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Contre la burqatitude.

Contre la burqatitude.

Petit texte du 27 juin 2010 écrit par Christian DELARUE né le 20 juillet 1955 et dédié à Isabelle ADJANI né un 27 juin 1955 récompensée pour "La journée de la jupe".

La burqatitude a ici peu à voir avec la mode et le gout des burqas customisées. Une burqa rose fushia est plus gaie qu’une burqa noire mais c’est toujours un voile intégral. La burqatitude, au sens critique, est une forme montante de sexisme qui pousse de façon ferme ou insidieuse les femmes à se couvrir, à se cacher le plus possible, voire totalement.

Ce sexisme vient des hommes mais les femmes y participent aussi.

Le terme fait référence au voile intégral pour son aspect radical, maximaliste et hypersexiste mais la burqatitude ne se limite bien évidemment pas à cette extrémité. Elle ne se réduit pas plus au port du voile islamique ordinaire. Il s’agit d’un phénomène social plus profond et plus vaste qui pousse par divers moyens à prescrire pour les seules femmes un habillage couvert.

Certains hommes disent "digne", comme si la longueur des jupes ou l’ouverture des décolletés pouvaient être le reflet d’une quelconque dignité. Ce qu’ils pensent c’est que le corps des femmes par effet d’attirance sexuelle est dangereux pour la société, pour les moeurs. Ce faisant ils placent la responsabilité du "désordre" du seul côté féminin . Ils déresponsabilisent les hommes. Le corps des femmes ou celui des hommes est digne et peu importe ici la forme ou l’âge.

Certaines églises catholiques disposent à l’entrée d’une pancarte avec une femme dessinée qui indique la hauteur de la jupe et la longueur des manches les robes à bretelles étant interdites. Le ridicule n’a jamais tué les coincés en tout genre.

Hors de ces interdictions, la burqatitude est l’effet d’un conditionnement social fonctionnant sur la peur ou du moins l’intimidation des femmes . Les insultes participent de ces intimidations. Qui supporte d’être traité de "putes" ? (1) Que ces femmes astreintes à se résigner à ces diktats vestimentaires veulent alors se donner des vertus spirituelles se comprend précisément comme phénomène compensatoire, comme cache-misère de ce conditionnement.

La burqatitude concerne toutes les religions mais aussi les athées. On trouve les défenseurs psycho-rigides de l’ordre moral contre la dépravation des moeurs : la quasi nudité y est assimilée à la bestialité. C’est la question du désir et de la séduction qui n’a pas été intégrée à la maîtrise de soi de chacun ; ce qui débouche systématiquement sur des attitudes répressives .

Ici, il n’y a pas que les hommes d’orientation conservatrice à la promouvoir, des femmes s’y montrent aussi très incitatrices. Cependant les femmes peuvent avoir une bonne raison de se couvrir : la protection contre le viol masculin ou à minima contre les insultes. Il n’y a pas toujours cet argument. C’est aussi du sexisme que de concevoir l’homme de façon essentialisée et constamment comme prédateur. Reste que le viol est l’une des horreurs que les hommes font subir aux femmes. Cela nuit à des relations libres, égalitaires et réciproques (2).

Christian Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1137

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