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Des ânes de Buridan et des pruneaux au moulin de Tata

Le succès d’un bon leader s’attache à la connaissance de la vérité des choses. L’origine d’un complot, les raisons qui conduisent les jeunes à l’échec et la confusion qui grignote une population devront être ses principaux soucis. Il doit être informé pour éviter toute étincelle qui conduit à la révolte. Il a besoin d’une classe politique jeune qui ramène de nouvelles idées et milite pour une vie moderne.

Il doit être conscient des intimidations qui pèsent sur sa nation et risquent de l’emporter dans un malheur irréparable. Un bon leader investit toujours dans le domaine du renseignement économique et scientifique, de défense et de sécurité, et dans l’éducation. Les investissements dans ces trois domaines garantiront le respect de sa nation dans le monde. N’est pas Churchill qui veut ! Arrêtons de mentir à nos enfants ! Nos politiciens n’ont pas encore compris que les souffles de Tonton ne peuvent plus faire tourner le moulin de Tata.

Tonton et Tata existent. Ils géraient un moulin dans un petit village des hauts-plateaux. Tonton et Tata ne s’intéressaient pas à la politique. Ils avaient compris depuis belle lurette que la politique ne mûrissait plus les pruneaux du jardin public d’en face. Les pruneaux tombaient sous les arbres et les politiciens sont toujours absents quand les gens du village les récoltent. Tata et Tonton les ramassaient et en faisaient de la confiture maison. En hiver, lesdits politiciens du village viennent au moulin de Tata pour demander la confiture. Le moulin de Tata est plus organisé que les bureaux administratifs du village. Dans ce moulin, Tata pesait les sacs de blé avant de les passer à Tonton pour les décharger dans la meule. Les paysans du village étaient satisfaits du travail de tonton et de tata. Certains paysans aux cœurs tendres avaient des larmes dans les yeux quand ils voyaient ce vieux couple lutter contre la misère en vidant les sacs, surveillant la meule dans un brouillard de poussière-farine. Chez Tonton, les sacs et de couffins de blé s’arrangeaient en file et chacun respectait son tour. L’ordre dans le moulin est maitre. Tonton vieillissait et la fatigue lui courbait le dos. La confiture des pruneaux n’avait plus de goût et Tonton n’avait plus de force pour soulever les sacs de blé.

Tata pris sa place et faisait le travail avec foi et enthousiasme. Tata conseilla à Tonton de ne plus faire d’effort physique. Pour Tata, Tonton représentait l’œil du maître dans son moulin. Il occupait un fauteuil en paille et comptait les sacs et les paniers qui rentraient au moulin. Tonton est très intelligent. Il applique la théorie des leçons de Daniel Hervouët. Ses contacts avec le monde paysan et son expérience dans le monde réel lui ont permis d’appliquer cette théorie sans la connaitre. La théorie se résume entre ces guillemets « Distribuer du pain et des jeux est le meilleur signe du mépris que l’on porte aux gens. Même si la voie de la facilité est tentante, il est du devoir de tout responsable, de tout éducateur de réaffirmer l’exigence de responsabilité individuelle qu’impose la démocratie. Faute de quoi, le peuple devient la plèbe (au sens de ghachi chez Noureddine Boukrouh), les dirigeants des profiteurs et il ne reste pas longtemps pour que l’empire s’effondre ». Tonton et Tata n’ont pas étudié dans une école de renseignements comme Daniel Hervouët. Tonton utilise cette théorie pour faire face à la classe politique du village qui veut ruiner son moulin et effondre son royaume.

Un beau jour, si Ahmadou, un politicien connu dans le village pour son avarice, sa rapacité, son profilage et sa filouterie, ramena son sac de blé pour en faire une semoule chez Tata. Ahmadou saisit l’occasion pour bavarder politique avec Tonton. Ahmadou informa tout le monde dans le moulin que la semoule de ce sac servira à faire une zerda (festin) pour les décideurs du village. Les décideurs du village vont venir manger le couscous chez Ahmadou et discuter les sacs poubelles argentés accompagnants la liste des candidats pour les élections communales prochaines. Tata savait qu’Ahmadou faisait ce beau discours pour éviter de payer les frais des grains moulus. Elle savait aussi qu’Ahmadou ne payait jamais Tonton et que le dialogue avec son mari ne lui inspirait pas confiance. Elle cria à haute voix « Tonton n’a plus de souffle pour gérer ce moulin. Il ne ramasse plus les pruneaux. Fini les tartuferies politiques ! Maintenant, c’est moi la patronne dans ce lieu. La politique ne nourrit pas mes enfants. Vous devez payer pour votre sac cette fois-ci comme tout le monde. Ahmadou demanda à Tonton d’intervenir. Tonton conserve son silence et ne veut pas parler pour ne rien dire. Tata insiste et récupère son argent. Elle glissa les pièces de monnaie dans sa poche et dit « Ce Ahmadou bavarde trop. Il promet beaucoup de choses et n’exécute rien. Tout est facile chez lui. »

Ahmadou est surnommé Monsieur Promesses par les jeunes du village. La négation la plus utilisée dans son langage est "Makach Mouchkil" qui signifie " pas de problèmes" chez Fafa. Je n’aime pas ce type de personne. J’aime les gens qui promettent selon leurs espérances, et tiennent selon leurs craintes. Nous sommes là pour moudre le blé et assurer la nourriture du village. Ahmadou et son entourage sont là pour mentir et affamer le village. Ils veulent la confiture gratuitement car ils pensent qu’elle est faite de pruneaux bénévoles. L’an prochain je ne ferais ni de confiture ni de cadeau. Chaque politicien aura un pruneau bien séché et un pruneau seulement. Ce pruneau lui servira de calmant contre la gourmandise du pouvoir. Je sais que les assoiffés de pouvoir, comme Ahmadou, sont toujours constipés en compagne électorale. En raison de ses vertus laxatives, ce pruneau peut être consommé pour faciliter le transit intestinal chez ces gens en compagne électorale »

Cette réalité reflète les paroles de Si Ahmed à Oran quand il dit :"Les chefs de partis sont préoccupés par le pouvoir et la chaise et ne présentent pas un projet de société. Le parlement et les assemblées communales et de wilaya seront élus malgré tout. Ce sont les artisans de la politique qui rentreront dans la démagogie".

Cette phrase vaut bien un pruneau. Le discours de Si Ahmed est une thèse de démagogie. Si Ahmed prend nos jeunes pour des ânes de Buridan. Le paradoxe de l’âne de Buridan est connu chez les politiciens. Ce paradoxe nous parle d’un choix. La légende nous enseigne qu’un âne mourut de faim et de soif entre son picotin d’avoine et son seau d’eau, faute de choisir par quoi commencer. Un "RNDiste" et un "FLNiste" peuvent, à eux seuls, faire braire des milliers de militants qui ne savent plus quoi choisir. Entre la faim d’Ouyahya et la soif d’Amar beaucoup de militants regrettent le départ de Belkhadem et se réfèrent aux paroles de Chakib Khlil « Ouyahi et Saâdani font du populisme". C’est ainsi que les militants expriment leur morosité dans ces deux formations politiques.

A Oran, Si Ahmed voulait dire comme Rousseau : "L’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance ». Si Ahmed a parlé de l’espoir chez Chab Hasni le fils du soudeur de Gambetta. Il aurait dû visiter l’atelier de ce soudeur pour voir le vrai espoir. Il me semble que si Ahmed était en campagne électorale à Oran. Pour sa prochaine visite aux résidents du bidonville d’Oued Aïssi, Si Ahmed doit chanter Matoub Lounès pour apaiser les jeunes de ce village qui n’ont pas trouvé meilleur moyen pour crier leur ras-le-bol.

Je rappelle à Si Ahmed que les penseurs et les grands hommes de l’histoire ont parlé de l’espoir avant lui. Ils ont toujours relié l’espoir à la jeunesse. Cheikh Benbadis a souligné le trait d’union entre espoir et jeunesse dans ses écrits. L’espoir est bien exprimé dans la lettre de Zabana et dans le courage du petit Omar Yacef de la Bataille d’Alger. C’est cet espoir qui donne la liberté aux jeunes et les force à œuvrer positivement pour bâtir une Algérie forte et moderne.

Les habitants du quartier populaire Saint-Pierre d’Oran se demandent pourquoi le secrétaire général du FLN n’était pas invité à cette université d’été à Oran. Un jeune de ce quartier pense que l’absence de Saadani annonce le retour de Belkhadem. Un retour sans pruneau. Ce jeune se rappelle de la rencontre de Si Ahmed avec une délégation du MSP conduite par son président, Mokri. Il analyse la situation et ne comprend plus à quoi sert la confiture aux pruneaux dans la politique villageoise. Il répond à Si Ahmed quand il parle d’espoir par les paroles de Mokri :"Lorsqu’un pouvoir se trouve dans l’échec, il mène les Algériens vers le désespoir. Il faut une consolidation du front interne par un véritable dialogue, par une bonne gouvernance, une transition économique et politique négociée. Pour nous, il n’y a pas d’autres issues".

Je conclue ce texte par les paroles d’Ernest Renan :"le gouvernement n’est ni une machine de résistance ni une machine de progrès. C’est une puissance neutre, chargée, comme les podestats des villes d’Italie, de maintenir la liberté de la lutte, non de peser dans la balance pour l’un des partis". L’espoir d’Ahmed et le désespoir de Mokri ne donnent pas une vraie image à l’Algérie. A coup sûr, les jeunes vont faire comme Tata et Tonton. Ils investiront dans l’agriculture. Ils planteront des pruniers sur les hauts-plateaux. Les pruniers vont fleurir et embellir nos campagnes. Les fleurs donneront des pruneaux. De ces pruneaux, ils offriront avec un cœur joyeux et sincère un pruneau à Ouyahia et deux à Mokri.

Omar CHAALAL

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Chasseurs de matières premières.
Michel COLLON
Chaque citoyen européen consomme par an en moyenne 26 kilos d’appareils[1] en tous genres : ordinateurs, téléphones, télévisions, électro-ménager... L’avons-nous décidé ? Le souhaitons-nous ? Quoi qu’il en soit, cet acte apparemment innocent a en réalité un impact énorme. Sur la Nature, on s’en doute, mais aussi sur des êtres humains. Des femmes et des hommes du Sud sont condamnés à mourir de faim, leurs enfants seront privés d’éducation, ils souffriront de la malaria, de la tuberculose et (…)
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Si la liberté a un sens, c’est celui d’avoir le droit de dire à quelqu’un ce qu’il n’a pas envie d’entendre.

George Orwell

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