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Echec de la mission FMI en Tunisie : Youssef Chahed sortira-t-il indemne ?

Une question légitime que nous pouvons poser : pourquoi le FMI cherche-t-il à diriger directement notre pays ? Youssef Chahed, Chef de gouvernement est-il l’otage du FMI. Son sort est-il entre les mains de Christine Lagarde ? Subira-t-il le même sort que Habib ESSID, l'ancien chef de gouvernement ? En tout cas, il est en liberté provisoire, "contrôlée par un bracelet électronique".

La Tunisie vit un désordre presque total : un gouvernement incapable de gouverner, un président absent, un parlement bloqué par son incompétence et une opposition qui se cherche. Le peuple doute de la capacité de la classe politique pour redresser la situation politique, économique et sociale. Le peuple est complètement déçu, risque de rejeter toute la classe politique.

Tout est donc à recommencer. La Tunisie ne survivra que si elle réinstalle l’autorité de l’Etat et implique toutes les compétences patriotes en vue de trouver les solutions appropriées pour un pays à la dérive tant sur le plan financier qu’économique. Il ne manque qu’une formulation politique claire et un engagement résolu et sans faille de la part des acteurs politiques. Mais ces conditions, qui seraient si simples à remplir dans n’importe quel pays au Monde, s’apparentent, en Tunisie, à un chemin de croix, tant l’incompétence du gouvernement pléthorique est flagrante et tant l’opinion, écrasée de soucis quotidiens de survie, perdue.

Il faut être aveugle pour ne pas constater l’échec de la classe politique. Ceci, étant, comment peut-on sortir de cette impasse avec le minimum de dégât ?

On est tenté de dire, et si on effaçait tout et on revient à la case départ. Quels seront les scénarii possibles garantissant la pérennité de l’Etat et l’arrêt de la dégradation du pouvoir d’achat des tunisiens et des tunisiennes.

A ce désordre intérieur, la Tunisie est soumise à une pression insupportable de la part du Fonds monétaire international. La dame de fer, Christine Lagarde, veut tout et maintenant. En effet, le FMI exige de la Tunisie un programme de réformes structurelles (PRS), cousin des PAS des années 80 et 90 pour redresser une économie à la dérive, des finances publiques en déficit continu et une balance des paiements qui accuse un redoutable recul pouvant remettre en cause l’indépendance du pays et l’exposer aux prédateurs golfiques et autres !

Le FMI tire le signal d’alarme sur le gonflement de la fonction publique qui voit ses effectifs grossir de plus 100 mille postes en l’espace de 5 ans pour atteindre 650.000 personnes soit 6% de la population. C’est une fonction publique pléthorique menaçant sérieusement le budget de l’Etat et l’efficacité même de l’Administration. Le FMI exige une restructuration de ce dinosaure pour ramener la proportion des fonctionnaires par rapport à la population à 2,5 à 3 %, comme il est d’usage dans les pays normalement gérés, faute de quoi, rien ne pourra se faire pour réduire le déficit budgétaire qui risque d’atteindre cette année des proportions catastrophiques de 9 à 10 %.

Le FMI redoute un effondrement du système de la sécurité sociale si le gouvernement ne procède pas immédiatement à des réformes urgentes et en profondeur afin d’équilibrer les comptes des institutions de ce système. Un vaste programme à entamer dans les plus brefs délais pour éviter à plusieurs centaines de milliers de personnes dépendantes de ce système de se retrouver marginalisées dans une précarité économique insupportable.

La liste est longue des réformes suggérées par le FMI. Le PRS pourrait se traduire grosso modo par : (1) une dévaluation importante du dinar par rapport aux principales devises, (2) la vente des entreprises publiques à caractère industriel ou commercial au profit du secteur privé national en général pour réduire le déficit du budget de l’Etat et (3) un certain dégraissage dans la fonction publique par le blocage des recrutements et le départ volontaire ou négocié des fonctionnaires.

Le gouvernement Youssef Chahed est dans l’impossibilité de satisfaire ces exigences, difficile de les mettre en œuvre. Aucun gouvernement n’est en mesure d’affronter le peuple tunisien qui refuse catégoriquement ces réformes impopulaires. D’ailleurs, la tension sociale que vit la Tunisie n’est pas sans rapport avec ces exigences du FMI.

En tout cas, Youssef Chahed refuse, comme son prédécesseur de mettre en œuvre ces réformes avec la célérité exigée par Christine Lagarde.

Les négociations de ces derniers jours entre les deux parties ont abouti à un désaccord. La prolongation de la mission en est la confirmation. Cet échec va autoriser le Conseil d’administration du FMI à ne pas débloquer les reliquats des fonds promis. Allons-nous vers une rupture ?

Une question légitime que nous pouvons poser : pourquoi le FMI cherche-t-il à diriger directement notre pays ? YC est-il l’otage du FMI. Son sort est-il entre les mains de Christine Lagarde ? Subira-t-il le même sort que le Lion ? En tout cas, il est en liberté provisoire, "contrôlée par un bracelet électronique".

L’incapacité de l’exécutif de gouverner le pays met la Tunisie à deux doigts de la faillite et de l’implosion sociale. Compte tenu des conséquences graves qui découleront de cette situation chaotique, nous appelons avec force à une refonte rapide et objective de la feuille de route pour mieux encadrer le présent et le futur afin d’éviter la mise sous-tutelle à la grecque. Cette feuille de route se décline, selon nous, sur trois axes :

• retrait de la confiance accordée au gouvernement Chahed vu son incapacité à gérer correctement le pays.
• promulgation par un acte solennel de l’état d’urgence économique et sociale.
• mise en place d’un nouvel exécutif à durée limitée (jusqu’aux élections municipales) qui a pour mission de sortir le pays de l’impasse.

Le président de la République et Parlement auront la tâche d’identifier et de désigner à l’unanimité une personnalité ayant les qualités intrinsèques d’un homme ou d’une femme d’Etat de consensus, intransigeant (e) en ce qui concerne l’unité nationale et les valeurs de la République pour être accepté (e) et pourquoi pas soutenu (e) par tous les tunisiens et tunisiennes sans distinction d’origine sociale ou territoriale. Cette personnalité devra exposer au peuple la situation complexe et critique du pays. Elle fera passer l’intérêt supérieur de l’Etat avant le sien. le Chef de gouvernement désigné formera immédiatement son gouvernement composé d’un effectif très réduit (une vingtaine de portefeuilles au maximum) formé par des patriotes / technocrates capables d’impulser l’action gouvernementale et de ramener l’adhésion et la confiance des citoyens/citoyennes et des opérateurs et chefs d’entreprises tunisiens et étrangers.

Sans la mise en œuvre rapide de cette feuille de route, la Tunisie risque d’entrer dans une phase ouvrant la voie à la guerre civile ou à une aventure incontrôlable et néfaste pour tous les tunisiens et tunisiennes.

Mustapha STAMBOULI,
ancien conseiller technique principal UNOPS/PNUD

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