@Vania
Merci, et pardon pour "deal" : j’avais repris le mot de mon interlocuteur pour en souligner la valeur péjorative. D’autres disent "tambouille" pour exprimer la répugnance envers les combines sans principe qui fleurissent partout sous la Ve république.
Mais, oui, vous avez raison, il peut y avoir aussi sous le régime des partis, lors des élections locales, "entente" avec des braves gens... prisonniers de la mauvaise étiquette (ça existe !), ou "accord" sur un point particulier à faire aboutir ensemble, par exemple la gestion de l’eau, ou tout autre problème concret sur lequel on peut décider d’un projet commun. Ou s’opposer au projet des autres.
Pour la constitution de Cuba, voir ICI (et les diverses contributions de JF Bonaldi, toutes intéressantes à lire ou à relire).
Les élections locales sont importantes dans la mesure où ce sont les communes qui sont la base de la démocratie et de la république, et éventuellement d’une transformation sociale, quand elles prennent l’initiative et peuvent fonctionner comme à Cuba ou au Vénézuela (voir par exemple ICI, sur TerraTV, et les contributions et vidéos de Thierry Deronne).
Dans la France hollandesque et macroniste d’aujourd’hui, l’échelon régional a au contraire pour effet de court-circuiter et d’étrangler les communes. Celles-ci peuvent tout-de-même, sinon faire la révolution, du moins souffler sur les braises, comme Le Pont Citoyen nous en a donné l’exemple.
Alors les élections régionales, bof, ne pas présenter de candidats, ne pas aller voter, respirer l’air libre ?
C’est que, de toutes façons, l’air devient partout de plus en plus irrespirable...!
C’est pourquoi je trouve finalement quelque chose de sophistique dans l’article ici présent de G. Gastaud et F. Kassem, qui réserve au PRCF et à sa prospective "la seule alternative pour bousculer etc."
En fait, tout en parlant des élections régionales, c’est de l’élection présidentielle qu’il est question. Renvoyer dos-à-dos les candidatures de Fabien Roussel (qui "ne serait pas une surprise") et du citoyen Mélenchon, tout en les accusant l’une et l’autre de collusion avec "les euro-écolos ou les sociaux-maastrichtiens" à l’occasion des régionales, (collusion qui, de la part du PCF, n’est pas une surprise non plus), masque la dissymétrie absolue de ces candidatures. Et rejette l’essentiel de l’opprobre sur la FI, en rappelant une fois de plus (comme le font tous nos ennemis) l’ancienne position de Mélenchon sur Maastricht, alors qu’il a été un des artisans les plus actifs de la victoire du Non en 2005, et que son programme est le plus avancé de tous sur la sortie de l’UE, c’est-à-dire des "traités" qui la constituent, et de l’OTAN.
La candidature PCF, avaient déjà déclaré le PRCF, "ne serait pas une surprise" (voir sur LGS). Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne la désapprouve pas. Témoin l’interview de Laurent Brun par Fadi Kassem (également sur LGS), qui non seulement n’aborde pas la question, mais se garde bien aussi de parler de l’UE et de l’affiliation de la CGT à la Confédération Européenne des Syndicats. Le mot de FREXIT n’est même pas prononcé. Délicatesse, schizophrénie ? Laurent Brun est pourtant un syndicaliste de grand poids, puisqu’il est secrétaire général de la CGT-cheminots.
Or ce même Laurent Brun, qui est membre du PCF (ce qui n’apparaissait pas dans sa présentation) et, je le répète, secrétaire général de la CGT-cheminots, vient de signer un important appel à soutenir la candidature de Fabien Roussel.
Alors que déjà, 200 responsables et élus du PCF, dont MG Buffet, Elsa Faucillon et Stéphane Peu, ont appelé à soutenir la candidature de Mélenchon. Les groupes communistes et FI à l’Assemblée Nationale, comme dans la rue, combattent le plus souvent dans le même sens !
Le PRCF a misé sur une défaite de Mélenchon, il avait d’ailleurs affirmé que sa victoire était "hautement improbable". Pourtant, comme le savent les philosophes, le "probable" est une catégorie de la spéculation, alors que le "possible" est une catégorie de la pratique. La position juste est donc de tout faire pour "rendre possible" une victoire des forces populaires, tout en rendant aussi "le communisme désirable", comme dit Lordon.
Mais le PRCF rêve toujours d’avant-garde, et semble considérer, depuis son appel à l’abstention aux européennes, qu’un progrès de la FI et une victoire de Mélenchon risqueraient d’entraîner les force populaires "sur une voie de garage". Et sur quelle voie royale les entraînerait quelque autre vainqueur que ce soit ?
N’y-a-t-il pas aussi une forme d’opportunisme à subordonner la condition des travailleurs et l’avenir du pays à des idées et à un parti qui n’existe pas encore, au lieu de soutenir le mouvement qui mène déjà la lutte tous terrains, en chair et en os ?