La politique des médicaments génériques mérite un débat contradictoire !
En raison de l’avancée des sciences et des techniques, nous sommes passés en quelques années à une chirurgie moins invalidante, moins agressive et dont l’efficacité est identique voire supérieure aux anciennes pratiques ; toutes les prothèses et appareillages ont aussi beaucoup évolué. La situation est semblable pour la plupart des nouveaux médicaments, ils sont aujourd’hui plus performants, ils limitent les effets secondaires, leur utilisation est plus simple pour les enfants, les personnes âgées, ils évitent la multiplication des prises. Bien sur, l’industrie pharmaceutique met aussi sur le marché des médicaments qui ne sont ni vraiment innovants, ni à des prix raisonnables pour l’hôpital public et la sécurité sociale !
Cette fusion de la technologie et de la connaissance des maladies permet d’accélérer par exemple, le développement de l’imagerie moléculaire et de la médecine personnalisée, ce qui permet de prévoir et de traiter les maladies grâce à des thérapies sur mesure. Tout le contraire d’une médecine anonyme, avec les mêmes traitements pour tous. La question étant de savoir si tous les malades auront droit à ces traitements innovants ?
Tout le monde aujourd’hui fait référence à la santé publique, à la démocratie sanitaire et sociale, aux principes de précaution, à la place plus importante du préventif dans l’avenir, à l’intervention des citoyens, aux catastrophes sanitaires liées aux décisions prises sans concertation. Il serait dommage que pour les médicaments l’expérience ne serve pas de leçon.
Pourquoi cette confusion sémantique entretenue entre médicaments génériques (plus sous brevet) et copie de médicaments (encore sous brevet) ? Il existe une véritable confusion entre « génériques » et « copies » malheureusement personne ne semble avoir ou vouloir adopter le mot « copies » pour les pays pauvres qui serait plus précis, mais pose des problèmes un peu plus complexes à analyser. Les médias reprennent donc la terminologie habituelle, alors qu’elle introduit une confusion (par exemple : sida, Afrique, générique, alors que dans cette situation ce sont des copies qu’il faut mettre sur le marché)
En ce qui concerne la politique du médicament, en France et dans les pays développés, il s’agit bien de « génériques », c’est-à -dire de versions différentes de spécialités sans brevet (ou dont les brevets sont échus).
Les techniciens du médicament, les psychologues, les pédiatres, les gérontologues qui ont étudié ces questions en témoignent. La non bio-équivalence, les formes pharmaceutiques, les excipients, les couleurs, les odeurs, le goût des médicaments doivent être pris en compte dans un traitement.
Pour certains médicaments princeps, il existe déjà au moins 7 à 8 médicaments génériques aujourd’hui en France. Ce chiffre peut être multiplié par quatre dans d’autre pays (Belgique). Les pharmaciens ne pouvant avoir en stock qu’un générique par molécule, c’est une véritable guerre entre les génériqueurs qui se prépare avec des méthodes de « voyous » appelé pudiquement « coopération commerciale » comme par exemple, les remises aux officines (les remises sont supérieur sur les génériques que sur les médicaments princeps, pour les pharmacies ).
Il serait paradoxal de vouloir dégraisser le « Vidal » et assister à la multiplication des médicaments génériques pour une même pathologie !
Quelles conséquences, pour les malades allergiques, de la sous-estimation du rôle important des excipients, pour les traitements long, à vie, pour la bonne observance des traitements, mais aussi : quelles conséquences pour l’industrie pharmaceutique et pour l’emploi en France et en Europe ? Les médicaments innovants seront-ils réservés à ceux qui pourrons encore se les payer avec des tarifs « libre » comme au Etat-Unis ? En Allemagne, pour les forfaits qui ne concernaient que les médicaments « identiques », le concept s’est élargi à « comparables » !
Enfin sur le concept « Vivent les Médicaments génériques, citoyens et anti-capitalistes ! », c’est plutôt comique ! Teva, un laboratoire israélien, premier génériqueur au monde, vient de rafler 15 % de part de marché en France, ses cours de bourse explosent. Avec lui, les grands laboratoires : allemands (Merck et GNR), américain (Ivax), français (Sanofi, Rousel-Uclaf), israélien (Teva), indien (Ranbaxy) se sont lancés dans la fabrication des génériques.
Le chiffre d’affaire mondiale réalisé par les molécules phare en fin de brevet qui vont être repris en partie par les génériqueurs, est de 80 milliards de dollars. Le curseur de l’éthique n’est donc pas forcément à placer entre génériques et profits capitalistes ! Ce n’est plus un acte civique mais un vrai business. Pourquoi inventer cette usine à gaz alors qu’il suffirait de baisser les prix des médicaments de marque tombés dans le domaine public ? Pourtant, c’est bien une question importante de santé publique, de sécurité sanitaire. Les trafics de médicaments se généralisent : les labos start-up éphémères, bientôt, les médicaments discounts, les sous-labos de complaisance (document OMS). Comment retrouver les responsables en cas de pollution médicamenteuse sur les êtres humains, dans la nature ?
Alors la politique des médicaments génériques en France, médicaments fabriqués dans les pays sans protection sociale ou sous la dépendance des fonds de pensions anglo-saxon, avec des contrôles peut-être réduit à terme, par des labos cotés en bourse, est-ce une démarche de santé publique, d’accès aux soins pour tous ou une déréglementation de plus, façon supermarché ?
propositions :
"¢Si des médicaments sont jugés inefficaces (il faut rester prudent sur le concept « service médical rendu (SMR) insuffisant » : effet placebo (psychologique) relationnel, et autres situations, sont à étudier aux cas par cas), il faut les sortir du marché et rembourser tous les autres à 100 % immédiatement car ils sont indispensables pour les malades !
"¢Aucune « liberté » de prix n’est acceptable, la santé n’est pas une marchandise !
"¢Pour les médicaments tombés dans le domaine public : baisse significative des prix de l’ordre de 30 %, la recherche ayant été largement amortie, et pour les maladies importantes, respect de l’ordonnance faite par les médecins (clause de non substitution) avec un remboursement à 100 %.
Le développement d’un pôle public de la recherche, de la production du médicament et de la distribution permettrait notamment de stopper l’abandon par les trusts pharmaceutiques des produits dits « financièrement non rentables », de fixer des prix uniques négociés dans la transparence avec l’ensemble des acteurs concernés.
Ce qui rend plus difficile la tâche des spécialistes des privatisations, des déréglementations, c’est qu’il existe toujours de véritables besoins d’éthique, de sécurité sanitaire, d’égalité d’accès aux soins, exigés par les populations et le mouvement social.
Ce débat à propos des médicaments, qui préoccupe les gens, qui concerne l’avenir de notre société, va-t-il être organisé démocratiquement et publiquement avec les mêmes moyens que ceux utilisés pour la promotion des génériques en France ? C’est ce qu’il faut exiger.
cordialement