J’ai récemment aperçu des étudiants sortant d’une école publique de Caracas
et portant des grosses boites de carton rouges, jaunes et bleues de la
taille d’environ trois ramettes de papier. Ma curiosité piquée au vif, j’ai
demandé à un étudiant si je pouvais jeter un coup d’oeil. Il s’agissait
d’une "bibliothèque familiale" (Biblioteca Familiar). Chaque étudiant,
enseignant et assistant à l’école en avait reçu une ce jour-là .
Plus tard, j’ai réussi à mettre la main sur une de ces boites, un cadeau
d’une famille qui en avait reçu deux. Le contenu de la boite mérite le coup
d’oeil mais, avant d’en parler, il faut préciser qu’à l’extérieur de la
boite on peut lire l’inscription suivante : Impreso en Cuba para el
Ministerio de Educacion, Cultura y Deportes de la Republica Bolivariana de
Venezuela (imprimé à Cuba pour le Ministère de l’Education, de la Culture et
des Sports de la République Bolivarienne du Venezuela).
En apercevant le mot "Cuba", mon intérêt pour la boite s’est encore accrue,
surtout depuis que l’opposition s’est plaint de la Cubanisation du
Venezuela. Je suppose que les livres ont été achetés par le gouvernement
Venezuelien avec du pétrole, ce qui ne fait pas vraiment plaisir aux
Venezueliens qui considèrement Miami comme leur terre promise... mais la
principale préoccupation serait le contenu de ces livres qui étaient
distribués gratuitement aux jeunes pour qu’ils les emportent à la maison.
Ainsi donc, et afin de révéler au monde entier le genre de "littérature
subversive" que Cuba envoit au Venezuela, je voudrais vous décrire le
contenu de cette boite.
Le premier livre était "le Petit Prince" d’Antoine de Saint-Exupéry. J’étais
au lycée quand on me l’a conseillé. J’ai bien aimé ce livre et je l’ai relu
plusieurs fois. Je n’avais jamais réalisé qu’il s’agissait de propagande
communiste.
Il y avait aussi "Roméo et Juliette" de William Shakespeare, "L’Appel de la
Foret" de Jack London, "Robinson Crusoe" de Daniel Defoe, un livre de contes
de Grimm, un exemplaire des Mille et Une Nuits, "Pour Qui Sonne le Glas"
d’Ernest Hemingway, des nouvelles de Cervantes et "La Peau de Chagrin"
d’Honoré de
Balzac.
Il y avait des livres pour enfants comme Cendrillon et la Belle au Bois
Dormant, des livres de poésie pour adultes de Pablo Neruda et d’autres ; des
biographies de Colomb, Magellan, Bolivar et Ezequiel Zamora ; des documents
de Simon Rodriguez (enseignant et ami de Simon Bolivar) et de José Marti
écrits en 1895.
En tout, il y avait plus de 2500 pages... imprimés sur du papier journal,
mais l’achat de ces livres dans une librarie aurait couté quelques centaines
de dollars. A présent, ils étaient dans des milliers de foyers Venezueliens
des bidonvilles. Je me demande combien d’étatsuniens ont lu ne serait-ce
qu’un seul de ces livres.
Ayant diffusé cette information, je me demande maintenant si quelques
comités de surveillance des lectures conservateurs aux Etats-Unis ne vont
pas se précipiter dans les bibliothèques publiques ou scolaires avec une
nouvelle liste de livres interdits. Il doit y avoir quelque chose de
Communisant dans "Cendrillon" et "La Belle Au Bois Dormant".
Sinon, pour quelle raison est-ce que Cuba enverrait ces histoires
subversives, imprégnées d’idées communistes, dans les humbles demeures des
habitants innocents des bidonvilles du Venezuela ?
Je me demande aussi si les dirigeants de l’opposition, qui n’ont jamais lu
ces livres, sont fachés à l’idée que des gens ordinaires puissent posséder
une telle littérature. L’Education est une chose dangereuse.
Alors que de plus en plus de Venezueliens apprennent à lire et à écrire et
réussissent à terminer leur scolarité, ils seront peut-être de moins en
moins enclins à supporter les platitudes pieuses de ceux qui les ont
exploités pendant des siècles.
Echanger des livres contre du pétrole n’aurait sans doute pas de sens pour
ceux qui ne connaissent que l’argent, et particulièrement les dollars US.
Personnellement, j’aime bien cette idée.
Quel honte que les gouvernements précédents n’y aient jamais pensé.
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Traduction CSP