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Constitution proposée par des juristes palestiniens d’Israël : « Nous lutterons pour un état qui soit pour tous ses citoyens », par Michele Giorgio.








Il manifesto, vendredi 2 mars 2007, Jérusalem.


Après des mois de travail, un groupe d’Adalah, le centre d’assistance juridique pour les palestiniens citoyens d’Israël, a diffusé l’ébauche d’une « Constitution démocratique », destinée à créer des conditions de pleine égalité entre citoyens arabes et juifs de l’Etat d’Israël. Le document, bien que ne parlant pas explicitement de la création d’un Etat binational - projet politique qui rencontre un ample soutien chez les palestiniens d’Israël - demande de fait que d’ « Etat hébreu », Israël se transforme en « Etat démocratique » pour tous ses citoyens. « La question que les dirigeants politiques de ce pays vont devoir se poser dans l’avenir n’est pas qui est juif, comme cela s’est passé jusqu’à présent, mais, par contre, qui est citoyen », explique l’avocat Marwan Dalal, un des experts qui a travaillé à l’élaboration de la « Constitution démocratique ».

Nous avons interrogé Dalal par téléphone, hier, à Shefa’amr, en Galilée.


- Votre proposition de constitution prévoit en substance un virage décisif pour Israël et pas seulement pour la minorité palestinienne.

Nous avons besoin d’un virage historique, d’un changement de grande envergure qui réalise une totale égalité entre juifs et arabes en Israël, et qui mette fin pour toujours aux privilèges dont a joui pendant 60 ans la majorité hébraïque, et aux discriminations que continuent par contre à subir les arabes. Réaliser ce projet signifierait faire aussi un pas décisif sur la voie de la paix et de la coexistence entre arabes et juifs, pas seulement en Israël.


- Le moment que vous avez choisi pour formuler votre proposition semble peu propice au lancement d’une discussion intérieure sérieuse sur des arguments qui apparaissent pour beaucoup de juifs israéliens comme une tentative de démolir ce qu’ils définissent comme le « caractère démocratique » de l’Etat hébreu. Sans oublier que ces dernières années se sont multipliés les appels de la droite israélienne, le vice-premier ministre Liebermann en tête, en faveur de l’expulsion d’une large tranche de citoyens arabes.

Ce que les palestiniens d’Israël, les arabes israéliens, essaient d’expliquer depuis longtemps aux citoyens juifs, c’est qu’un état qui s’auto définit comme « hébreu » ne peut pas être pleinement démocratique. La discrimination à l’égard de qui n’est pas juif est inévitable, automatique, en termes politiques et économiques. D’ailleurs, les lois qui garantissent aux juifs privilèges et bénéfices, qui ne sont pas assurés par contre au reste de la population non-hébraique, sont très claires, hélas, à ce sujet. Je sais bien que de nombreux, presque tous, juifs israéliens, ne peuvent pas renoncer au principe d’ « état hébreu », du moins maintenant, mais nous avons le devoir de programmer un avenir différent et meilleur pour ce pays.


- Ghaleb Majadele, le premier arabe nommé ministre en Israël, a dit que sans une meilleure intégration, et la fin des discriminations, les palestiniens d’Israël restent « une bombe à retardement » qui pourrait exploser en conduisant dans peu de temps à une Intifada interne.

Les palestiniens en Israël ne sont pas une bombe à retardement, cette définition est inacceptable. Ce sont des citoyens qui demandent égalité et parité, et ne doivent pas être considérés comme une menace parce qu’ils ne réclament que les droits sacro-saints qui sont garantis par les constitutions de nombreux pays démocratiques. Dans tous les cas, notre objectif n’est certainement pas l’intégration dont parle Majadele, qui a accepté de siéger à côté de Liebermann. Nous, au contraire, nous avons écrit une proposition de constitution qui soit fondée sur des résolutions, des conventions et des lois internationales, qui prennent comme modèle le meilleur des lois fondamentales des démocraties les plus accomplies. Nous n’avons pas pensé au moins pire, au compromis, mais misé sur la réalisation d’un état de droit sur cette terre.


- Quels sont les points que vous estimez comme les plus caractéristiques de votre « Constitution démocratique » ?

Ceux qui parlent d’un Etat multiethnique, bilingue, où ceux qui ont subi des discriminations et des injustices, comme la confiscation de leurs terres aux arabes (dans les premières années après la fondation d’Israël, NDR) (et actuellement avec et par la construction du mur, NDT), pourront finalement faire entendre leur voix sans avoir peur. Un Etat où soient reconnus les droits des déplacés internes, par exemple. Ce sont des points qui trouvent un ample consensus dans la minorité arabe, mais qui cependant n’ont pas l’appui des juifs israéliens, exception faite d’une très petite minorité.


- Ne craignez-vous pas que votre proposition de constitution courre le risque de rester un morceau de papier qui ne soit jamais examiné ?

Nous avons reçu l’approbation de certains universitaires et intellectuels juifs, et cela nous réconforte. En même temps, nous savons que la population juive ne partage pas cette initiative, mais nous travaillons sur le long terme, persuadés que l’avenir des juifs et des arabes en Israël passe par la création d’un état pour tous ses citoyens.

Michele Giorgio


 Source : il manifesto www.ilmanifesto

 Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio




France-Israël. OPA communautaristes : dans les mâchoires d’un étau, par UJFP.

Les nouveaux Barbares, par Michel Warschawski.

Mythes israéliens - De la Tromperie érigée en mode de vie, par Jonathan Cook.






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