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CHE et « l’Humain au centre ».

Che, ce guérillero de la pensée, était d’une lucidité prémonitoire. En 1965, il écrit dans des notes de réflexion sur le socialisme (publiées près de 40 ans plus tard) : « On (l’URSS) est en train de retourner au capitalisme ». On (la pensée unique) a voulu faire passer le camarade Guevara pour un « doux rêveur » (et à la fois un assassin).

Le romantisme révolutionnaire ? Cela ne le gênait pas outre mesure, lui qui se voyait dans des lettres à sa famille comme un don Quichotte, lui qui répondait à ceux qui « nous disent que nous sommes des romantiques » : « sí se puede ! », « oui, c’est possible » : et alors ?

Dans une multitude de discours, d’écrits, surtout à partir de 1962, Che insiste sur la nécessité pour un révolutionnaire, d’être « essentiellement humain » et de « ressentir chaque problème de l’humanité dans sa propre chair ». Il combat la bureaucratie, le dogmatisme, le formalisme, la « scholastique » officielle...

Pour le Che, « les marxistes ont longtemps sous-estimé l’individu ». En 1964, il insiste : « C’est sans doute la première fois au monde, à Cuba, qu’un système socialiste met l’homme au centre, parle de l’individu, de son importance en tant que facteur principal de la révolution ». Che considère « l’humain » comme un levier, moteur et base de la transformation sociale, comme objectif principal de toute révolution. Les classes dominantes présentent, elles, ce point de vue comme « totalitaire », « utopique ». C’est bon signe !

Fripouilles ! Elles nous ressortent la fable (efficace) du « Che boucher de l’épuration », etc. Mais rien sur ses pratiques de ministre, sur son internationalisme, sur sa pensée en permanente remise en cause. Nous sommes prêts au débat avec qui voudra. Nous avons démontré dans notre livre "Vive le Che !" le caractère fallacieux, criminalisant, de ces allégations.

L’humain ? Impossible, pour Guevara, de le déconnecter du politique et de l’économie, le premier primant sur la seconde. Che appelait à poursuivre simultanément l’émancipation de l’homme et de la société. « L’économie et l’homme doivent se transformer dans un même mouvement ou la révolution échouera ». Belle lucidité. Le Che refusait "l’étapisme". Les objectifs de la révolution, de la libération nationale et sociale, ne deviennent possibles que s’ils sont simultanément et clairement menés, identifiés, explicités.

La pensée du Che reste pour nous une formidable boîte à idées... Nous n’avons pas parlé de « modèles », Che les haïssait. Il disait : "C’est notre expérience, pas un modèle." Accusé bêtement « d’exporter la révolution », il répondait : « L’époque des transplantations mécaniques est passée, heureusement ». Comme pour Mariátegui, le projet de socialisme guévarien, en perpétuelle élaboration, relève de la « création héroïque » de chaque peuple.

Che abhorrait les « vérités éternelles » des « manuels » de l’URSS. Dans une lettre de Tanzanie, en 1965, à Armando Hart, il se moque des « pavés soviétiques », «  qui font que tu n’as pas besoin de réfléchir, parce que le parti l’a déjà fait pour toi ».

Ne nous laissons pas voler ce Che, ce rebelle absolu, cet intellectuel communiste de haut niveau. Ne le laissons pas salir non plus. En le salissant, c’est tous les militants anticapitalistes que le système entend stigmatiser, décrédibiliser. Alors, Ernesto... « hasta siempre ».

Jean ORTIZ

EN COMPLEMENT PAR LGS :

Voir, de Bernard Gensane : https://www.legrandsoir.info/vive-le-che-par-jean-ortiz.html

"Vive le Che !" Editions Arcane17. Juin 2017. 243 pages, 20 euros. Préface de Serge PEY (Grand prix national de poésie 2017).
Chez votre libraire ou, pour réception postale : Librairie L’Autre Rive de Toulouse : Téléphone / Fax : 05 61 31 92 65
Mail : lautreriv@orange.fr

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Cette démocratie si parfaite fabrique elle-même son inconcevable ennemi, le terrorisme. Elle veut, en effet, être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats. L’histoire du terrorisme est écrite par l’État ; elle est donc éducative. Les populations spectatrices ne peuvent certes pas tout savoir du terrorisme, mais elles peuvent toujours en savoir assez pour être persuadées que, par rapport à ce terrorisme, tout le reste devra leur sembler plutôt acceptable, en tout cas plus rationnel et plus démocratique.

Guy DEBORD

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