Discours du Ministre des Affaires Etrangères de la République de Cuba, S. E. Monsieur BRUNO RODRà GUEZ PARRILLA lors du segment de haut niveau de la 13ème Session du Conseil des Droits de l’Homme - Genève, le 3 mars 2010.
Monsieur le Président,
60 millions de morts lors de la Seconde Guerre mondiale ont été nécessaires pour développer le concept des droits de l’homme, notamment du droit à la vie et à la dignité humaine.
Des progrès importants ont été enregistrés dans le développement conceptuel des droits de l’homme, mais très peu pour en assurer leur exercice. Nous avons fait de ce thème l’un des piliers fondamentaux des Nations Unies, ainsi que du développement, de la paix et la sécurité au niveau international. Cependant, c’est dans le domaine de la manipulation idéologique, l’hypocrisie politique et le deux poids deux mesures des pays industrialisés qu’ont été fait les plus grands ravages.
Ceux qui prétendent s’ériger en gardiens des droits de l’homme et tentent de remettre en question les autres, sont précisément les responsables directs des violations les plus graves, systématiques et flagrantes des droits de l’homme, notamment du droit à la vie.
Ils sont les auteurs du système colonial qui a servi à spolier les pays du Sud et les condamner au sous-développement. Ils sont les responsables de l’actuel ordre économique international qui assassine silencieusement des dizaines de millions d’êtres humains, victimes de la faim, de la pauvreté et des maladies pouvant être prévenues et soignées. Ils sont ceux qui imposent les guerres de conquête modernes à l’origine de millions de morts, en général des civils, étonnamment appelés « dommages collatéraux ».
Ils sont également bénéficiaires de la pensée unique, des modèles exclusifs, des valeurs discriminatoires, de la guerre médiatique, de la construction de vérités immanentes, de la sous-culture de la publicité commerciale, de l’imposition de réflexes conditionnés, de la presse embarquée, mensongère, docile et abrutissante qui justifie ou masque le massacre.
La manipulation du terrorisme a permis aux Etats-Unis et à leurs alliés européens à lancer les guerres de domination et de conquête des ressources énergétiques en Iraq et Afghanistan causant la perte de deux millions de vies humaines. Elle a également servi à justifier les disparitions forcées, les tortures, les prisons secrètes et les centres de détention où ne sont pas reconnus ni le Droit international humanitaire ni la condition d’être humain. Elle a été le prétexte pour l’adoption de lois telles que la « loi patriotique » qui vient d’être prorogée par le gouvernement américain et qui rogne les libertés et les garanties conquises par le mouvement en faveur des droits civils dans des luttes qui ont duré des siècles entiers.
Qui assumera la responsabilité des brutalités commises à Abu Ghraib, Bagram, Guantánamo et dans d’autres centres de torture et de mort ?
Quand les responsables seront-ils jugés et que l’on mettra fin à l’impunité ?
Dans les pays européens, qui assumera la responsabilité des vols secrets, des prisons clandestines dans leurs territoires et de la participation dans des actes de torture ?
Le vice-ministre des affaires étrangères suédois a prononcé ce matin un discours curieux et arrogant portant des jugements critiques à l’égard de neuf autres pays. Cependant, il n’a pas prononcé un seul mot concernant la complicité du gouvernement suédois avec les vols secrets qui ont fait escale sur son territoire à bord desquels se trouvaient des personnes séquestrées. Nous espérons que leur enquête prolongée sur ce sujet prendra bien fin un jour et qu’ils vont daigner communiquer son résultat à ce Conseil.
Ce qui a eu lieu en Palestine pendant des années constitue un véritable génocide. Des milliers de Palestiniens ont perdu leur vie à cause d’attaques militaires indiscriminées, d’inqualifiables sièges et de blocus qui privent la population de moyens de subsistance les plus élémentaires.
Les dictatures militaires en Amérique latine, imposées et soutenues par les Etats-Unis des décennies durant, ont assassiné quatre cent mille personnes. Seulement à Cuba elles ont causé 20 mil morts.
Dans le monde le droit à la vie est violé sans cesse. L’existence même de l’espèce humaine est menacée sérieusement par le changement climatique dont sont et ont été responsables ceux qui déclanchent et conduisent les guerres de conquête au fil de l’histoire et actuellement. La réunion honteuse de Copenhague, avec ses pratiques frauduleuses et discriminatoires a constitué un acte contre le droit de l’humanité à la vie et la survie.
Monsieur le Président,
Pendant un demi-siècle, Cuba a été victime d’agressions étasuniennes et d’actes de terrorisme. Cinq mille cinq cent soixante-dix-sept cubains en ont perdu la vie ou sont restés handicapés.
Les auteurs de la destruction en plein vol d’un avion de Cubana de Aviación en 1976 jouissent d’impunité, protégés par le gouvernement des Etats-Unis. Une épidémie de dengue déclenchée comme résultat d’une attaque bactériologique a causé la mort de 101 enfants cubains. Une des nombreuses bombes posées à La Havane en 1997 a été à l’origine de la mort d’un jeune italien.
La soi-disant Loi d’ajustement cubain et la politique des « pieds secs et pieds mouillés » encouragent l’immigration illégale et causent des morts.
Le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba constitue un acte de génocide, défini aux alinéas b) et c) de l’article II de la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide ainsi qu’une violation massive, flagrante et systématique des droits de l’homme.
La politique des Etats-Unis contre Cuba, que le gouvernement du Président Obama n’a pas changé, coûte des vies au peuple cubain.
Une nouvelle escalade subversive, accompagnée d’une large couverture médiatique, a été lancée contre Cuba. Cela, sans le moindre respect des principes éthiques. L’on prétend présenter des mercenaires comme étant des patriotes, des agents payés par les Etats-Unis sur le territoire cubain comme des dissidents.
La puissante machine de l’empire n’hésite pas à utiliser un prisonnier récidiviste et sanctionné lors d’une procédure régulière pour des délits de droit commun et par la suite recruté en prison, pour le présenter comme un combattant des droits de l’homme. Dans le but d’obtenir des faux dividendes politiques, il a été précipité vers la mort malgré des soins médicaux consciencieux. Tel que l’a exprimé le Président Raúl Castro Ruz cela a été un fait lamentable. C’est une autre victime de la politique subversive des Etats-Unis contre Cuba.
Depuis le triomphe de la Révolution cubaine en 1959, il n’y a jamais eu à Cuba un seul cas d’assassinat, de torture ou d’exécution extrajudiciaire ; il n’y a jamais eu « d’escadron de la mort » ni « d’Opération Condor ». Cuba a toujours agit de manière louable et irréprochable dans la protection du droit à la vie, aussi dans le cadre la coopération altruiste hors de ses frontières.
Monsieur le Président,
J’aurais souhaité aborder des aspects plus concrets du sérieux travail mené à bien par ce Conseil ; avoir parlé sur le thème de la révision de cet organe qui doit avoir lieu l’année prochaine pour dénoncer la tentative de le soumettre, de modifier sa composition et ses procédures afin de lui imposer des intérêts politiques. J’aurais voulu avoir fait référence au mécanisme de l’Examen périodique universel qui a démontré son utilité en dépit de ses imperfections et du manque d’autocritique des puissants ayant été mis en évidence. J’aurais voulu défendre le Conseil et souligner l’importance de le préserver de la politisation, la discrimination, du caractère sélectif et du deux poids, deux mesures.
Je peux vous assurer que Cuba continuera à consentir des efforts et de persévérer pour que le Conseil des Droits de l’Homme demeure indépendant et puisse consolider la coopération comme voie véritable pour la promotion et la protection des droits de l’homme dans le monde.
Je dois proclamer, au nom du peuple héroïque et noble de Cuba qu’aucune campagne ne nous éloignera de nos idéaux d’indépendance et de liberté.
Je vous remercie.
version originale
http://europa.cubaminrex.cu/Derechos%20Humanos/Articulos/ConsejoDerechosHumanos/2010/discurso%20bruno.html