemont a été arrêté en Allemagne. Visé par un mandat d’arrêt européen et international émis par l’Espagne, c’est la police allemande qui a fait le boulot. Pourquoi elle ? Pourquoi pas la police belge où il s’est exilé ou toute autre police d’un des pays où le dirigeant s’est récemment rendu, Finlande, Danemark ou Suisse ?

Comme cinq autres dirigeants indépendantistes catalans, Puigdemont est poursuivi pour "rébellion, sédition et malversation", accusé d’avoir organisé le référendum d’autodétermination du 1er octobre malgré son interdiction. Comme ses camarades, il risque jusqu’à 30 ans de prison, autant que pour un assassinat. Le 15 octobre 1940, le président de la Généralité de Catalogne depuis 1934, Lluís Companys i Jover, exilé en Bretagne après la guerre civile espagnole, est arrêté par la Gestapo et livré au régime franquiste par Vichy puis exécuté à Montjuïc, en criant "Per Catalunya !" (Pour la Catalogne !) et juste avant, en espagnol pour être compris par le peloton d’exécution "Messieurs, vous allez tuer un homme honnête". Troublant non ?

Plus de 650 juristes européens ont dénoncé le choix de l’Etat espagnol de "recourir à la voie judiciaire et à la répression au prix de graves atteintes aux droits et aux libertés", comme c’est le cas de l’accusation "inexistante" des délits de rébellion et de sédition à l’encontre des dirigeants de l’Omnium et de l’ANC ainsi que des membres du Govern (Gouvernement catalan) destitués par l’article 155 de la Constitution.

Que l’on soit Indépendantiste ou non, on ne peut que constater une dérive autoritaire, anti-démocratique du gouvernement espagnol, on ne peut que dénoncer une atteinte fondamentale aux droits humains que la Convention Européenne pour la Protection des Droits Humains et des Libertés Fondamentales de 1950 (CEDH) est censée défendre. En fait, l’Etat espagnol ne s’est jamais défait de ses relents franquistes. Au contraire même, le franquisme n’a cessé de jouir d’une "situation d’impunité et d’apologie". Pour comprendre la place qu’occupe le franquisme en Espagne, il suffit de voir le monstrueux monument de la honte élevé à la gloire du dictateur fasciste Franco surmonté d’une croix franquiste de 150m de hauteur, appelé "Vallée des Combattants" et parfaitement entretenu. Symbole de la traditionnelle et tragique collusion entre le sabre et le goupillon !

Peut-on imaginer qu’en Allemagne ou en Italie, un mausolée soit érigé en l’honneur d’Hitler ou de Mussolini, avec leur tombe, si leurs corps avaient été retrouvés, et où leurs partisans seraient autorisés à se réunir comme cela a malheureusement cours en Espagne avec Franco et le fondateur de la Phalange ?

Avec la proclamation de l’indépendance de la Catalogne, le néo-franquisme n’a pas surgi comme un diable de sa boîte, mais s’est révélé en confirmant de manière glaciale et tragique son ancrage dans la bourgeoisie espagnole et sa prépotence dans les milieux dirigeants conservateurs.

Cette Espagne autoritaire qui sert les mêmes intérêts que le macronisme jupitérien en France ne semble pas gêner l’Europe Officielle qui, peu à peu, avalise une dérive dangereusement totalitaire.

MT

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