Au début du XIX siècle, quand l’àŽle de Cuba se trouvait sous la domination du colonialisme espagnol, José Maria Heredia, le premier poète de la Révolution cubaine, a prophétisé dans l’un de ses beaux vers :
« Cuba, à la fin tu te verras libre et pure
comme l’air de lumière que tu respires,
tel les ondes bouillantes que tu surveilles
de tes plages le sable embrasser ».
Pour bien des raisons, comme l’affirmerait José Marti, le poète, l’écrivain et le penseur politique cubain le plus renommé de ce siècle, cette chanson d’amour et d’élan révolutionnaire de Heredia « a réveillé dans mon âme, comme dans celle de tous les cubains, la passion inextinguible pour la liberté ». L’apôtre Marti éclairait le fait que, dans le naissant sentiment d’appartenance à une patrie ou une nation en gestation, régnait la souffrance historique d’une société humaine. Celle, qui suite à la « découverte » de l’àŽle par les Espagnols, en octobre 1492, de la conquête postérieure de tout le territoire insulaire, n’avait connu que le crime et la punition de ses colonisateurs. C’est à dire, l’absence absolue de liberté et de la justice sociale.
Dans « la terre la plus belle que des yeux humains aient vu », selon la chronique de l’Amiral Christophe Colomb, la population pacifique aborigène qui habitait l’ile a été soumis aux abus les plus cruels et inhumains. La violence et le travail forcé à la recherche de l’or promis à la Couronne espagnole ont provoqué la disparition totale et l’extermination des habitants autochtones appelés « Indiens » par la nouvelle légion de chevaliers armés qui, arrivés d’au-delà des mers, n’ont pas hésité à écraser « par le sang et par le feu » toute tentative de rébellion aborigène de sauver leur liberté arrachée. Plus tard, l’esclavage, imposé avec fureur à des hommes et à des femmes déracinés de leur terre d’Afrique a régné pendant des siècles dans de nombreux pays de l’hémisphère occidental. Cuba s’est transformée en une des scènes de l’abominable système d’ exploitation de plantations imposé aux esclaves arrivés de divers lieux de la terre africaine.
L’esclave africain, transporteur de cultures riches et des religions ancestrales, ne s’est pas résigné à son sort, celui du gémissement pitoyable, au fléau et aux tortures horribles de ses maîtres espagnols. La passion pour la liberté et le désir d’une patrie libre a fait que des blancs, noirs, mulâtres et chinois combattent infatigablement pour les idéaux patriotiques reflétés dans les vers de Heredia et la pensée révolutionnaire de Marti, d’ abord contre l’empire espagnol, entre 1868 et 1895, et ensuite face à l’ occupation des États Unis et à l’implantation d’ un déshonorant système néo colonial de domination politique, économique et militaire qui a privé Cuba d’ une indépendance et d’une souveraineté pleine. Dans cette lutte là , pour l’indépendance et une Patrie sans maître étranger, tous unis : des blancs, noirs et mulâtres, descendants des africains et des espagnols, ont forgé notre nation et culture nationale avec l’aspiration humaniste et révolutionnaire de construire une République « Avec tous et pour le bien de tous » dans laquelle régnerait l’égalité et la dignité pleine sans distinction races ni de sexes, parce que dans la pensée politique de la Révolution cubaine « L’Homme est plus que blanc, plus que noir, plus que mulâtre. Dites-vous Homme et vous avez tous les droits ».
Le peuple a obtenu sa liberté
Tout au long de deux cent années de luttes ininterrompues le peuple cubain a su faire face, pour conquérir tous ses droits sociaux, consolider sa culture, mettre un terme à la discrimination ethnique introduite d’ abord par le colonialisme espagnol et ensuite par les mécanismes de pouvoir et de domination impérialiste des États-Unis. Le peuple cubain a définitivement atteint sa liberté avec le triomphe de la Révolution le 1er janvier 1959 qui sous la ferme direction de Fidel Castro, (après l’action héroïque de l’attaque de la Caserne de Moncada et l’épopée de la Sierra Maestra) a donné le pouvoir pour la première fois dans l’histoire de Cuba aux travailleurs, aux paysans, étudiants, pauvres : noires, blancs, mulâtres, ménagères, etc.., à tous ceux-là , définis dans sa plaidoirie « l’histoire m’acquittera » en un seul mot : Le Peuple.
Ce peuple et cette Révolution triomphante a dû supporter tout type d’agression politique, le terrorisme et un blocus économique, financier et commercial criminel imposé par la plus grande puissance capitaliste de l’histoire contemporaine dans le but de la faire échouer et freiner tous ses plans de développement économique et social de Cuba. Celui-ci a causé des pertes, depuis sa mise en place et jusqu’au mois de décembre 2009, qui s’élèvent à 100,154 milliards de dollars.
Combien de choses et de souffrances auraient été économisées à la population cubaine sans le blocus ? Quel niveau aurait pu atteindre Cuba dans sa noble oeuvre d’ égalité’ et de justice sociale si elle n’avait pas dû faire face à ce blocus féroce et impitoyable pendant plus de cinq décennies ? Un seul exemple : le blocus a provoqué des pertes atteignant 61,2 millions de dollars en une année dans le secteur de l’informatique et des télécommunications. CUBAELECTRONICA se trouve parmi les entreprises les plus touchées par le blocus car elle se voit empêcher l’accès aux sites web comme cela est le cas du site argentin www.vivalinux.com.ar, qui propose des services gratuits en matière de software.
Sur ce site ont peut trouver des solutions de code dont tout auteur d’applications informatiques a besoin pour son travail ce qui, joint au refus de services a impliqué pour CUBALECTRONICA, un manque à gagner de quelque 602 600 dollars. Ces dénonciations s’ajoutent à la reconnaissance, par les administrateurs du réseau social Twitter, du fait qu’ils ont désactivé l’envoi de messages via portable depuis Cuba vers leur plate-forme. Le blocus interdit la vente à Cuba d’ordinateurs des principaux fabricants mondiaux : INTEL, HEWLETT PACKARD, IBM et MACINTOSH, et pour en acheter un elle doit le payer 30% de plus de sa valeur sur le marché. Pour s’informer sur tous les dégâts du blocus au peuple cubain, il faut lire les pages du Rapport de Cuba à l’Assemblé générale des Nations Unies sur le blocus des États Unis 2010.
Par ailleurs, durant toutes les années du processus révolutionnaire les ennemis du peuple cubain ont essayé de travestir sa réalité, de confondre et de diaboliser sa direction politique. Nombreux ont été les sujets de campagnes contre Cuba : la soi-disante opposition interne, le décès soudain de ses principaux dirigeants, les supposées différences entre les jeunes et les vieilles générations et celles, les plus récentes, visant à montrer une atmosphère de chômage, d’inégalité économique ou de discrimination ethnique au sein de la société cubaine. Toutes ces calomnies contre un pays qui a construit une véritable oeuvre en faveur de ses citoyens et dont l’objectif est de miner la confiance et l’unité du peuple cubain et son lien étroit avec la direction et ses institutions révolutionnaires.
Droit égaux sans distinctions de races
Les cubains peuvent montrer avec une fierté légitime les transformations sociales profondes dans tous les domaines de la société, qui constituent une inspiration pour les peuples sous-développés de la planète. Cuba avec une population de plus de 11 millions d’habitants, dont très peu de citoyens ne possèdent pas au moins le BAC, tandis que le nombre universitaires diplômés atteint le chiffre de plus d’un million.
L’ île occupe la première place dans le monde -les pays les plus développés inclus- dans plusieurs indicateurs en rapport avec l’éducation, comme, par exemple, le nombre d’élèves par salle de classe et les connaissances en Langage et en Mathématiques des enfants du Primaire. Aucun n’autre pays dépasse Cuba dans d’autres indices comme celle du taux de scolarisation et durée de scolarisation, le pourcentage de gradués de sixièmes et de troisième. Réellement dans peu de pays on prête tant d’attention à l’éducation et la formation culturelle des enfants, adolescents et jeunes sans distinction de sexes, races ou par rapport à votre salaire, parce que le système éducationnel cubain est gratuit dans tous les niveaux de l’enseignement. L’éducation est l’instrument par excellence dans la réalisation d’un projet social d’égalité, bien être et justice sociale. La vie actuelle et future du peuple cubain aura comme base les connaissances et la culture.
Le socialisme cubain est fondé sur la base d’une société humaniste qui lutte pour l’égalité de classes et l’éradication de tout vestige de discrimination ethnique hérité de l’époque coloniale ou néo coloniale. Il est, en autre, témoin exemplaire d’intégration sociale et inter ethnique et d’unité dans le destin commun d’une nation. Oui, d’ une nation qui a su solder sa dette avec l’ humanité dans la lutte internationaliste pour l’indépendance des pays africains et contre le régime raciste de l’ Apartheid pour atteindre l’ aspiration légitime de l’ égalité de classes, de races et des peuples au niveau universel.
Le blocus qu’Obama peut assouplir
Malgré les brutales et cruelles mesures économiques, commerciales et financières que le gouvernement des États-Unis maintient intacte envers Cuba, et qui semble-t-il, il n’a pas la moindre intention de modifier, malgré les résolutions réitérées par l’Assemblée générale des Nations Unies ; je crois que le président Obama peut assouplir sensiblement le blocus, sans l’accord du Congrès, et simplement en vertu de ses prérogatives décider des autorisations qui ouvrent un large éventail de mesures, a savoir :
– Permettre concrètement aux étasuniens et aux étrangers vivant aux USA de voyager à Cuba en élargissant le cadre restrictif des douze catégories de voyages fixées par la loi (ex : étendre les voyages pédagogiques, pour des conférences professionnelles, pour des échanges universitaires, scientifiques, entre étudiants, culturels, sportifs, religieux, pour des projets humanitaires…).
– Supprimer les plafonds fixés, aux étasuniens et aux Cubains vivant aux USA, pour les dépenses au cours de leurs voyages sur l’île.
– Lever l’interdiction d’utilisation de cartes et de chèques bancaires, de chèques de voyage, émis aussi bien par des banques US que par des banques de pays tiers.
– Augmenter le nombre d’aéroports étasuniens autorisés à effectuer des vols de charters en direction de Cuba (aujourd’hui, seuls les aéroports de Miami, New York et Los Angeles y sont autorisés).
- Permettre les dessertes en ferries entre les USA et Cuba.
Autoriser toutes les agences de voyages des USA à organiser des voyages à Cuba, ou assouplir les exigences et les démarches en vigueur pour qu’elles reçoivent les autorisations requises.
- Autoriser les voyageurs en visite à Cuba d’acheter des produits cubains et pouvoir les emporter aux USA pour leur usage personnel ou pour offrir, et supprimer la restriction des choix de ces produits.
- Supprimer l’interdiction imposée aux sociétés cubaines de transport d’assurer les dessertes, USA-Cuba et inversement, aux visiteurs potentiels.
- Permettre certaines relations bancaires, comme celles avec des banques intermédiaires et l’ouverture de comptes d’organismes cubains dans des banques US afin de faciliter les exportations agricoles.
- Supprimer l’interdiction aux navires qui transportent des produits agricoles à Cuba, de charger des marchandises de notre pays lorsque leur destination est un pays tiers.
- Élargir la liste des produits, qui peuvent être exportés à Cuba, aux insecticides par exemple, aux pesticides, herbicides, équipements agricoles, voire des meubles fabriqués en bois et aux fabrications réalisées en matériaux d’origine animale ou végétale.
- Permettre des types de coopération plus larges en matière de développement, de commercialisation et d’approvisionnement de médicaments et de produits biomédicaux d’origine cubaine.
- Autoriser l’importation de médicaments et de produits médicaux de conception cubaine en contrepartie du paiement qui revient aux exportateurs cubains.
- Autoriser l’exportation de médicaments et d’équipements médicaux qui peuvent être utilisés pour la fabrication de produits biotechnologiques cubains.
- Informer les représentants étasuniens intégrants les institutions financières internationales à ne plus bloquer l’attribution de crédits ou d’autres facilités financières sollicitées par Cuba.
- Assouplir ou supprimer l’interdiction imposée à Cuba d’utiliser le dollar pour ses transactions internationales.
- Permettre aux filiales étrangères de compagnies étasuniennes de réaliser certaines transactions avec Cuba, telles que services financiers, assurances, services et investissements.
- Lever les deux interdictions fixées par la Loi Torricelli au sujet des navires : celle qui interdit l’entrée des ports US, pendant 180 jours, aux navires de pays tiers qui auraient transporté du fret à Cuba ; et celle qui interdit l’entrée des ports US aux navires transportant du fret ou des passagers vers Cuba ou à partir de Cuba.
- Rayer Cuba de la liste des États qui soutiennent le terrorisme international. Cette liste qui fut publiée pour la première fois en 1982, sous l’administration Reagan, toujours maintenue à ce jour, entraîne des sanctions punitives.
En attendant à Obama et pour finir comme j’avais commencé, il s’avère maintenant évident que les mots prophétique du poète ont été et seront toujours réalité :
« Cuba à la fin tu es et seras libre et pure
comme l’air de lumière qui respires
Tel les ondes bouillantes que tu surveilles
de tes plages, le sable embrasser ».
Leyde E. Rodràguez Hernández