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Des thérapies cubaines contre le cancer à des stades précoces, par Lilliam Riera.






Cette année commencera la phase des tests cliniques de deux vaccins pour le traitement des néoplasies du col de l’utérus et de la prostate.


Granma international, La Havane, 28 mars 2006.


Les scientifiques cubains, dont les études dans le domaine des vaccins thérapeutiques pour le traitement du cancer ont donné des résultats encourageants, ont commencé à travailler pour administrer ces vaccins à une étape précoce de la maladie.


Les vaccins thérapeutiques, élaborés à partir d’éléments contenus dans les tumeurs, ne sont pas censés guérir le patient mais contrôler la néoplasie sur une longue période de temps. Il s’agit de stimuler et d’« éduquer » le système immunologique des personnes qui souffrent déjà de la maladie de sorte que les cellules malignes soient détectées et détruites sans produire les effets secondaires désagréables de la chimiothérapie ou de la radiothérapie.

Le Dr Luis Enriquez Fernandez, chef du département de vaccins du Centre d’immunologie moléculaire (CIM) signale dans un article publié le 23 mars dans Granma que les expériences sur les cobayes animaux, à Cuba et ailleurs, indiquent qu’il convient de passer à une nouvelle phase où les vaccins seraient testés sur des personnes présentant la maladie à une étape précoce, où la progression pourrait être suspendue sur une période prolongée.

La communauté scientifique spécialisée, signale le Docteur, a réuni assez d’éléments pour commencer à croire fermement dans cette possibilité, et nous commençons à travailler à l’élimination de ce fléau par la voie de la vaccination préventive. Après trente ans d’évaluation clinique du concept de vaccination thérapeutique du cancer et plus de 400 tests cliniques réalisés, explique-t-il, il s’est produit des changements révolutionnaires dans la pensée immunologique et nous avons commencé à comprendre les raisons pour lesquelles les résultats obtenus à ce jour, bien que très encourageants, demeurent modestes du point de vue des bienfaits perçus par les patients.

Selon Fernandez, la plupart des essais ont été conduits sur des personnes chez qui la maladie avait atteint un stade avancé : les tumeurs volumineuses et les traitements accumulatifs déjà reçus ont fortement détérioré des secteurs spécialisés dans le bon fonctionnement du système immunitaire.

Il est d’avis que la période de vérification et de connaissance approfondie du concept de vaccin anticancéreux est terminée, et que commence la phase de transformation de néoplasies prises à un stade peu avancé en des maladies chroniques contrôlées, augmentant la durée et la qualité de vie du patient.

Le Dr Fernandez signale encore que s’il n’existe pas de vaccin anticancéreux d’usage généralisé dans le monde, on compte environ 105 candidats-vaccins en phase avancée de tests cliniques, élaborés par 64 compagnies (principalement biotechnologiques) de cinq pays : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada et la France.

A Cuba, les travaux ont commencé en 1990, au CIM. Pour la première fois naissait alors, dans un pays du tiers monde, un programme de recherche novateur sur ce thème.

Fernandez se rappelle qu’après quinze ans de travail, le programme a porté ses fruits ; quatre candidats-vaccins thérapeutiques du cancer sont testés sur des patients de tout le pays, avec la participation des services spécialisés du ministère de la Santé publique.

L’an dernier, indique-t-il, plus de 170 nouveaux cas ont accepté de se soumettre à ces essais. Les vaccins doivent prouver leur efficacité pour les cancers les plus répandus parmi la population cubaine : poumon, prostate, sein et côlon.

Le spécialiste juge les résultats obtenus très stimulants et que les études doivent se poursuivre. Cette année débuteront les tests cliniques de deux nouveaux vaccins pour le traitement des néoplasies du col de l’utérus et de la prostate. Ils ont été mis au point par les centres de génie génétique et de biotechnologie (CIGB) de la capitale et de la ville de Camagüey.

Dans les laboratoires du CIM, qui appartient au pôle scientifique de l’ouest de La Havane, les chercheurs travaillent actuellement sur 22 produits : vaccins contre le cancer et anticorps monoclonaux comme le CIMAher, enregistré en 2002 et patenté dans 17 pays, qui, combiné aux radiations, donne des résultats prometteurs dans le traitement des tumeurs de la tête et du cou.

Dans le cas du vaccin thérapeutique contre le cancer du poumon, basé sur le Facteur de croissance épidermique (EGF), une protéine étroitement liée à la croissance cellulaire, GI annonçait en 2004 que la phase des tests cliniques devait commencer en 2005 aux Etats-Unis. L’information avait été donnée à La Havane par José Miyar Barruecos, secrétaire du Conseil d’Etat.

Les tests cliniques du même vaccin dans l’île montrent des progrès évidents au niveau de la survie des patients.

Il y a deux ans, on apprenait qu’un nouveau service pilote du CIGB venait d’ouvrir pour s’occuper précisément d’élaborer les lots destinés aux tests cliniques de l’EGF.

Le 15 juillet 2004, le CIM et l’entreprise nord-américaine CancerVax Corporation, de Californie, signaient dans la capitale cubaine, en présence du président Fidel Castro, un accord -le premier en plus de quarante ans— portant sur le transfert de biotechnologies pour la production conjointe de vaccins contre le cancer. Aux Etats-Unis, le cancer du poumon tue plus d’un demi million de personnes par an.

Dans une vidéo envoyée à tous ceux qui avaient participé à la signature de l’accord, on voit le Dr Donald Morton, directeur et chirurgien-chef de l’Institut du cancer John Wayne, de Los Angeles, qualifier les vaccins cubains conçus pour stimuler le système immunologique de « découverte unique et sans précédent ».

A cette occasion, le directeur du CIM, Dr Agustin Lage, faisait remarquer qu’il n’existe pas de tradition en matière de transfert de technologie du Sud au Nord. En 2005, lors d’un congrès scientifique qui s’est tenu à La Havane, le sous-directeur du CIGB, Dr Carlos Borroto, a rappelé que si dans les années 80 du siècle dernier l’île ne disposait que de trois produits dérivés de la biotechnologie, en 2005 ce chiffre était passé à 38. En outre, le pays exporte chaque année des médicaments pour une valeur de 300 millions de dollars à destination de 51 pays.

Lilliam Riera

( Cuba met au point une technique chirurgicale contre l’épilepsie, 29 mars 2006.
www.ahora.cu/francais
)


Comment Cuba a survécu au peak oil, par Megan Quinn - From The Wilderness.

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